ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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auteurs ont parlé des coliques bilieuses qui dégénéroient en paralysie, il y a apparence qu'ils ont confondu ces coliques avec la colique minérale, qu'ils ne connoissoient pas, d'autres sans savoir que cette colique fût une maladie particuliere, l'ont cependant très - bien décrite; observant que des coliques produites par des vins, altérés avec la litharge, s'étoient terminés par la paralysie; le mercure donne aussi très - souvent naissance à la paralysie, soit qu'on le prenne intérieurement à trop haute dose, soit qu'on en respire les vapeurs, soit enfin qu'on le manie pendant très - long - tems. On prétend que le simple toucher d'un poisson appellé pour cet effet torpedo, engourdit & paralyse la main. A ces causes, on peut ajouter celles qui sont locales, telles que les fractures, les luxations, les blessures des membres qui sont suivies de leur paralysie. Schultzius rapporte, qu'une saignée mal - faite donna lieu à une paralysie du bras; suivant l'observation de Cortnummius, une tumeur dans le pli du bras produisoit le même effet; enfin, on a vû des paralysies héréditaires se manifester sans cause apparente dans les peres & les enfans au même âge, telle est celle qu'a observé Olaüs Borrichius, dans un organiste qui refusa d'essayer de la dissiper par aucun remede, parce que son pere qui en avoit été atteint au même âge avoit inutilement employé toutes sortes de remedes.

Quelque différentes & multipliées que soient ces causes, il y a lieu de penser que leur action porte toujours sur le même organe, c'est - à - dire sur les nerfs immédiatement destinés à répandre dans toutes les parties la vie, ou le mouvement & le sentiment; ils peuvent seuls, par leur altération, occasionner des dérangemens dans l'une ou l'autre de ces fonctions; mais, ne seroit - il pas nécessaire de distinguer deux especes de nerfs, dont les uns donneroient la sensibilité, & les autres la mobilité; cette distinction paroit indispensable pour expliquer les paralysies dans lesquelles le mouvement subsiste, le sentiment étant aboli; ou au contraire les parties ayant perdu la faculté de se mouvoir, conservent leur sensibilité. Cette explication assez heureuse, mais gratuite, peut subsister jusqu'à ce qu'on en trouve une autre plus conforme aux lois de l'économie animale, & plus satisfaisante. Pour que les parties puissent sentir & se mouvoir, il faut que les nerfs qui servent à ces fonctions soient libres & entiers depuis la partie jusqu'à leur origine, c'est - à - dire jusqu'au cerveau ou la moëlle alongée qui n'en est qu'une proiongation; si on les lie, si on les coupe, si on les blesse, si on les comprime, &c. dans leur cours, la partie où ils aboutissent devient sur - le - champ paralytique; ainsi les causes de la paralysie peuvent agir ou sur la partie même, ou sur les portions intermédiaires des nerfs, ou ce qui est le plus ordinaire, sur leur origine, qui est le siege des sensations; le dérangement qu'elles produisent dans cette partie, nécessaire pour exciter la paralysie, n'est point connu du - tout; les différens auteurs se sont d'autant plus attachés à pénétrer ce mystere qu'il est plus difficile à débrouiller; mais leurs travaux & leurs recherches n'ont servi qu'à prouver encore mieux son impénétrabilité. Les idées qu'ils ont essayé d'en donner sont toutes plus ou moins ridicules, plus ou moins in - vraissemblables; quelques - uns avoient assez ingénieusement manié dans ce cas le fluide nerveux, & en le supposant d'une nature électrique avoient donné des explications assez spécieuses, mais qui dans le fond n'ont servi qu'à amuser & à faire disputer dans les écoles, & qui ont fait rire le praticien observateur pour qui elles n'étoient point faites. Je me garderai bien de surcharger cet article du détail des différentes opinions qu'il y a eu sur cette cause prochaine de la patalysie, leur fausseté manifeste m'évite la peine que j'aurois été forcé de prendre si ces théories faites avec plus d'art & voilées sous les apparences de la vérité avoient exigé une réfutation suivie; & s'il eût été nécessaire de suivre pas - à - pas les auteurs pour montrer leurs paralogismes moins évidens.

Les observations faites sur les cadavres de personnes mortes de paralysies n'ont, comme à l'ordinaire, répandu aucun jour sur le méchanisme de ses causes, & sur les remedes par lesquels il falloit la combattre, elles ont presque toutes fait voir beaucoup de délabrement dans le cerveau & la moëlle alongée; quelquefois cependant on n'y a trouvé aucun dérangement, le vice étoit dans d'autres parties. Schenckius rapporte une observation qui lui a été communiquée par Jean Bauhin, d'un jeune homme né mélancholique, qui étoit sujet à de fréquentes attaques de paralysie & d'épilepsie, & qui pendant ce tems avoit tout le côté droit en convulsion & le gauche paralysé; à sa mort & à l'ouverture du cadavre on vit les veines de la pie - mere du côté droit prodigieusement distendues & noirâtres, & un abscès dans la partie correspondante du cerveau. Tulpius, Valeriola, Scultetus rapportent d'autres exemples d'abscès dans le cerveau trouvés dans des personnes paralytiques. R * * * * * dans ses lettres à Bartholin, qu'on lit parmi celles de cet auteur, fait mention d'un enfant paralytique à la suite d'une fracture du crâne, dans lequel le cerveau s'épuisa en champignon, jusqu'au corps calleux qu'on voyoit d'abord après avoir enlevé le crâne; dans plusieurs paralytiques on n'a trouvé d'autre cause apparente qu'un amas de sérosités dans le cerveau & la moëlle alongée. Plater, Willis, Bonnet rapportent plusieurs exemples de paralysies dépendantes, ou du - moins accompagnées de l'extravasation de sérosités. Brunner dit que dans un hémiplégique il ne trouva qu'un côté de l'origine de la moëlle alongée inondé de sérosités extravasées, & comprimé par des tumeurs. Cet auteur ajoute que dans le cerveau de plusieurs personnes mortes paralytiques il a observé des tumeurs enkistées. Wepfer a fait la même observation dans un jeune homme devenu subitement hémiplégique, & mort peu de tems après; toute la fosse antérieure du crâne parut à Willis remplie de sang, en partie ichoreux & en partie grumelé; dans un autre paralytique, qui avoit été auparavant apoplectique, Bartholin trouva tous les ventricules distendus de sang, qui venoit des vaisseaux crevés du plexus choroïde. On lit un grand nombre d'observations semblables dans les recueils & les compilations qu'en on fait différens auteurs, Bonnet, Tulpius, Schenckius, &c. dans les Mémoires des curieux de la nature, dans la Bibliotheque pratique de Manget, où nous renvoyons les lecteurs curieux. Dans quelque espece de paralysie on ne voit ni dans le cerveau ni dans la moëlle alongée aucune espece d'altération; c'est sur - tout dans les paralysies hystériques & dans celles qui succedent à la colique; dans le premier cas il n'y a souvent aucun dérangement sensible dans toute la machine; dans les autres le vice principal est dans les organes du bas - ventre, & sur - tout dans le foie & les visceres qui en dépendent. Volcher - Coiter, dans un de ces paralytiques, ne trouva dans le crâne qu'un peu de sérosité ichoreuse, qu'il présume même avoir été fournie par les vaisseaux qu'il avoit été obligé de couper; le foie lui parut obstrué, la vésicule du fiel distendue par une bile épaisse & noirâtre, l'estomac rempli de matieres vertes porracées, & le colon mal conformé. Dans un homme sujet à des vomissemens bilieux, & qui après leur cessation essuya une fievre intermittente, & mourut enfin paralytique, Fernel n'observa rien de contre nature qu'une collection de plus d'une livre de bile aux environs du foie. Manget rapporte qu'un vieux bu<pb->

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