Dictionnaire de l'Académie Française,
6ème edition (1835)

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diable contre quelqu'un, En médire ou le calomnier impitoyablement.

Cela ne vaut pas le diable, se dit D'une chose qui ne vaut rien, ou qui est fort mauvaise dans son genre. Ce roman ne vaut pas le diable.

DIABLE se dit aussi, figurément, d'Une personne très-méchante, ou violente, emportée, ou d'une pétulance excessive, d'une turbulence incommode et bruyante. C'est un diable, un diable incarné, un diable d'enfer, un diable déchaîné, un vrai diable. Avec son air de douceur, cette femme est un vrai diable. C'est un diable, un petit diable que cet enfant-là. Cet enfant est bien diable.

Prov., Il n'est pas si diable qu'il est noir, Cet homme n'est pas si méchant qu'il le paraît.

DIABLE se dit encore, tant en bonne qu'en mauvaise part, d'Une personne remarquable par quelque qualité, par ses moeurs, par ses manières. C'est un diable pour la force, pour l'adresse, etc. Mais c'est donc un diable, c'est donc le diable que cet homme-là, pour avoir tenu seul contre dix! Ce diable d'homme trouve toujours des expédients. Ce diable-là n'est jamais embarrassé. Où ce petit diable va-t-il chercher tout ce qu'il dit? Ce diable d'homme ne se corrigera donc jamais? Cette diable de femme fait de moi tout ce qu'elle veut.

Ce diable d'homme, cette diable de femme, etc., se disent quelquefois par dépit contre un homme ou une femme. Ce diable d'homme ne veut pas me comprendre. Cette diable de femme est venue là bien mal à propos.

Un bon diable, Un homme de bonne humeur, de bon caractère, et commode à vivre. Il est assez bon diable.

Un méchant diable, Un homme méchant et rusé.

Un pauvre diable, Un homme qui est dans la misère. C'est un pauvre diable chargé de famille.

Un grand diable, Un homme grand et dégingandé.

DIABLE s'emploie même en parlant De certaines choses. Ainsi on dit: Une diable d'affaire, un diable de négoce, de métier, etc., en parlant D'une affaire difficile, fâcheuse, d'un négoce peu lucratif, etc.; Une diable de pluie, un diable de vent, etc., en parlant d'Une pluie, d'un vent incommode, nuisible.

Une affaire du diable, une difficulté de diable, Une affaire très-compliquée, ou qui a, qui peut avoir de très-grandes suites; une très-grande difficulté, etc. On dit de même: Un froid de diable, un vent, une pluie du diable, Un froid excessif, un vent très-violent, etc. Il avait une peur de diable, Il avait une peur extrême.

DIABLE s'emploie souvent comme Interjection de surprise, d'admiration, de doute, de mécontentement, d'inquiétude, etc. Diable! comme vous y allez! Diable! cela n'est pas aisé à faire. Ah diable! je n'y pensais pas. Diable! cela devient sérieux. Diable! comment ferons-nous? Diable! vous faites là de belles affaires.

Il est employé d'une manière analogue dans les phrases suivantes et autres semblables: Où diable va-t-il prendre tout ce qu'il dit? Qui diable vous a dit cela? Je ne sais ce que diable il est devenu. Que diable me veut-il? Comment diable vais-je m'y prendre? Que diable avez-vous fait, avez-vous dit? À quoi diable s'amuse-t-il? Que diable! vous avez peur?

DIABLE, substantif se dit en outre d'Une sorte de double toupie que l'on fait tourner rapidement sur une corde attachée à deux baguettes, et qui ronfle avec beaucoup de bruit. Le jeu du diable.

Il se dit aussi d'Une espèce de charrette à quatre roues fort basses, qui sert au transport de certaines marchandises, et qui fait beaucoup de bruit en roulant sur le pavé.

Il se dit également d'Un petit chariot à deux roues dont les maçons se servent pour transporter les pierres.

DIABLE en Histoire naturelle, se dit d'Une espèce de cigale, ainsi que de Divers oiseaux, et de Quelques poissons.

EN DIABLE. loc. adv. Fort, extrêmement. Frapper en diable. Mentir en diable. Cela tient en diable. Cette eau-de-vie est forte en diable. On dit quelquefois dans le même sens, En diable et demi. Il l'a battu en diable et demi. On dit aussi, Comme le diable, comme un beau diable, comme tous les diables. Il l'a battu comme le diable. Crier comme un beau diable. Il ment comme tous les diables.

À LA DIABLE. loc. adv. Très-mal. Cela est fait à la diable, ou simplement, Cela est à la diable. Il nous a donné un ragoût à la diable. Cette affaire va, marche à la diable.

Être fait à la diable, Être habillé sans goût, ou Avoir ses vêtements en grand désordre.

DIABLEMENT. adv. Excessivement. Cela est diablement chaud. Voilà une femme diablement laide. C'est un homme diablement entêté. Il est très-familier.

DIABLERIE. s. f. Sortilége, maléfice. Il se mêlait de diablerie. Il y a là de la diablerie.

Il se dit aussi Des prétendues possessions, des ensorcellements. La diablerie de Loudun. Ces diableries n'abusent plus personne.

Il se dit, figurément et familièrement, en parlant De tout mauvais effet dont on ne peut découvrir la cause, et surtout Des machinations secrètes qui nuisent au succès d'une affaire. Il y a quelque diablerie là-dessous, là dedans.

Il s'est dit autrefois de Certaines pièces populaires où le diable jouait ordinairement le principal rôle. Une diablerie à quatre personnages.

DIABLESSE. s. f. Terme d'injure qui se dit ordinairement d'Une femme méchante et acariâtre. C'est une diablesse, une vraie diablesse. Cette femme est bien diablesse.

Une bonne diablesse, une pauvre diablesse, une méchante diablesse, une grande diablesse, se disent dans le même sens que Bon diable, pauvre diable, méchant diable, grand diable.

DIABLEZOT Sorte d'exclamation du langage familier. Vous pensez qu'on doive vous croire, diablezot, Je ne suis point assez sot pour cela. Vous me conseillez de faire cela, diablezot, Je ne suis point assez sot pour le faire. Il est vieux.

DIABLOTIN. s. m. Petite figure de diable. Un tableau où on a représenté des diables et des diablotins qui tentent saint Antoine.

Il se dit figurément d'Un méchant petit enfant. Cet enfant est un vrai diablotin.

DIABLOTIN se dit aussi d'Une espèce de dragée faite de chocolat et couverte de nonpareille. Une livre de diablotins. Manger des diablotins.

DIABOLIQUE. adj. des deux genres Qui est du diable, qui vient du diable. Tentation diabolique. Suggestion diabolique.

Il se dit, au figuré, De tout ce qui est extrêmement méchant, pernicieux dans son genre. Esprit diabolique. Méchanceté diabolique. Artifice diabolique. Une invention diabolique.

Il se dit aussi De ce qui est fort mauvais. Il nous a menés par un chemin diabolique. On nous servit un ragoût diabolique.

Il se dit encore De ce qui est très-difficile, très-pénible. C'est une affaire diabolique. J'ai là un travail diabolique. Ce sens et le précédent sont familiers.

DIABOLIQUEMENT. adv. Avec une méchanceté diabolique. C'est une chose diaboliquement inventée. C'est une calomnie forgée diaboliquement. Conjuration machinée diaboliquement.

DIACHYLON. s. m. T. de Pharmacie. Emplâtre considéré comme résolutif, et dans lequel il entre des substances mucilagineuses. Diachylon simple. Diachylon composé. On écrit aussi, Diachylum (qui se prononce Diachilome).

DIACODE. s. m. T. de Pharmacie. Sirop fait avec la décoction des têtes de pavots blancs. On dit quelquefois adjectivement, Sirop diacode.

DIACONAL, ALE. adj. Qui appartient au diacre, qui a rapport au diacre. Fonctions diaconales.

DIACONAT. s. m. Le second des ordres sacrés, ou l'office de diacre. Être promu au diaconat.

DIACONESSE. s. f. Il se dit Des veuves et des filles qui, dans la primitive Église, étaient employées à certains ministères ecclésiastiques. Les diaconesses étaient chargées de déshabiller les femmes et les filles qu'on baptisait. On dit aussi, Diaconisse.

DIACRE. s. m. Celui qui est promu au second des ordres sacrés. C'est au diacre à chanter l'évangile. Faire diacre à la grand'messe.

DIADELPHIE. s. f. T. de Botan. Classe du système de Linné, qui comprend les plantes à plusieurs étamines réunies par leurs filets en deux corps distincts. La plupart des plantes légumineuses appartiennent à la diadelphie.

DIADÈME. s. m. Sorte de bandeau qui était la marque de la royauté parmi les anciens, et dont les rois et les reines se ceignaient le front. Porter un diadème. Ceindre sa tête, son front d'un diadème. Orné d'un diadème.

Il se dit souvent en parlant De la royauté même, dans certaines phrases figurées du style élevé ou poétique. L'éclat du diadème. Ceindre le diadème, Devenir roi ou reine.

DIAGNOSTIC. s. m. (Dans ce mot et dans le suivant, le G se prononce dur.) Partie de la médecine qui a pour objet de reconnaître, de distinguer les maladies; ou L'action même de les reconnaître, de les distinguer. Il n'est pas fort sur le diagnostic. Le

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