Dictionnaire de l'Académie Française,
6ème edition (1835)

RECHERCHE Accueil Documentation ATILF ARTFL Courriel

Previous page

Page 1:866

Fig. et fam., C'est une guenuche coiffée, se dit D'une femme laide et fort parée.

GUÊPE s. f. Grosse mouche presque semblable à une abeille, qui a un aiguillon, et qui fait de mauvais miel. Plusieurs espèces de guêpes vivent en société comme les abeilles. Grosse guêpe. Mouche-guêpe. Il a été piqué d'une guêpe.

GUÊPIER s. m. Lieu où les guêpes construisent des gâteaux et des alvéoles qui forment un groupe revêtu d'une enveloppe en tout ou en partie.

Prov. et. fig., Tomber, donner dans le guêpier, dans un guêpier, Se trouver, sans le vouloir, au milieu de gens dont on n'a que de mauvais traitements à attendre. Se mettre la tête dans le guêpier, S'engager dans une affaire où l'on court risque d'être dupé. On dit dans un sens analogue: Ne vous engagez pas dans cette affaire, c'est un guêpier. Il eut beaucoup de peine à sortir de ce guêpier. Etc.

GUERDON s. m. Loyer, salaire, récompense. Il est vieux.

GUERDONNER. v. a. Récompenser. Il est vieux.

GUERDONNÉ, ÉE. participe

GUÈRE ou GUÈRES Adverbe (On n'écrit Guères que dans les vers, lorsqu'il est nécessaire à la rime ou à la mesure.) qui s'emploie toujours avec la négative, et qui signifie, Pas beaucoup, peu. Il n'y a guère de gens tout à fait désintéressés. Il n'y a guère de bonne foi dans le monde. Il n a guère d'argent. Il n'a guère de voix. Elle n'a guère moins de trente ans. Il ne s'en faut de guère que ce vase ne soit plein. Il n'est guère sage. Ce vin n'est guère bon. Vous ne venez guère nous voir. Il ne s'en soucie guère. La paix ne dura guère. Il n'a plus guère à vivre. Il ne s'en est guère fallu.

Il s'emploie quelquefois dans le sens de Presque point; et alors il est toujours suivi de que. Je ne vois guère que lui qui soit capable de faire cela. Il n'y a guère que les rois qui puissent... Cela n'arrive guère qu'en hiver. Ce mot ne s'emploie guère, n'est guère usité que dans telle phrase.

GUÉRET s. m. Terre labourée et non ensemencée. Relever les guérets. Cette pièce de terre est demeurée en guéret. Au bout d'un guéret.

Il se dit quelquefois, en poésie, de Toutes les terres propres à porter des grains, qu'elles soient ensemencées ou qu'elles ne le soient pas. Des guérets couverts d'abondantes moissons.

GUÉRIDON s. m. Sorte de meuble qui n'a qu'un pied, et qui sert principalement à soutenir des chandeliers, des flambeaux. Un guéridon de bois. Un guéridon d'argent. Mettre des flambeaux sur des guéridons.

GUÉRIR. v. a. Délivrer de maladie, faire revenir en santé, redonner la santé. Ce médecin l'a guéri d'un mal qui paraissait incurable. Guérir quelqu'un de la fièvre.

Il se dit aussi en parlant Des maux, des maladies. Guérir la fièvre. Guérir une plaie. Cette pommade guérit les engelures.

Il se dit quelquefois absolument. L'art de guérir.

Prov. et fig., C'est un saint qui ne guérit de rien, se dit D'un homme qui a peu de mérite ou peu de crédit, qui ne peut être d'aucun secours.

Prov. et fig., Cela ne me guérira de rien, Cela ne me servira de rien. On dit de même: De quoi guérira, de quoi me guérira cela?

GUÉRIR s'emploie aussi avec le pronom personnel. Guérissez-vous. Songez seulement à vous guérir. Votre mal commence à se guérir.

Prov., Médecin, guéris-toi toi-même. Cette phrase, prise figurément, signifie, Gardez pour vous-même les avis que vous donnez aux autres.

GUÉRIR est souvent neutre et signifie, Recouvrer la santé. Il est malade, mais il en guérira. J'espère guérir bientôt. Guérira-t-il de cette maladie?

Il se dit quelquefois Des maux, et des parties affectées de quelque mal. Sa blessure guérit. Son oeil ne guérit pas, il est menacé de le perdre.

GUÉRIR se dit figurément, soit comme verbe actif, soit comme verbe pronominal ou neutre, en parlant Des maux du coeur, de l'esprit ou de l'imagination, tels que les afflictions, les passions, les vices, les travers, etc. Il est difficile de guérir un esprit si malade. Comment guérir cette passion cruelle? On l'a guéri de l'erreur où il était, de la fantaisie qu'il avait. Cela le guérira peut-être de son indiscrétion. Il était fort attaché à cette opinion, mais il en est guéri maintenant. Il est guéri de son ambition. Il avait une passion extrême pour le jeu, il s'en est guéri, l'en voilà tout à fait guéri. Se guérir d'un préjugé. On ne guérit point de la peur. Son coeur a trop souffert pour guérir jamais.

GUÉRI, IE. participe

GUÉRISON s. f. Recouvrement de la santé. Guérison entière, parfaite, imparfaite. Prompte guérison. La guérison d'un malade. On travaille à sa guérison. Il doit sa guérison à tel médecin, à tel remède. C'est de Dieu seul qu'il doit attendre sa guérison.

Il se dit aussi en parlant Des maux, des maladies, qui guérissent naturellement ou avec le secours de l'art. La guérison de ces sortes de maux, de maladies est lente, est difficile.

GUÉRISSABLE. adj. des deux genres Qu'on peut guérir, qui n'est pas incurable. Ce mal est guérissable.

GUÉRITE s. f. Petite loge de bois ou de maçonnerie, petit réduit où une sentinelle se met à couvert contre les injures du temps. Un boulet de canon donna dans la guérite, et tua la sentinelle.

Prov. et fig., Gagner la guérite, S'enfuir.

GUÉRITE se dit aussi de Certains petits cabinets ouverts de tous côtés, qu'on fait quelquefois au haut des maisons, pour y prendre l'air, et découvrir de loin. Il a fait faire une petite guérite au haut de sa maison.

GUERRE s. f. Querelle, différend entre deux princes ou deux nations, qui se vide par la voie des armes; Action d'un prince, d'un peuple qui en attaque un autre, ou qui résiste à une agression, à une invasion, etc. Guerre sanglante. Guerre juste. Guerre injuste. Guerre offensive. Guerre défensive. Longue guerre. La guerre de la succession d'Espagne. La guerre de trente ans. Les guerres d'Italie, d'Allemagne, etc. Gens de guerre. Le métier de la guerre. Les lois de la guerre. Le droit de la guerre. Ruse de guerre. Munitions de guerre et de bouche. Préparatifs de guerre. Machine de guerre. Place de guerre. Conseil de guerre. Ministre de la guerre. Vaisseau de guerre. Bâtiment armé en guerre. C'est un grand homme de guerre. Les malheurs, les ravages, les horreurs de la guerre. Les fruits de la guerre. En temps de guerre. Avoir guerre. Avoir la guerre. Déclarer la guerre. Entreprendre la guerre. Soutenir la guerre. Entretenir la guerre. Ces deux princes sont en guerre, en guerre ouverte, se font la guerre. Aller à la guerre. Allumer la guerre dans un État. Faire la guerre à feu et à sang. Porter la guerre dans le coeur d'un pays. Cette province devint le théâtre de la guerre. Le fort de la guerre est en tel endroit, en telle province.

Il signifie aussi, L'art militaire, la connaissance des moyens que l'on doit employer pour faire la guerre avec avantage. Savoir bien la guerre. Entendre bien la guerre, l'art de la guerre, la guerre de campagne, la guerre de siége, la guerre de chicane. C'e un homme qui entend bien la guerre, qui a le génie de la guerre.

Guerre civile, guerre intestine, Guerre qui s'allume entre les citoyens d'un même État. Guerre étrangère, Guerre contre les étrangers. Le double fléau de la guerre civile et de la guerre étrangère.

Guerres de religion, Celles que les dissensions religieuses allument dans un pays. Guerre sainte, se dit de La guerre qui s'est faite autrefois contre les infidèles pour reconquérir la terre sainte.

Guerre à mort, Guerre dans laquelle on ne fait aucun quartier. On dit à peu près de même, Guerre d'extermination, guerre à outrance.

Petite guerre, Celle qui se fait par détachements ou par partis, dans le dessein d'observer les démarches de l'ennemi, de l'incommoder, de le harceler. Faire la petite guerre. Aller à la petite guerre. Il se dit aussi d'Un simulacre de guerre, dans lequel des corps d'une même armée manoeuvrent et feignent de combattre les uns contre les autres, en tirant seulement à poudre.

Obtenir les honneurs de la guerre, se dit D'une garnison assiégée qui n'est pas forcée, avant de quitter la place, d'y laisser ses armes.

Fig. et poétiq., Foudre de guerre, Grand homme de guerre qui a remporté plusieurs victoires et donné des preuves d'une valeur extraordinaire.

Faire bonne guerre, Garder dans la guerre toute l'humanité et toute l'honnêteté que les lois de la guerre permettent.

Fig., Faire bonne guerre à quelqu'un, En user honnêtement et sans supercherie dans la discussion des intérêts qu'on a à démêler avec lui, quoiqu'on le poursuive vivement.

Cela est de bonne guerre, Cela est conforme aux lois et aux usages de la guerre. On le dit figurément en parlant De toutes les actions de la vie civile où l'on prend ses avantages, sans blesser aucune des bienséances

Next page


PhiloLogic Software, Copyright © 2001 The University of Chicago.