Dictionnaire de l'Académie Française, 8th edition (1932-5)

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dessin. Se servir de l'estompe. Dessin à l'estompe.

ESTOMPER. v. tr. T. de Beaux-Arts. Dessiner,
ombrer avec l'estompe. Estomper légèrement.
Fig., Le paysage était estompé par une
buée légère, par des vapeurs légères.
On dit
quelquefois La ligne de montagnes s'estompe
de vapeurs roses.

Il signifie aussi figurément Adoucir, atténuer.
Il a estompé dans son discours toute cette
partie.

ESTOUFFADE. n. f. T. de Cuisine. Voyez
ÉTOUFFÉE.

ESTRADE. n. f. Construction, généralement
en bois, élevée d'une ou de plusieurs
marches sur le plancher d'une chambre, d'une
salle ou en plein air. Un lit élevé sur une
estrade. Le trône était placé sur une estrade.
Les autorités étaient assises sur l'estrade.

Fig., Monter sur l'estrade, Se donner en
spectacle, parader.

Il signifiait autrefois Chemin dans ces locutions,
usitées parmi les gens de guerre : Battre
l'estrade,
Parcourir la campagne, aller à la
découverte, pour connaître la position, les
mouvements de l'ennemi; et, Batteurs d'estrade,
Gens détachés d'une troupe pour aller à la
découverte, éclaireurs.

Batteurs d'estrade, se dit encore, familièrement,
de Ceux qui perdent leur temps à
courir les grands chemins, des coureurs d'aventures.

ESTRAGON. n. m. Herbe potagère odoriférante
dont on se sert comme assaisonnement.
Il y a trop d'estragon dans votre salade.
Vinaigre à l'estragon. Poulet à l'estragon.

ESTRAMAÇON. n. m. Tranchant d'une épée.

Coup d'estramaçon, Coup porté avec le tranchant
de l'épée, par opposition à Estocade,
Coup porté avec la pointe. Il est peu usité.

ESTRAPADE. n. f. Supplice qu'on faisait
souffrir à un condamné, en l'élevant au
haut d'une longue pièce de bois, les mains liées
derrière le dos avec une corde qui soutenait
tout le poids du corps, et en le faisant tomber
avec raideur jusqu'à deux ou trois pieds de
terre ou dans l'eau.

Il s'est dit aussi de l'Espèce de potence
au haut de laquelle on élevait un condamné
pour lui donner l'estrapade.

Il se dit par analogie, en termes de Gymnastique,
de l'Action de se suspendre par les
mains à une corde et de faire passer le corps
entre les deux bras écartés.

ESTRAPASSER. v. tr. T. de Manège. Fatiguer,
excéder un cheval, en lui faisant faire
un trop long manège.

ESTROPIER. v. tr. Priver de l'usage d'un
membre, soit par une blessure, soit par quelque
coup, soit par une maladie. Il a reçu
dans le bras, dans le genou un coup de feu
qui l'a estropié. Une paralysie l'a cruellement
estropié.
Substantivement, Un estropié, une
estropiée.

Fig., Estropier un passage, une pensée, un
exemple, une citation, etc.,
En retrancher une
partie, dont la suppression altère le sens.
Estropier un vers, Le dire de telle façon que le
rythme disparaît.

Fig. et fam., Estropier un nom propre, Le
défigurer en le prononçant ou en l'écrivant.
On dit dans le même sens Estropier les mots
d'une langue.

ESTUAIRE. n. m. T. de Géographie. Sinuosité
du littoral, qui n'est couverte d'eau qu'à
la marée montante.

Il se dit surtout, par analogie, de l'Embouchure
d'un fleuve qui forme une sorte de baie
large et longue. L'estuaire de la Seine. L'estuaire
de la Gironde.

ESTURGEON. n. m. Gros poisson de mer
qui remonte les fleuves comme le saumon.
OEufs d'esturgeon.

ÉSULE. n. f. T. de Botanique. Variété d'euphorbe.
Grande ésule. Petite ésule.

ET. (On prononce É, sans faire sentir le T.)
Conjonction qui lie entre eux les noms, les
adjectifs, les pronoms, les verbes, les adverbes
et les propositions coordonnées. Le feu et l'eau.
Bon et sage. Vous et moi. Chanter et danser.
Sagement et fortement. Il a fait cette sottise et
il est sur le point d'en faire une autre. Et le
riche et le pauvre, et le fort et le faible.

Il est quelquefois emphatique, au commencement
des phrases. Et voilà que tout d'un
coup... Et toi aussi, mon fils! Et ainsi, vous
osez me dire...

Au commencement d'une proposition ou
d'une phrase, il signifie souvent Alors. Ainsi
dit le renard, et flatteurs d'applaudir.

ET a souvent le sens de Mais. Il plie et ne
rompt pas.

ÉTABLAGE. n. m. Ce qu'on paie pour
l'attache, pour la place d'un cheval, d'un
boeuf, etc., dans une écurie, dans une étable.

ÉTABLE. n. f. Lieu où l'on loge des boeufs,
des vaches, des brebis et autres bestiaux.
Étable à boeufs, à vaches. Notre-Seigneur voulut
naître dans une étable.

ÉTABLE. n. f. T. de Marine. Ce mot s'emploie
dans l'expression Franc-étable. Voyez
ÉTRAVE et FRANC-ÉTABLE.

ÉTABLER. v. tr. Loger dans une étable,
dans une écurie. Il y a dans cette ferme de
quoi établer tant de boeufs.

ÉTABLI. n. m. Table étroite et longue,
dont la planche de dessus est fort épaisse
et sur laquelle les ouvriers de certains métiers
posent ou fixent les ouvrages auxquels ils
travaillent. L'établi d'un menuisier, d'un serrurier,
d'un armurier.

Il se dit aussi d'une Table sur laquelle les
tailleurs s'asseyent, les jambes croisées, pour
travailler.

ÉTABLIR. v. tr. Asseoir et fixer une chose
en quelque endroit, l'y rendre stable. Établir
les fondements d'un édifice. Ce mur est bien
établi sur le roc. Cette table n'a pas été bien
établie sur ses pieds.
Fig., Constantin établit le
siège de l'empire à Constantinople. Un empire
qui s'établit. Établir sa demeure, son domicile,
sa résidence en un lieu. Établir des communications,
des moyens de communication, de correspondance
entre deux villes. Une correspondance
régulière s'établit entre eux. Des relations
se sont vite établies entre ces écoliers.

Être bien établi à la cour, dans une maison,
Y avoir beaucoup de crédit.

Bien établir sa fortune, son crédit, Leur donner
des bases solides.

Établir sa réputation, La fonder, lui donner
de la consistance. Sa réputation est trop bien
établie pour que...

Il signifie quelquefois simplement Installer.
Établir un camp sous les murs d'une ville.
Ce marchand avait établi sa boutique en tel
endroit. Ils s'établirent dans le poste que l'ennemi
venait de quitter. L'armée s'établit dans
une bonne position. Cette colonie est allée s'établir
en tel endroit.
On dit aussi Établir une
manufacture, une imprimerie, un collège, etc.,
Il s'est établi plusieurs fabriques dans le voisinage
de cette ville.

Établir une machine, La construire et la
mettre en état de servir. On dit de même
Établir un livre, un rapport, un budget.

Il signifie particulièrement, au figuré,
Mettre dans un état, dans un emploi avantageux,
dans une condition stable. Ce père a
bien établi tous ses enfants. Établir quelqu'un
dans un emploi, dans l'exercice d'un emploi.
Un homme établi.

Établir une fille, La marier.

S'ÉTABLIR signifie particulièrement Fixer
sa demeure, sa résidence en quelque lieu. Il
est venu s'établir en France. Il s'est établi dans

notre ville. Il s'est établi hôtelier, horloger dans
tel quartier.

Il signifie encore particulièrement Se marier
ou prendre un état. Il songe à s'établir.

Il signifie aussi figurément Gagner la faveur,
la confiance. Se bien établir dans une ville,
dans un milieu.

ÉTABLIR signifie également Instituer et
s'applique alors tant aux Personnes qu'aux
choses. Établir un gouvernement, une administration.
Le gouvernement établi. Les lois établies.
Établir un tribunal dans une ville. S'établir
juge d'un différend.

Il se dit encore figurément, en parlant des
Lois, des opinions, des doctrines et autres
choses semblables, dont on est l'auteur, ou
que l'on fait adopter, auxquelles on commence
à donner cours. Établir de nouvelles
opinions, de nouvelles maximes. De nouveaux
usages, de nouvelles doctrines s'établirent. Ces
locutions auront bien de la peine à s'établir
dans l'usage, à s'établir. C'est une coutume,
une opinion établie, un principe établi.

On a établi que... il est établi que..., C'est
une coutume reçue que...

Il signifie en outre, figurément, Prouver,
démontrer. Il a établi sa proposition par des
raisonnements sans réplique. Il a établi son
droit sur des pièces authentiques. Établir un
compte,
Le dresser avec pièces à l'appui.

Établir des principes, Poser des principes.
Établir un fait, Exposer un fait avec ses
preuves. On dit aussi Voilà un point bien
établi.

ÉTABLISSEMENT. n. m. Action d'établir.
L'établissement d'une colonie. Les établissements
des Français dans l'Inde. Depuis l'établissement
de la monarchie. L'établissement
d'une fabrique. Frais, comptes de premier
établissement. L'établissement d'un tribunal.
L'établissement d'une législation, d'une doctrine
nouvelle.

Il se dit aussi de la Situation sociale, de
l'emploi, de la profession, du métier. Un bon,
un solide établissement. Il s'est donné beaucoup
de peine pour l'établissement de ses enfants.
Ce père a été heureux dans l'établissement de
ses filles,
Il les a bien mariées.

L'établissement d'un fait, d'un droit, L'exposition
d'un fait, d'un droit, etc., accompagnée
de preuves.

Il se dit aussi de Ce qui est établi pour l'utilité
publique, pour l'exercice ou l'exploitation
d'une industrie, etc. Établissement public.
Établissement reconnu d'utilité publique. Les
hôpitaux peuvent être des établissements publics
ou privés. Les ouvriers employés dans un établissement.
Établissement de crédit. Fermer un
établissement. Établissements dangereux, insalubres.

Les Établissements de saint Louis, Le code
de lois donné par ce prince.

En termes de Marine, L'établissement d'un
port, d'une baie,
L'heure de la haute mer dans
ce port, dans cette baie, dans la région.
Établissement des marées, Tableau qui indique
l'établissement des principaux ports de mer.

ÉTAGE. n. m. Espace entre deux planchers
dans un bâtiment. Premier, second,
troisième, quatrième étage,
ou elliptiquement
Le premier, le second, le troisième, etc. Ordinairement,
quand on parle des étages séparément,
on appelle Premier étage Celui qui
est au-dessus du rez-de-chaussée et de l'entresol.
Les étages supérieurs, inférieurs. Il a
loué le premier étage. Il occupe le second étage.
Loger au quatrième étage. Étage en mansarde.
Étage bas,
Étage peu exhaussé.

Il se dit quelquefois en parlant des Maisons
où il n'y a que le rez-de-chaussée. Dans ce
pays-là, les bâtiments ne sont qu'à un étage,
que d'un étage, n'ont qu'un étage.

Il se dit, par analogie, en parlant de Choses
disposées par rangs les unes au-dessus des
autres. Une coiffure à double, à triple étage.

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