Dictionnaire de l'Académie Française, 8th edition (1932-5)

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les outils des maréchaux ferrants qui accompagnent
un corps de cavalerie en marche.

Il s'emploie souvent au pluriel pour désigner
les Établissements industriels, les usines où
l'on transforme la fonte en fer. Par extension,
il se dit d'un Haut fourneau où le minerai est
réduit en fonte. Un maître de forges. Le
Comité des Forges de France.

FORGEABLE. adj. des deux genres. Qui
peut se forger, qui peut se travailler à la
forge. La fonte n'est pas forgeable.

FORGER. v. tr. Façonner le fer, ou quelque
autre métal, par le moyen du feu et du marteau.
Forger un fer de cheval. Forger une barre
de fer. Forger une épée. Forger des armes. Fer
forgé.
Absolument, Apprendre à forger.

Forger à froid, Travailler un métal avec
le marteau, sur une enclume, sur un tas, etc.,
sans le faire chauffer. On dit, par opposition,
Forger à chaud, lorsqu'on veut parler de la
manière ordinaire de forger.

En termes de Manège, Ce cheval forge, se dit
d'un Cheval, qui, en marchant, touche les fers
des pieds de devant avec les fers des pieds de
derrière.

Il signifie figurément Inventer, controuver.
Forger un mensonge. Forger une calomnie.
Forger une histoire. Forger des nouvelles.

Se forger des chimères, S'imaginer des choses
sans fondement.

Un mot forgé, Un mot inventé, nouvellement
formé. Il se prend souvent en mauvaise
part.

FORGERON. n. m. Ouvrier qui travaille
le fer au marteau, après l'avoir fait chauffer
à la forge. Il se dit principalement de ceux
qui font les gros ouvrages de fer, comme barres,
ancres, chaînes, instruments aratoires, etc.
Marteau, enclume, tablier de forgeron.

Prov. et fig., C'est en forgeant qu'on devient
forgeron,
À force de s'exercer à quelque chose,
on y devient habile.

FORGEUR. n. m. T. d'Arts. Celui qui est
employé aux travaux de la forge. Forgeur
d'épées, de couteaux, de ciseaux, etc.

Il se dit, figurément et familièrement, de
Celui qui invente quelque fausseté. C'est un
forgeur de contes, un forgeur de calomnies.

Dans cette acceptation, il a un féminin,
FORGEUSE.

FORJET. n. m. T. d'Architecture. Saillie
hors de l'aplomb, de l'alignement.

FORJETER. v. intr. T. d'Architecture.
Sortir de l'alignement ou de l'aplomb. Ce mur
forjette.

FORLANCER. v. tr. T. de Chasse. Faire
sortir une bête de son gîte.

FORLIGNER. v. intr. Faire quelque action
indigne de la vertu de ses aïeux. Il n'a pas
suivi les traces de ses pères, il a forligné.

Il se dit, familièrement, d'une Fille qui forfait
à son honneur. Elle a forligné.

FORLONGER. v. intr. T. de Chasse.
S'éloigner de ses pacages ordinaires, en parlant
des Bêtes traquées.

Il est aussi transitif et signifie Distancer
beaucoup. Le cerf a forlongé les chiens.

FORMALISER (SE). v. pron. Être choqué
d'une chose faite contre les formes, contre
les règles établies. Il se formalise de tout. Je
lui ai parlé franchement, il ne s'en est point
formalisé. Elle s'est formalisée de la liberté qu'il
a prise.

FORMALISME. n. m. Attachement excessif
aux formes, aux formalités. On n'avait
à lui reprocher que son formalisme.

FORMALISTE. adj. des deux genres. Qui
s'attache scrupuleusement aux formes, aux
formalités. Les Romains étaient extrêmement
formalistes dans leur religion.
Substantivement,
Un formaliste.

Il signifie aussi Qui est vétilleux dans les
moindres choses. On ne peut vivre avec lui, il
est trop formaliste.

FORMALITÉ. n. f. Formule prescrite
obligatoirement pour la validité de certains
actes civils, judiciaires, administratifs, religieux.
Les formalités nécessaires à la validité
d'un contrat, d'un testament, d'un mariage. Il y
manque une formalité. Cette formalité est
requise, elle est de rigueur. Formalité qu'on
doit remplir à peine de nullité. Manquer,
s'attacher aux formalités. Accomplir les formalités
d'usage.

Il se dit encore de Certains usages et actes
d'une civilité recherchée. Il attachait une grande
importance aux moindres formalités de l'étiquette.
Il entra et s'assit, sans autre formalité,
sans plus de formalités.

FORMAT. n. m. T. d'Imprimerie et de
Librairie
. La dimension d'un volume en
hauteur et en largeur : elle est généralement
déterminée par le nombre de feuillets que
chaque feuille renferme. Dans le format in-
folio, la feuille n'a que deux feuillets, n'est pliée
qu'en deux. Le format in-quarto a quatre
feuillets ou huit pages; le format in-octavo,
huit feuillets ou seize pages; etc. Grand format.
Petit format. Le format d'un volume. Cet
ouvrage a été imprimé en plusieurs formats.

FORMATEUR, TRICE. n. Celui, celle qui
forme. Il ne s'emploie guère que dans le style
soutenu. On a appelé Dieu le parfait architecte
et l'absolu formateur de tout ce qui est.

FORMATION. n. f. Action de former ou
Résultat de cette action. La formation des
métaux dans les entrailles de la terre. La formation
de ce terrain paraît due à des éruptions
volcaniques. La formation d'un abcès.

Il se dit particulièrement, en termes de
Théorie militaire, du Mouvement par lequel
une troupe prend une certaine disposition et
de l'État où elle se trouve après cette disposition.
La formation en colonne. La formation
en bataille.

Il se dit, par extension, de Tout groupement
militaire. Formations d'arrière. Formations de
réserve. Formations sanitaires. La formation
d'un régiment, d'une compagnie. Les principes
de la formation en bataille.
Il se dit aussi
du Régiment, de la compagnie ainsi formés.

Il désigne, en termes de Géologie, l'Ensemble
des couches ou portions de terrains, de gîtes
quelconques de substances minérales qui
paraissent dater de la même époque. Les
terrains des environs de Paris sont de formation
gypseuse. Des couches de même formation. Les
formations schisteuses, calcaires.

Il désigne aussi, en termes de Grammaire,
la Manière dont un mot se forme d'un autre
mot, ou dont un mot passe par ses diverses
formes. La formation du pluriel. La formation
d'un temps, d'un mode. La formation de mots
par dérivation, par composition, etc. Règles
de formation.

FORME. n. f. Figure extérieure d'un corps,
configuration d'une chose. La forme d'un
homme. La forme d'un animal. La forme d'un
oiseau. La forme d'un poisson. L'excellence de
la forme humaine. Il est si défiguré qu'il n'a
presque pas forme humaine. La forme du visage.
La forme de la tête, de la bouche, du nez, de
l'oreille. Ils revêtent toutes sortes de formes. Le
dieu prit la forme d'un vieillard. Changer de
forme. L'ange apparut au jeune Tobie sous la
forme d'un voyageur. Une cour de forme carrée.
Forme ronde, circulaire, ovale. Cette montagne
est en forme de cône, a la forme d'un cône.
Tailler quelque chose en forme de croissant. La
forme d'un vase, d'un dôme. Cela commence à
prendre forme, à prendre une bonne forme, une
meilleure forme.
Fig., J'y ai vu la misère sous
toutes ses formes. C'est toujours le même sentiment
sons une forme différente.

Il se dit particulièrement au pluriel des
Contours d'un objet. On l'emploie fréquemment
en ce sens dans les arts du dessin. Les
formes du corps. Cet homme a des formes athlétiques.
Cet animal a des formes sveltes, gracieuses.
Étudier les belles formes. La beauté,
l'élégance des formes. Les formes élancées de
l'architecture gothique.

En termes de Philosophie, il signifie Cause
idéale qui détermine la matière à être telle
ou telle chose. La matière et la forme. La
matière est susceptible de toutes sortes de formes,
reçoit toutes sortes de formes.
Spécialement,
chez les Scolastiques, Forme substantielle,
Forme inhérente à la substance, forme qui
détermine et complète l'être.

En termes de Théologie, La forme d'un
sacrement,
Les paroles sacramentelles que le
prêtre prononce en le conférant, par opposition
à La matière du sacrement. Les paroles,
Je te baptise, etc., sont la forme du sacrement
de baptême, et l'eau en est la matière.

En termes de Grammaire, Formes grammaticales,
Celles que revêtent les noms, les
adjectifs suivant leur genre et leur nombre
et les verbes suivant les modes et les temps.

Il se dit encore, figurément, de la Constitution,
du mode particulier de certaines
choses. Changer la forme du gouvernement. La
forme de l'administration n'était pas la même
dans toutes les provinces.

Il désigne en outre la Manière dont une
chose est ou peut être faite, présentée, traitée;
par opposition à Ce qui constitue essentiellement
cette chose, à ce qui en fait le fond. La
forme de cette critique est très courtoise. La forme
d'un compliment. Donner au récit d'un voyage
la forme d'un journal. Préceptes, instructions
en forme de dialogue. Il a choisi la forme de
l'apologue. Cela pèche par la forme. Le vice de
la forme ne détruit pas le mérite du fond. Il a su
donner à ce sujet une forme neuve et originale.
La forme a rajeuni le fond. On changea la forme
de l'acte, mais en conservant le fond.

La forme d'un argument, La manière dont
ses parties sont disposées. Mettre un argument
en forme. Votre argument n'est pas en forme.

Forme d'un raisonnement, Manière dont
les parties doivent être disposées pour obéir
aux règles de la Logique. Un raisonnement
en forme.

Sous forme de... En manière de... Dire quelque
chose sous forme d'avis, sous forme de compliment.

Il signifie aussi Manière ou façon d'être et
d'agir, de se conduire, de procéder, etc.,
conforme à certains usages, à certaines règles
établies. Prescrire une forme de conduite. Le
mariage a été fait dans les formes. Il n'y manquait
aucune forme. Traiter une maladie dans
les formes. Formes légales. Formes judiciaires.
Forme de justice. Il faut observer les formes.
Les formes requises. Se tenir dans les formes.
Manquer, pécher dans la forme, par le forme.
Défaut de forme. Vice de forme. Sans autres
formes de procès. Se dispenser des formes. Se
tenir, s'en tenir aux formes. Contrat en bonne
forme. Un acte en bonne et due forme. En quelque
forme et manière que ce soit. En la forme
accoutumée. Un acte délivré en forme exécutoire.

Être en bonne forme, être en forme, Être
dans la condition physique la plus favorable
à l'effort qu'on doit fournir. Le lutteur est en
forme, en bonne forme. Ce cheval est en forme,
en pleine forme.

Pour la forme, Afin de se conformer aux
usages reçus ou de sauver les apparences.
J'irai le voir seulement pour la forme. C'est une
chose qu'il faut faire pour la forme. J'ai dit
cela pour la forme.

Au pluriel, il se dit quelquefois des Façons
de s'exprimer ou d'agir propres à une personne.
Il a des formes un peu rudes, mais c'est
un excellent homme. Des formes grossières.
Des formes polies, honnêtes.
On l'emploie
même, absolument dans le sens de Façons
polies allant jusqu'à l'élégance. C'est un homme
qui a des formes, qui manque de formes.

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