Dictionnaire de l'Académie Française,
6ème edition (1835)

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fulminant. Poudre fulminante. Matière fulminante. Amorces fulminantes.

FULMINANT signifie au figuré, Qui éclate en menaces, qui se livre à de grands emportements de colère. C'est un homme qui se met en colère pour la moindre chose, il est toujours fulminant.

Il se dit également De tout ce qui exprime ou dénote une violente colère. Lancer un regard fulminant. Écrit fulminant.

FULMINATION. s. f. T. de Chimie. Détonation subite, explosion d'une matière fulminante.

FULMINATION est aussi un terme de Droit canon, qui signifie, L'action par laquelle on publie quelque chose avec certaines formalités. La fulmination des bulles. La fulmination d'une sentence ecclésiastique. La fulmination d'un monitoire.

FULMINER. v. n. T. de Chimie. Il se dit Des matières fulminantes lorsqu'elles font explosion. Cette composition, cette poudre fulmine au moindre choc. La moindre pression la fait fulminer.

FULMINER signifie figurément, S'emporter, invectiver contre quelqu'un avec menaces. Il fulmine étrangement contre vous. Il est en colère, il fulmine, il tempête.

FULMINER s'emploie aussi comme verbe actif, en termes de Droit canon, et signifie, Publier quelque acte avec certaines formalités. Fulminer des bulles. Fulminer une sentence d'excommunication. La bulle n'a pas été dûment fulminée.

FULMINÉ, ÉE. participe Interdit fulminé. Bulles fulminées.

FUMAGE. s. m. Opération par laquelle on donne une fausse couleur d'or à l'argent filé, en l'exposant à la fumée de certaines compositions. Défendre le fumage.

FUMANT, ANTE. adj. Qui fume, qui jette de la fumée ou quelque vapeur. Tison fumant. Cendres fumantes. Des viandes fumantes.

Fumant de sang, Plein, couvert d'un sang qui fume encore. Une épée fumante de sang. On dit dans un sens analogue, Fumant de carnage.

Fig., Fumant de courroux, de colère, Transporté de courroux, de colère.

FUMÉ. s. m. T. de Graveur en caractères. Épreuve d'un poinçon; empreinte que l'on fait sur une carte avec le poinçon d'une lettre noirci à la flamme d'une bougie, pour voir s'il est bien gravé.

FUMÉE. s. f. Vapeur plus ou moins épaisse qui sort des choses brûlées, ou extrêmement échauffées par le feu. Fumée épaisse. Fumée noire. Fumée puante. La fumée qui s'élève d'un champ de bataille. Des tourbillons de fumée. La fumée d'un volcan. La fumée du foyer. La fumée nous étouffait. La chambre était pleine de fumée. Le bois vert fait beaucoup de fumée. Il fait beaucoup de fumée dans cette chambre. On sent bien la fumée ici. Dissiper la fumée. Chasser la fumée. L'odeur de la fumée. Odeur de fumée. Du linge qui sent la fumée. Un ragoût qui sent la fumée. La fumée des flambeaux. La fumée d'une pipe. La fumée du tabac. Noirci de fumée. S'exhaler en fumée.

Noir de fumée, Suie très-noire et légère que donne la poix-résine, et que l'on recueille pour l'employer dans les arts. Le noir de fumée sert à faire l'encre d'imprimerie, le cirage, etc.

Prov. et fig., Il n'y a point de fumée sans feu, En général il ne court point de bruit qui n'ait quelque fondement.

Prov. et fig., Il n'y a point de feu sans fumée, Quelque soin qu'on prenne pour cacher une passion vive, on ne peut s'empêcher de la laisser paraître.

Fig., S'en aller en fumée, se dit Des choses qui ne produisent point l'effet attendu ou désiré. Tous ses projets s'en sont allés en fumée.

Fig. et fam., Il vend de la fumée, c'est un vendeur de fumée, se dit De celui qui n'a qu'un crédit apparent, dont il fait parade pour en tirer quelque utilité, quelque avantage.

FUMÉE se dit également de La vapeur qui s'exhale des viandes chaudes. La fumée du rôt.

Prov. et pop., Manger son pain à la fumée du rôt, Être témoin, spectateur d'un divertissement, d'un plaisir auquel on ne peut avoir part.

FUMÉE se dit aussi Des vapeurs qui s'exhalent des corps humides, lorsqu'ils viennent à être échauffés par quelque cause que ce soit. Il se leva une fumée de la rivière, des marécages.

FUMÉE se dit au figuré, dans le style soutenu, Des choses vaines, frivoles, périssables, ou que l'on regarde comme telles. Cette fumée qu'on nomme la gloire. Tout n'est que fumée. Toutes les choses du monde ne sont que fumée.

Se repaître, s'enivrer de fumée, Se repaître de vaines espérances, ou de vains honneurs, d'une vaine gloire, etc.

FUMÉES au pluriel, signifie, Les vapeurs qui montent de l'estomac ou des entrailles au cerveau. Les fumées du vin montent au cerveau, offusquent le cerveau. Abattre les fumées du vin. Les fumées noires qui lui troublent le cerveau.

Fig., Les fumées de l'orgueil, de l'ambition, etc., Les mouvements d'orgueil, les désirs ambitieux, etc.

FUMÉES au pluriel, est aussi un terme que les chasseurs emploient pour désigner La fiente des cerfs et des autres bêtes fauves. Les fumées du cerf. Les fumées de la bête.

FUMER. v. n. Jeter de la fumée. Le volcan fumait encore. L'encens fumait sur les autels. Ce bois n'est pas sec, il fume beaucoup.

Cette chambre fume, cette cheminée fume, se dit Lorsque la fumée, au lieu de sortir par le tuyau de la cheminée, se rabat et entre dans la chambre. Empêcher une cheminée de fumer. On dit quelquefois impersonnellement, Il fume dans cette chambre.

Poétiq., Faire fumer les autels, Y brûler de l'encens, y offrir des sacrifices à la divinité. Il ne se dit guère qu'en parlant Du culte païen.

FUMER se dit aussi en parlant Des vapeurs que la chaleur fait exhaler d'un corps humide. Au printemps on voit les marécages fumer, les prés fumer. Ce cheval a couru, il s'est échauffé, il fume. Leur sang fumait encore. On dit de même, La terre fumait encore de leur sang.

Fig. et fam., La tête lui fume, se dit D'une personne qui est fort en colère. Cette phrase a vieilli.

FUMER signifie quelquefois, figurément et populairement, Avoir de la colère, du dépit, de l'impatience, etc. Il fume, mais il n'ose rien dire. Je l'ai fait fumer. Ce sens est très-populaire.

FUMER s'emploie également comme verbe actif; et alors il signifie, Exposer des viandes à la fumée plus ou moins long-temps, pour les sécher et les conserver. Fumer des langues, des jambons, du boeuf salé, des harengs. On l'emploie quelquefois avec le pronom personnel. Mettre un jambon dans la cheminée pour qu'il se fume.

Il signifie aussi, Prendre en fumée, par la bouche, du tabac ou quelque autre substance. Fumer une pipe de tabac. Fumer du tabac. Fumer un cigare. Fumer de la sauge. On dit très-souvent sans régime, Fumer, pour dire, Prendre du tabac en fumée. Il a fumé toute la nuit. Les marins fument beaucoup.

FUMER actif, signifie encore, Épandre du fumier sur une terre cultivée, pour l'engraisser, pour l'amender. Fumer un champ. Fumer une vigne.

FUMÉ, ÉE. participe Jambon fumé. Langues fumées. Terre bien fumée.

FUMERON. s. m. Morceau de charbon de bois qui, n'étant pas assez cuit, jette encore de la flamme et beaucoup de fumée.

FUMET. s. m. Vapeur qui s'exhale de certains vins et de certaines viandes, et qui frappe agréablement l'odorat et le goût. Ce vin a un bon fumet. Le fumet d'une perdrix. Un faisan qui a un grand fumet. Un fumet délicieux.

FUMETERRE. s. f. T. de Botan. Plante fort commune dans les champs, très-amère, et souvent employée en médecine comme tonique. Sirop, extrait de fumeterre. Le suc de la fumeterre produit sur les yeux les mêmes effets que la fumée.

FUMEUR. s. m. Celui qui a l'habitude de prendre du tabac en fumée. C'est un grand fumeur. Une réunion de fumeurs.

FUMEUX, EUSE. adj. Qui envoie des vapeurs à la tête. Du vin fumeux. La bière de ce pays est extrêmement fumeuse.

FUMIER. s. m. Paille qui a servi de litière aux chevaux, aux bestiaux, et qui est mêlée avec leur fiente. Ôter le fumier d'une écurie. Faire pourrir du fumier. Le fumier engraisse les terres. Fumier de cheval. Fumier de vache. Faire du fumier. Mettre du fumier dans un champ. Cette terre ne porte qu'à force de fumier. Épandre du fumier. Une mare, une fosse à fumier.

Il se dit, par extension, de Toute sorte d'engrais, comme les excréments d'animaux, les matières animales ou végétales en putréfaction, etc.

Fig. et fam., Ce n'est que du fumier, se dit De toute chose dont on ne fait nul cas, ou pour laquelle on veut témoigner un grand mépris.

FUMIER se dit aussi d'Un amas de fumier que l'on forme dans une mare, dans une fosse. Allez jeter cela sur le fumier. Il avait caché son argent dans un fumier.

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