Dictionnaire de l'Académie Française,
6ème edition (1835)

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et des règles que l'honnêteté prescrit. Usez hardiment de ce moyen, il est de bonne guerre. Ce procédé ne me semble pas de bonne guerre.

Faire la guerre avec quelqu'un, Servir avec lui en temps de guerre dans les armées du même souverain, de la même nation, du même parti. Il a fait avec moi la guerre d'Espagne. Nous avons fait la guerre ensemble.

Nom de guerre, Nom que chaque soldat prenait autrefois en s'enrôlant, tel que, la Tulipe, Sans-quartier, etc. Il se dit quelquefois, figurément, d'Un nom supposé que l'on prend pour n'être pas connu. Il se dit aussi d'Un sobriquet donné à quelqu'un par plaisanterie.

Prov. et fig., La guerre nourrit la guerre, Ce qu'on prend sur les ennemis sert à entretenir les armées.

Prov., Guerre et pitié ne s'accordent pas ensemble, Ordinairement, à la guerre, on a peu de pitié, et même il serait quelquefois dangereux d'en avoir.

Prov. et fig., À la guerre comme à la guerre, Il faut s'accommoder au temps où l'on est, quelque fâcheux qu'il puisse être.

GUERRE se dit, par extension, tant au propre qu'au figuré, de Toute espèce de débat, de démêlé, d'attaque, de lutte. Cet homme est toujours en guerre avec ses voisins. Déclarer, faire la guerre aux abus, aux préjugés. Si l'on m'attaque, je rendrai guerre pour guerre. Cette guerre de plume cessa bientôt. Il faut faire la guerre à ses passions. Il y a guerre perpétuelle entre l'esprit et la chair, entre les sens et la raison, etc.

Prov. et fig., Qui terre a, guerre a, Qui a du bien, est sujet à avoir des procès.

Fig. et fam., Faire la guerre à quelqu'un, Lui faire souvent des réprimandes sur quelque chose. Il conserve toujours l'accent de sa province, faites-lui-en un peu la guerre. Comme j'ai su qu'il allait dans cette maison-là, je lui en ai fait la guerre.

Fig. et fam., Faire la guerre aux mots, Critiquer minutieusement le style et les mots dans un ouvrage d'esprit.

Fig. et fam., Faire la guerre à l'oeil, Observer avec soin toutes les démarches de ceux avec qui on a quelque chose à démêler, afin de profiter des conjonctures.

Fig. et fam., Faire quelque chose de guerre lasse, Le faire après avoir longtemps résisté. Je lui ai cédé de guerre lasse. Il s'est longtemps refusé à cet arrangement; enfin, de guerre lasse, il y a consenti.

Poétiq., Faire la guerre aux habitants de l'air, des forêts, etc., Chasser.

GUERRE se dit aussi en parlant Des bêtes qui en attaquent d'autres pour en faire leur proie. Le loup fait la guerre aux brebis. Le renard fait la guerre aux poules.

GUERRE est encore le nom d'Un jeu qui se joue sur un billard.

GUERRIER, IÈRE. adj. Qui appartient à la guerre. Actions guerrières. Travaux guerriers. Exploits guerriers.

Il signifie aussi, Qui est porté, qui est propre à la guerre. Humeur guerrière. Nation guerrière. Courage guerrier.

Avoir l'air guerrier, la mine guerrière, Avoir l'air, le maintien, la contenance d'un homme de guerre.

GUERRIER est aussi substantif et signifie, Celui qui fait la guerre, et qui s'y plaît. C'est un grand guerrier. Les plus fameux guerriers. On l'emploie de même quelquefois au féminin. Une vaillante guerrière.

Il se dit souvent, dans le style soutenu, pour Soldat. Il rassemble autour de lui ses guerriers.

GUERROYER. v. n. Faire la guerre. Aimer à guerroyer. Il est familier.

GUERROYEUR s. m. Celui qui se plaît à faire la guerre. Il est familier.

GUET s. m. Action par laquelle on observe, on épie ce qui se passe, ce qui se fait. Être au guet. Avoir l'oeil au guet, l'oreille au guet. Mettre quelqu'un au guet. Faire le guet.

Il se dit en parlant De quelques animaux. Ce chat est au guet d'une souris. Ce chien aboie à propos, il est de très-bon guet.

GUET se dit particulièrement de La surveillance qu'on exerce, pendant la nuit, dans une place de guerre pour prévenir les surprises de l'ennemi, ou dans une ville quelconque pour maintenir le bon ordre, etc. Dans cette ville, ce sont les bourgeois qui font le guet. Sa charge l'exemptait de guet et de garde. Celui qui faisait le guet au haut du beffroi. Ce sens a vieilli.

Droit de guet et garde, Droit qu'avaient certains seigneurs de faire garder leurs châteaux ou leurs villes par leurs vassaux.

GUET se disait également, autrefois, d'Un soldat placé en sentinelle pour faire le guet. Asseoir le guet. Poser le guet.

Il se disait plus souvent de La troupe chargée de faire le guet ou la ronde pendant la nuit. Guet à pied. Guet à cheval. Le guet vient de passer. Le guet a pris cette nuit tant de voleurs. On cria au guet. Les archers du guet. Le chevalier du guet. Le lieutenant du guet.

Mot du guet, Le mot donné à ceux qui font le guet, afin que les gens du même parti se puissent reconnaître.

Fig. et fam., Ils se sont donné le mot du guet, Ils sont de concert et d'intelligence ensemble.

GUET chez le roi, signifiait, Le détachement des gardes du corps qui demeurait, la nuit, près de la personne du roi pour le garder.

GUET-APENS s. m. Embûche dressée pour assassiner quelqu'un, ou pour lui faire quelque grand outrage. Ce n'est point une rencontre ni un duel, c'est un guet-apens. On l'a tué de guet-apens.

Il se dit, figurément, de Tout dessein prémédité de nuire. C'est une affaire qu'il m'a faite de guet-apens. On prit le temps de son absence pour faire juger son procès: c'est un guet-apens, un vrai guet-apens.

GUÊTRE s. f. Sorte de chaussure qui sert à couvrir la jambe et le dessus du soulier, et qui se ferme ordinairement sur le côté avec des boutons. Guêtre de grosse toile, de cuir, de drap, etc. Porter des guêtres au lieu de bottes. Boutonner ses guêtres.

Fig. et pop., Tirer ses guêtres, S'en aller. Il a tiré ses guêtres. Tirez vos guêtres.

Fig. et fam., Laisser ses guêtres quelque part, Y mourir. L'action fut chaude, et plus d'un y laissa ses guêtres.

GUÊTRER. v. a. Mettre des guêtres à quelqu'un. On dit aussi, avec le pronom personnel, Se guêtrer.

GUÊTRÉ, ÉE. participe Par ironie, Juge guêtré, Juge de village qui porte des guêtres. Cette locution est maintenant peu usitée.

GUETTER. v. a. Épier, observer à dessein de surprendre, de nuire. Les voleurs guettent les passants. Les assassins le guettaient. Des gendarmes le guettent. On sait tous les endroits où il va, on le guette. On le prit sur le fait, car on le guettait. Le chat guette la souris.

Il signifie, figurément et familièrement, Attendre quelqu'un à un endroit où il ne croit pas qu'on le cherche, ou L'attendre simplement à un endroit où il doit passer. Je guette ici le ministre pour lui présenter ma pétition. Il guettait son débiteur pour lui demander de l'argent.

Guetter l'occasion de faire une chose, Se tenir prêt à saisir l'occasion de faire une chose. On dit de même, Guetter le moment, l'instant favorable, etc.

GUETTÉ, ÉE. participe

GUETTEUR s. m. T. de Marine. Nom que l'on donne aux hommes placés sur des hauteurs le long des côtes, pour signaler les bâtiments qui paraissent au large, leurs manoeuvres, etc.

GUEULARD, ARDE. s. Celui, celle qui a l'habitude de parler beaucoup et fort haut. C'est un franc gueulard. Une grande gueularde. Il est populaire.

GUEULE s. f. La bouche, dans la plupart des quadrupèdes carnassiers et des poissons. La gueule d'un chien, d'un loup, d'un lion, d'un crocodile, d'un requin, etc. Grande gueule. Gueule béante. Le lion emportait sa proie dans sa gueule. Il ouvrit une grande gueule. Il avait la gueule ouverte pour l'engloutir.

Prov. et fig., Mettre, laisser quelqu'un à la gueule du loup, Exposer, abandonner quelqu'un à un péril certain.

Fig. et fam., En un tour de gueule, se dit D'un animal qui mange quelque chose avec promptitude et voracité. Ce chien a mangé sa pâtée en un tour de gueule.

GUEULE se dit quelquefois, populairement et par mépris, en parlant Des personnes. Il a une vilaine gueule. Il a la gueule fendue jusqu'aux oreilles.

Bassem., Il en a menti par la gueule, par sa gueule.

Prov. et fig., Venir la gueule enfarinée, Venir inconsidérément et avec une sotte confiance.

Pop., Donner sur la gueule à quelqu'un lui paumer la gueule, Lui donner un soufflet, lui donner un coup de poing sur le visage.

Pop., Il a toujours la gueule ouverte, se dit D'un homme qui est grand crieur.

Fig. et pop., Il a la gueule morte, se dit D'un médisant, d'un fanfaron, d'un grand parleur qui se trouve réduit au silence.

Prov. et fig., La gueule du juge en pétera, il faut que la gueule du juge en pète, se dit Lorsque, dans une affaire, on ne veut point d'accommodement, et qu'on veut qu'elle soit jugée.

Fig. et bassem., Il n'a que de la gueule, C'est un grand hâbleur.

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