LE DICTIONNAIRE DE L'ACADÉMIE FRANÇAISE
5ème Edition, 1798

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Page 122

quelque service, ou quelque déplaisir, lui rend ensuite la pareille, qu'Il l'a payé en même monnoie. Mais cela se dit plus ordinairement d'un homme qui se venge d'une injure, que de celui qui reconnoît un bienfait.

On appelle Cour des Monnoies, Une Cour supérieure établie pour juger souverainement tout ce qui concerne les monnoies. Le Premier Président de la Cour des Monnoies.

MONNOYAGE

MONNOYAGE. s. m. Fabrication de la monnoie. Il entend bien le monnoyage. Droit de monnoyage. On disoit anciennement, Monnéage.

MONNOYER

MONNOYER. v. a. Faire de la monnoie de quelque sorte de métal. On a monnoyé de l'or et de l'argent pour plus de trois millions.

Monnoyer

Monnoyer, signifie plus particulièrement, Donner l'empreinte à la monnoie. Ce balancier monnoie tous les jours tant de milliers de louis.

Monnoyé, ée

Monnoyé, ée. participe.

On dit, Argent monnoyé, par opposition à argent ouvragé ou brut. Payer en argent monnoyé.

MONNOYEUR

MONNOYEUR. s. m. Celui qui travaille à la monnoie par l'autorité du Prince.

On appelle Faux--monnoyeur, Celui qui fait de la monnoie sans la permission du Prince. Tout Faux--monnoyeur est punissable de mort, quand même la monnoie qu'il fait seroit d'aussi bon aloi que celle qui a cours dans l'État.

MONOCLE

MONOCLE. s. m. Petite lunette qui ne sert que pour un oeil.

MONOCORDE

MONOCORDE. s. m. Instrument de bois, de cuivre, etc. sur lequel il y a une seule corde tendue, et divisée selon certaines proportions pour connoître les différens intervalles des tons. La division du monocorde. Diviser un monocorde. La trompette marine est une espèce de monocorde.

MONOGRAMME

MONOGRAMME. s. m. C'est un caractère factice, composé des principales lettres d'un nom, et quelquefois de toutes. Les signatures de la plupart de nos anciens Rois étoient en monogramme.

Le monogramme est une espèce de chiffre.

MONOLOGUE

MONOLOGUE. s. m. Scène d'une pièce de théâtre où un Acteur parle seul. Monologue plein de sentiment. Monologue ennuyeux. Ce monologue est trop long.

MONOPÉTALE

MONOPÉTALE. adject. des 2 g. Terme de Botanique. Il se dit Des fleurs qui n'ont qu'un seul pétale ou qu'une feuille. On les nomme aussi fleurs d'une pièce. La fleur de la mauve est monopétale.

MONOPOLE

MONOPOLE. s. m. Vente faite par un seul, de marchandises, de denrees, dont le commerce devroit être libre. Les monopoles ruinent le commerce.

Il se dit aussi de toutes les conventions iniques que des Marchands font entr'eux dans le commerce, pour altérer de concert quelque marchandise, ou la vendre plus cher. Quelques Marchands ayant enleyé tous les draps, pour les vendre plus cher, on se plaignit de ce monopole.

On appelle aussi Monopole, Tous les nouveaux droits qu'on établit et qu'on exige sur les marchandises, sur les denrées; et cela se dit toujours en mauvaise part. On a établi encore un monopole, un nouveau monopole sur telle et telle chose. Inventer des monopoles.

MONOPOLEUR

MONOPOLEUR. s. mas. Celui qui vend ou qui a pris les moyens de vendre seul quelque denrée, ou quelqu'autre marchandise nécessaire à la vie, et dont le commerce doit être libre. Le peuple appelle aussi de ce nom, pris dans un sens odieux, ceux qui sont commis à la levée des droits, et généralement tous les Traitans.

MONOSYLLABE

MONOSYLLABE. adject. des 2 g. Terme de Grammaire. Qui n'est que d'une syllabe. Ce mot--là estmonosyllabe. On s'en sert plus ordinairement au substantif. C'est un monosyllabe.

MONOSYLLABIQUE

MONOSYLLABIQUE. adject. des 2 g. Il ne se dit guère que des vers dont tous les mots sont des monosyllabes. Vers monosyllabiques.

MONOTONE

MONOTONE. adj. des 2 g. Qui est presque toujours sur le même ton. Chant monotone. Déclamation monotone.

Il se dit aussi figurément d'Un style trop uniforme. Style monotone.

MONOTONIE

MONOTONIE. s. f. Uniformité et égalité ennuyeuse de ton dans la conversation ou dans les discours prononcés en public, et dans la musique, soit vocale, soit instrumentale. Ce Prédicateur n'a point d'inflexion de voix, c'est une monotonie perpétuelle. Cette musique est d'une monotonie insoutenable.

Il se dit aussi figurément d'Une trop grande uniformité du discours, soit pour le style, soit pour les figures. Il faut éviter la monotonie dans les ouvrages d'éloquence.

MONS

MONS. Voyez Monsieur.

MONSEIGNEUR

MONSEIGNEUR. s. m. Titre d'honneur que l'on donne en parlant ou en écrivant aux personnes distinguées par leur naissance ou par leur dignité. Monseigneur le Prince. Monseigneur le Maréchal. Monseigneur le Cardinal. Monseigneur l'Archevêque de.... L'Évêque de.... Donner du Monseigneur à quelqu'un. Traiter quelqu'un de Monseigneur. Plaise à Monseigneur le Président.

On appeloit simplem. Monseigneur, le Dauphin fils du Roi Louis XIV.

Messeigneurs

Messeigneurs. Pluriel de Monseigneur. Titre d'honneur dont on se sert, soit en parlant, soit en écrivant à plusieurs personnes ensemble, comme Princes, Évêques, Maréchaux de France, etc.

Nosseigneurs

Nosseigneurs. Terme pluriel, usité principalement dans les Requêtes qu'on présente au Conseil du Roi, aux Cours de Parlement et autres Cours souveraines. Au Roi et à Nosseigneurs de son Conseil. A Nosseigneurs de Parlement, du Parlement, Supplie humblement un tel.

MONSEIGNEURISER

MONSEIGNEURISER. v. a. Donner le titre de Monseigneur. Je l'ai Monseigneurisé.

MONSIEUR

MONSIEUR. s. m. (On ne prononce pas l'R.) Qualité, titre que l'on donne par honneur, civilité, bienséance, aux personnes à qui on parle, à qui on écrit. Qui, Monsieur. Je vous supplie, Monsieur, de.... Au pluriel, Messieurs. Messieurs du Parlement. Messieurs de la Cour des Aides.

On dit, Messieurs, par abréviation, au Parlement et dans les autres Cours souveraines. Un de Messieurs. L'avis de Messieurs.

On dit proverbialement d'Un homme et d'une femme que l'on compare ensemble, que Monsieur vaut bien Madame, pour dire, que Le mari vaut bien la femme.

On dit populairem. d'Un homme de peu qui fait l'homme de conséquence, qu'Il fait le Monsieur, qu'Il fait bien le Monsieur; et d'Un homme qui a fait fortune, qu'Il est devenu gros Monsieur.

Lorsqu'on dit, Monsieur, absola ment, et sans rien ajouter ensuite, on parle De l'aîné des frères du Roi. La Maison de Monsieur.

On dit familièrement, Mons, par une abréviation méprisante du mot Monsieur. Mons un tel.

MONSTRE

MONSTRE. s. m. Animal qui a une conformation contraire à l'ordre de la nature. Monstre horrible, effroyable. Monstre affreux, épouvantable, hideux, terrible. Un monstre à deux têtes. Cette femme accoucha d'un monstre. Cet enfant a trois yeux, c'est un monstre.

Monstre

Monstre, se dit aussi De ce qui est extrêmement laid. Cette femme est horriblement laide, c'est un monstre. On dit en ce sens, Un monstre de laideur.

Il se dit figurément d'Une personne cruelle et dénaturée. Néron étoit un monstre de nature. C'est un monstre qu'il faudroit étouffer. On dit populairement dans le même sens, Un monstre denature.

On dit aussi d'Une personne, C'est un monstre d'ingratitude, un monstre d'avarice, un monstre de cruauté.

On dit, qu'On a servi des monstres sur une table, pour dire, Des poissons d'une grandeur extraordinaire.

On dit en style poétique, Les monstres des foréts, pour dire, Les bêtes féroces qui habitent les forêts.

MONSTRUEUSEMENT

MONSTRUEUSEMENT. adverbe. Prodigieusement, excessivement. C'est un homme monstrueusement gros, monstrueusement gras. Il n'a guère d'usage que dans ces sortes de phrases.

MONSTRUEUX, EUSE

MONSTRUEUX, EUSE. adj. Qui est d'une conformation contraire à l'ordre de la nature. Un enfant monstrueux. Un animal monstrueux. Conformation monstrueuse.

Il signifie aussi, Prodigieux, excessif dans son genre. Cet enfant a la tête monstrueuse. C'est une femme d'une laideur monstrueuse. Un homme d'une grandeur, d'une grosseur monstrueuse. Un animal monstrueux. On servit des poissons monstrueux.

Il se dit aussi Des choses morales, quand elles sont vicieuses à l'excès. Une avarice monstrueuse. Une prodigalité, une profusion monstrueuse.

MONSTRUOSITÉ

MONSTRUOSITÉ. s. f. Caractère, vice de ce qui est monstrueux. Il se dit au propre et au figuré, et s'emploie pour la chose monstrueuse. C'est une monstruosité.

MONT

MONT. s. m. Grande masse de terre ou de roche, fort élevée au--dessus du terrein qui l'environne. Il faut observer que ce mot ne se dit guère en prose qu'avec un nom propre, comme, Le

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