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Il paroît par ce récit, qu'outre la prophanation sacrilége qu'on exigeoit, la forme de baptême & l'imposition du nom par les parrains & marraines passoit pour nécessaire, afin qu'au moyen de la figure on pût nuire à ses ennemis.
Ce n'est pas seulement parmi les anciens ni en Europe que ces sortes d'enchantemens ont eu lieu, ils étoient connus des sauvages d'Amérique. Chez les Ilinois & chez d'autres nations, dit le P. Charlevoix, on fait de petits marmousets pour représenter ceux dont on veut abréger les jours, & qu'on perce au coeur. Il ajoûte, que d'autres fois on prend une pierre; & par le moyen de quelques invocations, on prétend en former une semblable dans le coeur de son ennemi. Toutes ces pratiques, quelques impies ou ridicules qu'elles soient, concourent à prouver ce que nous avons observé, que l'enchantement est un
Il n'est pas difficile d'en découvrir l'origine; c'est l'ignorance, l'amour de la vie & la crainte de la mort qui leur ont donné naissance. Les hommes voyant que les secours naturels qu'ils connoissoient pour se guérir, étoient souvent inutiles, ils s'attacherent à tout ce qui s'offrit à leur esprit, à tout ce que leur imagination vint à leur suggérer.
Les amuletes, les talismans, les philacteres, les pierres précieuses, les os de mort qu'on mit sur soi, dans certains cas extraordinaires, parurent peut - être d'abord comme des remedes indifférens, qu'on pouvoit d'autant mieux employer, que s'ils ne faisoient point de bien, du moins ne causoient - ils point de mal. Ne voyons - nous pas encore tous les jours une infinité de gens se conduire par les mêmes principes?
Ces remedes n'étoient d'ailleurs ni rebutans, ni douloureux, ni desagréables. On s'y livra volontiers; l'exemple & l'imagination, quelquefois utiles pour suppléer à la vertu qui manquoit aux remedes de cette espece, les accréditerent, la superstition les autorisa, & vraissemblablement la fourberie des hommes y mit le sceau.
Quoi qu'il en soit, les enchantemens se sont si bien introduits & de si bonne heure dans la Medecine, que toutes les nations les ont pratiqués de temps immémorial, & qu'ils subsistent encore dans les trois plus grandes parties du monde; l'Asie, l'Afrique & l'Amérique.
Hammon, Hermès, Zoroastre, passoient parmi les payens pour les auteurs de cette pratique médicinale. Hammon, qu'on compte entre les premiers rois de la premiere dynastie d'Egypte, a été regardé pour l'inventeur de l'art de faire sortir le fer d'une plaie, & de guérir les morsures des serpens par des enchantemens.
Pindare dit que Chiron le centaure traitoit toutes sortes de maladies par le même secours, & Platon raconte que les sages - femmes d'Athenes n'avoient pas d'autres secrets pour faciliter les accouchemens; mais je ne sache point de peuple chez qui cet usage ait trouvé plus de sectateurs que chez les Hébreux.
Leur loi ne put venir à bout d'arrêter le cours du desordre; c'est pourquoi Jérémie (chap. vij v. 17.) les menaça au nom du Seigneur de leur envoyer des serpens contre la morsure desquels l'enchanteur ne pourroit rien.
Hippocrate contribua merveilleusement par ses
lumieres à effacer de l'esprit des Grecs les idées qu'ils
pouvoient avoir sucées sur la vertu des enchantemens.
Ce n'est pas que leurs philosophes, & ceux qui étoient
nourris dans leurs principes, donnassent dans ces
niaiseries; l'histoire nous prouve bien le contraire.
J'aime à lire dans Plutarque ce que Périclès, instruit
par Anaxagore, pensoit de tous ces vains remedes:
Cependant les Romains gémirent long - tems sous
le poids de cette superstition. Tite - Live nous apprend
qu'une maladie épidémique régnant à Rome l'an 326
de sa fondation, on épuisa vainement tous les reme<pb->
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