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On dit au pluriel: Réparer ses forces. Recouvrer ses forces. Reprendre ses forces. Sentir augmenter ses forces. Sentir affoiblir ses forces. Perdre ses forces. Prendre de nouvelles forces. Ses forces diminuent, reviennent. Les forces lui manquent. Ses forces s'épuisent. Et dans toutes ces phrases, Forces se prend pour La vigueur de la constitution naturelle.
On dit au pluriel: Se fier à ses forces. Entreprendre par--dessus ses forces. Mesurer ses forces. Connoître ses forces, etc. Et alors dans ces exemples et dans quelques autres semblables, Forces se dit non--seulement au propre, De la vigueur naturelle du corps, mais aussi au figuré De celle de l'esprit; et du pouvoir, du bien, du crédit, de l'autorité qu'on a dans le monde.
On dit aussi, Les forces d'un État, pour dire, Tout ce qui contribue à rendre un État puissant.
On dit, La force d'une Place, en parlant De ses moyens de défense, de ses fortifications, de sa garnison, etc.
Il signifie encore, Solidité, pouvoir de résister. La force d'une poutre. La force d'un mur, d'une digue. La force de la toile. La force de cette étoffe vient de ce qu'elle est extrêmement serrée.
On appelle Force de la sève, L'abondance et la vigueur de la sève. C'est la force de la sève qui a fait pousser ces rejetons.
On dit familièrement, Il est bien force, force m'est, force lui est, etc. pour marquer La nécessité absolue et indispensable de faire quelque chose. Je voudrois bien demeurer, mais force m'est de partir. Force lui fut de se taire.
On appelle Maisons de force, Des maisons où l'on enferme les gens indisciplinables, de mauvaises moeurs, et qu'on veut corriger. On l'enferma dans une maison de force. Bicêtre est une maison de force.
On dit, Faire force de rames, pour dire, Faire ramer la Chiourme de toute sa force; et, Faire force de voiles, pour dire, Se servir de toutes les voiles, afin de prendre plus de vent, et d'aller plus vite.
Il se dit aussi au figuré et familièrement, pour dire, Faire ses efforts.
On dit, Être en force, venir en force, pour dire, Être, venir en état de se défendre ou d'attaquer.
On appelle Force majeure, Une puissance supérieure à laquelle on ne peut résister. L'autorité du Prince, du Magistrat, du Général, est une force majeure. Il faut céder à la force majeure.
On dit, La force de la vérité, pour dire, Le pouvoir que la vérité a sur l'esprit des hommes. La force de la vérité lui arrache cet aveu. Et, La force du sang, pour dire, Un mouvement secret de la nature entre les personnes les plus proches. La force du sang est extrêmement puissante. La force du sang le fit jeter au milieu des épées pour secourir son fils.
On dit aussi, La force de l'éloquence, la force du raisonnement, la force de l'évidence, la force de l'exemple, etc.
Il se dit aussi De l'esprit, et signifie Pénétration, habileté, faculté de s'appliquer long--temps. L'esprit humain n'a pas assez de force pour pénétrer les secrets de la nature. Il faut beaucoup de force d'esprit pour suivre cette démonstration.
Il signifie aussi, Grandeur et fermeté de courage. Il faut une grande force d'esprit. Il faut beaucoup de force pour soutenir les adversités. Il faut encore plus de force pour soutenir la bonne fortune. La force est une des vertus cardinales.
On dit, À forces égales, à force égale, à égalité de force, de forces, pour dire, Les forces étant supposées égales de part et d'autre.
Il s'applique aussi à l'effet total d'un tableau, et signifie, que Les ombres les plus vigoureuses sont opposées aux lumières les plus brillantes, ce qui donne la saillie et le mouvement aux objets.
À force. À force ouverte. À force de bras. De force. De vive force. Par force. À toute force. Façons de parler adverbiales, qui servent à marquer diverses sortes de violences ou d'efforts, selon les différentes choses dont on parle. Ainsi on dit, Prendre une fille de force, pour dire, La violer; Prendre une Ville de force, pour dire, L'emporter d'assaut. On dit, À force ouverte, de vive force, pour dire, Avec violence, par une violence manifeste; À force de bras, pour dire, Avec le
On dit adverbialement en ce sens, À force de soins, de peines, de sollicitations, d'empressemens, d'importunités, etc. pour dire, Par beaucoup de soins, de prières, de sollicitations, d'importunités, etc. Et, À force de prier, de presser, à force d'agir, à force de pleurer, de crier, etc. pour dire, En priant, en pressant beaucoup, en agissant beaucoup, etc.
Il s'emploie aussi substantivement. C'est un forcené.
Il signifie aussi, Prendre par force. Forcer une Place. Forcer un corps -- degarde. Forcer une barricade. Forcer un passage.
On dit, Forcer une fille, forcer une femme, pour dire, La prendre de force, la violer. Et en termes de Chasse. Forcer une bête, pour dire, La prendre avec des chiens de chasse après l'avoir courue et réduite aux abois. Forcer un lièvre. Forcer un cerf, un daim, un chevreuil.
On dit, Forcer un cheval, pour dire, Le trop pousser, le faire trop courir, l'outrer.
On dit aussi, Se forcer, pour dire, Faire quelque chose avec trop de force et de véhémence. Ne vous forcez point, vous vous ferez mal. Ne vous forcez pas tant.
On dit, Forcer nature, pour dire,
Vouloir faire plus qu'on ne peut.
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