LE DICTIONNAIRE DE L'ACADÉMIE FRANÇAISE
5ème Edition, 1798

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Page 484

nom sans article. Étre en France. Passer en Espagne. Ne pouvoir durer en place. Aller de Province en Province. En haut, en bas, en avant, en arrière, en dedans, en dehors. Avoir une occasion en main. Avoir martel en tête. Mettre une affaire en bon chemin. Rentrer en soi--même. Revenir en son bon sens. Pêcher en eau trouble. Dire en pleine assemblée. Une affaire jugée en pleinParlement.

On disoit autrefois, En Jérusalem, En Avignon, En Arles, etc. mais cette préposition ne se joint plus aux noms propres des Villes.

On dit aujourd'hui, À Jérusalem, à Avignon, à Arles, etc.

En

En, sert aussi à marquer le rapport au temps, et signifie, Durant, pendant. En hiver, en été, en tout temps. En temps de paix. En temps de guerre. En pleine paix. En plein jour.

Il se met aussi pour marquer le temps qu'on emploie à faire quelque chose. Il arrivera en trois jours. Et il y a cette différence entre cette dernière phrase, Il arrivera en trois jours, et celle--ci, Il arrivera dans trois jours, que la première signifie, qu'Il sera trois jours en chemin, au lieu que la seconde veut dire, qu'Il sera arrivé le troisième jour.

Il sert encore à marquer l'état, la manière d'être, la disposition d'une personne, d'une chose. Être en vie, en bonne santé, en bonne humeur, en colère, etc. Être en passe, en possession de faire quelque chose. Se tenir en haleine, en exercice. Vivre en crainte, en espérance. Un enfant en maillot. Un enfant en nourrice. Une femme en couche. Une femme en puissance de mari. Un homme en fureur. Une armée en bataille. Du blé en herbe. Une vigne en fleur. Une béte en chaleur. Une allée qui va en pente, etc. Être en chance, en bonheur. Être en son bon sens, revenir en son bon sens. Aller, tomber en décadence, en extase, en défaillance.

En

En, dans cette acception, se résout quelquefois par Avec. Être en justaucorps, en manteau, en deuil. Un livre relié en veau, en parchemin. Prendre un malheur en patience, une peine en gré, etc. Quelquefois il se résout par Comme, à la façon de ... en forme de ... Vivre en homme de bien, en bon chrétien, en libertin. Agir en Roi, en maître. Parler en étourdi, en écervelé, etc. Des arbres taillés en buisson. Des perles en poire, etc. Quelquefois il ne se résout par aucune autre particule. Prendre une chose en bonne part. Prendre le nom de Dieu en vain. Une femme travestie en homme. Un espion déguisé en ermite, etc.

Il sert encore à marquer le motif qui fait agir, la fin pour laquelle on fait quelque chose. Il fit cela en haine d'un tel, en'haine de ce que .... en considération de ses services, en reconnoissance de .... en mémoire de .... en dépit de lui, en faveur du mariage. Donner une chose en garde. Mettre en dépôt, en séquestre.

Il sert aussi a marquer à quoi on est occupé. Être en offaire, en oraison, en prières, en dévotion. C'est un homme qui est tout en Dieu.

Il sert encore à marquer le progrès d'une chose. De mieux en mieux. De mal en pis. De plus en plus.

On s'en sert aussi dans la signification de Selon. En bonne Philosophie. En bonne Théologie. En bonne Politique. En bonne. Justice. En conscience.

On dit aussi en termes de Pratique, En tant que, pour dire, Selon que, autant que. En tant que je puis. En tant qu'il m'appartient. En tant que besoin sera.

En tant que, a aussi quelquefois la signification de Comme. Jésus--Christ en tant qu'homme est moins grand que son Père.

En

En, s'emploie encore dans la signification de Pour. Armer en course. Armer en guerre. Livrer en proie. En mon particulier.

On s'en sert encore dans la signification de Par. Mettre en pièces. V oir en songe. Agir en vertu d'un Arrêt, d'un pouvoir.

On s'en sert encore dans la signification d'. Il n'a espérance qu'en vous, confiance qu'en vous.

Il a encore plusieurs autres usages; on se contentera d'en mettre ici quelques--uns, sans en marquer l'explication que l'on trouve à l'article des mots avec lesquels il se joint. Fondre en larmes. Prendre en amitié. Avoir en vue de faire quelque chose. Avoir un ennemi en tête. Entrer en tiers. S'étendre en paroles. Se ruiner en folles dépenses. Exceller en quelque chose. Abonder en son sens. Mettre en oubli. Cela se résout en eau. Cela s'en ira en fumée. Être en butte à tout le monde. Être en fond, en reste, en avance, en demeure. En cas que cela arrive. En tout cas, en toute rencontre. En pure perte. En tout et en partie. Capitaine en pied. Narcisse changé en fleurs, etc. Il est en vous d'en user comme il vous plaira. Il n'est pas en moi de faire cela.

Il se joint aussi avec les gérondifs; et alors il a deux principaux usages, qui sont, ou de marquer le temps: Il donna ordre en partant. Il leur dit en les recevant. Il a déclaré en mourant. On apprend en vieillissant, etc. Ou de marquer la manière: Parler en tremblant. Un mal qui va en augmentant. Un ruisseau qui va en serpentant, etc.

Il faut remarquer que quand cette préposition se joint avec un nom, elle ne reçoit jamais l'article pluriel les, immédiatement après elle, ni l'article le et la singulier, si ce n'est qu il soit suivi d'une voyelle, ou d'une h muette. Ainsi on ne dit point, En les lieux, en les temps; mais on dit fort bien: En l'honneur. En l'honneur des Saints. En l'absence d'un tel.

On dit aussi, En la présence de Dieu; et il y a encore quelques formules où en reçoit immédiatement après lui l'article le. Ce procès a été jugé en la Grand' Chambre. Conseiller en la seconde des Enquêtes. Président en la Chambre des Comptes.

En

En, sert encore à former plusieurs mots, qui signifient, Garnir de, mettre dans, etc. Cette préposition s'écrit avec une m lorsqu'elle est suivie d'un b, d'un p, ou d'une m. On ne met dans le Dictionnaire que les mots composés qu'un usage constant a admis; les autres, qu'un Écrivain hasarde, ou que les Artisans font, sont faciles à entendre: tels sont, Encirer, enficeler, enformer, empoter, emmannequiner, etc.

EN

EN. Pronom relatif, ou particule relative, qui répond à De, et qui sert à désigner une chose dont on a déjà parlé, et fait le même effet que si on répétoit cette même chose. Cette affaire est délicate, le succès en estdouteux; c'est--à--dire, Le succès de cette affaire est douteux. On ne doit jamais se repentir d'avoir bien fait, aussi ne s'en repent--il pas; c'est--à--dire, Aussi ne se repent--il pas d'avoir bien fait. Cette maladie est dangereuse, il pourroit bien en mourir. Vient--il de la Cour? oui, il en vient. Il avoit deux fils, il lui en est mort un, etc.

On dit en termes de Pratique, Les Parties en viendront au premier jour, pour dirè, Les Parties viendront plaider au premier jour sur l'affaire dont il s'agit.

Il se met quelquefois sans relation à aucune chose qui ait été exprimée auparavant; mais cependant il ne laisse pas de marquer quelque chose de sousentendu. Par exemple, Il en veut depuis long temps à un tel, veut dire, Il veut du mal à un tel depuis long--temps. À qui en voulez--vous? veut dire dans un autre sens, À qui voulez--vous parler? que demandez--vous? À qui en avez--vous? veut dire, Contre qui avezvous de la colère? De même, toutes ces facons de parler: Comment vous en va? Il s'en faut beaucoup. Il ne sait où il en est. Cela n'en est pas. Il en tient. Il en a dans l'aile. Il en veut découdre. Il en est venu à ce point, que...... Il en est logé là, etc. marquent quelque chose de sous--entendu, à quoi en est relatif.

Il se met quelquefois sans relation à aucune chose ni exprimée, ni sousentendue, mais seulement par une certaine rédondance que l'usage a autorisée et rendue élégante. Il en est de cela comme de la plupart des choses du monde. De là ils en vinrent aux mains, aux prises, aux injures, etc.

Il se met encore de la même sorte avec quelques verbes qui désignent le mouvement local, et immédiatement après les pronoms personnels. Je m'en vais partir. Vous en allez--vous? Il s'en retourne en son pays. Nous nous en allons à la promenade. Ils s'en vinrent l'épée à la main, etc. pour dire: Je vais partir. Allez--vous chez vous? Il retourne en son pays. Nous allons à la promenade. Ils vinrent l'épée à la main.

Il n'en est pas de même lorsque les verbes Aller, retourner, venir, joints à la particule et au pronom, s'emploient dans la signification de Partir, sortir, se retirer, et qu'ils n'ont aucun régime après eux; car alors la particule et le pronom sont absolument nécessaires pour rendre le sens parfait, et ne se peuvent ôter. Adieu, je m'en vais. Si vous avez affaire, je m'en irai. Allons nous--en. Voulez--vous vous en retourner? Voulez--vous vous en venir?

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