LE DICTIONNAIRE DE L'ACADÉMIE FRANÇAISE
5ème Edition, 1798
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Page 749
Vivre
Vivre, signifie encore, Se conduire,
se comporter bien ou mal, en égard
aux moeurs et à la Religion. Vivre en
homme de bien. Vivre saintement, sagement.
Il a toujours vécu sans reproche. Il
vit comme un Ange. Vivre régulièrement,
religieusement. Vivre en bon Chrétien.
Vivre en libertin. Vivre licencieusement.
Vivre mal. Il faut bien vivre pour bien
mourir. On meurt d'ordinaire comme on a
vécu. Vivre au hasard, sans prévoyance,
sans réflexion.
Vivre
Vivre, signifie aussi, Se comporter,
se gouverner bien ou mal, eu égard
aux différens devoirs de la société.
Ainsi on dit, Vivre bien avec quelqu'un,
pour dire, Observer tous les égards et
toutes les mesures que demandent la
bienséance, la politesse, et les divers
degrés de liaison qu'on a avec lui. Il
a toujours bien vécu avec sa femme, avec
sa famille, avec ses voisins. Quoique nous
soyons en procès, nous vivons pourtant
bien ensemble. Il vit bien avec toute saparenté.
Et on dit, Vivre mal avec quelqu'un, pour, Ne point observer avec
lui les égards et les mesures nécessaires.
Il vit mal avec sa femme, avec
sa famille, avec ses voisins.
On dit encore, Vivre bien avec quelqu'un, pour, Être en bonne intelligence
avec lui, Ils vivent bienensemble;
et, Vivre mal avec quelqu'un, pour
dire, Être en mauvaise intelligence,
en parlant Des personnes qui sont obligées
de vivre ensemble. Cette femme
vit mal avec son mari. Cet homme vit
mal avec ses voisins.
On dit, qu'On ne sauroit vivre avec
un tel, pour, qu'Il est d'une humeur
incompatible; et, qu'Un homme est
aisé à vivre, pour, qu'Il est d'un commerce
doux et facile, qu'il est aisé de
vivre avec lui.
On dit, qu'Un homme sait vivre, pour
dire, qu'Il a les manières du monde,
qu'il sait se conduire suivant les usages
reçus parmi les honnêtes gens. Il a de
l'esprit, il a passé une partie de sa vie à
la Cour, il sait vivre. Cet homme est fort
incivil, il ne sait pas vivre.
On appelle Le savoir vivre, La connoissance
et la pratique des bien séances
et des usages reçus parmi les gens
du monde. C'est un homme qui a bien du
savoir vivre. Et on dit, Apprendre à
vivre, pour, Acquérir cette connoissance,
s'instruire de ses usages.
On dit familièrem. qu'On apprendra
bien à vivre à quelqu'un, pour, qu'On
trouvera bien moyen de le corriger, de
le punir de quelque faute qu'il a faite.
On dit, On donne tant aux soldats
pour le bien vivre, pour, On leur donne
une certaine somme dans les quartiers,
dans les garnisons, pour les obliger à
ne rien exiger de leurs hôtes au--delà
de ce qui est prescrit par les Ordonnances.
Et dans ce sens là, on dit, Un
certificat de bien vivre.
Vivre
Vivre, se dit encore par rapport au
Gouvernement politique, aux Lois,
aux usages du pays dans lequel on demeure.
Vivre sous les Lois d'un Prince.
Les Lois, les Coutumes suivant lesquelles
nous vivons. On vit ainsi en ce pays--là.
On dit poétiquem. en termes de galanterie,
Vivre sous les lois d'une Beauté.
Vive Dieu
Vive Dieu. Sorte d'affirmation tirée
de l'Écriture--Sainte.
Vive le Roi
Vive le Roi. Acclamation pour témoigner
qu'on souhaite longue vie et
prospérité au Roi. Le Peuple cria, Vive
le Roi.
Vive
Vive, est aussi un terme dont on se
sert pour marquer qu'On estime quelqu'un, qu'on fait grand cas de quelque
chose. Vive un tel, c'est un galant homme.
Vivent la Champagne et la Bourgogne
pour les bons vins. Vive Paris pour la
bonne compagnie et la bonne chère. Vive
le vin, vive l'amour, vive la joie. Il est
familier.
On fait de Vive--la--joie un substantif.
C'est un Vive--la--joie, qui n'engendre pas
de mélancolie, Un homme joyeux, qui
écarte le chagrin.
Qui vive
Qui vive? Terme dont les sentinelles
se servent dans les camps, et les
patrouilles dans les détachemens, pour
demander à toute personne qui approche
d'un poste, d'une garde, d'une
troupe, de quelle nation, de quelle
armée et de quel parti elle est. On lui
demanda, Qui vive? il répondit, France.
Les deux troupes en vinrent au Qui vive.
Dans les Places les sentinelles crient,
Qui va là?
On dit ordinairement Être sur le Quivive,
pour, Être dans un état d'alarme
et de défiance. Et on dit aussi figurément
d'Un homme susceptible et difficile
à vivre, qu'Il faut être toujours sur
le Qui--vive avec lui.
VIVRE
VIVRE. s. masc. Nourriture. Il lui
donne tant pour le vivre et le vêtement. Il
est plus usité au pluriel; et alors il signifie,
Toutes les choses dont un homme
se peut nourrir. Les vivres sont fort
chers dans cette Ville. Les assiégés manquoient
de vivres. Fournir de vivres. Munir
une Place de vivres. Grand convoi de
vivres. De bons vivres.
On appelle Vivres, L'entreprise de
la fourniture du pain pour les armées.
La Compagnie des vivres. Il est dans
les vivres. Il a fait une prompte fortune
dans les vivres.
VIZ
VIZIR
VIZIR. s. masc. On appelle Vivirs,
Les principaux Officiers du Conseil du
Grand Seigneur; et Grand Vizir, Le
premier Ministre de l'Empire Ottoman.
Il se dit figurément d'Un homme en
place qui a le caractère absolu, le
commandement hautain. C'est un Vizir.
Il parle en Vizir.
VIZIRAT
VIZIRAT ou VIZIRIAT. s. masc.
Place, office de Vizir. Il se dit aussi
Du temps qu'un Vizir est en place.
Pendant son Vizirat ou Viziriat.
VOC
VOCABULAIRE
VOCABULAIRE. s. masc. Liste de
mots communément dans l'ordre alphabétique,
et accompagnés d'une explication
succincte. Il y a à la fin de ce
Voyage un vocabulaire de telle Langue.
Excellent vocabulaire. Mauvaisvocabulaire.
VOCABULISTE
VOCABULISTE. subst. masc. Auteur
d'un Vocabulaire. Il est de peu
d'usage.
VOCAL, ALE
VOCAL, ALE. adj. Qui s'énonce,
qui s'exprime par la voix. Il n'est guère
en usage que dans ces phrases, Prière,
Oraison vocale, qui se disent par opposition
à Oraison mentale; et Musique
vocale, par opposition à Musique
instrumentale.
On appelle Vocaux, dans les Communautés
Ecclésiastiques, Séculières
ou Régulières, Ceux qui ont droit de
donner leur voix dans quelque élection; et il est pris substantivement. Il
n'y avoit que douze vocaux à cette élection.
VOCATIF
VOCATIF. subst. masc. Terme de
Grammaire. Cas dont on se sert quand
on adresse la parole à quelqu'un. Dans
notre Langue, où il n'y a point de cas,
ou y supplée par l'interjection Ô, que
l'on sous--entend communément. Mon
Dieu, mon Sauveur! Ô mon Dieu! ô
mon Sauveur! Que fais--tu, malheureux!
pour, Ô malheureux!
VOCATION
VOCATION. subst. f. Mouvement
intérieur, par lequel Dieu appelle une
personne à quelque genre de vie. Répondre,
résister à sa vocation. Ce n'est
pas sa vocation d'être d'Église. Avant
que de choisir un état, il faut examiner
sa vocation.
On appelle aussi Vocation, L'inclination
que l'on se sent pour un état<->
Il se sent de la vocation pour le mariage,
pour le commerce, pour le Barreau. Je ne
m'oppose point à sa vocation.
Il se dit figurément pour, Disposition,
talent marqué. Il a une vocation
pour ces occupations--là, pour ces sortes
d'affaires.
On appelle encore Vocation, Un certain
ordre de la Providence que l'on
doit suivre. Il a de la répugnance pour
son état, mais il remplit sa vocation.
On appelle aussi Vocation, L'Ordre
extérieur de l'Église, par lequel les
Évêques appellent au Ministère Ecclésiastique
ceux qu'ils en jugent dignes.
Vocation extérieure. Les Ministres
Protestans n'ont point de vocation
légitime.
On appelle La vocation des Gentils,
La grâce que Dieu leur a faite en les
appelant à la connoissance de l'Évangile.
On dit aussi, La vocation d'Abraham,
pour dire, Le choix que Dieu fit
de ce Patriarche pour être le père des
Croyans. La vocation d'Abraham fait
époque dans la Chronologie.
VOEU
VOEU
VOEU. subst. masc. Promesse faite
à Dieu par laquelle on s'engage à quelque
oeuvre que l'on croit lui être agréable,
et qui n'est point de précepte.
Voeu solennel. Voeu sacré. Voeu de virginité.
Les trois voeux, de pauvreté, de
chasteté, et d'obéissance. Faire un voeu.
Faire voeu de jeûner, d'aller en pèlerinage.
Accomplir un voeu. S'acquitter de
son voeu. Rompre, violer son voeu. Se faire
délier, relever de son voeu.
On appelle Voeu de stabilité, L'engagement
de quelques Religieux à demeurer
toujours dans un certain Monastère.
On appelle Voeu simple, Un voeu qui
n'est pas fait en face de l'Eglise avec
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