Dictionnaire de l'Académie Française, 8th edition (1932-5)

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par la pointe. Piquer des épingles sur une
pelote.

Fam., Piquer une tête, Se jeter, tomber
la tête la première. Il a piqué une tête dans
l'eau. J'ai failli piquer une tête du haut du
mur.

En termes de Marine, Piquer au vent, Aller
à l'encontre du vent.

PIQUER signifie aussi Faire avec du fil ou
de la soie, sur deux ou plusieurs étoffes mises
l'une sur l'autre, des points qui les traversent
et qui les unissent. Piquer un couvre-pied.
Piquer des bonnets.

Piquer des bottines, Unir par des points
l'étoffe des bottines à leur cuir.

Piquer un collet d'habit, des poignets de chemise,
etc.,
Y faire des points et arrière-points
symétriques pour les orner.

Piquer à la machine, Piquer des étoffes à
l'aide d'une machine à coudre.

PIQUER s'emploie encore en des sens analogues
dans plusieurs termes d'arts, de métiers,
de jeux, etc.

Piquer une pierre, un moellon, une meule, etc.,
Les rendre rugueux, en y faisant de petits
enfoncements avec le côté pointu du marteau.

Piquer de la viande, La larder avec de petits
lardons. Veau piqué.

Piquer de gros lard un morceau de boeuf,
Le larder avec de gros lardons.

Au jeu de Billard, Piquer la bille, La toucher
presque perpendiculairement avec la queue.

En termes de Musique, Piquer une note,
Détacher une note. Note piquée, Note au-dessus
de laquelle est marqué un point.

PIQUER se dit aussi des Choses qui affectent
le goût de telle sorte que la langue semble en
être piquée. Ce vin pique la langue agréablement,
désagréablement. Ce fromage pique.

Il se dit figurément des Choses qui font une
impression vive et agréable. Il n'y a rien dans
cet ouvrage, dans ce style qui pique et qui
réveille. Il y a dans la physionomie de cette
femme je ne sais quoi qui pique et qui attire.

Piquer la curiosité de quelqu'un, Inspirer
un vif désir de connaître.

PIQUER signifie aussi Fâcher, irriter, froisser
la susceptibilité ou la légitime fierté de
quelqu'un, mettre en colère. Ce discours l'a
piqué, l'a piqué au vif, jusqu'au vif. La moindre
chose le pique. Il dit souvent des choses qui
piquent.

Il se dit pour Faire des injections de morphine
ou de quelque autre substance analogue.
Il se pique à la morphine.

Fig. et fam., Se piquer le nez, S'enivrer légèrement
et habituellement.

SE PIQUER se dit aussi de Certaines choses
qui se gâtent en présentant d'ordinaire des
trous ou des taches. Ce bois se pique, ces étoffes
se piquent,
Les vers s'y mettent. Ce papier
imprimé se pique,
Il commence à se gâter, faute
d'avoir été étendu et séché. Ces confitures se
piquent,
Elles ont des taches de moisissure.
Une gravure, un livre qui se pique, Où il se
fait de petites taches d'humidité.

Ce vin, cette boisson se pique, Ce vin, cette
boisson commence à s'aigrir.

SE PIQUER signifie, au figuré, Se sentir
offensé, prendre en mauvaise part. C'est un
homme qui se pique du moindre mot qu'on lui
dit. Il parle en homme piqué.

Il signifie aussi Se glorifier de quelque
chose, en faire vanité, en tirer avantage, en
faire profession. Il se pique de bien écrire, de
bien parler, etc. Il se pique d'être toujours bien
renseigné. Il se pique de bonne éducation, de
politesse raffinée.

Se piquer d'honneur, Dans une certaine circonstance,
exiger de soi-même une conduite
que l'on juge conforme à l'honneur.

Se piquer au jeu ou simplement Se piquer,
S'opiniâtrer à jouer malgré la perte.

Fig. et fam., Se piquer au jeu, être piqué au
jeu
se dit d'une Personne qui veut venir à
bout de quelque chose, malgré les obstacles
qu'elle y trouve, ou même d'autant plus vivement
qu'elle y trouve plus d'obstacles.

Le participe passé s'emploie aussi adjectivement.
Poulet piqué, Poulet lardé.

PIQUÉ se dit aussi familièrement de Quelqu'un
qui a le cerveau un peu dérangé. Il est
un peu piqué
.

PIQUET. n. m. Petit pieu qu'on fiche en
terre pour tendre et arrêter les cordes des
tentes, des pavillons. Les piquets d'une tente.

PIQUET se dit aussi d'un Pieu plus grand et
Plus fort, dont on se sert pour mettre des
chevaux à l'attache, par le moyen des cordes.
Mettre, tenir des chevaux au piquet.

PIQUET se dit encore des Bâtons, des perches
qu'on plante en terre d'espace en espace,
pour prendre un alignement. Planter des piquets.

Fam., Être droit comme un piquet, Se tenir
droit d'une manière raide et affectée. Être
planté comme un piquet,
Se tenir debout et
immobile. Que faites-vous là planté comme un
piquet
?

PIQUET, en termes de Guerre, désigne un
Groupe de cavaliers ou de fantassins commandés
pour un certain service. Un piquet de
dragons, de chasseurs à pied. Cette compagnie
est de piquet. Envoyer un piquet d'honneur.

Il se dit aussi d'une Sorte de punition
scolaire qui consiste à être mis debout, pendant
un certain temps, contre un arbre ou
contre un mur. Mettre un écolier au piquet.

PIQUET. n. m. Jeu de cartes. Ferez-vous
mon piquet ce soir? Jouer un cent de piquet
.

Un jeu de piquet, L'ensemble des trente-
deux cartes qui servent à jouer au piquet.

PIQUETÉ, ÉE. adj. Qui est parsemé de
petites taches ou de points semblables à des
piqûres.

PIQUETER. v. tr. Tracer une ligne ou
marquer un emplacement au moyen de piquets.
Piqueter une allée, une route, Les jalonner.

PIQUETTE. n. f. Boisson que l'on fait avec
de l'eau mise dans un tonneau où il y a du
marc de raisin, quelquefois des prunelles, etc.

Il se dit, par extension, des Petits vins de
qualité inférieure, aigrelets, sans bouquet et
sans corps.

PIQUEUR. n. m. T. de Vénerie. Homme
de cheval, dont la fonction est de suivre la
bête et de régler la course des chiens. La prononciation
ancienne Piqueux est encore très
fréquente.

Il désigne aussi le Domestique préposé au
commandement d'une écurie.

En termes de Manège, il se dit de Celui qui
est chargé de monter les chevaux pour les
dresser ou pour les exercer.

En termes d'Arts, il se dit encore d'un
Homme qui est chargé de surveiller les travaux
des maçons et ouvriers divers, de noter
leur temps de présence, leurs absences, etc.

Il se dit, dans les Ponts et chaussées, d'un
Employé qui assiste les conducteurs.

Il se dit également, dans les chapitres, de
Celui qui tient note des chanoines absents.

En termes de Cuisine et de rôtisserie, il
désigne Celui qui larde les viandes.

PIQUEUR, EUSE. n. Ouvrier, ouvrière qui
pique diverses parties des chaussures. Piqueuse
de bottines
.

PIQUEUX. n. m. Voyez PIQUEUR.

PIQUIER. n. m. Soldat armé d'une pique.
Il y avait autrefois des piquiers dans l'infanterie.

PIQÛRE. n. f. Petite blessure que fait une
chose ou un animal qui pique. Une piqûre
d'épingle. La piqûre d'une abeille. La piqûre
d'un scorpion.

En termes de Médecine, Piqûre anatomique,
Blessure légère reçue en disséquant ou en
faisant une opération chirurgicale, et qui produit
souvent les accidents les plus graves et
même la mort.

En termes de Médecine, Piqûre se dit de
l'Action d'injecter un médicament sous la
peau ou dans les muscles, dans une veine
ou même dans une artère. Piqûre de sérum,
de morphine. Piqûre antitétanique, antidiphtérique
.

PIQÛRE se dit aussi de la Blessure que le
maréchal fait accidentellement au pied d'un
cheval qu'il ferre, en enfonçant un clou jusqu'au
vif.

Il se dit en outre des Trous que font des
insectes dans les fruits, le bois, les étoffes,
le papier, etc. Piqûre de vers. Cette boiserie, cette
robe est pleine de piqûres
.

Il se dit encore de Petites taches d'humidité
sur le papier. Ce livre, cette gravure a des
piqûres.

Il se dit encore de Coutures visibles, habituellement
faites aujourd'hui à la machine,
soit pour unir deux ou plusieurs étoffes mises
l'une sur l'autre, soit pour orner certaines
parties d'un vêtement. La piqûre d'une jupe,
d'une couverture, d'un matelas.

Il se dit au figuré d'une Légère offense que
l'on reçoit. Il s'irritait à la moindre piqûre.

PIRATE. n. m. Celui qui exerce le brigandage
sur mer. Il tomba entre les mains des
pirates. Notre flotte a nettoyé ces parages des
pirates qui les infestaient.

Il se dit, par extension, de Tout homme qui
s'enrichit malhonnêtement et aux dépens
d'autrui, qui commet des exactions criantes.
C'est un pirate, un vrai pirate.

PIRATER. v. intr. Faire le métier de pirate.
Il y a longtemps qu'il pirate sur ces mers.

PIRATERIE. n. f. Métier de pirate. Exercer
la piraterie.

Il se dit aussi des Actes de piraterie. Les
corsaires infestaient les mers par des pirateries
continuelles.

Il se dit, par extension, des Exactions dont
on se rend coupable dans quelque place, dans
quelque emploi. Ce gouverneur a fait d'énormes
pirateries
.

PIRE. adj. des deux genres. Comparatif
de Mauvais. Plus mauvais, plus défectueux,
plus nuisible. Ce vin-là est encore pire que le
premier. Cet homme, cet enfant est devenu pire,
bien pire qu'il n'était.

La dernière faute sera pire que la première,
Elle aura des suites, des conséquences plus
fâcheuses.

Le remède est pire que le mal, se dit en parlant
d'un Remède qui paraît dangereux et
ne ferait que remplacer un mal par un mal
plus grand. Il se dit aussi figurément.

Prov. et fig., Il n'y a pire eau que l'eau qui
dort,
Les gens sournois sont ceux dont il faut
le plus se défier.

Prov. et fig., Il n'est pire sourd que celui qui
ne veut pas entendre,
On perd son temps à
vouloir persuader quelqu'un qui est de parti
pris.

PIRE s'emploie aussi comme superlatif, et
alors il est toujours précédé de l'article. Le
pire de tous les vices. Un bandit de la pire espèce.

Il s'emploie aussi comme nom masculin et
désigne Ce qui est de plus mauvais. Boileau
est d'avis que dans l'art d'écrire il n'est point
de degré du médiocre au pire.

PIRIFORME. adj. des deux genres. Qui est
en forme de poire.

PIROGUE. n. f. Embarcation faite d'un seul
arbre creusé, et dont se servent les sauvages.

Il désigne plus généralement Toutes sortes
de canots longs, légers et rapides, à la voile
ou à la pagaie.

PIROLE. n. f. Plante de la famille des
Bruyères, qui porte cinq ou six feuilles à peu
près semblables à celles du poirier, d'où lui
vient son nom.

PIROUETTE. n. f. Tour entier qu'on fait

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