Dictionnaire de l'Académie Française,
6ème edition (1835)

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les chenets, etc. Un feu garni d'argent. Acheter un feu.

Le coin du feu, Un des deux côtés de la cheminée, où l'on s'assied ordinairement pour se chauffer.

Fig. et fam., Ne bouger du coin du feu, du coin de son feu, Garder presque toujours la maison. N'aimer que le coin de son feu, Aimer la vie retirée. On dit dans un sens analogue, Les plaisirs du coin du feu.

Fig. et fam., Il n'a jamais quitté le coin de son feu, se dit De celui qui n'a point voyagé.

Fig. et fam., Allez lui dire cela au coin de son feu, on Allez lui dire cela, et vous chauffer au coin de son feu, Vous ne seriez pas bien venu à lui tenir ce langage dans un lieu où il serait le maître.

FEU se prend encore pour Le feu qu'on entretient ordinairement dans une cheminée ou dans un poêle. Il a presque toujours dix feux dans sa maison.

Il signifie, par extension, Un ménage, une famille logée dans une maison. Il y a cent feux dans ce village. Cette ville est composée de tant de feux.

Prov., N'avoir ni feu ni lieu, Être vagabond, sans demeure assurée; ou Être extrêmement pauvre.

FEU se prend aussi pour La simple lueur des flambeaux, des torches, des fanaux, etc. Il est défendu de chasser au feu, de pêcher au feu. Il y avait des feux allumés sur la côte. Mettre des feux sur des vaisseaux.

Poétiq., Les feux du firmament, les feux de la nuit, Les astres. Les feux du jour, de l'aurore, etc., L'éclat du jour, de l'aurore, etc.

FEU se dit particulièrement, en termes de Palais, Des bougies qui, aux audiences des criées, sont allumées pour déterminer la durée du temps pendant lequel on peut enchérir. Aucune adjudication ne peut être faite qu'après l'extinction de trois feux.

Il se dit encore figurément, au Théâtre, de Ce qu'un acteur reçoit en sus de ses appointements fixes, chaque fois qu'il joue. Cet acteur a tant pour ses feux.

FEU se dit en outre Des météores enflammés et des éclairs. On vit des feux briller dans l'air. L'air était tout en feu pendant cet orage.

Feu Saint-Elme, se dit, parmi les marins, de Certains feux ou météores qui paraissent quelquefois en mer, dans les nuits obscures, lorsque le ciel est très-orageux, et qui parcourent l'extrémité des mâts, des vergues, etc., sous la forme d'aigrettes lumineuses. On croit que le feu Saint-Elme est dû à l'électricité.

Feu follet, Espèce de météore, d'exhalaison enflammée qui se montre quelquefois dans les endroits marécageux. Feu grisou: voyez GRISOU.

Fig. et fam., Cette passion, ce goût si vif cessera bientôt, ce n'est qu'un feu follet.

FEU se dit figurément Du brillant, de l'éclat de certaines choses. Il a les yeux vifs et pleins de feu. Le feu de ses regards. Ce diamant jette beaucoup de feu. Le feu d'un rubis.

FEU signifie aussi, Inflammation, vive chaleur, ou État de ce qui est extrêmement échauffé, animé. Le feu de la fièvre. Je sens un feu dans les entrailles. Le feu est encore à cette plaie. Avoir la bouche toute en feu, le palais tout en feu. Il était si fort en colère, qu'il avait les yeux tout en feu, que le feu lui montait au visage. Être tout en feu.

Feu volage, Sorte d'éruption qui vient au visage, et particulièrement aux lèvres, surtout chez les enfants.

Feu Saint-Antoine. Nom que l'on a donné à une espèce d'érésipèle ou de charbon pestilentiel.

FEU se dit figurément, dans le sens qui précède, pour Ardeur, violence, véhémence, en parlant Des sentiments, des passions, des grands mouvements de l'âme, etc. Le feu de la jeunesse. Le feu des passions. Le feu des désirs. Amortir le feu de la concupiscence. Quand le premier feu, quand le feu de sa colère sera passé. Le feu du courage. Cela parut diminuer le feu de son zèle.

Être de feu, tout de feu pour quelque chose, En être fort engoué. Il est tout de feu pour cette opinion.

Le feu de la composition, se dit, en Littérature et dans les Beaux-Arts, de L'espèce d'entraînement, d'application ardente avec laquelle on se livre à la composition d'un ouvrage, dans les moments d'inspiration. Ces fautes peuvent échapper à l'écrivain, à l'artiste dans le feu de la composition, lorsqu'il est dans le feu de la composition. On dit en un sens analogue, Dans le feu de l'action.

FEU se dit poétiquement, au figuré, en parlant De la passion de l'amour. Le feu de l'amour. Le feu dont il brûle. Rien n'a pu éteindre ses feux. Des feux constants. Nourrir dans son âme des feux criminels.

FEU se dit aussi, figurément, de La vivacité d'action, de mouvement, de geste, d'esprit, d'imagination, de style, etc. Cet orateur a du feu. Cet écrit est plein de feu. Ce peintre, ce poëte a beaucoup de feu dans l'imagination. Le feu de l'imagination. Ce cheval a beaucoup de feu. On dit dans un sens analogue: C'est un esprit tout de feu. Une âme de feu. Etc.

Ce vin, cette eau-de-vie, etc., a du feu, a trop de feu, Ce vin, cette eau-de-vie a beaucoup de chaleur, a trop de chaleur.

FEU se dit quelquefois, particulièrement, de L'inspiration. Être plein d'un beau feu. Il ne sait pas régler son feu.

FEU se dit encore, figurément, en parlant De la guerre, des séditions, des troubles civils, des mouvements populaires, etc. Rallumer le feu de la guerre. Cet événement allait mettre en feu toute l'Europe. Allumer le feu de la discorde. Éteindre le feu de la sédition. On fit courir de mauvais bruits qui mirent toute la ville en feu.

FEU, EUE. adj. Défunt. Feu mon père. Feu mon oncle. Quand on dit, Le feu pape, le feu roi, la feue reine, etc., on entend toujours Le pape dernier mort, le roi dernier mort, la reine dernière morte, etc. Cet adjectif n'a point de pluriel; et il ne prend pas la terminaison féminine lorsqu'il est placé avant l'article ou avant l'adjectif possessif: ainsi l'on doit dire, Feu la reine, feu ma soeur, feu ma tante, etc., et non, Feue la reine, feue ma soeur, etc.

FEUDATAIRE. s. des deux genres Vassal; celui ou celle qui possède un fief, et qui doit la foi et hommage au seigneur suzerain. Le comte de Flandre était feudataire de la couronne. Il était feudataire d'un tel. Les grands feudataires de l'Empire.

FEUDISTE. s. m. Homme versé dans la matière des fiefs. Un savant feudiste.

Il est aussi adjectif. Un docteur feudiste.

FEUILLAGE. s. m. coll. Toutes les feuilles d'un ou de plusieurs arbres. Le feuillage de cet arbre est très-beau. Feuillage vert. Feuillage touffu. Feuillage épais. Feuillage sombre. Se retirer, se mettre à couvert sous un feuillage, sous le feuillage.

Il se dit aussi de Branches d'arbres couvertes de feuilles, et même quelquefois d'Un amas de feuilles vertes détachées de l'arbre. Un arc de triomphe fait de feuillage. La porte était ornée de feuillage. Un lit de feuillage.

Il se dit également de Certaines représentations capricieuses de feuillage, soit en sculpture, soit en ouvrage de tapisserie, etc. Une bordure ornée de feuillages. Damas à grands feuillages.

FEUILLAISON. s. f. T. de Botan. Renouvellement annuel des feuilles, produit par le développement des bourgeons. L'époque de la feuillaison.

FEUILLANT, ANTINE. s. Religieux, religieuse de l'étroite observance de Saint-Bernard. L'abbaye chef d'ordre des feuillants était au village de Feuillans, en Languedoc. Couvent de feuillantines.

FEUILLANTINE. s. f. Sorte de pâtisserie feuilletée.

FEUILLARD. s. m. Il se dit Des branches de châtaignier ou de saule, fendues en deux, dont les tonneliers font des cercles. Une botte, un paquet de feuillard. On appelle Feuillard de fer, Des bandes de fer, étroites et minces, qui servent au même usage.

FEUILLE. s. f. On appelle ainsi Les parties du végétal qui naissent des tiges et des rameaux, quelquefois de la racine, qui sont communément vertes, minces et planes, mais qui, dans beaucoup de plantes, offrent une grande variété de formes et de couleurs. La queue ou le pétiole d'une feuille. Les nervures d'une feuille. Le bord ou le limbe d'une feuille. Feuilles épaisses, charnues, cylindriques, pointues, épineuses, piquantes. Feuille large et longue. Le parenchyme d'une feuille. Feuilles sessiles. Feuilles pétiolées. Feuilles entières, dentées en scie, cordiformes, oblongues, lancéolées, lobées, digitées, etc. Feuilles de chêne, de noyer, de laurier, de palmier, de vigne, de lierre. Cet arbre est bien garni de feuilles, a perdu ses feuilles. Le bruit, le murmure des feuilles agitées par le vent. Un amas de feuilles sèches. Lit de feuilles. Feuilles de poirée, d'artichaut, de persil. Décoction de feuilles de mauve. Les feuilles de cette plante se mangent en salade.

Feuille composée, Celle qui est formée de plusieurs folioles attachées à un pétiole commun. Feuille simple, Celle qui est d'une seule pièce, soit entière, soit découpée sur ses bords. Les feuilles du marronnier sont composées, et celles du chêne sont simples.

La chute des feuilles, La saison où les feuilles tombent. Il mourut à la chute des feuilles.

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