Dictionnaire de l'Académie Française, 4ème edition (1762)

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Page 343

On appelle en termes de Jurisprudence, Délit commun, Un délit qui a été commis par un Ecclésiastique, & qui est de la compétence du Juge Ecclésiastique; & dans cette acception il est opposé à Cas privilégié.

COMMUN signifie aussi Ordinaire, qui se pratique ordinairement. L'usage en est fort commun. Il n'y a rien de si commun. C'est une chose bien commune. Cela est commun parmi les gens de guerre, entre les gens de guerre. Commun entre les bourgeois, parmi les bourgeois.

En parlant des termes ordinaires de la Langue, on dit, Les mots communs de la Langue, par opposition aux termes qui ne sont en usage que dans les Arts & dans les Sciences.

COMMUN signifie aussi, Qui se trouve aisément & en abondance. Les bons melons sont fort communs cette année. Les bons muscats sont communs en Languedoc, en Provence. Les herbes, les viandes les plus communes.

Expédier en forme commune. Façon de parler prise du style de la Daterie de Rome, & qui signifie, Sans grace, sans remise. Elle s'emploie figurément en diverses phrases. Ainsi on dit d'Un homme à qui on a gagné tout son argent en très-peu de temps, qu'On l'a expédié en forme commune.

On dit aussi d'Un homme mort en peu de temps entre les mains de plusieurs mauvais Médecins, qu'Ils l'ont expédié en forme commune. Cela n'est que du style familier.

COMMUN signifie aussi, Qui est de peu de valeur, & peu estimable dans son espèce. Un Marchand qui n'a que des marchandises communes, très-communes, qui n'a rien que de commun.

Il signifie aussi, Qui est médiocre & peu estimable dans son genre. Il a fait un discours très-commun. C'est un Prédicateur fort commun. Un Auteur, un Poëte très-commun. Une invention commune. Des pensées communes. Idées commune.

On dit, qu'Une terre vaut tant de revenu, année commune, ou communes années, pour dire, Bon an, mal an, en compensant les mauvaises années avec les bonnes.

COMMUN est aussi substantif masculin, & il se dit d'Une société entre deux ou plusieurs personnes. Il faut prendre cette dépense sur le commun. Ils ont mis leur bien en commun. Ils vivent en commun. Ils jouissent de la succession en commun, jusqu'à ce qu'ils aient fait leur partage.

On dit, qu'Un homme vit sur le commun, Lorsque n'étant point d'une société, & n'y ayant rien contribué pour sa part, il ne laisse pas de vivre aux dépens de ceux qui en sont. La même chose se dit aussi d'Un homme accoutumé à vivre sur le tiers & sur le quart. Et l'on dit proverbialement, qu'Il n'y a point d'âne plus mal bâté que l'âne du commun, pour dire, que les particuliers d'une Communauté songent à leurs affaires au préjudice de celles de la Communauté.

COMMUN signifie aussi Le plus grand nombre, la plus grande partie. Le commun des hommes. Le commun des Philosophes.

On dit figurément, qu'Une personne ou une chose est du commun, pour dire, qu'Elle n'est pas de grand mérite, ni de grand prix. Cela est du commun. Cet ouvrage n'est pas du commun. C'est un homme du commun. Il est hors du commun. Il passe le commun. Il est au dessus du commun. Sa charge le tire du commun.

Dans l'Office Ecclésiastique, on appelle Le Commun des Apôtres, des Martyrs, des Confesseurs, des Vierges, &c. L'Office général des Apôtres, des Martyrs, &c. pour qui l'Église n'a point reglé d'Office particulier.

COMMUN se dit aussi des Domestiques les moins considérables d'une maison. C'est du vin du commun, du vin pour le commun. Le dîner du commun. La table du commun. La salle du commun.

On appelle Grand Commun, chez le Roi, Les Offices destinés à la nourriture de la plupart des Officiers de la Maison du Roi. Et on appelle Petit Commun, Quelques Offices détachés du Grand Commun pour la nourriture de quelques Officiers privilégiés de la Maison du Roi.

Grand Commun, se dit aussi Du lieu où ces Officiers travaillent, & qui est destiné pour leur logement. Être logé au Grand Commun.

COMMUNAUTÉ. s.f. Société de plusieurs personnes qui vivent ensemble sous certaines Règles. Une Communauté de Religieux. Une Communauté de Religieuses. Une Communauté de Prêtres. Une Communauté de filles. La Communauté de saint Sulpice. La Communauté de sainte Agnès. Vivre en Communauté. Établir une Communauté. Être d'une Communauté. Entrer dans une Communauté, c'est-à-dire, dans les Maisons Religieuses ou autres, où l'on vit en Communauté.

On dit, Dîner à la Communauté, pour dire, Dîner au Réfectoire avec les autres.

COMMUNAUTÉ se dit aussi De certains Corps Laïques, qui ont fait une société pour leurs intérêts communs. La Communauté des Procureurs. La Communauté des Notaires. Agir pour les intérêts de la Communauté.

On appelle aussi Communauté, Le Corps des habitans des Villes, Bourgs & Villages. Toutes les Communautés de la Province. On a taxé à tant ces Communautés. Cette Communauté est riche, est pauvre, &c.

COMMUNAUTÉ se dit aussi De la société de biens entre deux ou plusieurs personnes. Il y a communauté de biens entre le mari & la femme. Ils sont en communauté de biens. Cette femme a tant apporté à la communauté. Accepter la communauté. Renoncer à la communauté.

COMMUNAUX. s. m. pl. Pâturages où les habitans d'un ou plusieurs Villages ont droit d'envoyer leur troupeaux. Les communaux d'un tel Bourg, d'un tel Village.

COMMUNE. s.f. Le Corps des Bourgeois d'une Ville, ou des habitans d'un Bourg, ou d'un Village. La Commune d'un tel lieu. La Commune s'émut. La Commune prit les armes. Il ne faut pas irriter la Commune.

COMMUNES, au pluriel Ce mot se prend pour les peuples des Paroisses de la campagne. Assembler les Communes. Soulever les Communes. L'Arrêt enjoint aux Communes de lui courir sus.

Autrefois on appeloit les Milices Bourgeoises & les Milices de la campagne, Les Communes.

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