Dictionnaire de l'Académie Française,
6ème edition (1835)

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DIA Mot dont les charretiers se servent pour faire aller leurs chevaux à gauche, comme ils se servent des mots Hue, Huhau ou Hurhau, pour les faire aller à droite.

Prov., fig. et pop., Il n'entend ni à dia, ni à huhau, On ne saurait lui faire entendre raison.

Prov., fig. et pop., L'un tire à dia, et l'autre à huhau, ou L'un tire à hue et l'autre à dia, se dit Lorsque deux personnes, dans la conduite de l'affaire dont elles sont chargées, prennent des moyens qui se contrarient.

DIABÈTE. s. m. T. de Médec. Maladie qui est caractérisée par une excrétion très-abondante d'urine contenant une matière sucrée.

DIABÉTIQUE. adj. des deux genres T. de Médec. Qui tient du diabète. Affection diabétique. Flux diabétique.

DIABLE. s. m. Démon, esprit malin, mauvais ange. Diable d'enfer. Être possédé du diable. Une tentation du diable. Chasser les diables. On prétendait qu'il avait fait un pacte avec le diable. Invoquer les diables. La puissance du diable. Le diable ne lui aurait pas fait plus de peur. Je crus voir le diable, tant son aspect me surprit, m'effraya.

DIABLE dans les emplois figurés qui suivent, est très-familier ou même populaire.

Prov., Le diable n'y perd rien, se dit en parlant D'une personne qui sait habituellement maîtriser et cacher les passions et les sentiments qui la tourmentent. Cette personne est ordinairement très-calme; mais le diable n'y perd rien. Cela se dit également en parlant Des souffrances qu'on dissimule. Je n'ai pas l'air de souffrir, mais le diable n'y perd rien.

Prov., Quand il dort, le diable le berce, ou absolument, Le diable le berce, se dit D'un homme inquiet, qui roule toujours dans sa tête quelque dessein contraire au repos des autres ou au sien.

Prov., Les menteurs sont les enfants du diable.

Prov., Le diable était beau quand il était jeune, La jeunesse a toujours quelque chose d'agréable, même dans les personnes les plus laides.

Cette femme a la beauté du diable, Elle n'est pas jolie, mais elle a la fraîcheur de la jeunesse.

Prov., Quand le diable fut vieux, il se fit ermite, se dit en parlant De quelqu'un qui, après avoir fait le libertin, devient dévot sur ses vieux jours.

Prov., Le diable est aux vaches, est bien aux vaches, Il y a du vacarme, du désordre, de la brouillerie, etc.

Prov., Les diables sont déchaînés, se dit Quand il arrive de grands mouvements, de grands malheurs.

Prov., Le diable bat sa femme, se dit Quand il pleut et qu'il fait soleil en même temps.

Prov., Il est comme le valet du diable, il fait plus qu'on ne lui commande, ou simplement, Il fait le valet du diable, se dit D'un homme qui, par zèle ou par tout autre motif, fait plus qu'on ne lui dit.

Prov., Il mangerait le diable et ses cornes, se dit D'un grand mangeur.

Le diable ne lui ferait pas faire telle chose, On aurait bien de la peine à lui faire faire telle chose. Quand une fois il a dit Non, le diable ne lui ferait pas dire Oui. Le diable ne lui ferait pas lâcher prise.

Prov., Ne craindre ni Dieu ni diable, se dit D'un méchant homme, d'un homme déterminé qu'aucune crainte n'arrête.

Prov. et fig., Il vaut mieux tuer le diable, que le diable nous tue, Dans le cas de défense personnelle, il vaut mieux tuer son ennemi, que de s'en laisser tuer.

Prov. et fig., Brûler une chandelle au diable, Flatter un pouvoir injuste pour en obtenir quelque chose.

Prov. et fig., Tirer le diable par la queue, Avoir beaucoup de peine à se procurer de quoi vivre.

Prov. et fig., Loger le diable dans sa bourse, N'avoir pas le sou.

Prov. et fig., Le diable n'est pas toujours à la porte d'un pauvre homme, Un homme malheureux ne l'est pas toujours.

Avoir le diable au corps, Être méchant, furieux. Il querelle et bat tout le monde, il a le diable au corps. On le dit quelquefois en parlant D'un homme qui montre beaucoup d'adresse, de courage, de force, de talent ou d'esprit. Tout ce qu'il fait est prodigieux, je crois qu'il a le diable au corps, il faut qu'il ait le diable au corps. On le dit quelquefois, dans le premier sens, en parlant Des animaux. Ce cheval a le diable au corps.

Avoir un esprit de tous les diables, Avoir beaucoup d'esprit.

Prov., C'est le diable à confesser, se dit D'un aveu difficile à obtenir, et en général D'une chose difficile à faire. Dans le dernier sens, on dit aussi, C'est le diable. C'est le diable pour obtenir de lui quelque argent.

C'est le diable, c'est là le diable, voilà le diable, se dit De ce qu'il y a de pénible, de difficile, de fâcheux, de contrariant dans la chose dont il s'agit. Nous aurions besoin de son consentement, et il le refuse: c'est là le diable.

Cela se fera, ou il faudra que le diable s'en mêle, à moins que le diable ne s'en mêle, si le diable ne s'en mêle, Cette affaire se fera malgré tous les obstacles. Cette affaire ne se fera pas, à moins, etc., Il est presque impossible que cette affaire réussisse. On dit dans le même sens, Cela se fera si le diable s'en mêle.

Veuille Dieu, veuille diable, je n'en aurai point le démenti, Je suis bien résolu de faire telle chose.

Quand le diable y serait, se dit Pour exprimer qu'une chose paraît difficile, impossible, incroyable. Quand le diable y serait, vous ne me ferez pas croire cela.

Le diable n'y verrait goutte, se dit en parlant D'une chose fort difficile à comprendre, à débrouiller. L'affaire est maintenant si embrouillée, que le diable n'y verrait goutte.

Donner, envoyer au diable, à tous les diables, à tous les cinq cents diables, Maudire, rebuter, repousser, renvoyer avec colère, avec indignation. On dit de même: Va-t'en au diable. Qu'il s'en aille au diable, à tous les diables, etc. Que le diable t'emporte, l'emporte, etc. Je voudrais que tu fusses, qu'il fût au diable, à tous les diables, aux cinq cents diables. Que le diable, ou simplement, Le diable soit de lui, de toi, etc. Au diable soit l'imbécile, le sot, etc., qui a fait telle chose!

Au diable celui qui le fera, se dit Pour faire entendre que personne ne pourra ou n'osera faire la chose dont il s'agit.

Au diable le profit que j'en ai tiré, se dit Pour faire entendre qu'on n'a tiré aucun profit d'une affaire.

Fi, fi! au diable! sert À marquer le mépris, l'aversion.

Au diable! se dit Lorsqu'on se rebute, lorsqu'on renonce à faire une chose difficile ou très-pénible. Au diable! je n'en viendrai jamais à bout. Au diable! cela me fatigue trop.

Fig., S'en aller au diable, à tous les diables, Se perdre, disparaître tout à fait. Mon chapeau, emporté par le vent, s'en est allé à tous les diables. Cela signifie aussi, Manquer, échouer. Je crains bien que mon mariage ne s'en aille à tous les diables. L'affaire s'en va au diable, à tous les diables. On dit de même, dans l'un et dans l'autre sens, Être à tous les diables.

Fig., Être au diable, Être excessivement loin. Cela est au diable, on ne saurait l'apercevoir. Il est au diable, en Amérique, je crois.

Fig., Se donner au diable, se dit Lorsqu'on se donne beaucoup de mal, beaucoup de mouvement et de peine pour quelque chose. Je me suis donné au diable inutilement pour que la chose réussît. Certes, la chose est aisée, et il ne faut pas se donner au diable pour la faire. Il signifie aussi, Se désespérer.

Cela me ferait donner au diable, se dit Pour exprimer la vive impatience, le dépit violent qu'on éprouve de quelque chose. Vos sottes raisons me feraient donner au diable. Cet enfant me fait donner au diable avec son indolence.

Je me donne au diable, je veux que le diable m'emporte, si... Le diable m'emporte, si... Le diable m'emporte. Locutions qui sont quelquefois employées, par forme de serment, pour affirmer ou nier avec plus d'énergie. Je me donne au diable, je veux bien me donner au diable, je veux que le diable m'emporte, si j'y comprends un mot. Que le diable m'emporte, si cela n'est pas comme je le dis. Non, le diable m'emporte, je n'en savais rien. On dit de même, Du diable si... et Au diable si... Du diable si j'y comprends rien. On a beau l'appeler, du diable s'il répond. Au diable si l'on m'y rattrape.

Par chagrin ou par dépit, Le diable s'en pende!

Par forme de serment, Je n'en ferai rien, de par tous les diables.

Fig., Faire le diable, faire le diable à quatre, Faire beaucoup de bruit, causer beaucoup de désordre, s'emporter à l'excès. Ils ont fait le diable, le diable à quatre dans cette auberge. Cela signifie aussi, Se donner beaucoup de peine, de mouvement pour quelque chose. Il a fait le diable à quatre pour l'obtenir, pour l'empêcher. L'affaire a réussi, ou n'a pas réussi, quoiqu'il y ait fait le diable à quatre.

Fig., Faire le diable contre quelqu'un, Faire du pis qu'on peut contre lui. Dire le

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