LE DICTIONNAIRE DE L'ACADÉMIE FRANÇAISE
5ème Edition, 1798
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Fondrière
Fondrière, se dit aussi d'Un
terrain marécageux, sous lequel les
eaux croupissent faute d'écoulement,
où l'on enfonce et l'on s'embourbe,
et d'où l'on a beaucoup de peine à
se tirer. Tout ce pays--là est plein de
fondrières.
FONDS
FONDS. s. m. Le sol d'Une terre,
d'un champ, d'un héritage. Être riche
en fonds de terre. Cultiver un fonds, un
mauvais fonds. Bâtir sur son fonds. Il
ne faut pas bâtir sur le fonds d'autrui.
On appelle Biens -- fonds, absolument,
Les biens réels, comme les
fonds de terre et les maisons. Il a
cent mille écus en biens immeubles; savoir,
cinquante mille écus en biensfonds,
et cinquante mille écus en contrats.
On appelle Fonds perdu, Une somme
d'argent employée de telle sorte, que
celui auquel elle appartenoit s'est dépouillé
entièrement de son principal,
et ne s'en est réservé qu'un revenu sa
vie durant.
Fonds
Fonds, se dit aussi d'Une somme
considérable d'argent destinée à quelque
usage. Les fonds de l'Épargne. Les
fonds destinés pour la guerre, pour les
bâtimens, pour l'artillerie, pour la marine.
N'avoir point de fonds pour payer.
Employer le fonds. Faire un fonds. Tous
les fonds sont divertis. Trouver un fonds.
Assigner sur un mauvais fonds. Dissiper
un fonds. Avoir, posséder de gros
fonds.
Il se dit aussi Du capital d'un bien.
Il ne mange pas seulement le revenu,
mais aussi le fonds. Ce Marchand a vendu
son fonds, et s'est retiré du négoce.
On dit, Le fonds et le très--fonds,
espèce de pléonasme, pour dire, Le
fonds et tout ce qui en dépend. Vendre
le fonds et le très--fonds. Et on dit figurément,
qu'Un homme sait le fonds et
le très--fonds d'une affaire, pour dire,
qu'Il en sait tout ce qui s'en peut
savoir.
Fonds
Fonds, se dit figurément De l'esprit,
des moeurs, du savoir, de la
capacité d'un homme. C'est un homme
qui a un grand fonds d'esprit, beaucoup
de fonds d'esprit. Cela marque un grand
fonds de savoir, un grand fonds d'érudition.
Cela part d'un grand fonds de
probité. Cela ne peut venir que d'un grand
fonds de malice. Un fonds inépuisable de
science. L'écorce est contre lui, mais le
fonds est bon. C'est un homme qui parle
beaucoup sur toute sorte de matières, mais
il n'a point de fonds.
FONGIBLE
FONGIBLE. adj. des 2 g. Il se dit
en Jurisprudence Des choses qui se
consomment, et qui se règlent par
nombrè, poids ou mesure, comme les
grains, le vin, l'huile, etc. Le blé,
le vin, l'huile, etc. sont des choses fongibles.
FONGUEUX, EUSE
FONGUEUX, EUSE. adj. Qui est
de la nature du Fongus. On appelle
Chairs fongueuses, Les chairs mollasses,
les excroissances baveuses, qui
s'élèvent en forme de champignon
dans les parties ulcerées. Ulcère fongueux.
FONGUS
FONGUS. s. m. (On pronon. l'S.)
Terme emprunté du Latin. Excroissauce
charnue, molle, spongieuse, qui
a la forme d'un champignon, et qui
vient sur une plaie, sur un ulcère. La
cause du fongus est un suc nourricier dépravé,
retenu et gâté.
FONTAINE
FONTAINE. s. fém. Eau vive qui
sort de terre. La source d'une fontaine.
Aller à la fontaine. Puiser dans la fontaine,
à la fontaine. La fontaine est bien
creuse. Fontaine claire, nette, coulante.
Fontaine trouble, bourbeuse, froide. Eau
de fontaine. Une fontaine jaillissante. Le
jet d'une fontaine. Faire une fontaine dans
un jardin, ou dans une place publique.
Un regard de fontaine. La fontaine ne
va plus.
On dit d'Une personne qui paroît
rajeunie, qu'Elle a été à la fontaine de
Jouvence.
On dit proverbialement, Il ne faut
pas dire, fontaine, je ne boirai jamais
de ton eau, Ce qui signifie, qu'Il ne
faut jamais assurer qu'on n'aura pas
besoin de telle personne ou de telle
chose.
Fontaine
Fontaine, se dit aussi De tout
le corps d'Architecture qui sert pour
l'écoulement, pour l'ornement, pour
le jeu des eaux d'une fontaine. La fontaine
des Innocens. La fontaine de Grenelle,
etc.
Fontaine
Fontaine, se dit aussi d'Un vaisseau
de cuivre, de grès, ou de quelque
autre matière, où l'on garde de
l'eau. Acheter une fontaine de cuivre pour
une cuisine. Les fontaines de cuivre sont
dangereuses.
Il se dit aussi Du robinet et du canal
de cuivre par où coule l'eau d'une
fontaine, ou le vin d'un tonneau, ou
quelque autre liqueur que ce soit.
Tourner la fontaine. La fontaine d'un
muid.
On appelle Fontaine de la tête, ou
Fontanelle, Un endroit au haut de la
tête, où aboutissent les sutures. La
fontaine de la tête est tendre et molle
aux enfans.
FONTANGE
FONTANGE. s. f. Noeud de rubans
que les femmes portent sur leur coiffure,
et qui tire son nom de Madame
de Fontange.
FONTE
FONTE. s. f. Action de fondre,
de liquéfier, de résoudre en liqueur.
La fonte des métaux. Remettre à la fonte.
Jeter en fonte. La fonte des neiges fait
déborder les rivières. La fonte des humeurs
fait de grands ravages dans le corps
humain.
On dit absolument Une fonte, pour
signifier Un rhume de cerveau.
On appelle Fer de fonte, ouvrage de
fonte, Le fer fondu, et les ouvrages
de fer fondu. Marmite de fonte. Contrecoeur
de fonte.
Fonte
Fonte, se dit aussi d'Une certaine
composition de métaux, dont le cuivre
fait la principale partie. Canon de fonte.
Mortier de fonte. Pièces de fonte.
Fonte
Fonte, se dit aussi en matière
d'Imprimerie, pour signifier Un corps
complet d'une même sorte de caractères.
Une nouvelle fonte. Une fonte de
Petit--Romain. Une fonte de nouveaux
caractères. Une fonte toute neuve.
On dit, qu'Un tableau est d'une belle
fonte, pour dire, que Les passages des
teintes sont bien liés.
FONTENIER
FONTENIER. sub. mas. Celui qui
a charge de conduire et de faire aller
les fontaines, de les entretenir, et
de les faire jouer. Maître Fontenier.
FONTICULE
FONTICULE. subst. mas. Terme
d'Anatomie. Petit ulcère artificiel pratiqué
par le Chirurgien, soit avec un
instrument tranchant, soit avec un
caustique, pour procurer, dans quelque
partie du corps, l'écoulement des
humeurs.
FONTS
FONTS. s. mas. plur. On appelle
ainsi Un grand vaisseau de pierre ou
de marbre, où l'on conserve l'eau dont
on a accoutumé de baptiser. Bénir les
Fonts. Les Fonts baptismaux.
On dit, Tenir un enfant sur les
Fonts, pour dire, En être Parrain ou
Marraine.
Et on dit figurément et familièrem.
Tenir quelqu'un sur les Fonts, pour
dire, S'en entretenir avec détail. Et
cela se dit presque également en bonne
et en mauvaise part.
On dit aussi, Tenir quelqu'un sur les
Fonts, pour dire, Le questionner, le
faire parler, l'examiner.
FOR
FOR
FOR. subst. mascul. Juridiction,
Tribunal de Justice. Il n'est d'usage
au propre que dans ces phrases: For
Ecclésiastique, For extérieur, qui se
disent De la Juridiction Ecclésiastique
en certains cas. Traduire au For
Ecclésiastique. Être absous dans le For
extérieur.
On dit, Le For intérieur, le For de
la conscience, pour dire, Le jugement
de la propre conscience. Tel homme est
absous dans le For extérieur, qui ne l'est
pas pour cela dans le For intérieur, dans
le For de la conscience.
FORAIN, AINE
FORAIN, AINE. adject. Qui est
de dehors, qui n'est pas du lieu. Il
n'est guère d'usage qu'en cette phrase,
Marchand forain. On dit au féminin,
Traite foraine, pour dire, Le droit
d'impôt et de péage qu'on prend sur
les marchandises qui entrent dans le
Royaume, ou qui en sortent. Commis
aux Traites foraines.
FORBAN
FORBAN. s. m. Corsaire qui exerce
la piraterie sans commission d'aucun
Prince, et qui attaque également ami
et ennemi. Les Forbans sont traités
comme voleurs.
FORÇAGE
FORÇAGE. subst. masc. Terme de
Monnoie. Excédant que peut avoir une
pièce au--dessus du poids prescrit par
les Ordonnances.
FORÇAT
FORÇAT. s. m. Esclave qui sert sur
les Galères, ou Criminel que la Justice
a condamné à y servir. Il y a tant
de Forçats sur cette Galère. On délivra
les Forçats.
On dit proverbialement, Travailler
comme un Forçat, pour dire, Travailler
beaucoup.
FORCE
FORCE. s. fém. Vigueur, faculté
naturelle d'agir vigoureusement. Il se
dit proprement Du corps. Force naturelle.
Grande force. Force extraordinaire.
Force de corps. Force de bras. Frapper de
toute sa force. Y aller de toute sa force.
Manquer de force. Il est dans sa force.
On dit d'Un homme d'une complexion
délicate, que C'est un homme
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