Dictionnaire de l'Académie Française,
6ème edition (1835)

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Fam., Brin d'estoc, Long bâton ferré par les deux bouts. Cette locution a vieilli.

Fig. et fam., Dites-vous cela de votre estoc? Cela ne vient pas de son estoc, Dites-vous cela de vous-même? Cela ne vient pas de lui. Ces locutions vieillissent.

ESTOC se prend quelquefois, figurément, pour Ligne d'extraction. Il est de bon estoc. Les biens qui viennent de son estoc. Dans ce sens, il est vieux.

En termes de Pratique ancienne, Biens de côté estoc et ligne, se disait Des biens propres de ligne.

ESTOCADE. s. f. Grand coup allongé d'épée ou de fleuret, que dans la salle d'armes on appelle Botte. On lui porta une si rude estocade, qu'il ne put la parer. Grande estocade. Il lui allongea deux ou trois estocades coup sur coup.

ESTOCADE signifie, figurément et familièrement, Demande imprévue, attaque à laquelle on ne s'attend pas. Il est venu me demander de lui prêter une somme considérable, j'ai eu bien de la peine à parer cette estocade. Cet argument était pour l'adversaire une rude estocade. Dans ce sens, il vieillit.

ESTOCADER. v. n. Porter des estocades. Il estocade rudement. Ils ont estocadé long-temps avant de se toucher.

Il signifie, figurément et familièrement, Se presser l'un l'autre par de vives raisons, par des arguments. Il y a plaisir de voir ces deux savants estocader ensemble, estocader comme ils font. Ce sens a vieilli.

ESTOMAC. s. m. (On ne fait pas sentir le C.) On appelle ainsi, dans le corps de l'homme ou de l'animal, L'organe intérieur destiné à recevoir et à digérer les aliments. L'estomac est un viscère. L'orifice supérieur, l'orifice inférieur de l'estomac. Le fond de l'estomac. Bon estomac. Estomac débile. Mauvais estomac. Estomac plein. Estomac vide. Se remplir l'estomac. Ces viandes sont pesantes sur l'estomac, chargent l'estomac. Ces débauches lui ont ruiné, gâté, perdu l'estomac. Son estomac ne digère point. Les animaux ruminants ont plusieurs estomacs.

Prov. et fig., Il a un estomac d'autruche, c'est un estomac d'autruche, il digérerait le fer, se dit D'un homme qui mange beaucoup et souvent.

ESTOMAC se prend aussi pour La partie extérieure du corps qui répond à la poitrine et à l'estomac. Le creux de l'estomac. Il lui donna un coup de poing dans l'estomac.

Il signifie également, dans les volailles et dans les autres oiseaux que l'on mange, La partie antérieure de l'animal, après que les cuisses et les ailes ont été levées. Il ne se dit que Des viandes cuites. L'estomac d'une perdrix. Un estomac de poularde.

ESTOMAQUER (S'). v. pron. Se tenir offensé de ce qu'une personne a dit ou fait, le trouver mauvais. Il s'est estomaqué de ce que je ne lui ai pas rendu sa visite assez tôt. Il n'a pas sujet de s'estomaquer, de s'en estomaquer. Ce mot est familier.

ESTOMAQUÉ, ÉE. participe Il est tout estomaqué.

ESTOMPE. s. f. T. de Peinture. Instrument en forme de petit rouleau pointu, fait de peau, de coton ou de papier, avec lequel on étend le crayon ou le pastel sur un dessin. Se servir de l'estompe. Dessin à l'estompe.

Il se dit quelquefois d'Un dessin fait à l'estompe. Voilà une belle estompe.

ESTOMPER. v. a. T. de Peinture. Étendre le crayon ou le pastel sur un dessin avec l'estompe. Estomper légèrement.

ESTOMPÉ, ÉE. participe

ESTOUFFADE. s. f. T. de Cuisine. Façon d'accommoder les viandes en les faisant cuire dans un vase bien fermé. Veau, perdrix à l'estouffade. On dit aussi quelquefois, Étouffade.

ESTRADE. s. f. Chemin. Il n'entre que dans ces locutions, usitées autrefois parmi les gens de guerre: Battre l'estrade, Parcourir la campagne, aller à la découverte, pour connaître la position, les mouvements de l'ennemi; et, Batteurs d'estrade, Gens détachés d'une troupe pour aller à la découverte.

Batteurs d'estrade, se dit encore, familièrement, de Ceux qui perdent leur temps à courir les grands chemins.

ESTRADE se dit aussi d'Une petite élévation sur le plancher d'une chambre, d'une salle, etc. Un lit élevé sur une estrade. Le trône était placé sur une estrade.

ESTRAGON. s. m. Herbe potagère odoriférante qu'on met ordinairement dans les salades et dans les ragoûts. Il y a trop d'estragon dans votre salade. Vinaigre à l'estragon. Sauce à l'estragon. Poulets à l'estragon.

ESTRAMAÇON. s. m. Sorte d'épée à deux tranchants qu'on portait autrefois. Il n'est plus usité que dans cette locution, Un coup d'estramaçon, Un coup du tranchant de l'épée.

ESTRAMAÇONNER. v. n. et a. Donner des coups d'estramaçon. Il ne cessa d'estramaçonner durant tout le combat. Il fut rudement estramaçonné. Il est peu usité, et ne s'emploie plus guère que par plaisanterie.

ESTRAMAÇONNÉ, ÉE. participe

ESTRAPADE. s. f. Supplice qu'on faisait souffrir à un criminel, en l'élevant au haut d'une longue pièce de bois, les mains liées derrière le dos avec une corde qui soutenait tout le poids du corps, et en le faisant tomber avec roideur jusqu'à deux ou trois pieds de terre. Donner l'estrapade. Condamner à trois traits, à trois tours d'estrapade. Il eut l'estrapade si rudement, qu'il en demeura estropié.

Il s'est dit aussi de L'espèce de potence au haut de laquelle on élevait un criminel pour lui donner l'estrapade. Planter une estrapade. Quand il fut au pied de l'estrapade.

Double, triple estrapade, Tour que font les danseurs de corde, en passant deux ou trois fois tout le corps entre leurs bras et la corde qu'ils tiennent.

ESTRAPADER. v. a. Faire souffrir l'estrapade. Il fut estrapadé.

ESTRAPADÉ, ÉE. participe

ESTRAPASSER. v. a. T. de Manége. Fatiguer, excéder un cheval, en lui faisant faire un trop long manége.

ESTRAPASSÉ, ÉE. participe

ESTROPIER. v. a. Ôter l'usage d'un membre, soit par une blessure, soit par quelque coup. Il a reçu dans le bras, dans le genou un coup de feu qui l'a estropié. Il fut estropié à tel siége.

Il se dit, par extension, Des maladies qui ôtent l'usage de quelque partie du corps. Une paralysie l'a complétement estropié.

Fig., en termes de Peinture, de Sculpture, Estropier une figure, N'y pas observer les proportions.

Fig., Estropier un passage, une pensée, etc., En retrancher une partie, dont la suppression altère le sens.

Fig. et fam., Estropier un nom propre, Le défigurer en le prononçant ou en l'écrivant. On dit dans le même sens, Estropier les mots d'une langue.

ESTROPIÉ, ÉE. participe Un soldat estropié. Il a fait une chute de cheval, il en sera estropié toute sa vie. Être estropié d'un bras, d'une jambe. Il a un rhumatisme au bras, il en est estropié. Figure estropiée. Passage estropié. Pensée estropiée. Nom estropié.

ESTURGEON. s. m. Gros poisson de mer, qui remonte les rivières comme le saumon. Chair d'esturgeon. OEufs d'esturgeon. La pêche des esturgeons.

ÉSULE. s. f. T. de Botan. Nom que l'on donne à plusieurs espèces d'euphorbes herbacées, dont la plus connue est appelée Petite ésule.

ET. (On prononce É, sans faire sentir le T.) Conjonction qui lie entre elles les parties du discours, telles que les noms, les pronoms, les verbes, les adverbes. Alexandre et Philippe. Le feu et l'eau. Bon et sage. Vous et moi. Chanter et danser. Sagement et fortement.

Elle joint aussi les membres d'une période. Il a fait cette sottise, et il est encore sur le point d'en faire une autre.

Elle est quelquefois emphatique ou explétive, au commencement des phrases. Et véritablement on ne saurait nier que... Et voilà que tout d'un coup...

Et de boire et de rire, se dit quelquefois, à la fin d'un récit, d'un conte, Pour signifier que l'événement se termina par boire et par rire.

ET CAETERA (Le T de l'ET se prononce.) Expression qui a passé du latin dans le français, et qui signifie, Et d'autres personnes, d'autres choses semblables, ou Et le reste, qu'il est facile de suppléer, qu'il est inutile d'énoncer. Il a, dans son laboratoire, toutes sortes d'ustensiles: des fourneaux, des cornues, des creusets, et caetera. Vous savez le proverbe: Quand chacun fait son métier, et caetera. On écrit ordinairement, par abréviation, etc.

Elle est quelquefois employée substantivement, pour désigner Cette expression même. Le reste n'est exprimé que par un et caetera. Mettre trois et caetera de suite (etc. etc. etc.).

Prov., Dieu nous garde d'un quiproquo d'apothicaire, et d'un et caetera de notaire.

ÉTABLAGE. s. m. Ce qu'on paye pour l'attache, pour la place d'un cheval, d'un boeuf, etc., dans une écurie, dans une étable.

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