Jean-François FÉRAUD: Dictionaire critique de la langue française. Marseille, Mossy,  1787-1788, 3 vol. Fol. 

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"Le malade, dont les forces renaissent, ne respire qu'aprês la santé: le malade, trop débile encôre, ne fait que soupirer aprês elle. Nouv. Synon. Fr.
   Rem. I. Respirer, dans le sens de vivre, s'emploie absolument. On dit: il respire encôre; mais on ne dit pas, il respire le jour, il respire la vie.
   Il a bien su de lui, que ce fils conservé
   Respire encor le jour, dans un rang élevé.
       Corn. OEdipe.
Je crois que, même en vers, on ne doit pas le dire. = II. Dans le sens de se reposer, reprendre haleine, il régit quelquefois la préposition de devant les noms. "Laissez-les respirer de leur acâblement. Mass. Dans le sens de desirer, il a ce régime devant les verbes. "Il ne souhaite que l'éternité: il ne respire que d'être uni à Dieu. Sévigné. Il ne se dit qu'avec la négative. "Vous ne respirer que les plaisirs; (n°. 4°.) On ne dirait pas à beaucoup prês aussi correctement: vous respirer les plaisirs. Peut-être, dit M. d'Olivet, cela vient-il de ce que respirer, employé sans négative, a un autre sens. Tout respire ici la piété, signifie, non pas que tout désire ici la piété; mais que, tout done ici des marques de piété. = III. Respirer, dans ce dernier sens, marqué au n° 3°. et au figuré, ne se dit que des chôses. Voltaire dit à Horace, dans une épitre qu'il lui a adressée.
   Je t'écris aujourd'hui, voluptueux Horace,
   À~ toi, qui respiras la tendresse et la grâce.
On dit bien, remarque M. Fréron, que des vers respirent la tendresse; mais peut-on le dire d'un homme? On répondra sans doute qu'on entend ici l'Auteur (c. à. d. ses ouvrages) et non pas l'homme. Dans ce câs, il falait mettre, qui respires. ANN. LITT. — On lit aussi dans l'Hist. Univ. Angl. qu'Hérodote respire dans toute son Histoire un air de simplicité naïve; et dans les Grands Hommes Vengés, que GRESSET respire par tout ces grâces molles et élégantes, qui n'excluent pas la force. — Dans ces deux endroits, l'usage voudrait: l'Histoire d'Hérodote respire, etc. Les Ouvrages de Gresset respirent, etc. = Dans l'Année Litt. on l'emploie impersonellement. "Il respire dans cette Histoire un ton de candeur et de probité. — J'avoue que je n'aime pas ce verbe impersonel, et que je voudrais dire: cette Histoire respire, etc.

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