Dictionnaire de l'Académie Française,
6ème edition (1835)

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qui avait rédigé le dédit, en demeura dépositaire. Les deux parties s'étant arrangées, on déchira le dédit.

DÉDOMMAGEMENT. s. m. Réparation d'un dommage. Je veux tant pour mon dédommagement. Dix mille francs de dédommagement. Obtenir, recevoir un bon dédommagement.

Il signifie figurément, Compensation. C'est un bien faible dédommagement de la perte que j'ai faite. Il trouve dans votre amitié un dédommagement à ses malheurs. C'est une peine, un mal qui n'est pas sans quelque dédommagement.

DÉDOMMAGER. v. a. Indemniser, rendre l'équivalent du dommage souffert. Dédommagez-moi. Si vous ne me dédommagez, je vous ferai un procès. Il m'a amplement dédommagé de la perte que j'ai faite.

Il s'emploie souvent au figuré. Rien peut-il dédommager de la perte d'un ami? Il fut dédommagé de tant de sacrifices par l'estime publique. Un moment de plaisir dédommage d'une longue souffrance.

Il s'emploie aussi avec le pronom personnel. Se dédommager d'un côté de ce qu'on a perdu de l'autre. J'ai perdu à ce marché, mais je m'en dédommagerai. Il se dédommage de la contrainte où il a été tenu si longtemps.

DÉDOMMAGÉ, ÉE. participe

DÉDORER. v. a. Enlever, effacer la dorure en tout ou en partie. À force de toucher à ce cadre-là, vous le dédorez.

Il s'emploie aussi avec le pronom personnel, et signifie, Perdre de sa dorure peu a peu. Cette vaisselle de vermeil commence à se dédorer.

DÉDORÉ, ÉE. participe

DÉDOUBLER. v. a. Ôter la doublure. Dédoubler un habit, un manteau.

En termes de Guerre, Dédoubler les rangs, les files, Faire mettre sur un rang, sur une file des soldats qui étaient sur deux rangs, sur deux files.

Dédoubler un régiment, une compagnie, Partager un régiment en deux régiments, une compagnie en deux compagnies.

Dédoubler une pierre, La séparer, la partager en deux dans toute sa longueur.

DÉDOUBLÉ, ÉE. participe

DÉDUCTION. s. f. Soustraction, retranchement. On lui a payé tant en déduction du principal. La succession, déduction faite des dettes et legs, monte à cent mille francs. Ce domaine, déduction faite des charges, rapporte cinq mille francs.

DÉDUCTION signifie aussi, L'action de raconter, d'exposer en détail. Faire une longue déduction de ses raisons. Ce sens est peu usité.

Il signifie également, surtout dans le langage didactique, L'action d'inférer une chose d'une autre, ou Le raisonnement par lequel on infère. Cette déduction n'est pas exacte, elle est fausse. Une suite de déductions.

DÉDUIRE. v. a. Rabattre, soustraire une somme d'une autre. Il en faut déduire ce que vous avez dépensé, reçu. Il en faut déduire les frais. Il y a tant à déduire sur cette somme.

DÉDUIRE signifie aussi, Narrer, raconter, exposer en détail. Déduire son fait, ses raisons.

Il signifie encore, Inférer, tirer comme conséquence. Cette conséquence est mal déduite. Les conséquences que l'on peut déduire de ce principe. On peut en déduire que...

DÉDUIT, ITE. participe

DÉDUIT. s. m. Divertissement, occupation agréable. Il est vieux, et ne s'emploie que dans le style badin. Mener joyeux déduit.

DÉESSE. s. f. Divinité fabuleuse du sexe féminin. Les dieux et les déesses. La déesse Junon. La déesse Cérès. Les trois déesses qui se soumirent au jugement de Pâris. Diane, la déesse des forêts, déesse des forêts.

Elle a l'air, le port d'une déesse, se dit D'une belle femme qui a l'air et le port majestueux. On dit figurément, dans le même sens, C'est une déesse.

DÉFÂCHER (SE). v. pron. S'apaiser après s'être mis en colère. Il n'est guère usité que dans certaines phrases familières. S'il est fâché, qu'il se défâche. S'il se fâche, il aura la peine de se défâcher.

DÉFÂCHÉ, ÉE. participe

DÉFAILLANCE. s. f. Faiblesse, évanouissement, pâmoison. Tomber en défaillance. Il lui a pris une défaillance. Il est en défaillance. Avoir de fréquentes défaillances.

Défaillance de nature, État d'une personne affaiblie par l'âge, par l'excès du travail, par la maladie, etc. Ce n'est point maladie, c'est défaillance de nature.

DÉFAILLANCE terme de Chimie ancienne. On dit aujourd'hui, Déliquescence: voyez ce mot.

DÉFAILLANT, ANTE. adj. Qui s'affaiblit. Rappeler sa force défaillante. Sa main défaillante cherchait à presser la mienne.

DÉFAILLANT, ANTE. s. T. de Procéd. Celui, celle qui manque à comparaître, à se trouver à l'assignation donnée en justice. Le défaillant a été condamné.

DÉFAILLIR. v. n. (Il n'est plus guère usité qu'au pluriel du présent de l'indicatif, Nous défaillons; à l'imparfait, Je défaillais; au prétérit, Je défaillis, j'ai défailli; et à l'infinitif, Défaillir.) Manquer. Cette race a défailli en un tel. Ils craignaient que le jour ne vint à leur défaillir avant qu'ils pussent arriver. Toutes choses commençaient à leur défaillir. Il vieillit en ce sens.

Il signifie aussi. Dépérir, s'affaiblir. Ses forces défaillent tous les jours, commencent à défaillir. Il se sent défaillir de jour en jour.

Il signifie encore, Tomber en faiblesse, s'évanouir. Je la vis prête à défaillir. Je me sentis défaillir.

DÉFAIRE. v. a. (Il se conjugue comme Faire.) Détruire ce qui est fait, changer l'état d'une chose de manière qu'elle ne soit plus ce qu'elle était. Pénélope défaisait, la nuit, l'ouvrage qu'elle avait fait le jour. Ce que l'un fait, l'autre le défait. Un noeud qu'on ne peut défaire. Alexandre ne pouvant défaire le noeud gordien, le coupa. Défaire une malle, un paquet, un portemanteau, En ôter les effets qu'on y avait enfermés. On l'emploie souvent avec le pronom personnel. Un noeud qui se défait.

Il se dit quelquefois figurément. Défaire un mariage, un marché.

DÉFAIRE signifie particulièrement, Faire mourir. Cette malheureuse a défait son fruit, son enfant. On l'emploie aussi, dans cette acception, avec le pronom personnel. Dans son désespoir, il se défit lui-même. Ce sens est familier.

DÉFAIRE en termes de Guerre, Mettre en déroute, tailler en pièces; remporter un grand avantage. Après avoir défait les ennemis. La flotte des ennemis fut complétement défaite.

DÉFAIRE signifie aussi, Abattre, atténuer, amaigrir. La maladie a bien défait cet homme.

Avec le pron. person., Ce vin se défait, Il s'affaiblit, il n'a plus la même qualité. Ces sortes de vins ne sont pas de garde, ils se défont aisément.

DÉFAIRE signifie au figuré, Éclipser, effacer par plus d'éclat, par plus de beauté, par plus de mérite. Quand elle arrive au bal, elle défait toutes les autres femmes. Le diamant défait toutes les autres pierres précieuses. Cet homme défait tous les autres par la supériorité de son esprit. Ce sens est vieux.

DÉFAIRE signifie encore, Délivrer, dégager, débarrasser. Défaites-moi de cet importun. On l'emploie souvent, dans ce sens, avec le pronom personnel. Se défaire d'un fâcheux. On a eu bien de la peine à s'en défaire. Il a eu bien de la peine à se défaire de sa fièvre.

DÉFAIRE avec le pronom personnel, signifie particulièrement, Se désaccoutumer de quelque chose, y renoncer. Se défaire d'une mauvaise habitude, d'un vice, d'une passion. Défaites-vous de ces manières-là, de ces façons-là. Défaites-vous de cela. Défaites-vous de ce mot-là. On se défait rarement de ses vieux préjugés.

Se défaire d'un domestique, Le mettre dehors, le congédier.

Se défaire de son ennemi, Le faire mourir.

Se défaire d'une chose, L'aliéner, en transporter le droit et la possession à un autre. Un marchand qui se défait avantageusement de sa marchandise. Se défaire d'un cheval, d'un cabriolet. Il veut se défaire de sa maison, de sa terre. Il y a longtemps qu'il s'en est défait.

DÉFAIT, AITE. participe On l'emploie surtout dans le sens d'Abattre, d'amaigrir. Je l'ai vu avec un visage fort défait. Depuis sa maladie il est tout défait. Cette femme est pâle et défaite.

DÉFAITE. s. f. Déroute d'une armée, ou de quelques troupes. Après la défaite des ennemis. Défaite entière. Défaite sanglante.

DÉFAITE signifie aussi, débit, facilité plus ou moins grande de se défaire de quelque chose. Ces marchandises-là sont de défaite. Ces laines sont de mauvaise défaite, de bonne défaite. Ce cheval est de défaite, de belle défaite.

DÉFAITE signifie encore, Excuse artificieuse, mauvaise raison, prétexte. Il m'a donné une défaite. Il a toujours des défaites prêtes. Voilà une mauvaise défaite. C'est une défaite.

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