Dictionnaire de l'Académie Française,
6ème edition (1835)

RECHERCHE Accueil Documentation ATILF ARTFL Courriel

Previous page

Page 2:285

exhortations l'ont obligé à changer d'avis, de conduite. L'envie de parvenir l'a obligé d'étudier. Quelle raison vous oblige à faire ce que vous faites? Cela doit vous obliger à observer de plus près.

OBLIGER signifie encore, Lier quelqu'un par un acte, en vertu duquel on puisse l'appeler en justice, s'il n'exécute pas la chose à laquelle il s'est engagé. Son contrat l'oblige à cela. Faire obliger le mari et la femme. Il est obligé par le contrat de faire telle chose. Il y a dans le bail une clause qui l'y oblige.

Il se dit aussi en parlant Des biens. Il a obligé tous ses biens.

Il s'emploie souvent avec le pronom personnel, dans le même sens. S'obliger solidairement. S'obliger par-devant notaire. S'obliger corps et biens. S'obliger par corps.

S'obliger pour quelqu'un, Lui servir de caution, répondre des pertes ou des dommages qui peuvent arriver par sa faute, des engagements qu'il ne remplirait pas.

OBLIGER avec le pronom personnel, signifie quelquefois, Se lier par une simple promesse. Prêtez-moi ce livre, je m'oblige à vous le rendre dans deux jours.

OBLIGER signifie en outre, Contraindre, forcer. Après un mois de siége, le gouverneur fut obligé de se rendre. La nécessité de le payer m'a obligé de vendre ma maison. La crainte l'oblige à se taire. Je suis obligé de sortir, de vous quitter. Vous m'obligerez à me fâcher. Je serai obligé de vous punir. Je vous obligerai à marcher droit.

OBLIGER signifie aussi, Rendre service, faire plaisir. Il m'a obligé quand j'étais malheureux. Vous m'obligerez extrêmement, infiniment. C'est un honnête homme, il oblige de bonne grâce, très-promptement. Il oblige tout le monde. Il m'a obligé de son crédit, de sa bourse. Vous m'obligerez beaucoup d'aller lui parler pour moi.

Obliger un apprenti, L'engager chez un maître pour y apprendre pendant un certain temps le métier de ce maître.

OBLIGÉ, ÉE. participe Je vous suis fort obligé de votre attention, de la peine que vous avez prise, Je vous suis fort redevable. On dit souvent par forme de remercîment, Je vous suis bien obligé, ou, par ellipse, Bien obligé.

Je suis votre obligé, votre obligée, se dit À quelqu'un dont on a reçu un service; et, dans ce sens, Obligé est substantif.

Substantiv., Le principal obligé, Le principal débiteur, pour le distinguer de la caution.

OBLIGÉ, substantif masculin se dit aussi d'Un acte passé entre un maître et un apprenti, sous des conditions réciproques.

OBLIGÉ pris adjectivement, signifie, Qui est d'usage, dont on ne peut guère se dispenser. C'est le compliment obligé. La formule obligée d'une lettre, d'une pétition.

En Musique, Partie obligée, Partie qu'on ne pourrait retrancher sans gâter l'harmonie ou le chant. Récitatif obligé, Récitatif accompagné et coupé par les instruments.

OBLIQUE. adj. des deux genres Qui est de biais, ou incliné. Ligne oblique. Plan oblique. Couper un cône par une section oblique. Les rayons du soleil sont plus obliques en hiver qu'en été. Il a le regard oblique.

Sphère oblique, Celle où l'équateur n'est ni parallèle ni perpendiculaire à l'horizon.

OBLIQUE signifie, figurément, Qui manque de droiture, de franchise. Sa conduite est oblique. Il suit une marche oblique, des voies obliques. Il emploie des moyens obliques.

Il signifie aussi, Indirect, détourné. Une louange oblique. Une accusation oblique. En ce sens, il est peu usité.

En Grammaire, et dans les langues où les noms se déclinent, Cas obliques, Tous les cas, hors le nominatif singulier.

En Grammaire, Modes obliques, Ceux qui ne peuvent servir qu'à énoncer une proposition subordonnée, tels que le subjonctif et le conditionnel. Propositions obliques, Les propositions subordonnées qui sont énoncées par ces modes.

En termes de Tactique, Ordre oblique, Disposition d'après laquelle une armée ou un corps d'armée engage le combat par une de ses ailes, en refusant l'autre aile à l'ennemi. Pas oblique, Celui d'une troupe qui marche sur une ligne diagonale, supposée tirée du point d'où elle part à celui où elle tend, de manière que le front reste toujours parallèle à lui-même. Feux obliques, Feux dirigés à droite ou à gauche, au lieu d'être directs. Feux obliques à droite. Feux obliques à gauche.

OBLIQUEMENT. adv. De biais, d'une manière oblique. Une ligne tirée obliquement. Le zodiaque coupe obliquement l'équateur.

Il signifie, figurément, D'une manière insidieuse, contraire à la droiture, à la franchise, à la probité. Il est parvenu à ses fins, mais obliquement. Il agit toujours obliquement. Il va toujours obliquement en tout ce qu'il fait.

Il signifie encore, Indirectement. Louer, blâmer, désigner obliquement. En ce sens, il est peu usité.

OBLIQUITÉ. s. f. T. de Mathém. Inclinaison d'une ligne, d'une surface sur une autre. L'obliquité d'une ligne. L'obliquité des rayons du soleil. L'obliquité de la sphère.

En Astron., L'obliquité de l'écliptique, L'angle que l'écliptique fait avec l'équateur, et qui est d'environ vingt-trois degrés vingt-huit minutes.

Fig., L'obliquité de sa conduite, de ses démarches, Ce qu'il y a de contraire à la droiture, à la franchise dans sa conduite, dans ses démarches.

OBLITÉRATION. s. f. Action d'oblitérer; État de ce qui est oblitéré.

OBLITÉRER. v. a. Effacer insensiblement et de manière à laisser des traces. Il se dit principalement en parlant De ce qui a souffert du laps de temps, ou de quelque autre cause naturelle. Le temps a oblitéré cette inscription, a oblitéré plusieurs caractères, plusieurs mots dans ce manuscrit. La circulation des monnaies oblitère insensiblement les figures et les lettres qui y sont empreintes.

Il s'emploie avec le pronom personnel. Ces caractères se sont oblitérés.

Il se dit quelquefois au sens moral. Cette coutume s'est oblitérée avec le temps. Cette opinion s'oblitère de jour en jour. Il est peu usité, dans cette acception.

Il se dit aussi, en termes d'Anatomie, D'un canal qui se ferme peu à peu, et dont les parois finissent par adhérer l'une à l'autre, en sorte que sa cavité ne paraît presque plus. Cette partie de l'intestin, cette veine s'est tout à fait oblitérée.

OBLITÉRÉ ÉE. participe Vaisseau oblitéré.

OBLONG, ONGUE. adj. Qui est beaucoup plus long que large. Un carré oblong. Un jardin oblong. Une place oblongue. Ce jardin, cette place est d'une figure oblongue.

Il se dit, en Librairie, Des livres qui ont moins de hauteur que de largeur. Un in-folio, un in-quarto oblong. Les livres de musique sont souvent oblongs.

OBOLE. s. f. Nom d'une ancienne petite monnaie de cuivre valant la moitié d'un denier tournois. Il s'emploie encore dans cette phrase proverbiale, Je n'en donnerais pas une obole, Je ne fais aucun cas de cela, je n'en donnerais pas le moindre prix.

Il se dit aussi d'Une petite monnaie d'Athènes, qui faisait la sixième partie d'une drachme.

Il s'est dit en outre d'Un petit poids qui pesait douze grains.

OBOMBRER. v. a. Couvrir de son ombre. Il ne s'emploie guère que dans le sens mystique. Les anges l'obombraient de leurs ailes.

OBOMBRÉ, ÉE. participe

OBREPTICE. adj. des deux genres T. de Chancellerie. Il se dit Des grâces obtenues en taisant une vérité qu'on aurait dû exprimer pour qu'elles fussent valables; à la différence des subreptices, qui sont Celles qu'on a obtenues sur l'exposé d'un fait faux. Privilége obreptice. Lettres, provisions obreptices.

OBREPTICEMENT. adv. D'une manière obreptice.

OBREPTION. s. f. T. de Chancellerie. Réticence d'un fait vrai qui aurait dû être exposé, et dont l'omission rend les lettres obreptices. Il y a obreption dans ces lettres. Déduire des moyens d'obreption.

OBSCÈNE. adj. des deux genres Qui blesse la pudeur. Paroles obscènes. Mot obscène. Ce poëte est obscène. Chanson obscène. Peinture, image obscène. Il y a quelque chose d'obscène dans ce tableau. Cela laisse des idées obscènes.

OBSCÉNITÉ. s. f. Parole, image, action qui blesse la pudeur. Il y a de l'obscénité dans ce discours, dans ce tableau, dans cette danse. Cette chanson est pleine d'obscénités. Il nous a dit des obscénités. Ce tableau est une obscénité.

OBSCUR, URE. adj. Sombre, ténébreux, qui n'est pas éclairé. Lieu obscur. Chambre obscure. Antre obscur. Prison obscure. Église obscure. Forêt obscure. Nuit obscure. Temps obscur.

Il fait obscur, Le jour est sombre, le temps est bas. Il fait obscur dans cet endroit, Ce lieu n'est pas bien éclairé, on n'y voit pas bien clair.

Chambre obscure. Voyez, au mot NOIR, Chambre noire.

OBSCUR en parlant De couleurs, signifie, Qui est moins clair, moins vif, moins éclatant, plus brun, plus chargé. Couleurs obscures. Bleu obscur. Un cheval bai obscur.

En Peinture, Clair-obscur, L'imitation de l'effet que produit la lumière en éclairant

Next page


PhiloLogic Software, Copyright © 2001 The University of Chicago.