Dictionnaire de l'Académie Française,
6ème edition (1835)

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terre, etc. Doubler un autre bâtiment, Le surpasser en vitesse, le devancer. Doubler une ligne de vaisseaux ennemis, La mettre entre deux feux.

DOUBLER signifie aussi, Appliquer une étoffe contré l'envers d'une autre. Doubler un manteau, une robe, une jupe. Doubler de soie, de toile, de taffetas.

En termes de Marine, Doubler des voiles, Les fortifier par de nouveaux lés de toile cousus sur ceux dont elles sont déjà composées. Doubler un navire, Lui faire un doublage de feuilles de cuivre ou de planches.

Doubler un corps de logis, Joindre un autre corps de logis à la face de derrière de celui qui est déjà fait.

Au Théâtre, Doubler un rôle, un acteur, Jouer un rôle au défaut de l'acteur qui en est chargé en premier.

DOUBLER signifie quelquefois, Mettre double, et Mettre en double. Doubler du fil, de la laine, de la soie. Doubler une serviette, une feuille de papier.

Au Jeu de billard, Doubler une bille, La faire frapper contre une des bandes du billard pour qu'elle revienne au côté opposé. Doubler une bille au milieu, au coin. On dit absolument, dans le même sens, Doubler; doubler au milieu, au coin.

Au Jeu de paume, La balle a doublé, Elle a touché deux fois la terre. Dans cette phrase, le verbe est neutre.

DOUBLER s'emploie aussi, neutralement, dans le sens de Devenir double. Leur nombre a plus que doublé. La population de cette ville est maintenant doublée.

DOUBLÉ, ÉE. participe En Mathém., Raison doublée, Raison de carrés. Seize est à quatre en raison doublée de quatre à deux, c'est-à-dire, comme le carré de quatre est au carré de deux.

En Médec., Fièvre doublée, Fièvre intermittente dont les accès, après avoir été uniques, ont lieu deux fois dans le même jour.

DOUBLÉ au Jeu de billard, se dit substantivement de L'action de doubler, et de Toute disposition des billes qui permet de doubler. Faire un doublé. Jouer le doublé. Voilà un beau doublé. Quelques-uns écrivent, Doublet; mais on prononce toujours Doublé.

DOUBLET. s. m. Deux morceaux de cristal mis l'un sur l'autre, avec une feuille colorée entre-deux, pour imiter les émeraudes, les rubis, etc. Ce n'est pas une émeraude, c'est un doublet.

DOUBLET au Jeu de trictrac, se dit Lorsque chacun des deux dés amène le même point. Il ne peut gagner que par des doublets. Il n'amène que des doublets. Deux six, deux quatre font un doublet. Doublet d'as, de deux, etc.

DOUBLET au Jeu de billard. Voyez DOUBLÉ.

DOUBLETTE. s. f. T. de Musiq. Un des jeux de l'orgue, qui sonne l'octave au-dessus du prestant.

DOUBLEUR, EUSE. s. Celui, celle qui, dans les fabriques, double la laine, la soie sur le rouet. Doubleur, doubleuse de laine, de soie.

DOUBLON. s. m. Monnaie d'or espagnole qui a différentes valeurs. Doublon d'Espagne. Le doublon de huit écus, ou absolument, Le doublon vaut quatre-vingt-un francs cinquante et un centimes; le doublon de quatre écus vaut quarante francs soixante et quinze centimes, et le doublon de deux écus vaut vingt francs trente-sept centimes. On dit aussi, Pistole.

DOUBLON en termes d'Imprimerie, Faute qui consiste à composer deux fois de suite un ou plusieurs mots.

DOUBLURE. s. f. Étoffe dont une autre est doublée. La doublure d'un manteau, d'une robe.

Prov. et fig., Fin contre fin n'est pas bon à faire doublure, ne vaut rien pour doublure, Il ne faut pas entreprendre de tromper aussi fin que soi, ou, si on le tente, on n'y réussit pas.

DOUBLURE au Théâtre, se dit dans le même sens que Double. Ce comédien est la doublure d'un tel. Le spectacle a été fort ennuyeux, nous n'avions que les doublures.

DOUCE-AMÈRE. s. f. T. de Botan. Espèce de solanum à tige grimpante, qui est d'un grand usage en médecine, surtout comme antidartreux. Sirop de douce-amère.

DOUCEÂTRE. adj. des deux genres (On prononce Douçâtre.) Qui est d'une douceur fade. Cela a quelque chose de douceâtre. Un goût douceâtre. C'est une eau douceâtre.

DOUCEMENT. adv. D'une manière douce. Cet adverbe a des acceptions très-variées, dont voici les principales et les plus usitées:

--- Lentement. Vous marchez bien doucement. Allez doucement. Le cocher allait doucement dans les mauvais chemins. La voiture allait si doucement, que nous fûmes deux heures à faire une lieue. Il faut rapporter à cette acception la phrase familière, Aller doucement en besogne, Travailler mollement, ne pas avancer son ouvrage autant qu'on le pourrait; ou Mener une affaire sagement, sans rien précipiter.

--- Avec ménagement, délicatement. Allez-y plus doucement. Poser une chose à terre doucement. Cette affaire veut être conduite doucement. Il faut s'y prendre doucement.

--- Légèrement, faiblement. Frapper doucement. Bercer doucement.

--- Sans bruit, avec peu de bruit. Il faut marcher doucement dans la chambre d'un malade. Entrez doucement. Je me glissai doucement auprès de lui.

--- À voix basse. Ils parlaient très-doucement, et je les entendais à peine.

--- Sourdement, sans éclat. C'est une chose qu'il faut faire doucement.

--- Sans éprouver d'agitation, avec calme. Sommeiller doucement. Vivre doucement dans la solitude. Mourir doucement au milieu de ses amis.

--- Paisiblement, sans qu'il y ait de trouble. On craignait qu'il n'arrivât quelque désordre dans l'assemblée, mais tout s'y est passé fort doucement.

--- Avec humanité, avec bonté. Un vainqueur généreux traite doucement les vaincus. Il en use doucement avec ses domestiques.

--- Sans sévérité, sans aigreur. Châtier doucement. Reprendre quelqu'un doucement de ses fautes. Je lui fis doucement la guerre sur sa négligence.

--- Sans emportement. Nous nous expliquâmes doucement, et il fut convenu que...

--- Dans une certaine aisance. On peut vivre assez doucement à la campagne avec peu de chose.

--- Commodément, agréablement. Passer le temps doucement dans son cabinet, avec ses livres, avec ses amis.

--- Médiocrement bien. Comment va le malade? Assez doucement, tout doucement, fort doucement. Cette affaire marche-t-elle? Tout doucement.

DOUCEMENT s'emploie d'une façon particulière, Lorsqu'on veut contenir ou réprimer la vivacité, la pétulance, l'impatience, l'emportement, etc., de quelqu'un. Doucement, monsieur; vous oubliez les égards qui sont dus à mon âge. Oh! doucement, il me reste encore des objections à vous faire. Doucement, doucement, ne nous échauffons point. Cet emploi est familier.

DOUCEREUX, EUSE. adj. Qui est doux sans être agréable, qui est d'une douceur fade. Vin doucereux. Liqueur doucereuse. Fruits doucereux.

Il signifie figurément et familièrement, Qui paraît doux, complaisant, poli, bienveillant, soumis, mais avec affectation. C'est un homme doucereux. Il a l'air doucereux, la mine doucereuse, le ton doucereux. Dans un sens analogue: Des vers doucereux. Une lettre doucereuse. Dire des choses doucereuses.

Il s'emploie aussi comme substantif, en parlant Des personnes. C'est un doucereux. Faire le doucereux auprès des femmes.

DOUCET, ETTE. adj. et s. Diminutif de Doux. Il ne se dit que Des personnes. Elle semble doucette, mais c'est un petit démon. Air doucet. Mine doucette. Faire le doucet. Faire la doucette. C'est une petite doucette. Il est familier.

DOUCETTE. s. f. Plante, sorte de mâche. Voyez MÂCHE.

DOUCETTEMENT. adv. Il s'emploie populairement dans le même sens que Doucement. Il s'en allait tout doucettement.

DOUCEUR. s. f. Qualité de ce qui est doux; et quelquefois, La chose même qui a cette qualité. Il s'emploie au propre et au figuré, dans la plupart des sens de Doux. La douceur du sucre, du lait, du miel, d'un fruit. Douceur exquise. Douceur fade. Cet enfant aime beaucoup les douceurs. La douceur de la peau. La douceur d'un parfum. La douceur de l'haleine. La douceur de la voix. Donner de la douceur à son chant. La douceur du style. La douceur du temps, de l'air. La douceur du sommeil, du repos. Douceur d'esprit, de moeurs, de caractère. Un naturel plein de douceur. Il est d'une douceur admirable. C'est la douceur même. Douceur affectée. La douceur des yeux, des regards. Une grande douceur de visage. Une physionomie pleine de douceur. Elle fut séduite par la douceur de son langage. Goûter la douceur, les douceurs de la vie. Les douceurs de la société. Les douceurs de la liberté. La douceur de commander. La douceur du commandement. Ces peines ne sont pas sans quelque douceur. C'est une grande douceur de vivre avec ses amis. La solitude a ses douceurs.

Il se prend plus particulièrement, et d'une manière absolue, pour Façon d'agir douce et éloignée de toute sorte de violence.

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