Dictionnaire de l'Académie Française,
6ème edition (1835)

RECHERCHE Accueil Documentation ATILF ARTFL Courriel

Previous page

Page 1:688

fut étendu sur la croix, sur l'arbre de la croix. Ces martyrs furent étendus sur le chevalet.

Étendre le bras, étendre les bras, étendre la jambe, Les déployer de leur long. On dit de même, Étendre les ailes, en parlant D'un oiseau qui déploie ses ailes pour voler.

Fig., Étendre la vue, La porter sur un point éloigné. C'est un plaisir d'étendre la vue sur cette belle campagne.

Fig., Étendre un homme sur le carreau, Le tuer, le renverser mort par terre. On dit de même, Il l'étendit mort sur la place.

ÉTENDRE signifie encore, tant au propre qu'au figuré, Augmenter, agrandir. Étendre son empire. Étendre les limites de son royaume. Il a étendu son parc, étendu sa terre jusqu'à cet endroit. Étendre son commerce. Étendre sa domination, son pouvoir. Étendre sa réputation.

En termes de Peinture, Étendre la lumière, Grouper ensemble plusieurs parties qui naturellement reçoivent la lumière, et où les objets ne sont séparés que par des demi-teintes adoucies.

ÉTENDRE s'emploie aussi avec le pronom personnel. C'est un métal qui s'étend beaucoup lorsqu'on le bat. L'armée s'étendit dans la plaine. Il s'étendit tout de son long sur l'herbe pour dormir. Une tache d'huile s'étend peu à peu.

Il signifie quelquefois simplement, Tenir un certain espace, se prolonger jusqu'à un certain endroit. Leur empire s'étendait jusqu'à tel fleuve. Ma propriété ne s'étend pas plus loin. Cette mer s'étend jusqu'à telle autre.

Il se dit figurément Des personnes, en parlant De leur propriété. Ce propriétaire s'est fort étendu de ce côté. Il ne peut s'étendre de ce côté-là, parce qu'il est borné par d'autres propriétés.

Il se dit aussi figurément De plusieurs choses. Son pouvoir ne s'étend pas si avant. Son crédit s'étend jusque-là. Sa réputation, son nom, sa gloire, s'étendent par toute l'Europe.

Il se dit particulièrement De la vue. Sa vue s'étend jusqu'à... De cette terrasse on voit aussi loin que la vue peut s'étendre.

Il se dit également De la voix. Il a une voix forte qui s'étend très-loin. Tant que la voix se peut étendre.

Fig., S'étendre sur quelque sujet, En parler au long. S'il m'était permis de m'étendre sur cette matière. On dit aussi dans ce sens, S'étendre sur les louanges, sur les bonnes ou mauvaises qualités de quelqu'un.

Fam., Tant que la somme peut s'étendre, pourra s'étendre, se dit Pour exprimer qu'on ne dépasse pas, qu'on ne dépassera pas une certaine somme déterminée. Il me donne cent francs par an, tant que cela peut s'étendre.

ÉTENDRE avec le pronom personnel, signifie encore, Durer. La vie de l'homme ne s'étend guère au delà de cent ans. Il travaille tant que la journée peut s'étendre.

ÉTENDU, UE. participe Du linge étendu sur l'herbe.

Il s'emploie quelquefois adjectivement, et se dit, tant au propre qu'au figuré, De certaines choses qui, dans leur genre, sont grandes, larges, vastes, etc. Un empire fort étendu. La vue est ici fort étendue. Un pouvoir fort étendu. Des connaissances étendues. Il a une voix très-étendue. C'est un esprit fort étendu.

ÉTENDUE. s. f. Dimension d'une chose en longueur, largeur et profondeur. En ce sens, il n'est guère usité que dans le langage didactique. Selon quelques philosophes, l'étendue est l'essence de la matière. L'étendue appartient au corps, et la pensée à l'esprit.

Il se dit aussi pour indiquer Une ou deux des trois dimensions. L'étendue d'une ligne, d'une surface.

ÉTENDUE dans le discours ordinaire, ne se dit que par rapport à La superficie d'une chose. Dans toute l'étendue du royaume. Pays d'une grande étendue. Une plaine, un parc d'une grande étendue. L'étendue de ses domaines. Cela n'a pas assez d'étendue. La vaste étendue des mers. L'étendue des cieux.

ÉTENDUE se dit aussi en parlant Du temps. Dans l'étendue de tous les âges, de tous les siècles. La vie de l'homme est d'une étendue bien bornée.

Il se dit encore figurément De diverses choses. L'étendue du pouvoir, de l'autorité. L'étendue de ses devoirs. Il voudrait donner plus d'étendue à cette loi qu'elle n'en doit avoir. Cette proposition, prise dans toute son étendue, serait fausse. Il connut alors toute l'étendue de sa misère. Un esprit d'une grande étendue, d'une vaste étendue. Grande étendue de voix. Une voix d'une grande étendue. Il a une grande étendue de connaissances.

L'étendue d'un discours, d'une dissertation, etc., Sa longueur. Vous devriez donner un peu plus d'étendue à ce chapitre.

ÉTERNEL, ELLE. adj. Qui n'a point eu de commencement et n'aura jamais de fin. Il n'y a que Dieu qui soit éternel. Le Père éternel. Le Verbe éternel. La sagesse éternelle. Dieu est un être éternel. Quelques philosophes païens ont cru que le monde était éternel.

Il est quelquefois substantif, au masculin, et se dit seulement de Dieu. L'Éternel soit béni. La loi de l'Éternel.

Une proposition d'éternelle vérité, Une vérité immuable et nécessaire. Le tout est plus grand que sa partie, est une proposition d'éternelle vérité.

ÉTERNEL signifie aussi, Qui n'aura jamais de fin, quoiqu'il ait eu un commencement. La vie éternelle. La gloire éternelle. La damnation éternelle. La mort éternelle. Les peines éternelles. Une durée éternelle.

Il signifie aussi, par exagération, Qui doit durer si longtemps, qu'on n'en sait point la fin. C'est une guerre éternelle. Un procès éternel. Des haines éternelles. Des amours éternelles. Une reconnaissance éternelle. D'éternelle mémoire.

Il s'applique également Aux choses qui sont dites, qui sont répétées trop souvent. Ses discours éternels sur la morale fatiguent tout le monde. Dans cette acception, il est familier.

Fam., Un causeur, un harangueur éternel, Un homme qui parle trop, qui harangue trop longtemps.

ÉTERNELLE. s. f. Plante. Voyez IMMORTELLE.

ÉTERNELLEMENT. adv. Sans commencement et sans fin. Dieu existe éternellement.

Il signifie aussi, Sans fin, quoiqu'il y ait eu un commencement. Le bonheur des élus, les peines des damnés dureront éternellement.

Il se prend quelquefois pour Continuellement, toujours. Il est éternellement à ma suite, sur mes épaules. Voulez-vous demeurer là éternellement? Dans cette acception, il est familier.

ÉTERNISER. v. a. Rendre éternel; Faire qu'une chose ne finisse point, qu'elle dure très-longtemps. Éterniser son nom. Éterniser sa mémoire. La chicane éternise les procès.

Il s'emploie aussi avec le pronom personnel. C'est ainsi que les abus s'éternisent.

ÉTERNISÉ, ÉE. participe

ÉTERNITÉ. s. f. Durée qui n'a ni commencement ni fin. L'éternité de Dieu. Dieu est de toute éternité. Le temps n'est qu'une partie de l'éternité.

Il se dit aussi d'Une durée qui a un commencement, mais qui n'aura point de fin; et alors on l'emploie surtout en parlant De la vie à venir. Éternité bienheureuse. Éternité malheureuse. Éternité de peines, de supplices. Il ne songe point à l'éternité.

Il signifie quelquefois, par exagération, Un temps fort long. Ces bâtiments dureront une éternité. En voilà pour une éternité. Cette année d'attente fut pour moi une éternité.

De toute éternité, De temps immémorial. Cela est ainsi de toute éternité.

ÉTERNUER. v. n. Faire le mouvement involontaire qu'on appelle Éternument, et qui est excité par quelque picotement au fond des narines. Il éternue souvent. Le rhume fait éternuer. Cette poudre, cette fumée fait éternuer, donne envie d'éternuer. Se faire éternuer.

ÉTERNUMENT. s. m. Mouvement, effort subit et convulsif des muscles qui servent à l'expiration, dans lequel l'air, après une grande inspiration commencée et un peu suspendue, est chassé tout d'un coup et avec violence par le nez et par la bouche. Il est sujet à des éternuments fréquents.

ÉTÉSIEN. adj. m. Il se dit Des vents réguliers qui soufflent chaque année pendant un certain nombre de jours dans les mers du Levant, dans la Méditerranée. Les vents étésiens soufflent quarante jours, vers le lever de la canicule. Les vents étésiens se font sentir jusqu'en Espagne.

ÉTÊTEMENT. s. m. Action d'étêter un arbre. Cet arbre a repoussé bien des branches depuis son étêtement.

ÉTÊTER. v. a. Couper, tailler la tête d'un arbre. Étêter des saules. Il est temps d'étêter ces arbres.

Étêter un clou, une épingle, En ôter la tête. On a étêté ce clou, il ne peut plus servir.

ÉTÊTÉ, ÉE. participe

ÉTEUF. s. m. (On ne prononce point l'F, si ce n'est dans les vers, lorsque le mot suivant commence par une voyelle.) Petite balle dont on se sert pour jouer à la longue paume. Prendre l'éteuf à la volée. Renvoyer l'éteuf.

Prov. et fig., Renvoyer l'éteuf, Repousser avec vigueur, soit par des paroles, soit par des effets, une injure, une raillerie.

Prov. et fig., Courir après son éteuf, Prendre beaucoup de peine pour recouvrer un bien, un avantage qu'on a laissé échapper. J'ai retenu cet argent par mes mains,

Next page


PhiloLogic Software, Copyright © 2001 The University of Chicago.