Dictionnaire de l'Académie Française, 8th edition (1932-5)

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quand il est au repos. Il signifie figurément
Résistance passive, qui consiste principalement
à ne pas obéir. Ils opposèrent la force
d'inertie aux mesures de l'autorité.

FORCE est aussi un Nom de quantité indéfinie
s'ajoutant à la façon d'un adjectif invariable
et qui signifie Grand nombre de, beaucoup de.
Il a reçu force compliments. Il m'a fait force
politesses.

À FORCE, loc. adv. et fam. Beaucoup,
extrêmement. Travailler à force.

À FORCE DE, loc. prép. Par beaucoup de.
À force de soins, de peines, de sollicitations.
Au lieu d'être suivi d'un nom, il peut l'être
d'un infinitif. À force de prier, d'agir; à force
de pleurer, de crier, etc.,
En priant, en agissant
beaucoup; en pleurant, en criant beaucoup,
etc.

À force de bras, se dit en parlant de Travaux,
de transports pour lesquels on n'emploie que
la seule force des bras. Tirer, traîner à force
de bras.

À force de rames, En ramant très vigoureusement.

À TOUTE FORCE, loc. adv. Par toutes sortes
de moyens. Il veut, à toute force, venir à bout
de son entreprise.
Il signifie aussi À tout
prendre, absolument parlant. On pourrait, à
toute force, lui accorder ce qu'il demande.

FORCEMENT. n. m. Action de forcer ou
d'augmenter fictivement les chiffres.

En termes d'Administration Forcement
de recette,
Exercice du droit qui appartient
à l'administration de faire payer par ses
commis les impôts qu'ils ont négligé de percevoir.

FORCÉMENT. adv. Par force, par obligation,
par une conséquence rigoureuse. Pour
aller à tel endroit, vous passerez forcément par
tel chemin. Ce fait reconnu, on doit forcément
en conclure que...

FORCENÉ, ÉE. adj. Qui est emporté par
la colère, la fureur. Il s'emploie surtout
comme nom. C'est un forcené. Il se débattit
comme un forcené.

FORCEPS. (On prononce le P et l'S.) n.
m.
T. de Chirurgie emprunté du latin. Instrument
en forme de grandes et larges tenettes,
dont on se sert dans les accouchements
laborieux pour l'extraction de l'enfant.

FORCER. v. tr. Briser, rompre, ouvrir quelque
chose avec violence. Forcer une porte, une
serrure. Forcer un coffre.

Forcer une clef, forcer une serrure, Fausser,
tordre, détériorer par une manoeuvre
violente une clef, les ressorts d'une serrure,
de manière qu'ils ne peuvent plus jouer. On dit
aussi Forcer un muscle, une articulation.

Il signifie aussi Prendre par force, Forcer
un retranchement. Forcer une ville.
On dit dans
un sens analogue Forcer un passage. Forcer
tous les obstacles. etc.

Fig., Forcer la porte de quelqu'un, Entrer
chez quelqu'un, quoique sa porte soit défendue.

Forcer la consigne, Ne pas s'y conformer,
l'enfreindre avec violence.

En termes de Chasse, Forcer une bête, La
prendre avec des chiens de chasse, après
l'avoir courue et réduite aux abois. Forcer
un lièvre. Forcer un cerf, un chevreuil.

Il signifie en outre Contraindre, obliger à
quelque chose, et il se dit tant au propre qu'au
figuré. Forcer quelqu'un à faire quelque chose.
Il fut forcé de partir. On voulait le forcer à
partir. Forcer les consciences. Forcer les
volontés. Forcer son inclination, son humeur.

On dit aussi Forcer le consentement, le vote, etc.,
de quelqu'un,
Obliger quelqu'un à donner son
consentement.

Travaux forcés. Voyez TRAVAIL.

Cours forcé. Voyez COURS.

Fig. et fam., Forcer la main à quelqu'un.
Voyez MAIN.

Forcer le sens d'un mot, Donner à un mot,
à un texte un sens exagéré. Il a forcé le sens
de ce passage.

Forcer le respect, l'admiration, etc., Les
obtenir de ceux mêmes qui ne sont pas disposés
à les accorder.

Forcer le succès, Vaincre la résistance ou
les obstacles qui s'opposaient au succès.

Forcer la nature, Vouloir faire plus qu'on
ne peut.

Forcer son talent, L'enfler pour en tirer
plus qu'il ne peut produire.

Forcer sa voix, Faire des efforts de voix.

Forcer un cheval, Le pousser trop, le faire
courir au-delà de ses forces.

Forcer le pas, la marche, Presser le pas, se
mettre à marcher plus vite.

Forcer la dose, Augmenter la quantité
prévue d'un médicament. Il se dit aussi figurément.
Forcer un arbre fruitier, une vigne,
Leur faire donner artificiellement plus qu'ils
n'auraient donné naturellement.

En termes de Comptabilité, Forcer la recette,
Porter en recette plus qu'on n'a reçu.

Intransitivement, Forcer en recette, Forcer
un employé des finances à payer une somme
qu'il devait percevoir et qu'il a négligé de
toucher. En termes de Marine, Forcer de voiles,
forcer de rames, forcer de vapeur,
Faire force
de voiles, de rames, de vapeur.

SE FORCER signifie Faire quelque chose
avec trop de force et de véhémence. Ne vous
forcez point, vous vous ferez mal. Ne vous forcez
pas tant.

Il signifie aussi Se contraindre, faire effort
sur soi-même. Je ne me décide pas à cette
démarche sans me forcer un peu.

Le participe passé FORCÉ, ÉE, s'emploie
adjectivement et signifie Qui manque de
naturel, qui est contraint, affecté. Être forcé
dans toutes ses manières. Elle n'a rien de
gauche ni de forcé. Contenance forcée. Un rire,
un sourire forcé.

Il s'emploie de même en parlant des Ouvrages
de l'esprit et se dit de Ce qui s'éloigne
du naturel, de la vérité, et de ce qui est mal
amené, tiré de trop loin, etc. Style forcé. Il
y a, dans cette pièce de théâtre, des situations
forcées. Comparaison forcée. Rapprochement
forcé. Donner à un passage, à une expression
un sens forcé.

Il se dit pareillement des Figures d'un
tableau, quand leur attitude est outrée; du
Coloris quand il est excessif; de l'effet quand
il est trop cherché.

FORCERIE. n. f. T. d'Horticulture. Terre
chaude où l'on force les plantes.

FORCES. n. f. pl. T. d'Arts. Sorte de grands
ciseaux dont les lames sont réunies par un arc
d'acier élastique les maintenant ouvertes, et
qui servent à couper des étoffes, à les tailler, à
couper des feuilles de laiton, de fer-blanc, etc.
Une paire de forces.

FORCLORE. v. tr. T. de Procédure. Exclure
de faire quelque acte, quelque production en
justice, parce que le temps en est passé. On
ne l'emploie guère qu'à l'infinitif et au participe
Forclos. Il s'est laissé forclore. Il a été
forclos. Forclos de produire. La partie adverse
fut déclarée forclose.

FORCLUSION. n. f. T. de Procédure.
Action de forclore ou Résultat de cette action.
Il a été jugé par forclusion. Les délais sont
expirés, la forclusion est acquise.

Il désigne encore, dans certaines tontines,
la Clause qui établit la part de capital pour
les héritiers des membres précédés.

FORER. v. tr. T. d'Arts. Percer. Forer une
clef. Forer un canon.
Par extension, Forer un
puits artésien.

FORESTIER, IÈRE. adj. Qui concerne les
forêts. Code forestier.

Il signifie particulièrement Qui a quelque
charge, quelque fonction dans les forêts de
l'État ou des communes. Garde forestier. Agent
forestier.
Substantivement, Un forestier.

École forestière, École où se préparent les
agents des forêts.

FORET. n. m. T. d'Arts. Instrument de
fer ou d'acier dont on se sert pour faire des
trous dans le métal, dans le bois, etc. Foret
de serrurier, de menuisier. La pointe d'un foret.

Il se dit particulièrement du Petit instrument
avec lequel on perce un tonneau. Tirer
du vin au foret.

FORÊT. n. f. Grande étendue de terrain
planté de bois; ou Assemblage d'arbres
qui occupent, qui couvrent cette étendue.
Épaisse forêt. Les routes d'une forêt. À l'orée
d'une forêt. Un pays couvert de forêts. La forêt
des Ardennes. Mettre une forêt en coupe.

Forêts vierges, Vastes forêts qui n'ont
jamais été exploitées et aménagées.

Eaux et forêts. Voyez EAU. On dit en termes
d'Administration La direction générale des
forêts. Conservateur, inspecteur des forêts, des
bois et forêts. Etc.

Fig., Les arbres empêchent de voir la forêt, En
s'attachant trop aux détails, on perd la vue
de l'ensemble.

Fig. et fam., Vous êtes tombé dans une vraie
forêt de Bondy,
Vous êtes entouré de malhonnêtes
gens.

Par extension, Une forêt de mâts, une forêt
de lances, etc.,
se disent en parlant d'un
Grand nombre de vaisseaux réunis, d'une
troupe nombreuse de soldats armés de lances,
etc. On dit aussi par exagération Une forêt
de cheveux.

FOREUR. n. m. T. d'Arts. Ouvrier qui
fore.

FOREUSE. n. f. T. d'Arts. Machine qui
sert à forer.

FORFAIRE. v. intr. Agir contre le devoir.
Il ne se dit guère qu'en termes de Jurisprudence
et en parlant d'une Faute grave commise
dans l'exercice de fonctions publiques. Si
un juge vient à forfaire.

Forfaire à son honneur se dit également
d'une Fille ou d'une femme qui se laisse
séduire. Elle a forfait à son honneur; ou d'un
Homme qui a manqué gravement à ses devoirs.
Il a forfait à l'honneur.

FORFAIT. n. m. Crime commis avec audace.
Il a été puni de ses forfaits. Il a reçu le prix de
ses forfaits. Commettre un forfait, un horrible
forfait.

FORFAIT. n. m. Traité, marché par lequel
une des parties s'oblige à faire ou à fournir
quelque chose pour un certain prix fixé
d'avance. Faire un forfait avec un architecte
pour un bâtiment. Prendre à forfait. Traiter
à forfait pour des travaux, pour le chauffage,
pour l'éclairage d'un établissement public.

Vendre, acheter à forfait, Vendre, acheter
plusieurs choses en masse, et sans estimation
préalable du prix particulier de chacune.

FORFAITAIRE. adj. des deux genres. Qui
a rapport à un forfait. Achat forfaitaire. Convention
forfaitaire.

FORFAITURE. n. f. T. de Jurisprudence.
Violation par un fonctionnaire public, un
magistrat des devoirs essentiels de sa charge.
Ce magistrat a été destitué pour forfaiture.

FORFANTERIE. n. f. Fanfaronnade extrême
et habituelle. Quelle ridicule forfanterie!

FORGE. n. f. Atelier où l'on travaille
les métaux au feu et au marteau. La forge
d'un maréchal, d'un serrurier, d'un armurier,
d'un orfèvre.

Il se dit aussi du Fourneau où l'on chauffe
un métal et de l'Enclume où on le bat. Soufflet
de forge.

Il se dit particulièrement de l'Atelier d'un
maréchal ferrant. Mener un cheval à la forge.
Forge de campagne,
La forge portative et

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