LE DICTIONNAIRE DE L'ACADÉMIE FRANÇAISE
5ème Edition, 1798
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Page 541
EVE
ÉVÊCHÉ
ÉVÊCHÉ. subst. masc. L'étendue,
le district d'un Diocèse sujet à un
Evêque. L'Évêché de Chartres est fort
grand. Il fait la visite dans son Évêché.
Toutes les Paroisses, toutes les Cures
d'un Évêché.
Le terme d'Évêché renferme aussi
quelquefois les Archevêchés.
Évèché
Évèché, se dit aussi De la Dignité
Épiscopale. Prétendre à l'Évêché. Aspirer
à l'Évêché.
Il se prend aussi pour Siége Épiscopal. Dans cette acception l'on dit,
qu'Une Ville a été érigée en Evêché,
pour dire, qu'On y a établi un Siége
Épiscopal; et on appelle Évêché, toute
Ville où il y a Siége Épiscopal. Orléans
est Évêché, est un Évêché.
Il signifie aussi Le Palais où demeure
l'Évêque. Il est logé à l'Évêché.
On bâtit à l'Évêché.
ÉVEIL
ÉVEIL. subst. mascul. Avis qu'on
donne à quelqu'un d'une chose qui
l'intéresse, et à laquelle il ne pensoit
pas. C'est lui qui m'en a donné l'éveil.
Il est familier.
ÉVEILLER
ÉVEILLER. v. act. Faire cesser le
sommeil, rompre le sommeil. Quand
il est une fois bien endormi, on ne sauroit
l'éveiller. Le moindre bruit l'éveille.
On m'est venu éveiller ce matin pour
me dire....
On dit figurément, Éveiller, pour
dire, Donner de la gaieté, rendre
plus agissant et plus vif. Il est mélancolique,
il lui faudroit quelque chose qui
l'éveillât un peu. Il étoit naturellement
pesant, mais l'ambition l'a éveillé. Vous
paroissez tout endormi, éveillez -- vous,
faites quelque chose.
On dit proverbialement, Il ne faut
pas éveiller le chat qui dort, pour dire,
qu'On ne doit pas rappeler des souvenirs
fâcheux.
On dit figurément, Éveiller les talens,
éveiller l'envie.
s'Éveiller. Cesser de dormir. Il
s'éveille tous les jours à une certaine heure.
Il s'éveilla en sursaut. On emporteroit la
maison, qu'il ne s'éveilleroit pas. S'éveiller
au bruit. S'éveiller d'un rien.
Éveillé, ée
Éveillé, ée. participe. On s'en
sert dans le figuré, pour dire, Gai,
vif. Vous êtes bien éveillé aujourd'hui.
Il a l'esprit éveillé, l'air éveillé. Les yeux
bien éveillés.
On dit proverbialement d'Un jeune
enfant gai et vit, qu'Il est éveillé comme
une potée de souris.
Éveillé
Éveillé, signifie aussi, Ardent,
soigneux. C'est un homme fort éveillé sur
ses intérêts.
On dit familièrement, qu'Une femme
est fort éveillée, pour dire, qu'Elle est
un peu coquette.
Il se prend aussi quelquefois substantivement.
C'est un éveillé. C'est une
éveillée, une petite éveillée. Il est familier.
ÉVÉNEMENT
ÉVÉNEMENT. sub. mas. L'issue,
le succès bon ou mauvais de quelque
chose. Cette affaire a eu un événement
heureux. L'événement n'en a pas été favorable.
L'événement de ce procès est douteux.
L'événement n'en a pas été si
fâcheux qu'on l'appréhendoit. L'événement
fit bien voir qu'il ne s'étoit pas trompé.
Je ne réponds pas, je ne suis pas garant
de l'événement. J'en prends l'événement
sur moi. Se charger de l'événement.
Il ne faut pas juger des choses, des conseils
par l'événement. Se préparer à tout
événement. Sage après l'événement.
On dit adverbialement, À tout événement, pour dire, À tout hasard,
quoi qu'il arrive.
Il signifie aussi, Fait, aventure,
incident remarquable. Cette histoire,
cette tragédie, ce roman, sont pleins
d'événemens, de grands événemens, d'événemens
extraordinaires. C'est un grand
événement. Ce Règne est pleind'événemens.
ÉVENT
ÉVENT. subst. mascul. Altération
dans les alimens ou dans les liqueurs,
qui en détruit, en affoiblit ou en
corrompt le goût. Du >lard qui sent
l'évent. Du vin qui sent l'évent, qui a
de l'évent.
Évent
Évent, se prend aussi, dans quelques
phrases seulement, pour l'Air
agité. Ainsi on dit, Mettre à l'évent,
pour dire, Mettre à l'air; et cela
se dit principalement des hardes et
des marchandises qui viennent d'un
lieu suspect de contagion. Mettre des
marchandises à l'évent.
On dit, Donner de l'évent à un muid
de vin, pour dire, Y donner de l'air
en faisant une petite ouverture par
en haut.
On dit figurém. et familièrement,
Avoir la tête à l'évent, pour dire,
Avoir l'esprit léger, être évaporé. Et
on appelle Tête à l'évent, Un homme
étourdi et d'un esprit léger.
Évent
Évent. Terme d'Artillerie. Différence
du diamètre d'un boulet à celui
du calibre de la pièce. On dit, Ce
boulet a trop d'évent; pour dire, qu'Il
a trop peu de diamètre.
Évents
Évents. s. m. plur. Conduits que
l'on forme dans la fondation des fourneaux
des fonderies, pour que l'air y
circule et en chasse l'humidité.
ÉVENTAIL
ÉVENTAIL. subst. mascul. Papier
ou taffetas, etc. étendu sur de petits
bâtons plats qui se replient les uns
sur les autres, et duquel on se sert
pour s'éventer. Les bâtons d'un éventail. Un éventail de peau de senteur.
Un éventail de papier de la Chine. Un
éventail de plumes. Un éventail qui joue
bien. Tenir un éventail à la main. Il n'y
a guère que les femmes qui portent des
éventails.
En termes de Jardinage, Tailler un
arbre en éventail, C'est lui donner la
forme d'un éventail ouvert. Allées de
tilleuls, de charmilles, etc. en éventail.
On appelle aussi Eventail, Une
espèce de machine qui est faite de
carte, et suspendue au plancher, et
dont on se sert en quelques pays, pour
donner du vent et de la fraîcheur eu
l'agitant.
ÉVENTAILLISTE
ÉVENTAILLISTE. s. m. Ouvrior
qui fait, qui monte les éventails.
ÉVENTAIRE
ÉVENTAIRE. subst. masc. Plateau
d'osier que portent devant elles les
Marchandes de fruits, d'herbages, de
poisson, etc.
ÉVENTER
ÉVENTER. v. a. Faire du vent en
agitant l'air avec un éventail. Les Princes
d'Asie ont toujours des gens qui les
éventent quand ils dînent. S'éventer pour
se rafraîchir.
Il signifie aussi, Mettre au vent,
exposer au vent, exposer à l'air. Il
faut éventer un peu ce meuble.
On dit, Éventer le grain, pour dire,
Le remuer avec la pelle, pour lui donner
de l'air et le rafraîchir.
Éventer
Éventer, signifie encore, Donner
de l'air, déboucher, ouvrir. Éventer
une mine et la rendre inutile.
On dit figurément, Éventer un secret,
un complot, pour dire, Le découvrir.
On dit encore figurément, Éventer
la mine, éventer la mèche, pour dire,
Découvrir une affaire secrète.
En termes de Vénerie, on dit, Éventer la voie, en parlant d'un chien qui
rencontre une voie si fraîche, qu'il la
sent sans mettre le nez à terre; ou
quand après un long défaut, les chiens
ont le vent du cerf qui est sur le ventre
dans une enceinte.
Éventer
Éventer les voiles, terme de Marine;
c'est mettre le vent dans les
voiles pour faire route.
s'Éventer. Il s'emploie avec le
pronom personnel. Se gâter, se corrompre,
s'altérer par le moyen de
l'air. Ce vin s'éventera si on ne bouche
la bouteille. Les liqueurs, les parfums
s'éventent aisément. La laine, la soie et
le fil s'éventent facilement. Ces cordes de
Luth sont éventées. Les racines sont sujettes
à s'éventer, quand elles ne sont pas
couvertes de terre.
Éventé, ée
Éventé, ée. participe. Vin éventé.
Laine éventée.
Éventé
Éventé, est aussi adjectif, et se
dit d'Un homme qui a l'esprit léger,
évaporé. C'est un homme bien éventé.
Cette femme est bien éventée. Tête éventée. Il est familier.
Il est aussi substant. C'est un éventé,
une jeune éventée.
ÉVENTOIR
ÉVENTOIR. subst. mascul. Sorte
d'éventail fait grossièrement de plumes
étendues, ou d'osier, etc. servant
principalement aux Rôtisseurs
et aux Cuisiniers pour allumer les
charbons.
ÉVENTRER
ÉVENTRER. v. a. Fendre le ventre
d'un animal, et en tirer les intestins.
Éventrer un boeuf, un mouton. Éventrer
une carpe, un brochet.
Éventré, ée
Éventré, ée. participe.
EVENTUEL, ELLE
EVENTUEL, ELLE. adj. Il n'est
guère d'usage qu'en parlant des Traités
faits entre Souverains, et fondés
sur quelque événement incertain, qui
ne dépend point des Parties contractantes.
Il a été fait un Traité éventuel
entre ces Couronnes, pour régler la succession,
en cas qu'un tel événement arrive.
Investiture éventuelle. Succession
éventuelle.
ÉVENTUELLEMENT
ÉVENTUELLEMENT. adv. Terme
de Droit public. Par événement. Il a
eu cette succession éventuellement.
ÉVÊQUE
ÉVÊQUE. s. m. Prélat du premier
ordre de l'Église, et chargé de la conduite
d'un Diocèse. Bon Évêque. Saint
Évêque. On l'a fait Évêque. Les Évêques
sont les successeurs des Apôtres. Évêque
d'une telle Ville. Nommer, préconiser,
sacrer un Évêque.
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