LE DICTIONNAIRE DE L'ACADÉMIE FRANÇAISE
5ème Edition, 1798
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Page 534
On dit populairement, Donner dans
l'étoffe, pour dire, Dépenser beaucoup
en habits et en meubles. Cet
homme se pique de magnificence, il donne
dans l'étoffe.
Ce mot s'étend aussi à la matière de
quelques autres oúvrages de Manufacture.
Il n'y a pas assez d'étoffe à ce
chapeau.
On dit figurément par extension,
On n'a pas épargné, on n'a pas plaint
l'étoffe, pour dire, qu'On a employé
une grande abondance de matière,
ou qu'on en a employé plus qu'il ne
falloit. Voilà de la vaisselle d'argent
bien pesante, on n'a pas plaint, on n'y
a pas plaint l'étoffe.
On dit figurément et familièrement
d'Un jeune homme dont les dispositions
sont heureuses, et n'ont besoin
que d'être cultivées, On peut faire de
ce jeune homme--là quelque chose de bon,
il y a de l'étoffe.
On dit dans le sens contraire, On ne
fera jamais rien de ce jeune homme, il
n'y a point d'étoffe.
Étoffe
Étoffe, signifie aussi figurément
et familièrement, Condition, naissance,
mérite, etc. Un homme de petite,
de basse, de mince étoffe. Il ne
doit pas faire de comparaison avec vous,
il n'est pas de même étoffe. Ils ne valent
pas mieux l'un que l'antre, ce sont gens
de même étoffé. Ce mot ne s'emploie
guère que pour déprimer, que pour
dénigrer.
ÉTOFFER
ÉTOFFER. v. a. Mettre de l'étoffe,
de la matière en quantité suffisante,
et en qualité convenable à quelque
ouvrage de Manufacture. Ce Chapelier
n'a pas bien étoffé ce chapeau. On a mal
étoffé cefte cuirasse.
Étoffer
Étoffer, signifie aussi, Garnir de
tout ce qui est nécessaire, soit pour
la commodité, soit pour l'ornement. Il
se dit principalement d'Un carrosse,
d'un lit, et de quelques autres meubles.
Etoffé, ée.
Etoffé, ée. participe. Chapeau bien
étoffé. Carrosse bien étoffé. Un lit bien
étoffé.
On dit, Un homme bien étoffé, pour
dire, Un homme bien vêtu, bien
meublé, un homme qui a toutes ses
aises et toutes ses commodités. On dit
dans le même sens, Une maison bien
étoffée.
ÉTOILE
ÉTOILE. s. f. Astre, corps lumineux
qui brille au ciel pendant la nuit.
Étcile de la première, de la seconde, de
la troisième grandeur. Le lever, le coucher
d'une étoile. Il parut cette année--là
une nouvelle étoile. L'éclipse fut si grande,
qu'on vit les étoiles en plein jour. Étoile
polaire. Étoile du matin. L'étoile qui
conduisit les Mages au lieu où ils adorèrent
Notre -- Seigneur. Étoilesnébuleuses.
On appelle proprement Étoiles, Celles
qui étant lumineuses par elles--mêmes, se distinguent par une scintillation
sensible. Ce mot s'étend néanmoins
quelquefois aux planètes qui
nous paroissent plus petites que la Lune,
comme Jupiter, Mars, Vénus,
etc. Ainsi on dit, Étoiles errantes, Ce
sont ces planètes; Etoiles fixes, Cesont
les vraies étoiles qui paroissent comme
attachées au firmament, et toujours à
la mème distance les unes des autres.
On appelle Étoile du Berger, La
planète de Vénus. Elle s'appelle aussi
Étoile du matin, Lorsqu'elle précède
le lever du Soleil; et Étoile du soir,
Lorsqu'elle paroît après son coucher.
On dit proverbialement, Loger, coucher
à la belle étoile, pour dire, Coucher
dehors.
On appelle Étoile, Ce que les Astrologues
prétendent qui influe sur le
tempérament et sur la fortune, des
hommes. Étoile maligne, funeste. Étoile
favorable, bienfaisante, heureuse. Ce
n'est pas son mérite qui fait cela, c'est
son étoile. Son étoile est d'étre aimé des
Grands. Il y a de l'étoile, c'étoit un
malheur inévitable. C'est un effet de son
étoile. On ne peut aller contre son étoile.
On appelle abusivement Étoile, Ces
météores que l'on voit courir dans
l'air la nuit, et s'éteindre incontinent.
J'ai vu tomber une étoile.
Quand on donne un grand coup sur
la tête à quelqu'un on dit familièrement,
qu'On lui a fait voir des étoiles
en plein midi.
On dit figurément et familièrement
d'Un homme qui en impose aux autres
et à lui--même, qu'Il fait voir aux auties,
qu'il croit voir des étoiles en plein
midi.
Étoile
Étoile, est aussi Le centre où se
réunissent plusieurs allées d'un parc,
ou plusieurs routes d'une forêt.
Étoile
Étoile, se dit aussi, en termes
d'Imprimerie dans le mêmesens qu'Astérisque.
Voyez Astérisque.
Etoile
Etoile, en termes de Manége, signifie
Une marque blanche sur le front
d'un cheval dont le corps est d'une autre
couleur.
ÉTOILÉ, ÉE.
ÉTOILÉ, ÉE. adj. Semé d'étoiles.
Le Ciel étoit fort étoilé, pour dire,
Fort serein.
On appelle Une beuteille étoilée, Une
bouteille où il s'est fait quelque fèlure
en forme d'étoile.
ÉTOILER
ÉTOILER, v. qui s'emploie avec le
pron. pers. S'ETOILER. Se feler en
forme d'étoile. Prenez garde que vos
bouteilles ne s'étoilent. Dans les Monnoies,
les flans et les carreaux s'étoilent,
quand ils ne sont pas assez recuits.
ÉTOLE
ÉTOLE. s. f. Longue bande d'étoffe
large de trois à quatre pouces, sur laquelle
il y a des croix de galon ou de
broderie, que les Prélats et les Prêtres
se mettent au cou quand ils font
certaines fonctions ecclésiastiques, et
qui pend des deux côtés par devant
jusqu'à mi--jambe. Mettre l'étole. Oter
l'étole. On n'administre point les Sacremens
sans l'étole. Les Diacres portent
l'étole en manière d'écharpe.
ÉTONNAMMENT
ÉTONNAMMENT. adverb. D'une
manière étonnante. Cet enfant profite
étonnamment.
ÉTONNANT, ANTE
ÉTONNANT, ANTE. adject. Qui
étonne, qui surprend. Cela est fort
étonnant. Voilà une nouvelle étonnante.
Mémoire étonnante. Érudition étonnante.
Secrets étonnans. Il est étonnant qu'on se
permette de si grandes libertés.
On dit d'Un homme extraordinaire,
soit en bien, soit en mal, que C'est
un homme étonnant.
ÉTONNEMENT
ÉTONNEMENT. s. mas. Surprise
causée par quelque chose d'inopiné.
Causer, donner de l'étonnement. Jeter dans
l'étonnement. Remplir d'étonnement. Cela
m'a frappé d'étonnement. J'ai été saisi
d'étonnement. Je suis dans un grand étonnement. Mon étonnement a cessé quand...
Il est revenu de son étonnement. C'est un
de mes étonnemens, qu'il ait pu réussir par
cette voie--là. Au grand étonnement de
tout le monde.
Il signifie quelquefois Admiration.
Cette action fera l'êtonnement des siècles
futurs. La grandeur et la magnificence de
ce Palais me frappèrent d'étonnement.
Être ravi d'étonnement.
Il signifie figurément, Ébranlement,
secousse. Les charrois ont causé un grand
étonnement à ces maisons. Depuis sa
chute, il lui est resté un étonnement de
cerveau.
ÉTONNER
ÉTONNER. v. act. Surprendre par
quelque chose d'inopiné. Cet accident
imprévu, cette nouvelle, cette marche des
ennemis l'a fort étonné, l'a furieusement
étonné, extrêmement étonné. Je crois que
cela l'étonnera. Cela ne m'a pas beaucoup
étonné. Les exploits de ce Héros étonneront l'univers.
Il signifie figurément, Ebranler,
faire trembler par quelque grande,
quelque violente commotion. Le branle
des cloches a étonné cette tour. Le bruit
du canon, la force de la mine a si fort
étonné ces maisons, qu'il est à craindre
qu'elles ne tombent. Ce coup ne lui a point
fait de plaie, mais il lui a étonné le
cerveau.
S'étonner
S'étonner. Être étonné. Il ne s'étonne
de rien, il ne s'étonne pas du bruit,
pour le bruit.
En ce sens on dit proverbial. qu'Un
homme est bon cheval de trompette, qu'il
ne s'étonne pas pour le bruit.
Il signifie aussi, Être surpris, trouver
étrange. Je m'étonne qu'il ne voie
pas le danger où il est. J'en sais la raison,
je ne m'en étonne plus. Ne vous
étonnez pas s'il en use de la sorte. Je m'étonne
de votre ami qui vous abandonne.
Je m'étonne que vous n'ayez pas prévu cet
accident. Je m'étonne de vos manières,
de votre procédé.
Étonné, ée.
Étonné, ée. participe.
On dit proverbialem. qu'Un homme
est étonné comme un fondeur de cloches,
qu'il est étonné comme s'il tomboit des
nues, comme si les cornes lui venoient à
la tête, pour dire, qu'Il est surpris,
étonné au dernier point.
ÉTQUFFANT, ANTE
ÉTQUFFANT, ANTE. adject. Qui
fait qu'on étouffe, qu'on respire mal.
Temps étouffant. Chaleur étouffante. Il
signifie aussi, Qui étouffe, qui respire
mal. J'ai trouvé cet homme étouffant.
ÉTOUFFEMENT
ÉTOUFFEMENT. s. m. Difficulté
de respirer. Elle a des vapeurs qui lui
causent des étouffemens. D'où vient cet
étouffement?
ETOUFFER
ETOUFFER. v. a. Suffoquer, faire
perdre la respiration, la vie. L'esquinancie
l'a étouffé. Cette nourrice en dormant
a étouffé son enfant. Il a été étouffé
d'un catarrhe. Les mauvaises herbes étouffent le blé.
Il est quelquefois neutre, et signifie,
Avoir la respiration empêchée. Il n'y
a point d'air dans cette chambre, on y
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