Dictionnaire de l'Académie Française, 8th edition (1932-5)

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ESTAFETTE. n. f. Tout courrier chargé
d'une dépêche. Le général envoya cet ordre par
estafette.

ESTAFIER. n. m. Laquais de grande taille.
Il est aujourd'hui peu usité et se prend en
mauvaise part, dans le sens de Spadassin.

ESTAFILADE. n. f. Coupure, déchirure de
la peau, faite avec une épée, un rasoir ou
quelque autre instrument tranchant, principalement
sur le visage. Il lui a fait une large
estafilade sur la joue.

Il se dit encore d'une Coupure, d'une déchirure
faite à un vêtement, à une robe, etc. Il
y a une estafilade à votre manteau.

ESTAME. n. f. T. de Manufacture. Ouvrage
de fils de laine passés, enlacés par mailles
les uns dans les autres. Bas d'estame.

ESTAMINET. n. m. Salle de café où l'on peut
fumer en même temps que boire. Aller à l'estaminet.
Fréquenter les estaminets.
Il a vieilli
dans cette acception et s'emploie aujourd'hui
pour désigner un Petit café fréquenté par une
clientèle populaire.

Fig. et fam., Un pilier d'estaminet se dit
de Quelqu'un qui a l'habitude d'aller dans les
cafés.

ESTAMPAGE. n. m. Action d'estamper.
L'estampage d'une monnaie, d'un fer à cheval.

Il se dit encore d'un Procédé par lequel
on prend l'empreinte d'un monument épigraphique,
et de cette empreinte elle-même.
Cet épigraphiste a travaillé d'après des estampages.
L'estampage d'une inscription.

ESTAMPE. n. f. Image imprimée sur du
papier, sur du vélin, par le moyen d'une
planche de cuivre, d'acier ou de bois, qui est
gravée. Estampe bien noire, bien nette, bien
tirée. Les estampes du XVIIIe siècle.

En termes d'Arts, et spécialement en
termes de Serrurerie et de Maréchalerie, il se
dit de Certains outils qui servent à estamper.

ESTAMPER. v. tr. T. d'Arts. Faire une
empreinte de quelque matière dure et gravée
sur une matière plus molle. On estampe la
monnaie avec le balancier.

En termes d'Épigraphie, Estamper une inscription,
En prendre l'empreinte.

Estamper le cuir, Y former, y empreindre
des figures pour en faire des tapisseries, des
ornements, etc. Du cuir estampé.

Estamper un fer à cheval. Voyez ÉTAMPER.

ESTAMPILLAGE. n. m. Action d'estampiller
ou Résultat de cette action. L'estampillage
d'un produit pharmaceutique.

ESTAMPILLE. n. f. Marque, empreinte
qu'on applique, au lieu de signature, ou
avec la signature même, sur des brevets, des
commissions, des lettres, etc., pour mieux en
assurer l'authenticité. Timbre d'estampille.
Fig., Avoir l'estampille officielle.

Il se dit plus ordinairement d'une Marque
servant à faire connaître d'où provient une
marchandise, de quelle manufacture elle sort,
ou à constater l'acquittement de certains
droits.

Il se dit aussi d'une Marque apposée à
un livre pour indiquer la bibliothèque à
laquelle il appartient; et encore d'une Marque
apposée sur des livres, pour leur permettre
de circuler, d'être vendus.

Il se dit de plus de l'Instrument qui sert à
faire ces sortes de marques.

ESTAMPILLER. v. tr. Marquer avec une
estampille. Les fabricants estampillent les produits
de leurs manufactures. J'ai fait estampiller
tous mes livres.

ESTAMPURE. n. f. T. d'Arts. Voyez ÉTAMPURE.

ESTER. v. intr. T. de Palais. Comparaître
devant un tribunal. Il est seulement usité
dans Ester en justice, Ester en jugement; Soutenir
une action en justice, soit en demandant,
soit en défendant; ce que ne peuvent
faire les mineurs non émancipés, les personnes
frappées d'interdiction, etc. La femme ne peut
ester en jugement sans l'autorisation de son
mari.

ESTHÈTE. n. des deux genres. Celui, celle
qui professe le culte du beau. Il se prend le
plus souvent en mauvaise part.

ESTHÉTICIEN. n. m. Celui qui s'occupe
d'esthétique.

ESTHÉTIQUE. adj. des deux genres. Qui
se rapporte au sentiment du beau. Doctrines
esthétiques. Émotion esthétique,
Sentiment particulier
produit par le beau. Jugement esthétique.

Il signifie par extension Qui a un certain
caractère de beauté. Attitudes, gestes esthétiques.

Il s'emploie aussi comme nom féminin
pour désigner la Science qui a pour objet
de rechercher et de déterminer les caractères
du beau dans la nature ou dans l'art. Traité
d'esthétique. Études d'esthétique.

ESTIMABLE. adj. des deux genres. Qui
mérite d'être estimé. C'est un homme très
estimable. Un auteur, un livre estimable. Avoir
des qualités estimables.

Il implique souvent l'Idée d'un mérite médiocre
et limité. Écrivain estimable.

ESTIMATEUR. n. m. Celui qui fait l'estimation
d'un chose. Si nous ne pouvons convenir
de prix, nous prendrons des estimateurs.
Nous conviendrons d'un estimateur.
On dit
plus souvent aujourd'hui EXPERT.

Il se dit quelquefois en parlant de Choses
morales. Juste estimateur de la vertu, du mérite
des ouvrages d'esprit, etc.

ESTIMATIF. adj. m. Qui contient une
estimation. Un état, un devis estimatif. On
dit aussi ESTIMATOIRE.

ESTIMATION. n. f. Action de priser quelque
chose, d'en estimer la valeur. Juste estimation.
Prisée et estimation des meubles. Suivant
l'estimation qui en sera faite. Je m'en rapporte
à l'estimation des experts. Les enchères n'ont
pas atteint le prix de l'estimation.

Il s'emploie quelquefois en termes de Marine.
Voyez ESTIME.

ESTIMATOIRE. adj. m. Voyez ESTIMATIF.

ESTIME. n. f. Opinion favorable que l'on
a de quelqu'un, fondée sur la connaissance
de son mérite, de ses bonnes qualités, de ses
vertus. Avoir, sentir, concevoir, prendre de
l'estime, beaucoup d'estime, bien de l'estime
pour quelqu'un. Il a l'estime de ses confrères,
l'estime générale. J'ai pour lui une estime particulière,
la plus haute estime. Je l'ai en grande
estime. Honorer quelqu'un de son estime. Acquérir
l'estime publique. Il a l'estime et l'affection
de tous les gens de bien. Estime de soi-
même.
On dit de même J'ai beaucoup d'estime
pour son mérite, sa conduite inspire beaucoup
d'estime.

Il se dit aussi du Cas que l'on fait de certaines
choses. Les sciences étaient en grande
estime chez ce peuple.
On dit ironiquement
Un succès d'estime.

En termes de Marine, il se dit du Calcul
approximatif que le pilote fait tous les jours
de la distance parcourue par le navire, afin
de juger à peu près du lieu où l'on est et du
chemin qu'on a fait. Ce pilote s'est trompe
dans son estime. L'estime qu'il avait faite ne
s'est pas trouvée juste. Naviguer à l'estime.
On
dit aussi ESTIMATION. Il se dit dans ce sens
dans le langage courant. À mon estime.

ESTIMER. v. tr. Priser quelque chose,
en apprécier, en déterminer la valeur. Les
héritiers ont fait estimer les meubles, les terres,
la maison. Cette terre a été estimée tant, estimée
à tant. Combien estimez-vous cela? J'estime
mon cheval deux mille francs.

Il signifie aussi Avoir une opinion avantageuse
de quelqu'un, de quelque chose, en
faire cas. On estime fort cet homme-là. Il se
fait estimer partout. J'estime son mérite, sa
vertu. S'il a fait cette action, je l'en estime
davantage. S'estimer à sa juste valeur. Souvent
on s'estime trop soi-même. Ils s'estiment réciproquement.

Il peut signifier aussi simplement Avoir
une opinion sur une personne ou sur une
chose. Il estimait cette place imprenable. Être
estimé sage, savant. J'estime que cela est.
J'estime qu'il pourrait faire quelque difficulté.
J'estime qu'il faudra dix heures pour faire la
route. Je m'estime heureux d'avoir échappé à
ce danger.

ESTIVAGE. n. m. Action d'estiver. L'estivage
des troupeaux.

ESTIVAL, ALE. adj. Qui naît ou qui produit
en été. Fleurs estivales. Plantes estivales.

Maladies estivales, Maladies qui règnent en
été.

Stations estivales, Stations d'eaux fréquentées
pendant l'été.

ESTIVER. v. tr. Faire séjourner des troupeaux
dans les montagnes pendant les chaleurs
de l'été et la sécheresse des pâturages.

ESTOC. (On prononce le C.) n. m. Épée
longue et étroite qui ne servait qu'à percer.

Il se dit encore de la Pointe d'une épée,
d'un sabre, dans cette phrase familière,
Frapper d'estoc et de taille, Frapper de la
pointe et du tranchant.

En termes d'Eaux et Forêts, il signifie
Tronc d'arbre. Couper un arbre à blanc estoc,
Le couper à fleur de terre jusqu'à la souche.
On dit aussi Couper une forêt, faire une
coupe à blanc estoc,
En couper tout le bois,
sans y laisser de baliveaux.

ESTOCADE. n. f. Grand coup allongé
d'épée ou de fleuret, que dans la salle d'armes
on appelle Botte. On lui porta une si
rude estocade qu'il ne put la parer. Grande
estocade. Il lui allongea deux ou trois estocades
coup sur coup.

ESTOCADER. v. intr. Porter des estocades.
Il estocade rudement. Ils ont estocadé longtemps
avant de se toucher.

Il signifie, figurément et familièrement, Se
presser l'un l'autre par de vives raisons, par
des arguments. Ce sens a vieilli.

ESTOMAC. (On ne prononce pas le C.) n. m.
Organe intérieur qui, dans le corps de l'homme
ou de l'animal, est destiné à recevoir et à
digérer les aliments. L'estomac est un viscère.
L'orifice supérieur, l'orifice inférieur de l'estomac.
Bon estomac. Estomac débile. Mauvais
estomac. Estomac plein. Estomac vide. Se
remplir l'estomac. Ces viandes sont pesantes
sur l'estomac, chargent l'estomac. Son estomac
ne digère point. Les animaux ruminants ont
plusieurs estomacs.

Fig. et fam., Il a un estomac d'autruche,
c'est un estomac d'autruche, il digérerait le fer.

Voyez AUTRUCHE.

Fig. et fam., Avoir de l'estomac, Avoir du
courage, de la force de résistance, de la ténacité.

Il se prend aussi pour la Partie extérieure
du corps qui répond à la poitrine et à l'estomac.
Le creux de l'estomac. Il lui donna un
coup de poing dans l'estomac.

ESTOMAQUER. v. tr. Étonner fortement
et même offenser par ce que l'on dit ou ce
que l'on fait. De tels actes m'ont estomaqué.
J'en ai été tout estomaqué. Ce n'est pas la
peine de vous estomaquer pour si peu. Il n'a
pas sujet de s'estomaquer, de s'en estomaquer.

Il est familier.

ESTOMPE. n. f. T. de Beaux-Arts. Petit
rouleau pointu, fait de peau, de coton ou de
papier, avec lequel on étend le crayon ou le

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