Dictionnaire de l'Académie Française, 8th edition (1932-5)

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étayé ce bâtiment, il ne s'écroulera pas. Fig., C'est
une affaire qui a besoin d'être étayée. Cette
thèse s'étaie de nombreux documents.

ET COETERA. Locution empruntée du
latin. Et le reste. Il s'emploie quand on charge
le lecteur de compléter lui-même une énumération
ou une phrase inachevée. On l'abrège
en Etc. Il y a dans son laboratoire toutes sortes
d'ustensiles, des fourneaux, des cornues, des
creusets, etc. Vous savez le proverbe : Quand
chacun fait son métier, etc.

Substantivement, Le reste de la phrase n'est
exprimé que par un
et coetera. Mettre trois et
coetera de suite.

ÉTÉ. n. m. La saison qui commence au
solstice de juin et qui finit à l'équinoxe de
septembre. Jours d'été. Chaleur d'été. Un été
pluvieux. Costume, vêtements d'été. Station
d'été. Fruits d'été. Solstice d'été. L'été passé.
L'été prochain. Nous étions en été.

Semestre d'été, Les six mois qui s'écoulent
d'avril à septembre inclusivement.

Fam., Se mettre en été, Se vêtir légèrement,
prendre ses habits d'été.

Fig., Être dans son été, Avoir passé l'âge
de la jeunesse, être dans la force de l'âge.

L'été de la Saint-Martin, Les huit ou dix
jours d'automne qui précèdent ou qui suivent
ces fêtes, parce qu'ils sont quelquefois assez
beaux. Il se prend quelquefois figurément
pour désigner chez un homme un Regain de
jeunesse ou chez une femme un Dernier éclat
de beauté.

ÉTEIGNOIR. n. m. Petit ustensile creux en
forme de cône, qui sert à éteindre les cierges,
les bougies. Éteignoir de fer-blanc. Éteignoir
d'argent.

Il s'emploie figurément et familièrement
pour désigner une Personne qui arrête la
gaieté, l'activité des autres.

ÉTEINDRE. (Il se conjugue comme TEINDRE.)
v. tr. Faire cesser une chose d'être en
combustion. Éteignez ce feu. Éteindre un cierge,
un flambeau. Éteindre la lumière. Éteindre un
incendie. Le feu était à cette maison, mais on
l'a éteint. Le feu s'éteint. Ma torche s'éteignit.
Des volcans éteints. N'oubliez pas d'éteindre
l'électricité quand vous sortirez.

Il signifie par extension Amortir, tempérer.
Éteindre de la chaux. Éteindre l'ardeur de la
fièvre. L'âge éteint le feu des passions. Une
ardeur qui s'éteint. Il parvint à éteindre une
guerre qui menaçait d'embraser toute l'Europe.
Éteindre une rébellion, une sédition. La sédition
va s'éteindre d'elle-même.

Éteindre le feu de l'ennemi, Faire cesser le
tir de l'ennemi par un tir supérieur.

Il signifie, figurément, Faire oublier complètement,
abolir. Rien ne semblait capable
d'éteindre son ressentiment. On veut en éteindre
la mémoire.
On a dit de même, en termes de
Chancellerie, Éteindre et abolir un crime.

Éteindre une rente, La faire cesser par le
remboursement du principal. On dit de même
Éteindre une dette.

En termes de Peinture, il signifie Adoucir,
affaiblir. Éteindre les lumières trop fortes, les
couleurs trop éclatantes dans un tableau. Des
couleurs éteintes.
On dit dans un sens analogue
Éteindre son style.

Il prend quelquefois une acception analogue
dans le langage ordinaire. La souffrance,
la tristesse avait éteint l'éclat de ses
yeux, la vivacité de ses regards. Des regards
éteints.
Par extension, Un homme éteint. Un
génie éteint.

S'ÉTEINDRE se dit, dans un sens particulier,
d'une Personne qui s'affaiblit très sensiblement
et qui touche à sa fin, ou d'une Personne
qui meurt lentement et presque sans
s'en apercevoir. Ce vieillard s'éteint. Elle s'éteignit
doucement entre les bras de ses enfants.

Il se dit encore particulièrement des Maisons,
des dignités qui finissent faute d'héritiers.
Cette maison, cette famille est près de
s'éteindre. Cette pairie s'éteignit par la mort
du dernier titulaire. Une famille éteinte.

ÉTENDAGE. n. m. Action d'étendre en
vue de faire sécher. Procéder à l'étendage du
linge.

Il désigne spécialement un Assemblage de
cordes tendues horizontalement, sur lesquelles
on fait sécher. L'étendage d'une blanchisserie,
d'une imprimerie.

Il se dit encore, en termes d'Arts, d'une
Opération qui se fait sur les laines avant de
les employer.

Il se dit encore, en termes de Médecine,
de l'Action de s'étendre, de rester allongé
en vue de la guérison de certaines affections.
Le docteur a prescrit l'étendage pour cet enfant
atteint de rachitisme.

ÉTENDARD. n. m. Enseigne de la cavalerie.
Se ranger sous l'étendard. Porte-étendard.

Il se dit, par extension, de Toutes sortes
d'enseignes de guerre. Déployer, arborer, planter
un étendard.

Fig., Suivre les étendards de quelqu'un, se
ranger sous les étendards, combattre sous les
étendards de quelqu'un,
Embrasser son parti.
Lever, arborer l'étendard de la révolte, Se révolter.

En termes de Botanique, ÉTENDARD se dit
du Pétale supérieur des fleurs papilionacées,
qui est grand et redressé et qui enveloppe les
autres avant la floraison.

ÉTENDOIR. n. m. Ce qui sert à étendre.
Il s'emploie spécialement, en termes de Typographie,
pour désigner une Espèce de petite
pelle à long manche, qui sert à placer sur
l'étendage les feuilles imprimées.

Il se dit encore d'une Corde tendue sur perche
sur laquelle les blanchisseuses font sécher le
linge.

Il désigne l'Endroit où l'on étend. L'étendoir
d'une imprimerie, d'une chamoiserie.

ÉTENDRE. v. tr. Faire qu'une chose acquière
ou plus de surface ou plus de volume,
soit en la rendant plus mince, soit en la tirant
ou en la dilatant. On étend l'or sous le marteau.
Étendre du beurre sur du pain. Étendre de la
cire. Étendre du drap, du parchemin. C'est
un métal qui s'étend beaucoup quand on le bat.

Étendre ses troupes, son armée, Leur faire
occuper plus de terrain, leur donner plus de
front. L'armée s'étendit dans la plaine.

Fig., Étendre la clause d'un contrat, les
termes d'un arrêt, d'une loi, etc.,
Porter le
sens d'un contrat, d'un arrêt, d'une loi au-
delà de ce que les termes signifient précisément.
On dit aussi Étendre le sens, la signification
d'un mot,
Appliquer un mot à une
chose, à une idée qu'il n'était pas originairement
destiné à signifier, à exprimer.

Il signifie aussi Déployer en long et en
large. Étendre du linge pour le sécher. Étendre
de la toile sur l'herbe pour la blanchir. Étendre
un tapis. Étendre quelqu'un sur une table, sur
un lit, pour lui faire subir quelque opération.
Il s'étendit tout de son long sur l'herbe pour
dormir.
JÉSUS-CHRIST fut étendu sur la croix,
sur l'arbre de la croix. Ces martyrs furent
étendus sur le chevalet.

Étendre le bras, étendre les bras, étendre
la jambe,
Les déployer de leur long. On dit
de même Étendre les ailes, en parlant d'un
Oiseau qui déploie ses ailes pour voler.

Fig., Étendre un homme par terre, Le renverser.

Fig., Étendre un homme sur le carreau, Le
tuer, le renverser mort par terre. On dit
de même Il l'étendit mort sur la place.

Il signifie encore, tant au propre qu'au
figuré, Élargir, agrandir, augmenter. Étendre
son empire. Étendre les limites de son royaume.
Il a étendu son parc, étendu sa terre jusqu'à
cet endroit. Une tache d'huile s'étend peu à peu.
Étendre sa domination, son pouvoir. Étendre

sa juridiction. Étendre sa réputation. Étendre
ses affaires.
En termes de Chimie, Étendre une
solution, Augmenter la proportion du dissolvant.
Étendre un acide, de l'alcool, des couleurs,
Y ajouter de l'eau. Un acide étendu, Un acide
affaibli par un dissolvant. On dit de même
Étendre du vin avec de l'eau.

S'ÉTENDRE signifie quelquefois Tenir un
certain espace, se prolonger jusqu'à un certain
endroit. Leur empire s'étendait jusqu'à
tel fleuve. Ma propriété ne s'étend pas plus loin.

Il se dit figurément des Personnes, en parlant
de leur Propriété. Ce propriétaire s'est
fort étendu de ce côté. Il ne peut s'étendre de
ce côté-là, parce qu'il est borné par d'autres
propriétés.
Il se dit, dans cette acception, de
Certaines choses. Son pouvoir ne s'étend pas
si avant. Son crédit s'étend jusque-là. Sa réputation,
son nom, sa gloire s'étendent par toute
l'Europe. Cette règle s'étend à un grand nombre
de cas.

Il se dit particulièrement de la Vue. De
cette terrasse on voit aussi loin que la vue peut
s'étendre.

Fig., S'étendre sur quelque sujet, En parler
au long. S'il m'était permis de m'étendre sur
cette matière.
On dit aussi dans ce sens S'étendre
sur les louanges, sur les bonnes ou mauvaises
qualités de quelqu'un.

S'ÉTENDRE signifie encore Durer. La vie
de l'homme ne s'étend guère au-delà de cent ans.

Le participe passé ÉTENDU, UE, s'emploie
adjectivement et se dit, tant au propre qu'au
figuré, de Certaines choses qui, dans leur
genre, sont grandes, larges, vastes, etc. Un
empire fort étendu. La vue est ici fort étendue.
Un pouvoir fort étendu. Responsabilité peu
étendue. Des connaissances étendues.

ÉTENDUE. n. f. T. didactique. Dimension
d'une chose en longueur, largeur et profondeur.
La notion de l'étendue. Le point n'a pas
d'étendue.

En termes de Philosophie, il s'applique
aussi au Volume des choses et peut s'entendre
des trois dimensions.

Dans le discours ordinaire, il ne se dit que
par rapport à la Superficie d'une chose. Dans
toute l'étendue du royaume. Pays, plaine, parc
d'une grande étendue. L'étendue de ses domaines.
La vaste étendue des mers. L'étendue des
cieux.
Fig., L'étendue du pouvoir, de l'autorité.
L'étendue de ses devoirs. Il voudrait donner à
l'application de cette loi plus d'étendue qu'elle
n'en doit avoir. Cette proposition, prise dans
toute son étendue, serait fausse. Il connut alors
toute l'étendue de sa misère. Un esprit d'une
grande étendue, d'une vaste étendue. Une voix
d'une grande étendue. Il a une grande étendue
de connaissances. l'étendue du mal, du danger.
Sa voix manque d'étendue.

L'étendue d'un discours, d'une dissertation,
Sa longueur. Vous devriez donner un peu plus
d'étendue à ce chapitre.

Il se dit aussi en parlant du Temps. Dans
l'étendue de tous les âges, de tous les siècles.
La vie de l'homme est d'une étendue bien bornée.

ÉTERNEL, ELLE. adj. Qui n'a point vu
de commencement et n'aura jamais de fin.
Il n'y a que Dieu qui soit éternel. Le Père
éternel. Le verbe éternel. La sagesse éternelle.

Il est quelquefois nom masculin et se dit
seulement de Dieu. L'Éternel soit béni. La
loi de l'Éternel.

Une vérité éternelle, Une vérité immuable et
nécessaire.

Il signifie aussi Qui n'aura jamais de fin,
quoiqu'il ait eu un commencement. La vie
éternelle. La gloire éternelle. La damnation éternelle.
Les peines éternelles.

Il signifie encore, par exagération, Qui doit
durer si longtemps, qu'on n'en sait point la
fin. C'est une guerre éternelle. Un procès éternel.
Des haines éternelles. Des amours éternelles.
Une reconnaissance éternelle. Un éternel oubli.
On a appelé Rome la Ville éternelle.

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