Dictionnaire de l'Académie Française,
6ème edition (1835)

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emploie pour souhaiter du bien à quelqu'un, ou pour le remercier de celui qu'on en a reçu.

Dieu vous garde ou vous gard. Ancienne façon de parler qui s'employait pour saluer quelqu'un en l'abordant.

Grâce à Dieu. Dieu merci. Dieu soit loué, en soit loué. Façons de parler qui s'emploient pour exprimer que l'on reconnaît tenir une chose de la bonté de Dieu. Elles servent quelquefois à témoigner le contentement qu'on éprouve de quelque chose. Dieu soit loué! nous voilà délivrés de cet importun.

Dieu merci et vous. Dieu merci et à vous. Façons de parler dont le peuple se servait autrefois pour témoigner de la reconnaissance, ou par civilité.

Pour l'amour de Dieu, Dans la seule vue de plaire à Dieu. Faire quelque chose pour l'amour de Dieu. Cette locution signifie, dans le discours familier, Sans aucun intérêt. On lui a donné cela pour l'amour de Dieu. Elle s'emploie aussi Lorsqu'on prie instamment quelqu'un de quelque chose: dans ce sens, elle est très-familière aux mendiants, qui demandent qu'on leur fasse l'aumône pour l'amour de Dieu. On dit quelquefois ironiquement, Comme pour l'amour de Dieu, pour exprimer qu'une chose est faite ou donnée à contre-coeur, ou qu'un don est fait avec lésinerie. On lui en a donné comme pour l'amour de Dieu.

Au nom de Dieu, s'emploie également Lorsqu'on veut prier quelqu'un avec plus d'instance.

Sur mon Dieu. Devant Dieu. Dieu m'est témoin. Dieu m'en est témoin. Locutions qui marquent affirmation et serment.

Dieu sait. Façon de parler qui s'emploie pour assurer fortement ce qu'on veut dire. Dieu sait si vous serez bien reçu. Dieu sait comme vous vous réjouirez. Nous étions dans cette compagnie tous gens de bonne humeur, Dieu sait la joie.

Dieu sait, se dit aussi pour affirmer qu'on n'a point fait une chose. Dieu sait si je l'ai fait. Dieu sait si j'en ai eu la pensée. Si j'en ai eu la pensée, Dieu le sait. Si je l'ai fait, Dieu le sait.

Dieu sait, se dit encore pour marquer l'incertitude où l'on est de quelque chose. Dieu sait ce qui en arrivera. Ce qui en arrivera, Dieu le sait. Tout cela va Dieu sait comme. On dit quelquefois dans le même sens, Dieu le sache. Vous me demandez ce que je deviendrai, Dieu le sache.

Entre Dieu et soi, Secrètement.

Dieu! Bon Dieu! Mon Dieu! Grand Dieu! Juste Dieu! etc. Exclamations d'étonnement, d'admiration, d'impatience, de douleur, d'inquiétude, de crainte, etc. Dieu, que cela est beau! Dieu, qu'il est laid! Eh! mon Dieu, laissons cela. Bon Dieu, qu'il est lent! Oh Dieu, que je souffre! Mon Dieu, que va-t-il arriver? Mon Dieu, ayez pitié de moi! Dieu, quel malheur! Ah! mon Dieu, qu'avez-vous fait?

DIEU se dit aussi Des fausses divinités qu'adorent les nations païennes. Employé absolument et au pluriel, il s'entend ordinairement Des divinités du paganisme ancien. Les dieux des gentils. Les faux dieux. Les dieux de la Fable. Les dieux de l'Olympe. Les douze grands dieux. Les dieux du premier ordre. Les dieux du second ordre. Jupiter est le maître des dieux, le père des hommes et des dieux. Neptune est le dieu de la mer. Mars, dieu de la guerre. Le dieu de la poésie est Apollon. Les dieux infernaux. Les dieux marins. Le combat des Titans contre les dieux. Le courroux des dieux. Cybèle est appelée la Mère des dieux. Les dieux indigètes. Les dieux lares. Le dieu tutélaire d'une cité. Les dieux protecteurs. Dieux! Grands dieux! Plût aux dieux! Sacrifier aux dieux. Renverser les temples des dieux. Mettre au rang des dieux. Les dieux de la Gaule, de la Germanie. Les dieux fétiches. Les dieux de l'Inde. Le dieu Vichnou. Ils représentent leurs dieux sous des formes bizarres et monstrueuses. En ce sens, il a un féminin, qui est Déesse: voyez ce mot.

Demi-dieu, Être fabuleux qui est censé participer de la nature divine, comme les faunes. Il se dit aussi d'Un homme que l'on croyait né d'un dieu et d'une mortelle, comme Hercule.

Fig. et fam., Promettre, jurer ses grands dieux, Promettre, affirmer avec de grands serments.

Fig., Les dieux de la terre, se dit Des rois, des princes souverains, et en général de Ceux qui ont beaucoup d'autorité et de pouvoir. L'Écriture sainte appelle aussi figurément Dieux, Les hommes qui ont l'autorité. J'ai dit, vous êtes des dieux. Il sera amené devant les dieux, Devant les juges.

Fig. et fam., Comme un dieu, Très-bien, parfaitement. Il parle comme un dieu.

DIEU se dit, figurément, de Celui qui est l'objet d'un grand enthousiasme, d'une vénération profonde, d'une vive reconnaissance, d'un extrême attachement. Ils le regardaient comme leur sauveur et leur dieu. Il fut pour moi comme un dieu bienfaisant. Cette mère est idolâtre de son fils, elle en fait son dieu. Elle adore son mari; c'est son tout, c'est son dieu.

Faire son dieu ou Se faire un dieu de quelque chose, Avoir pour quelque chose un grand attachement. Il fait son dieu de son coffre-fort. Il n'aime que les richesses, il en fait son dieu. Ce sont des gens qui se font un dieu de leur ventre.

Fam., Vous êtes un dieu, se dit Pour exprimer à un homme la vive satisfaction qu'on éprouve de ce qu'il a fait.

DIEUDONNÉ. s. m. Surnom qu'on donne à quelques enfants, surtout à des fils de princes, dont on regarde la naissance comme un bienfait du ciel.

DIFFAMANT, ANTE. adj. Qui diffame, qui est fait, qui est dit pour flétrir la réputation. Discours diffamant. Paroles diffamantes. Cela est bien diffamant.

DIFFAMATEUR. s. m. Celui qui diffame par des paroles ou par des écrits. Diffamateur public. Insigne diffamateur. Lâche diffamateur.

DIFFAMATION. s. f. Action de diffamer par des paroles ou par des écrits. La diffamation d'un honnête homme est un crime. Il n'a pu souffrir une si cruelle diffamation. Se rendre coupable de diffamation. Être en butte à de lâches diffamations.

DIFFAMATOIRE. adj. des deux genres Qui diffame, qui est fait, qui est dit pour diffamer. Libelle diffamatoire. Écrit diffamatoire. Discours diffamatoire. Les faiseurs de libelles diffamatoires sont punissables par les lois.

DIFFAMER. v. a. Décrier, chercher à déshonorer, à perdre de réputation. Il l'a diffamé partout. Il ne cesse de le diffamer. Il l'a diffamé bien à tort par ses écrits. On l'emploie aussi avec le pronom personnel. C'est se diffamer soi-même que d'écrire pour diffamer les autres.

DIFFAMÉ, ÉE. participe

DIFFÉREMMENT. adv. D'une manière différente. Ils en parlent tous deux fort différemment. Je pense bien différemment. Il a raconté l'affaire différemment de ce qu'elle s'est passée. Les princes agissent différemment des peuples.

DIFFÉRENCE. s. f. Dissemblance. Grande, extrême différence. Différence notable, considérable, essentielle. Différence très-sensible. Légère différence. Il y a grande différence entre l'un et l'autre, de l'un à l'autre, de l'un avec l'autre. Différence de longueur, de largeur. Différence de personnes, de sexe, d'âge. Différence de rang, d'origine. Cela établit, met entre eux une grande différence. La différence qui est, qui existe entre nous. La différence n'est pas bien marquée. Voilà quelle est la différence de vous à moi.

Faire la différence, sentir la différence, Saisir, connaître, apprécier, voir ce qui rend une chose distincte d'une autre. Je connais ces tableaux, ces personnes, j'en sais faire la différence. Ce mot a deux acceptions très-distinctes; en sentez-vous la différence? On dit de même, Faire ou mettre de la différence entre deux personnes, entre deux choses, Reconnaître qu'elles diffèrent l'une de l'autre. Je fais de la différence, une grande différence entre vous et lui. Il ne met aucune différence entre eux.

DIFFÉRENCE en Logique, se dit de La qualité essentielle qui distingue entre elles les espèces de même genre. Une définition est composée de genre et de différence. Dans cette définition, L'âme est une substance incorporelle, Substance est le genre, et Incorporelle est la différence qui distingue l'âme des substances corporelles. On dit aussi, Différence spécifique.

DIFFÉRENCE en Mathématique, se dit de L'excès d'une quantité sur une autre. La différence de 6 et de 4 est 2.

DIFFÉRENCIER. v. a. Distinguer, mettre de la différence. Cela sert à les différencier. Une bonne définition doit différencier le genre de l'espèce.

DIFFÉRENCIER en Mathématique: voyez DIFFÉRENTIER.

DIFFÉRENCIÉ, ÉE. participe

DIFFÉREND. s. m. Débat, contestation, querelle. Ils ont eu différend ensemble. Il faut leur laisser vider ces différends. Faire naître un différend. Apaiser, assoupir un différend. Juger le différend.

Il signifie aussi, Ce qui fait la différence; et alors il ne s'emploie guère qu'en parlant D'une valeur sur laquelle on conteste. Vous voulez douze cents francs de votre cheval, je

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