Dictionnaire de l'Académie Française,
6ème edition (1835)

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l'esprit de cet auteur. Ce n'est pas là l'esprit de ce passage. Il faut consulter l'esprit de la loi, et non s'attacher à la lettre. C'est dans ce sens qu'on dit proverbialement, La lettre tue, et l'esprit vivifie.

Il signifie aussi, Le caractère d'un auteur. Il a voulu imiter cet auteur, mais il n'en a pas saisi l'esprit.

L'esprit d'un auteur, se dit encore d'Un recueil de pensées choisies, extraites des ouvrages d'un auteur. L'Esprit de Montaigne, de J. J. Rousseau.

ESPRIT se dit quelquefois de Ce qui tend à donner une idée sommaire de l'intention dans laquelle une lettre a été écrite, dans laquelle un livre a été composé, etc. Si ce n'est là le texte de sa lettre, c'en est du moins l'esprit.

ESPRIT se dit quelquefois d'Une personne, considérée par rapport au caractère de son esprit. C'est un bon esprit. C'est un des meilleurs esprits de l'assemblée. C'est un bien pauvre esprit.

Un bel esprit, se disait autrefois d'Un homme dont l'esprit était orné de connaissances agréables. C'est un bel esprit, un de nos beaux esprits. Il ne s'emploie guère aujourd'hui que par ironie. Messieurs les beaux esprits. On dit aussi, Une femme bel esprit, Une femme qui a des prétentions à l'esprit.

Un esprit fort, Une personne qui se pique de ne pas croire les dogmes de la religion; et, en général, Quiconque veut se mettre au-dessus des opinions et des maximes reçues. C'est un esprit fort. Il fait l'esprit fort. Les prétendus esprits forts.

ESPRITS au pluriel se dit souvent d'Une réunion de personnes, considérées par rapport aux passions, aux dispositions qui leur sont communes. Une grande fermentation régnait alors dans les esprits. Échauffer, remuer, égarer les esprits. Calmer les esprits. Il se fit une grande révolution dans les esprits. Éclairer les esprits.

ESPRIT dans l'ancienne Nomenclature chimique, se dit d'Un fluide très-subtil, ou d'une vapeur très-volatile. Esprit-de-vin, ou Alcool. Esprit de soufre, de sel, de vitriol. Esprit volatil.

ESPRITS au pluriel se dit de Petits corps légers, subtils et invisibles, qu'on supposait doués de la faculté de porter la vie et le sentiment dans les diverses parties de l'animal. Esprits vitaux. Esprits animaux. La perte, la dissipation des esprits animaux, des esprits. On dit encore maintenant, dans le langage ordinaire, par allusion à cette erreur des anciens physiologistes: La peur glace les esprits. Il est évanoui; jetez-lui de l'eau, afin de lui faire revenir les esprits. Il fut longtemps, après sa chute, après sa blessure, avant que de reprendre ses esprits. Etc.

Fig., Reprendre ses esprits, Se remettre du trouble, de l'émotion, de l'embarras, de la surprise, etc., que l'on éprouvait. Laissez-lui reprendre ses esprits.

En termes de Grammaire grecque, Esprit rude, Signe qui marque aspiration; et, Esprit doux, Signe qui se fait en sens contraire de l'esprit rude, et qui marque absence d'aspiration. Quand il y a deux [grec] de suite, le premier reçoit l'esprit doux, et le second l'esprit rude, comme dans [grec] (influence).

ESPRIT se dit en outre d'Une aigrette de plumes que les femmes mettent quelquefois dans leur coiffure.

ESQUICHER. v. n. T. du Jeu de reversi. Il signifie que, dans le cas où l'on a la carte supérieure et la carte inférieure de la couleur dont on joue, on préfère donner la dernière, afin de ne pas prendre la main. Il esquiche sans cesse.

Il s'emploie plus ordinairement avec le pronom personnel. Il ne fait que s'esquicher.

Il se dit quelquefois figurément et familièrement, et signifie, Éviter de dire son avis, de prendre part à une querelle. Il a senti la difficulté, il s'est esquiché.

ESQUIF. s. m. Petite barque, petit canot. Quand il vit le navire en flammes, il se jeta dans un esquif et se sauva. Un léger esquif. Un frêle esquif.

ESQUILLE. s. f. T. de Chirur. Petit fragment qui se détache d'un os fracturé ou carié. Il est sorti une esquille de la plaie. On lui a tiré une grande esquille, plusieurs esquilles de la jambe.

ESQUINANCIE. s. f. Maladie qui fait enfler la gorge, et qui empêche d'avaler, quelquefois même de respirer. Les médecins la nomment Angine. Une violente esquinancie. Une esquinancie l'a suffoqué. Il est mort d'une esquinancie.

ESQUINE. s. f. T. de Manége. Il se dit Des reins du cheval. On ne l'emploie guère que dans ces locutions: Un cheval fort d'esquine. Un cheval faible d'esquine.

ESQUINE. s. f. Plante. Voyez SQUINE.

ESQUIPOT. s. m. Espèce de tirelire, de petit tronc où l'on dépose de l'argent. L'esquipot est plein. Il est familier.

ESQUISSE. s. f. T. de Peinture. Premier trait d'un dessin; ébauche, essai en petit d'un ouvrage de peinture. Esquisse au crayon, à la plume, au pinceau. Faire l'esquisse d'un tableau. Ce peintre doit peindre cette galerie, il en a déjà fait les esquisses. J'en ai vu l'esquisse. Tracer une esquisse.

Il se dit aussi, en Sculpture, Du premier modèle, de terre ou de cire, d'un bas-relief que l'on se propose d'exécuter.

Il se dit, figurément, en parlant Des ouvrages d'esprit. L'esquisse d'un poëme, d'un ouvrage dramatique. Une esquisse rapide.

ESQUISSER. v. a. T. de Peinture. Faire une esquisse. Esquisser une figure. Esquisser un paysage. Esquisser à grands traits. J'ai tout mon tableau dans la tête, mais je ne l'ai pas encore esquissé. Lorsqu'il s'agit D'un tableau, comme dans le dernier exemple, on dit mieux, Faire l'esquisse.

Il se dit, figurément, en parlant Des ouvrages d'esprit. Cet ouvrage n'est qu'esquissé. Esquisser rapidement le tableau d'une époque.

ESQUISSÉ, ÉE. participe

ESQUIVER. v. a. Éviter adroitement quelque coup, quelque choc. Il fit un mouvement, et esquiva le coup.

Il s'emploie aussi neutralement. Il poussa son cheval contre moi, j'esquivai adroitement.

Il se dit souvent en parlant Des personnes, des rencontres, des difficultés, etc. C'est un importun que j'esquive autant que je puis. Ce sont de fâcheuses occasions, il faut les esquiver. Ce n'est pas résoudre la difficulté, ce n'est que l'esquiver.

ESQUIVER avec le pronom personnel, signifie, Se retirer, sans rien dire et en évitant d'être aperçu, d'une compagnie, d'un lieu où l'on ne veut pas demeurer. Le coup fait, il s'esquiva. On voulait le retenir; mais il parvint à s'esquiver.

ESQUIVÉ, ÉE. participe

ESSAI. s. m. Épreuve qu'on fait de quelque chose. Faire un essai. Faire l'essai d'une machine, d'un remède, d'un canon, d'une arme à feu. Faire l'essai de ses forces. Donner à l'essai. Prendre à l'essai.

Il se dit particulièrement d'Une opération par laquelle on s'assure de la pureté d'un métal, ou de la nature de celui qui est contenu dans une mine. L'art des essais. Faire l'essai d'une mine. Poids d'essai.

Il se dit plus particulièrement encore de L'épreuve qu'on fait de la pureté de l'or et de l'argent, à l'aide de la pierre de touche.

ESSAI signifie quelquefois, Une petite portion de quelque chose, qui sert à juger du reste. Envoyer des essais de vin. Prendre des essais de poudre à tirer.

Il se dit également Des petites bouteilles où il ne tient du vin qu'autant qu'il en faut à peu près pour l'essayer, et Des petites tasses où l'on met du vin pour le goûter.

ESSAI se dit aussi Des premières productions de l'esprit ou de l'art qui se font sur quelque sujet, sur quelque matière, pour voir si l'on y réussira. Il a voulu montrer par cet essai qu'il était capable de réussir en quelque chose de plus important. Faire l'essai en petit d'un tableau, d'un bas-relief.

Il se dit encore de Certains ouvrages qu'on intitule ainsi, soit par modestie, soit parce qu'en effet l'auteur ne se propose pas d'approfondir la matière qu'il traite. Essais de géométrie. Essais de physique, de morale, de littérature. Essai sur la peinture, sur la musique. Les Essais de Montaigne.

Coup d'essai, La première action, le premier ouvrage par lequel on donne des marques de ce qu'on est capable de faire. Faire son coup d'essai. Son coup d'essai fut un coup de maître.

ESSAIM. s. m. Volée de jeunes mouches à miel, qui se séparent des vieilles pour aller ailleurs. Gros essaim. Petit essaim. L'essaim alla se poser sur une branche d'arbre. Essaim d'abeilles.

Il se dit, par extension, d'Une grande multitude d'autres insectes. Des essaims de sauterelles ravagèrent la contrée.

Il se dit quelquefois figurément d'Une foule, d'une grande multitude de personnes qui marchent, qui s'agitent. Il sortit du Nord des essaims de barbares qui se précipitèrent sur l'empire romain.

ESSAIMER. v. n. Il se dit Des ruches d'où il sort un essaim. Cette ruche a essaimé. Ces mouches n'ont pas encore essaimé.

ESSANGER. v. a. Laver du linge sale avant que de le mettre dans le cuvier à la lessive. Essanger du linge. Essanger la lessive.

ESSANGÉ, ÉE. participe

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