Dictionnaire de l'Académie Française, 8th edition (1932-5)

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les fonds d'un tonneau par le milieu.
Il faut percer ce muid au-dessus de la barre,
au-dessous de la barre. Ce vin est à la barre.
Ce vin perd sa qualité quand il est au-dessous
de la barre.

Il se dit aussi de ces Longues pièces de
bois rondes qu'on suspend horizontalement
à deux cordes, pour séparer les chevaux,
dans les écuries. Ce cheval s'est blessé, parce
qu'il s'est pris dans sa barre. Ces chevaux se
battraient, il faut leur mettre des barres.

Il se dit également en termes de Gymnastique.
Barre fixe, Barre ronde de bois ou de
fer soutenue à une certaine hauteur par deux
montants de fer verticaux. Barre de suspension,
Appareil analogue au précédent, mais
dont les montants peuvent se déplacer.
Barres parallèles, Barres de bois rondes maintenues
à égale distance par un dispositif également
en bois, entre lesquelles le gymnaste
s'exerce à s'élever sur les bras.

Il se dit en outre de la Petite barrière
qui ferme l'entrée de l'enceinte où siègent
les membres d'un tribunal, d'une assemblée
politique. Les comparutions en personne
ont lieu à la barre. On l'a mandé à la barre.
Il a parlé à la barre.

Il se dit, figurément, d'un Trait de plume,
de crayon, etc., que l'on fait pour annuler,
biffer ou souligner, pour séparer, marquer,
noter, etc. Tirer une barre sur les passages
qu'on veut retrancher. Dans les airs notés, les
mesures sont séparées par des barres qui coupent
la portée de distance en distance. Faire
des barres sur la muraille avec de la craie,
avec du charbon, pour indiquer le nombre des
points gagnés ou perdus dans une partie.
Tirer une barre à la fin d'un écrit, d'un chapitre.
Fermer la liste des membres présents en
tirant une barre.

Il se dit également des Premiers exercices
que l'on fait ordinairement faire aux enfants
pour leur apprendre l'écriture et qui consistent
en une suite de traits droits et parallèles.
Cet écolier ne fait encore que des barres.

En termes de Blason, il désigne une des
Pièces de l'écu, laquelle va de l'angle senestre
du chef à l'angle dextre de la pointe. Il
porte de gueules à la barre d'argent.
C'est
l'opposé de BANDE.

Avoir une barre sur son écu, Être bâtard
ou d'origine bâtarde.

En termes de Géographie, il se dit d'un
Amas de sable, de roches, ou même de vase,
qui barre l'entrée d'une rivière ou d'un port
en tout ou en partie, et force, lorsqu'elle est
continue, d'alléger les bâtiments ou d'attendre
la marée. La barre de Bayonne, de San Lucar,
du Sénégal, etc.
Il se dit aussi, à l'embouchure
de la Seine, d'une Vague élevée transversale
qui remonte violemment contre le courant
par l'effet de la marée. Voyez MASCARET.

BARRES, au pluriel, se dit d'un jeu de
Course entre des écoliers ou des jeunes gens
qui se partagent entre deux camps opposés,
marqués ordinairement par un sillon, par
une branche de feuillage, etc. : dans les
courses on observe certaines règles et chaque
parti s'efforce de faire des prisonniers à
l'autre. Jouer aux barres.

Toucher barres, Atteindre la marque du
camp auquel on appartient et où l'on est
dès lors en sûreté.

Barres forcées, Celles où l'on ne délivre
point les prisonniers et qui ne se terminent
que lorsque tous les champions d'un camp
ont été successivement pris par ceux de l'autre
camp.

Fig. et fam., Avoir barres sur quelqu'un,
Avoir sur lui quelque avantage, comme le
joueur de barres sur ceux de ses adversaires
qui sont partis avant lui. Vous lui donnez
barres sur vous.

Fig. et fam., Ne faire que toucher barres,
Ne point s'arrêter dans un endroit, en repartir
presque aussitôt après y être arrivé; de
même qu'au jeu de Barres les joueurs qui
rentrent au camp ne font souvent que toucher
la limite et repartent aussitôt. Je n'ai
pas été longtemps à sa campagne; je n'ai fait
que toucher barres et je suis revenu.

Il se dit encore de cette Partie de la
mâchoire du cheval sur laquelle le mors
appuie. Ce cheval a les barres usées, échauffées.
Il faut ménager les barres d'un jeune cheval.

BARREAU. n. m. Barre de bois ou de fer
qui sert de clôture. Fermer une fenêtre, un
soupirail avec des barreaux. Les barreaux d'une
prison. Les barreaux d'une grille. Passer au
travers des barreaux. Limer des barreaux. Il
rompit les barreaux.

Les barreaux d'une chaise, Les petits bâtons
qui servent à assembler et à maintenir les
montants d'une chaises. En appuyant son
pied sur le barreau de cette chaise, il l'a
cassé.

En termes de Physique, Barreaux magnétiques
ou aimantés, Barres d'acier qui possèdent
la vertu magnétique.

En termes d'Imprimerie, Le barreau d'une
presse,
Barre de fer terminée par un gros
manche de bois qui sert à faire mouvoir la
vis de la presse. On dit de même, en termes
de Monnayage, La barre d'un balancier.

Il signifie au figuré Enceinte réservée
où se mettent les avocats pour plaider. Par
extension il désigne la Profession même d'avocat.
Entrer au barreau. Ses parents le destinaient
au barreau. Quitter le barreau,
Quitter
la profession d'avocat. L'éloquence du barreau,
Celle qui convient, qui est propre au genre
judiciaire.

Il désigne aussi l'Ordre, le corps des
avocats. Consulter le barreau sur telle ou telle
question. Tout le barreau est de cet avis. C'est
l'usage du barreau. La discipline du barreau.
Le barreau de Paris, de Rouen, etc.

BARRER. v. tr. Fermer avec une barre
par-derrière. Barrer une porte. Barrer une
fenêtre.

Il signifie par extension Fermer, obstruer
un Chemin, un passage. Barrer une route.
Ils ont barré la rue avec des décombres. Les
sables barrent l'entrée du port.
On dit dans le
même sens Avoir l'estomac barré.

Barrer le chemin, le passage à quelqu'un,
Se mettre devant quelqu'un de manière à
l'empêcher de passer.

Fig., Barrer le chemin à quelqu'un, et
simplement Barrer quelqu'un, Le traverser
dans ses projets, dans ses entreprises, lui susciter
des obstacles. Le succès était infaillible,
si un tel ne nous eût barré le chemin. Cet
homme me barre dans tout ce que j'entreprends.
On l'a barré dans ses projets.

Il signifie aussi Garnir, fortifier d'une
barre. Barrer une table. Barrer les fonds
d'un tonneau.

Il signifie encore Tirer un ou plusieurs
traits de plume sur quelque écrit, pour montrer
qu'on ne doit point y avoir égard,
pour le biffer, l'annuler. Il faut barrer ces
deux lignes. Barrer un compte, un article de
compte.

En termes d'Art vétérinaire, Barrer un
vaisseau, un nerf,
Lier un vaisseau ou un
nerf, afin d'empêcher une maladie de s'étendre
d'une partie à une autre.

En termes de Blason, Barré d'argent et de
gueules,
À la barre d'argent, etc. Voyez
BARRE.

En termes de Chirurgie dentaire, Dents
barrées,
Dents molaires dont les racines sont
écartées ou tortueuses, de sorte qu'on ne
peut les arracher sans briser et enlever une
portion de l'arcade alvéolaire.

BARRETTE. n. f. T. d'Arts. Petite
barre. Barrette d'un barillet de montre, d'une
chaînette de montre.

En termes de Broderie, il se dit de Fils
tendus recouverts par un point de broderie.

BARRETTE. n. f. Toque carrée à trois
ou quatre cornes et qui peut se replier et
s'aplatir. Les prêtres portent la barrette à l'église
ou chez eux.

La barrette de cardinal, ou absolument La
barrette,
Le bonnet carré rouge que portent
les cardinaux. Recevoir la barrette, Être
nommé cardinal.

BARREUR. n. m. T. de Marine. Celui qui
tient la barre du gouvernail.

BARRICADE. n. f. Retranchement qu'on
fait avec des barriques remplies de terre ou
avec des pieux, des chaînes, des pavés, etc.
pour se défendre, pour se mettre à couvert
de l'ennemi. Faire une barricade. Enfoncer,
forcer, rompre une barricade. Attaquer une
barricade. Franchir une barricade. Ils élevèrent
des barricades dans toutes les rues. La
Journée des Barricades.

BARRICADER. v. tr. Fermer, obstruer
par une barricade. Barricader les rues.

Barricader une porte, une fenêtre, Mettre
derrière une porte, derrière une fenêtre tout
ce que l'on peut pour empêcher qu'elles ne
soient enfoncées.

SE BARRICADER signifie Opposer au-devant
de soi tout ce que l'on peut pour faire
obstacle à l'ennemi, pour se mettre à couvert,
pour se défendre. Ils s'étaient barricadés en
dedans. Quand on vint pour le prendre, il se
barricada.

Il signifie, figurément et familièrement,
S'enfermer pour ne voir personne. Il se barricade
tout le jour dans son cabinet.

BARRIÈRE. n. f. Assemblage de plusieurs
pièces de bois servant à fermer un
passage. La barrière d'une avenue. Ouvrir
la barrière. Fermer la barrière. Franchir une
barrière. Rompre, forcer la barrière.

Il se disait autrefois des Portes d'entrée
grillées d'une ville fortifiée, notamment de
Paris. La Barrière Saint-Denis. La Barrière
Saint-Jacques.
On disait récemment encore La
Barrière du Trône, La Barrière de l'Étoile.

Par extension, il se dit des Bureaux placés
aux voies d'accès des villes pour percevoir
les droits d'entrée. Tout charretier est tenu de
faire une déclaration de son chargement à la
barrière. On ne l'arrêta pas à la barrière.

Il se disait autrefois de l'Enceinte fermée
de barrières où se faisaient les joutes, les
tournois, les courses de bague, etc. Combattre
à la barrière. Combat de barrière.

Il signifie aussi Ce qui sert de borne et
de défense naturelle à un État. L'Espagne
est séparée de ses voisins par de puissantes
barrières, la mer et les Pyrénées. Les Alpes
servent de barrière entre l'Italie et la France.

Il signifie encore figurément Empêchement,
obstacle à quelque chose. Opposer une
barrière à son ambition. Les lois sont des
barrières, de fortes barrières contre les abus,
contre les crimes. Une barrière insurmontable
s'élève entre eux, les sépare,
Il existe un
obstacle qui les empêche de jamais s'unir,
de se réconcilier.

BARRIQUE. n. f. Tonneau servant spécialement
à la conservation ou au transport
des liquides et d'une contenance variable
suivant les régions. Remplir une barrique.
Mettre du vin, de l'eau-de-vie en barrique.
Une barrique pleine d'eau, de vin, etc.

Barrique de vin, d'eau-de-vie, d'huile, Barrique
pleine de vin, etc.

Il désigne aussi un Tonneau contenant
d'autres corps que des liquides. Barrique de
sucre, de morue, de choux.

Familièrement et par exagération, Être gros
comme une barrique,
Être très corpulent.

BARRIR. v. intr. En parlant de l'éléphant
ou du rhinocéros, Pousser le cri particulier à
leur espèce.

BARRIT. n. m. Cri de l'éléphant ou du
rhinocéros.

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