Jean-François FÉRAUD: Dictionaire critique de la langue française. Marseille, Mossy,  1787-1788, 3 vol. Fol. 

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doit dire: on le fit mourir. Th. Corn. Cette expression est fort commune à Paris. Marin. — Pour, se faire mourir, il est tout au moins douteux. "Il se fit mourir ayant refusé de prendre aucune nourritûre. Le Gendre. Il dit plus bâs: ils se laissent mourir de faim. Celui-ci est plus sûr. = Racine a dit mourir d'un poignard.
   Et du même poignard dont est morte la Reine,
   Cette fière Princesse a percé son beau sein.
       Fr. Én.
On ne dit point mourir d'un poignard, ni d'une épée, ni d'un boulet de canon, etc. mais d'un coup de poignard, d' épée, etc. = À~ mourir, espèce d' adverbe. "Je suis lâsse à mourir de la fadeur des nouvelles. Sév. — Cet adverbe est fort à la mode parmi les Petites-Maîtresses.
   Ce manteau de vertu dont il se sait couvrir,
   Ne recèle qu'un fat, odieux à mourir.
       Palissot.
Remarquez qu'à mourir doit se raporter à l'adjectif qu'il modifie. Ici c'est le fat qui est odieux, et c'est la petite-maîtresse qui en est excédée à mourir. Ces irrégularités arrivent toujours, quand on adopte de certains mots, qu'on répète à tout instant. = Faire mourir à petit feu (fig. famil.) faire languir quelqu'un dans l'espérance, dans l'inquiétude. "Il n'y a point encôre des nouvelles d'Allemagne: c'est mourir à petit feu. Sév. = Il est mort, il a été tué ne se disent pas indiféremment: le premier, se dit quand on n'a pas été tué sur le champ; le second, quand on est resté sur le coup. "Il est mort de ses blessûres; il a été tué dans le combat. — On peut pourtant quelquefois se servir de mourir, en parlant d'un brave tué sur la place: "Il mourut, ce jeune Prince, si digne de vivre et de régner: il mourut malheureûsement, après avoir pâssé le Rhin, etc. Bouh. On dit aussi, en parlant de ceux qui ont été tués dans une afaire: la liste des morts; on l'a trouvé parmi les morts. Idem. = Se mourir se dit absolument et sans régime, excepté avec le pron. en: "Une glace lui coupe son corps de jupe; et entre dans son corps si avant qu'elle s'en meurt. Sév. * Mais, se mourir de faim, de soif, d'inanition; il se meurt d'envie de jouer; je me mourrois d'ennui, sont autant de gasconismes. Desg. = Je veux mourir si est du style très-familier. "Celle-ci vous sera rendûe par M. de... Je veux mourir si

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