Dictionnaire de l'Académie Française,
6ème edition (1835)

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DÉFALCATION. s. f. Déduction, retranchement. Faites, sur les produits de cette terre, la défalcation des faux frais.

DÉFALQUER. v. a. Rabattre, retrancher d'une somme ou d'une quantité quelconque. Je vous dois trois cents francs, mais il faut en défalquer ce que j'ai payé pour vous. Il faut défalquer cinq kilogrammes pour le poids de la caisse.

DÉFALQUÉ, ÉE. participe

DÉFAUSSER (SE). v. pron. T. de plusieurs Jeux de cartes. Il se dit Du joueur qui, n'ayant pas de la couleur dans laquelle on joue, jette celle de ses cartes qu'il regarde comme la moins utile.

DÉFAUT. s. m. Imperfection. Les défauts du corps. Cette femme est belle, mais elle a un défaut dans la taille. C'est un défaut dans un cheval, que d'avoir le ventre gros. Défaut léger. Défaut naturel. Défaut qui vient d'accident.

Il se dit également d'Une imperfection morale. Avoir un défaut. Chacun a ses défauts. Connaître, avouer ses défauts. Corriger ses défauts. Défaut incorrigible. Il n'y a personne sans défaut. Cet homme a bien des défauts, n'a pas un défaut.

Il se dit, particulièrement, de Ce qui n'est pas conforme aux règles de l'art, de ce qui choque le goût, le bon sens, dans un ouvrage, dans une production quelconque. Il y a bien des défauts dans cet ouvrage, dans ce tableau, dans cette statue. Relever, critiquer les défauts d'un poëme, d'une tragédie. On dit par analogie: Un auteur sans défaut. Les défauts d'un écrivain, d'un artiste, etc.

Il se dit également, surtout dans les Arts et Métiers, Des parties faibles ou défectueuses dans une étoffe, dans du bois, dans un ouvrage quelconque. Il y a un défaut dans cette feuille d'acajou. J'ai remarqué plusieurs défauts dans cette pièce de drap. Cette pièce de porcelaine a un défaut.

Il signifie aussi, Absence, manque, privation de quelque chose. Le défaut de blé, le défaut de subsistances a forcé la garnison de se rendre. Voyez plus loin, les locutions prépositives, Au défaut de, à défaut de.

Il se dit, dans une acception particulière, de L'absence de certaines qualités, de certains avantages, etc. Défaut d'esprit, de jugement, de mémoire, d'imagination. Défaut de pénétration, de fermeté, de constance. Défaut d'attention, de prévoyance, de soin, d'ordre. Défaut de proportion dans un édifice.

Le défaut des côtes, L'endroit où se terminent les côtes. Il a été blessé au défaut des côtes.

Le défaut de la cuirasse, L'intervalle qui est entre la cuirasse et les autres pièces de l'armure qui s'y joignent; et, figurément et familièrement, Le faible d'un homme, l'endroit par lequel on peut venir plus aisément à bout de lui. C'est là le défaut de la cuirasse.

DÉFAUT en termes de Procédure, Manquement à l'assignation donnée. Faire défaut. Donner un défaut. Condamner par défaut. Jugement par défaut. Faire rabattre un défaut.

DÉFAUT est aussi un terme de Chasse, qui s'emploie principalement dans ces phrases: Les chiens sont en défaut, la bête les a mis en défaut, Ils ont perdu les voies de la bête; et, Les chiens ont bien relevé le défaut, Ils se sont bien remis sur les voies.

Fig. et fam., Être en défaut, Faillir, se tromper, commettre quelque manquement, quelque erreur. On dit de même, Trouver, prendre, mettre quelqu'un en défaut. Cette locution s'applique également À certaines facultés intellectuelles, à certaines qualités. Sa mémoire est souvent en défaut. Son adresse paraissait en défaut.

AU DÉFAUT ou *À DÉFAUT DE. loc. prépositives Au lieu de, à la place de telle personne ou de telle chose qui manque, qui vient à manquer. Si, à son défaut, je puis vous être utile, disposez de moi. Au défaut des richesses, il avait des talents. Au défaut, à défaut d'autres armes, il prit une barre de fer. À défaut de vin, nous boirons de l'eau.

DÉFAVEUR. s. f. Cessation de faveur, disgrâce. Il est tombé en défaveur. Il est en défaveur.

Il se dit particulièrement, en termes de Finances et de Commerce, pour exprimer L'état de ce qui tombe en discrédit. La défaveur des effets publics. Le papier de cette maison de commerce est en défaveur, en grande défaveur.

DÉFAVORABLE. adj. des deux genres Qui n'est pas favorable. Ce juge m'a été défavorable dans mon procès. Le jugement lui fut défavorable. Opinion défavorable. Au milieu des circonstances les plus défavorables.

DÉFAVORABLEMENT. adv. D'une manière défavorable, fâcheuse. Il l'a traité bien défavorablement. On le jugeait très-défavorablement.

DÉFÉCATION. s. f. T. de Chimie et de Pharmacie. Dépuration d'une liqueur, qui se fait par la chute spontanée des parties qui la rendaient trouble.

DÉFECTIF. adj. T. de Gram. Il se dit D'un verbe qui n'a pas tous ses temps et tous ses modes. La langue française a beaucoup de verbes défectifs. On dit aussi, Défectueux.

DÉFECTION. s. f. Action d'abandonner un parti auquel on est lié. Il se dit surtout De sujets qui abandonnent leur prince, de troupes qui abandonnent leur général, d'alliés qui abandonnent leurs alliés. Après la défection de ces troupes, il ne fut plus en état de disputer la victoire. Ce prince fut effrayé de la défection presque générale de ses sujets, de ses alliés.

DÉFECTUEUSEMENT. adv. D'une manière défectueuse. Il est peu usité.

DÉFECTUEUX, EUSE. adj. Qui manque des qualités, des conditions requises. Des marchandises défectueuses. Des ouvrages défectueux. On lui a vendu des livres qui sont la plupart défectueux. Un acte défectueux. Un inventaire défectueux.

Il s'emploie souvent, en Grammaire, comme synonyme de Défectif. Verbe défectueux.

DÉFECTUOSITÉ. s. f. Vice, imperfection, défaut. Il ne se dit guère au sens moral. Avoir une défectuosité dans la taille. Les défectuosités de ce bâtiment sont choquantes. C'est une défectuosité considérable.

DÉFENDABLE. adj. des deux genres Qui peut être défendu contre l'ennemi ou contre un adversaire. Cette place, ce poste n'est pas défendable. Cette partie d'échecs n'est pas défendable.

DÉFENDEUR, ERESSE. s. T. de Procéd. Celui, celle à qui on fait une demande en justice. Il est opposé à Demandeur, eresse.

DÉFENDRE. v. a. Protéger, soutenir une personne ou une chose attaquée. Il se dit en parlant De toute espèce d'attaque ou d'agression. Défendre quelqu'un au péril de sa vie. Il le défendit contre plusieurs assassins qui s'étaient jetés sur lui. Défendre son ami, ses concitoyens, son prince, sa patrie. Défendre sa vie, son honneur, sa cause, les intérêts de son ami. Il m'a défendu contre leurs calomnies. C'est lui qui est chargé de défendre cet accusé. Il l'a défendu avec beaucoup de talent. On l'applique également Aux animaux Une lionne qui défend ses petits.

Fig. et fam., Défendre son pain, se dit D'une personne qui a peu de bien, et qui soutient un procès où il s'agit de tout ce qu'elle a.

Défendre une place, un poste, etc., Résister à ceux qui veulent s'en rendre maîtres, s'opposer aux ennemis qui l'attaquent. Il défendit ce passage à lui seul contre une vingtaine d'assaillants.

À son corps défendant, En repoussant une attaque, en opposant de la résistance. Il a tué l'agresseur à son corps défendant. On l'emploie plus communément au figuré, dans le langage familier; et alors il signifie, Malgré soi, à regret, avec répugnance. Je n'y allai, je ne signai qu'à mon corps défendant.

DÉFENDRE signifie particulièrement, en termes de Guerre, Empêcher que l'ennemi ne puisse, sans risquer beaucoup, entrer dans un lieu ou en approcher. Une batterie défend l'entrée du port, en défend les approches. La frontière est défendue de ce côté par trois places fortes.

DÉFENDRE signifie aussi, Garantir, tant au propre qu'au figuré. La montagne défend cette maison du froid, des vents du nord. Qui le défendra des séductions du monde, contre les séductions du monde?

DÉFENDRE avec le pronom personnel, signifie, Repousser une attaque, une agression quelconque, y résister. Il tira son épée en lui criant, Défendez-vous. Il se défendit vaillamment. Se défendre contre un ennemi, contre un assassin, contre un voleur. Il l'a tué en se défendant. Ils se défendirent dans ce poste pendant un jour et une nuit. Cet accuse a voulu se défendre lui-même. On ne lui a pas permis de se défendre.

Cette place se défend d'elle-même, Elle est facile à défendre, et difficile à attaquer. On dit, dans le sens contraire, qu'Une place n'est pas en état de se défendre.

DÉFENDRE avec le pronom personnel, signifie aussi, Se préserver, tant au propre qu'au figuré. Porter un manteau pour se défendre du froid, de la pluie. Défendez-vous des séductions, des charmes de cette femme. Il est difficile de se défendre de quelque partialité pour ses proches.

Cette étoffe est bonne, il n'y a qu'à se défendre du prix, Il n'y a qu'à disputer sur le prix.

DÉFENDRE avec le pronom personnel, signifie en outre, S'excuser de faire quelque chose à quoi on voudrait nous obliger. On

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