Dictionnaire de l'Académie Française,
6ème edition (1835)

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dure. Les sons trop forts, trop aigus, blessent, offensent l'ouïe. L'organe de l'ouïe. Le sens de l'ouïe.

OUÏES. s. f. pl. Ouvertures que les poissons ont aux côtés de la tête, et qui donnent issue à l'eau qui est entrée dans leur bouche pour la respiration. Prendre une carpe par les ouïes.

Il se dit aussi Des branchies, ou des organes en forme de peignes, qui sont renfermés dans les ouïes, et qui opèrent la respiration. Ce maquereau est frais, il a les ouïes toutes vermeilles.

OUÏES en termes de Luthier, se dit Des ouvertures pratiquées dans la table supérieure de certains instruments de musique, tels que le violon, la harpe, etc., et par lesquelles sort le son harmonieux.

OUÏR. v. a. (J'ois, tu ois, il oit; nous oyons, vous oyez, ils oient. J'oyais. J'ouïs. J'oirai. J'oirais. Que j'oie ou que j'oye. Que j'ouïsse. Oyant. Ouï. On ne se sert aujourd'hui presque jamais de ce verbe qu'à l'infinitif, et aux temps formés du participe Ouï et du verbe Avoir.) Entendre, recevoir les sons par l'oreille. Avez-vous ouï ce grand bruit? Je l'ai ouï prêcher. J'ai ouï tous les bons prédicateurs. Si on l'eût ouï parler. Avez-vous ouï dire cette nouvelle? Il est las de vous ouïr causer, d'ouïr tous vos caquets. Ouïr en confession. Ouïr la messe, Assister à la messe.

Il signifie aussi, Donner audience, écouter, prêter attention. Le prince n'a pas voulu ouïr leurs députés. Un juge doit ouïr les deux parties. Il se fera bien ouïr. On l'a condamné sans l'ouïr.

Il signifie aussi quelquefois, Écouter favorablement, exaucer. Seigneur, daignez ouïr nos voeux. Daignez ouïr les prières de votre peuple. Il vieillit dans toutes ces acceptions.

En termes de Procédure, Ouïr des témoins, Recevoir leurs dépositions. On a fait ouïr tant de témoins. Les témoins ont été ouïs.

Il est assigné pour être ouï, se disait, en Matière criminelle, D'un prévenu assigné pour répondre en personne devant le juge. Décret d'assigné pour être ouï, Ordonnance judiciaire en vertu de laquelle un prévenu était assigné à comparaître en personne.

OUÏ, OUÏE. participe En termes de Procédure: Ouï le rapport d'un tel. Ouï le procureur du roi en ses conclusions. Un jugement rendu parties ouïes.

OUISTITI. s. m. Petite espèce de singe qui vient d'Amérique.

OURAGAN. s. m. Tempête violente, causée par le choc de plusieurs vents qui forment des tourbillons. Ce pays est souvent dévasté par les ouragans.

OURDIR. v. a. Préparer ou disposer sur une machine faite exprès les fils de la chaîne d'une étoffe, d'une toile, etc., pour mettre cette chaîne en état d'être montée sur le métier, où l'on doit la tisser, en faisant passer au travers, avec la navette, le fil de la trame. Ourdir de la toile. Ourdir la trame d'un drap.

Fig., Ourdir une trame, Former un complot. C'est lui qui a ourdi cette trame. On dit de même, Ourdir un complot, ourdir une trahison.

OURDI, IE. participe Prov. et fig., À toile ourdie Dieu envoie le fil, La Providence fournit les moyens d'achever l'ouvrage qu'on a commencé.

OURDISSAGE. s. m. Action de l'ouvrier, de l'ouvrière qui ourdit; Façon de l'ouvrage ourdi.

OURDISSEUR, EUSE. s. Celui, celle qui ourdit.

OURDISSOIR. s. m. Pièce de bois sur laquelle les tisserands, les rubaniers, les fabricants de draps mettent le fil, la soie, la laine, quand ils ourdissent.

OURLER. v. a. Faire un ourlet à du linge ou à quelque autre étoffe. Ourler des mouchoirs, des serviettes, etc.

OURLÉ, ÉE. participe

OURLET. s. m. Repli qu'on assujettit, en le cousant, au bord d'une toile ou d'une étoffe, pour empêcher qu'elle ne s'effile. Ourlet rond, plat, large. Gros ourlet. Faire un ourlet.

OURS. s. m. Quadrupède carnassier très-velu, à pattes larges, armées d'ongles courbés. L'ours vit dans les montagnes et dans les forêts. Un grand ours. Ours noir. Ours blanc. Peau d'ours. Il fut dévoré par un ours. Les ours peuvent se soutenir et marcher sur leurs pieds de derrière. Il est velu comme un ours. On dit que les ours lèchent leurs petits pour achever de les former. Faire danser l'ours.

Fam., Il est fait comme un meneur d'ours, se dit D'un homme qui est mal vêtu, ou dont les habits sont fort en désordre.

Fig. et fam., C'est un ours, C'est un homme qui fuit la société.

Fig. et fam., Un ours mal léché, Un homme difforme et mal fait, ou Un homme rustre, brutal, mal élevé.

Prov. et fig., Il ne faut pas vendre la peau de l'ours avant qu'on l'ait pris, avant qu'on l'ait mis par terre, Il ne faut pas disposer d'une chose avant de la posséder; il ne faut pas se flatter trop tôt d'un succès incertain.

OURSE. s. f. La femelle de l'ours.

OURSE en Astronomie. Nom de deux constellations situées près du pôle arctique. La grande Ourse. La petite Ourse.

OURSE en poésie, se prend quelquefois pour Le septentrion, parce que l'étoile polaire se trouve dans la petite Ourse. Du midi jusqu'à l'Ourse.

OURSIN. s. m. T. d'Hist. nat. Nom d'un genre de zoophytes à coquille calcaire, hérissée d'épines mobiles.

OURSON. s. m. Le petit d'un ours. On a pris deux oursons.

OURVARI. s. m. T. de Vénerie. Voyez HOURVARI.

OUTARDE. s. f. Gros oiseau à jambes hautes, dont les pieds n'ont que trois doigts, et qui vit ordinairement dans les grandes plaines. Manger une outarde, une jeune outarde. Pâté d'outarde.

OUTARDEAU. s. m. Le petit d'une outarde.

OUTIL. s. m. (On ne prononce pas l'L.) Tout instrument dont les artisans, les laboureurs, les jardiniers, etc., se servent pour leur travail. Les outils d'un menuisier, d'un charpentier, d'un charron, d'un serrurier, d'un maçon, etc. Outils de labourage, de jardinage. Le marteau est un outil de grand usage. Apportez vos outils.

Prov., Méchant ouvrier ne saurait trouver de bons outils; et, Un bon ouvrier se sert de toute sorte d'outils.

OUTILLER. v. a. Garnir, fournir d'outils. Il est familier et ne s'emploie guère que dans ces phrases: Il a fallu l'outiller. On l'a outillé comme on a pu.

OUTILLÉ, ÉE. participe Il s'emploie comme adjectif et avec les adverbes Bien ou Mal. Outillé tant bien que mal. Bien outillé. Mal outillé.

Il se dit, figurément et populairement, D'un homme bien ou mal pourvu de ce qui lui serait nécessaire pour ce qu'il entreprend. Vous n'êtes pas assez bien outillé pour réussir dans ce que vous entreprenez.

OUTRAGE. s. m. Injure grave de fait ou de parole. Grand, cruel, sanglant outrage. Quel outrage! Faire un outrage. Faire outrage à quelqu'un. On lui a fait outrage en sa personne, en son honneur. Recevoir un outrage. Souffrir un outrage. Se venger d'un outrage.

Fig., Faire outrage à la raison, à la morale publique, Faire ou dire quelque chose qui y soit fort contraire. Dans le même sens, Faire outrage au bon sens, à la grammaire, Dire ou écrire quelque chose qui offense grossièrement le bon sens, la grammaire.

Poétiq., L'outrage des ans, les outrages du temps, Le dommage que la durée du temps cause à la solidité, à la beauté de certaines choses. Cet édifice se ressent des outrages du temps. Cette femme fait de vains efforts pour réparer l'outrage des ans.

OUTRAGEANT, ANTE. adj. Qui outrage. Il ne se dit que Des choses. Paroles outrageantes. Procédé outrageant. Cela est outrageant.

OUTRAGER. v. a. Offenser cruellement, faire outrage. Il ne l'a pas seulement offensé, il l'a outragé. Il est dangereux d'outrager un homme de coeur. On ne s'est pas contenté de maltraiter ses domestiques, on l'a outragé dans sa personne. Il a été outragé en son honneur. On l'a outragé de paroles.

Il se dit aussi en parlant De certaines choses morales. Outrager la pudeur. Outrager le bon sens, la raison.

OUTRAGÉ, ÉE. participe

OUTRAGEUSEMENT. adv. Avec outrage, d'une manière outrageuse. Il l'a traité outrageusement.

Il signifie quelquefois, Avec excès, à outrance. On l'a battu outrageusement.

OUTRAGEUX, EUSE. adj. Qui fait outrage. Paroles outrageuses. Il est outrageux en paroles. On l'a traité d'une manière outrageuse.

OUTRANCE. s. f. Il n'est usité que dans ces locutions adverbiales, À outrance, à toute outrance, Jusqu'à l'excès. Brave à outrance. Plaideur, chicaneur à outrance. Disputer à outrance. Persécuter, poursuivre à outrance. Soutenir une opinion à toute outrance. Il est platonicien, épicurien à outrance. Ils se sont battus à outrance.

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