Dictionnaire de l'Académie Française,
6ème edition (1835)

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est toute perdue, il y a des trous à y fourrer la main. Elle lui fourre de gros morceaux dans la bouche. Il lui a fourré son épée dans le ventre. Il s'est fourré une écharde, une épine dans le doigt. Fourrez cela dans votre cassette. Fourrez vite cela dans votre poche. Il aura fourré cela dans un coin. Fourrez ce livre avec les autres. On l'emploie souvent avec le pronom personnel. Où s'est-il donc fourré? Se fourrer sous un lit. Le lièvre s'était fourré dans un trou.

Fig. et pop., Fourrer tout dans son ventre, Dépenser, dissiper tout ce qu'on a, pour satisfaire sa gourmandise.

Fig. et fam., Fourrer son nez où l'on n'a que faire, Se mêler indiscrètement de quelque chose. On dit dans un sens analogue, Fourrer son nez partout.

Fig. et fam., Chercher quelque trou à se fourrer, se dit De celui qui cherche quelque emploi, quelque condition, et qui a peine à en trouver.

Fig. et fam., Ne savoir où se fourrer, Ne savoir où se cacher, ne savoir comment se dérober à la confusion qu'on éprouve. Il est si honteux de ce qu'il vient de dire, qu'il ne sait où se fourrer.

Fig. et fam., Fourrer quelque chose dans l'esprit, dans la tête de quelqu'un, Parvenir à lui faire comprendre quelque chose. Il est si stupide, si hébété, qu'on ne saurait lui rien fourrer dans la tête, dans l'esprit. On eut bien de la peine à lui fourrer dans la tête qu'il fallait.... Cela signifie aussi, Faire croire une chose à quelqu'un, la lui persuader, la lui mettre dans la tête. Qui a pu lui fourrer cette sotte idée dans l'esprit? Vous vous fourrez dans la tête mille chimères, mille choses qui ne sont pas. On dit de même, avec le pronom personnel, qu'Une idée, une erreur, etc., s'est fourrée dans l'esprit, dans la tête de quelqu'un.

FOURRER signifie, par extension, Donner avec excès et sans réflexion. Elle gâte cet enfant, elle lui fourre toujours à manger. Cette mère fourre toujours en cachette de l'argent à son fils.

FOURRER signifie aussi figurément, Insérer hors de propos. Fourrer quelque chose dans son discours. Il a fait un livre où il a fourré tout ce qu'il savait. Il fourre toujours du latin dans ses plaidoyers, des proverbes dans la conversation.

Il signifie encore figurément, Introduire quelqu'un dans une maison, dans une société, etc.; ou Le faire entrer, l'engager dans une affaire. On le prend ordinairement en mauvaise part. Je ne sais qui l'a fourré dans cette maison, dans cette affaire.

Il s'emploie, dans ce dernier sens, avec le pronom personnel. Il se fourre partout. Il se fourre à la cour. Il se fourre dans toutes les compagnies. Il est allé se fourrer dans une société de gens qui le tromperont. Je ne sais comment il s'est fourré dans cette affaire. Il a commencé à se fourrer dans les affaires de finance. Il s'est fourré dans cette querelle, dans cette affaire jusqu'au cou, jusqu'aux oreilles. Il s'y est fourré bien avant. Pourquoi s'y fourrait-il? Où me suis-je fourré? Se fourrer dans l'embarras.

Dans toutes les acceptions qui précèdent, ce verbe est familier.

FOURRER signifie en outre, Garnir, doubler de peau avec le poil. Fourrer une robe de martre. Fourrer d'hermine. Fourrer de petit-gris.

Il signifie aussi, avec le pronom personnel, Se vêtir chaudement. Il s'est bien fourré. Il faut se bien fourrer en hiver.

FOURRÉ, ÉE. participe Habit fourré. Gants fourrés. Redingote fourrée. Fourré d'hermine, de petit-gris.

Langues fourrées, Langues de boeuf, de cochon, de mouton, recouvertes d'une autre peau que la leur, et avec laquelle on les fait cuire. Acheter une langue fourrée.

Médaille, pièce de monnaie fourrée, Médaille, pièce de monnaie dont le dessus est d'or ou d'argent, et le dedans d'un métal inférieur. Cette pièce d'or, d'argent est fourrée. On dit maintenant, Médaille plaquée.

Botte de paille, botte de foin fourrée, Botte dans laquelle, parmi de bonne paille ou de bon foin, on a mêlé de la paille ou du foin de moindre qualité.

En termes d'Escrime, Coup fourré, se dit Quand chacun des deux adversaires donne un coup et en reçoit un en même temps. On le dit, figurément et familièrement, Des mauvais offices que deux personnes se rendent mutuellement et en même temps. Ils ont fait un coup fourré.

Fig. et fam., Porter un coup fourré, Rendre en secret un mauvais office à quelqu'un.

Fig. et fam., Paix fourrée, Fausse paix, faite de mauvaise foi par les deux parties, chacune ayant intention de la rompre, lorsqu'elle le croira utile à ses intérêts.

Pays fourré, Pays rempli de bois, de haies, etc. L'armée se trouvait dans un pays fourré.

Bois fourré, Bois qui est fort garni de broussailles et d'épines. Voyez FOURRÉ, substantif.

Prov. et fig., Un innocent fourré de malice, se dit d'Un homme qui est malicieux, et qui feint d'être simple et bon.

FOURREUR. s. m. Marchand pelletier, artisan qui travaille en pelleterie. Marchand fourreur. La boutique d'un fourreur.

FOURRIER. s. m. Officier qui sert sous un maréchal des logis, et dont la fonction est de marquer le logement de ceux qui suivent la cour. Les fourriers de la maison du roi, de la cour. Les fourriers ont fait le logement, ont fait, ont marqué des logements.

Il signifie aussi, dans les troupes, Le sous-officier d'une compagnie qui est principalement chargé de pourvoir au logement des soldats quand ils passent dans quelque ville, et de répartir entre les escouades les vivres, les effets d'équipement, etc. Le fourrier de la compagnie. Le grade de fourrier.

FOURRIÈRE. s. f. Office qui fournit le bois pour le chauffage de la maison du roi et des princes. La fourrière a fourni tant de bois. Chef de fourrière. Aide de fourrière. Garçon de fourrière.

Il se prend également pour Le lieu où l'on met ce bois. Il faut prendre ce bois dans la fourrière.

En Jurispr., Mettre un cheval, une vache, etc., en fourrière, Saisir un cheval, une vache, etc., pour cause de dégât, pour contravention, ou pour dette, et les mettre dans une écurie, dans une étable, où ils sont nourris, à tant par jour, aux dépens de celui à qui ils appartiennent, jusqu'à la réparation du dommage, jusqu'au payement de l'amende, ou jusqu'à ce qu'on les vende. Les chevaux de ce charretier ont été mis en fourrière. On dit de même qu'Un cheval, qu'une vache est en fourrière.

FOURRURE. s. f. Peau de certains animaux, précieuse par la couleur, la longueur, l'épaisseur du poil, et dont on se sert pour doubler, garnir ou orner les robes, les habits, etc.: on en fait aussi des manchons, des bonnets, etc. Une belle fourrure. Fourrure de martre zibeline, de petit-gris, d'hermine, de renard de Sibérie. Les belles fourrures viennent du Nord.

Il se dit également d'Une robe fourrée, ou garnie, ou ornée de fourrures. La fourrure d'un président. La fourrure d'un docteur.

Il signifie, en termes de Blason, Un fond de fourrure qui est ou d'hermine ou de vair. On ne met point fourrure sur fourrure.

FOURVOIEMENT. s. m. (On prononce Fourvoiment.) Erreur de celui qui s'égare de son chemin. Au point du jour ils s'aperçurent de leur fourvoiement.

Il se dit aussi figurément. Il est rare que l'on revienne d'un long fourvoiement. Il est tombé dans un étrange fourvoiement. Ce mot est peu usité.

FOURVOYER. v. a. (Il se conjugue comme Employer.) Égarer, détourner du chemin. Ce guide nous a fourvoyés.

Il se dit aussi figurément. Les mauvais exemples l'ont fourvoyé.

Il s'emploie avec le pronom personnel, dans l'un et l'autre sens. La nuit est cause qu'ils se sont fourvoyés. Plus on suit ses passions, plus on se fourvoie. Avec ellipse du pronom, Faire fourvoyer quelqu'un, Faire qu'il se fourvoie. Ces diverses routes les ont fait fourvoyer.

Il se dit, particulièrement, De méprises grossières. L'auteur de cet écrit s'est étrangement fourvoyé. Ce verbe est familier.

FOURVOYÉ, ÉE. participe

FOUTEAU. s. m. C'est un des noms vulgaires de l'arbre qu'on appelle plus ordinairement Hêtre.

FOUTELAIE. s. f. Lieu planté de fouteaux ou de hêtres.

FOYER. s. m. Âtre, lieu où se fait le feu. Ôter la cendre du foyer.

Fig. et fam., Aimer à garder son foyer, Aimer le repos, et mener une vie retirée.

Le foyer d'un fourneau, La partie d'un fourneau où se place le feu, et dont le fond est garni d'une petite grille à travers laquelle la cendre tombe.

FOYER se dit aussi de La dalle de pierre ou de marbre que l'on met au devant d'une cheminée, pour éloigner du feu le plancher et les parquets.

Il signifie, par extension, dans un Théâtre, La salle commune où se rassemblent les acteurs, et Celle où les spectateurs peuvent se réunir pour converser et pour se chauffer. Le foyer des acteurs. Le foyer du

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