ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS
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veur étant mort paralytique à la suite d'une jaunisse, il
n'apperçut dans le cadavre d'autre altération dans
les visceres qu'un skirrhe considérable du pancréas,
& la bile extravasée par - tout; elle étoit épaisse &
noire dans la vésicule du fiel, elle enduisoit comme
une colle les parois de l'estomac & en occupoit tous
les replis, elle avoit teint la liqueur du péricarde,
&c.
De toutes ces observations que conclure, sinon
qu'on n'est pas plus avancé qu'avant de les avoir faites;
qu'on n'a rien d'assuré à donner sur l'aethiologie
de la paralysie, & que par conséquent le parti le plus
sage & le plus sûr est de garder le silence plûtôt que
de débiter des absurdités à pure perte? tenons - nous
en aux seuls faits que nous connoissons, savoir que
les nerfs sont affectés; ne cherchons pas à penétrer
le comment: appliquons - nous à bien connoître les
causes qui ont agi, pour opérer en conséquence; regardons
le fluide nerveux comme gratuitement supposé
& absolument inutile, & les obstructions des
nerfs comme insuffisantes & trop peu générales; si
quelquefois cette cause a lieu, & cela peut arriver
puisque les nerfs ont des vaisseaux, qu'ils se nourrissent,
& vraissemblablement servent à la nutrition de
toutes les parties, on peut croire que ce n'est que
dans le cas de paralysie avec atrophie.
Nous pouvons cependant tirer quelque parti des
observations précédentes pour le pronostic de la
paralysie; elles nous font voir que les causes qui l'excitent
souvent agissent en produisant dans des parties
essentielles une altération considérable & qu'il est impossible
de corriger, de - là tant de paralysies mortelles,
& qui éludent l'efficacité des remedes les plus appropriés;
ce n'est guère que dans les jeunes gens que la
paralysie est susceptible de guérison lorsqu'elle est incomplette,
& l'effet de quelques causes accidentelles;
celle qui est produite par des coups, des blessures,
des chûtes, &c. est incurable lorsqu'elle ne reçoit
aucun soulagement des premiers secours qu'on emploie,
ou qu'on y remédie trop tard, ou que ces causes
ont occasionné la luxation des vertebres du dos,
& dans ce dernier cas elle est pour l'ordi faire assez
promptement mortelle; les exemples du contraire
sont très - rares; j'ai été le témoin d'une; lorsque la
paralysie occupe le gosier, l'estomac, les intestins, la
vessie, les muscles de la respiration, le diaphragme,
&c. le défaut des fonctions auxquelles ces parties servent,
augmente encore le danger & hâte la mort des
malades. Hérophile prétend avoir observé la paralysie
du coeur, lorsqu'elle a lieu la mort succede subitement.
Les paralysies avec froid & atrophie sont plus
dangereuses; si le tremblement survient, c'est un
très - bon signe qui doit faire espérer la guérison; on
a vû quelquefois la fievre & les passions d'ame vives,
sur - tout la colere, l'opérer; Tite, fils de Vespasien,
fut, au rapport des historiens, guéri par la colere
d'une paralysie. Fabrice de Hilden raconte qu'un enfant
qui avoit le bras paralytique, guérit en se le
cassant. Observ. chirurg. cent. III.
Il n'est pas prudent de se fier aux forces de la nature
pour la guérison de la paralysie, ni de compter
sur des accidens heureux; cette maladie n'est pas du
nombre de celles qui se combattent par leurs propres
efforts, au contraire elle s'enracine & s'opiniâtre
par le tems, & demande en conséquence des secours
aussi prompts que décisifs; leur effet doit être
de rappeller le mouvement & le sentiment dans les
parties qui en sont privées, & pour cela de ranimer
les nerfs engourdis & de leur redonner le ton, de la
force & de l'activité. Les remedes stimulans, nervins,
spiritueux, toniques sont les plus propres pour l'ordinaire
à remplir ces indications générales; l'observation
dans bien des cas, d'accord avec le raisonnement,
justifie leur usage & constate leur succès; mais
comment agissent - ils pour produire ces effets? Est - ce
en secouant la machine, en irritant les nerfs, en augmentant
leur vibration, en réveillant le jeu de certains
organes, ou en évacuant, en desobstruant, en
dissipant les cause sde la maladie, &c! c'est ce qu'il
n'est ni possible ni utile de déterminer; dans quelques
cas particuliers où il y a pléthore, où la paralysie est dûe à la suppression des excrétions sanguines,
la saignée peut avoir lieu; hors de ces cas où la nécessité
est bien marquée, il faut s'abstenir de ce secours
indifférent, deplacé, & même très - pernicieux
s'il étoit réitéré. On doit attendre un effet plus certain
& plus constant des émétiques, des purgatifs
forts, des lavemens âcres, souvent répétés, les boissons
sudorifiques & purgatives sont tres - efficaces; la
double action qui résulte de ces deux différens remedes
fait dans la machine une heureuse révolution, y
jette une sorte de trouble avantageux; je me suis
servi plus d'une fois avec succès de cette combinaison
qui paroit bisarre; on peut encore employer à
l'usage intérieur, les remedes spiritueux dont on varie
l'activité suivant les tempéramens & suivant les
cas; dans cette classe sont les différens esprits & sels
volatils, les esprits aromatiques huileux de Sylvius,
les huiles essentielles & animales, les eaux spiritueuses
aromatiques, & enfin les plantes même qu'on
donne en conserve, en poudre; en opiate, en infusion,
&c. il faut soutenir & animer l'action de ces médicamens
internes par les irritans & fortifians extérieurs,
universels & topiques; tels sont les vésicatoires,
les ventouses, l'urtication, les frictions séches
faites avec des étoffes de laine, pénétrées de la
vapeur des plantes & des résines aromatiques, les linimens
avec les baumes nervins & spiritueux, les
bains & les fomentations aromatiques, les stimulans
moyens, les érosions sternutatoires, sialagogues,
apophlegmatisans, peuvent être employés en même
tems & opérer quelques bons effets, soit par l'irritation
faite au système nerveux, soit par l'évacuation
qui en est une suite faite par les glandes du nez & de
la bouche qui dégagent assez promptement la tête.
On trouve dans les écrits des médecins allemands un
grand nombre de formules de remedes qu'ils donnent
pour éminemment anti - paralytiques; mais ce
sont souvent des remedes indifférens, fatua, tels que
leur fameuse teinture de marcassite sulphureuse, par
l'esprit de vin si vantée par Cnvëffell, leur poudre
préparée avec le cinabre, les os humains, les magisteres
de perle, leur baume fait avec la graisse d'ours
& la moëlle de jambe de boeuf, &c. ou ce sont des
compositions informes de tous les remedes qui ont
quelque énergie. De tous les secours les plus appropriés
contre la paralysie, les eaux minérales chaudes
ou termales sont ceux qui sont le plus universellement
célébrés, & qui méritent le mieux les éloges
qu'on en fait. Voyez les articles minérales, eaux, &
Thermales. On y voit tous les jours se renouvelrer
les miracles de la piscine probatoire, & s'y opérer
des guérisons surprenantes; on peut les prendre
intérieurement, & s'en servir en bains, en douches,
& en étuves; leur principal effet dépend de la chaleur;
dans les cas où l'on ne pourroit pas porter les
malades à la source ou se procurer ces eaux, il seroit
très - facile de les imiter ou de les suppléer. Les plus
renommées en France sont celles de Balaruc, de
Bourbonne, de Vichy, de Barége, de Cauterets, &c.
Quelques auteurs, avec Willis, regardent le mercure
comme un des plus excellens remedes contre
la paralysie; ils rapportent plusieurs observations
qui constatent les succès complets de la salivation;
c'est une ressource qu'il seroit imprudent de négliger,
sur - tout lorsqu'on a inutilement employé les
autres remedes: il en est de même de l'électricité,
qui a eu pendant un certain tems beaucoup de ré<pb->
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