Dictionnaire de l'Académie Française,
6ème edition (1835)

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voulait le forcer d'aller dans cette maison, mais il s'en est défendu. On lui voulait donner cette commission, il s'est toujours défendu de l'accepter. On l'a prié de si bonne grâce, qu'il n'a pu se défendre de ce qu'on souhaitait de lui.

Il signifie encore, Se disculper, nier quelque chose qu'on nous reproche. On l'accuse de telle chose, mais il s'en défend. On dit qu'il est marié, il s'en défend très-fort.

DÉFENDRE signifie aussi, Prohiber, interdire quelque chose. Défendre les duels. Défendre quelque chose sous peine de la vie. Défendre sa maison, sa porte à quelqu'un. La viande est défendue en carême. Il est défendu de passer en tel endroit. La raison nous défend de faire une injustice. On lui défendit le vin. J'ai défendu que vous fissiez telle chose.

DÉFENDRE neutralement et en termes de Procédure, Fournir des défenses aux demandes de la partie adverse. Il a été condamné faute de défendre.

DÉFENDU, UE. participe Place bien défendue. Cause bien défendue. Livres défendus. Des marchandises défendues. Armes défendues. Adam mangea du fruit défendu.

Prov. et fig., Bien attaqué bien défendu, La défense a bien répondu à l'attaque.

DÉFENS. s. m. Terme d'Eaux et Forêts, qui s'emploie principalement dans cette locution, Bois en défens, Bois dont la coupe est défendue au propriétaire, ou dans lequel il n'est pas permis de faire entrer des bestiaux.

DÉFENSE. s. f. Action de défendre, de se défendre; ou Ce qu'on dit, ce qu'on écrit pour défendre ou se défendre. Prendre les armes pour la défense de son pays, de la religion. S'armer pour la commune défense, pour sa propre défense. Être dans le cas de la légitime défense de soi-même, d'une légitime défense, de la défense naturelle. La défense de sa cause. Prendre la défense de l'innocent. Il fut chargé de la défense de cet accusé. Qu'avez-vous à dire pour votre défense? On ne voulut point écouter ma défense. Il publia sa défense. La défense ne fut pas moins vive que l'attaque.

Se mettre en défense, Se mettre en état de se défendre. Être hors de défense, N'être plus en état de se défendre.

DÉFENSE se dit particulièrement, en termes de Guerre, de L'action ou de la manière de défendre une place, un poste, etc., de s'y défendre. La défense de cette place lui fut confiée. Traité de l'attaque et de la défense des places fortes. Ligne de défense. Ce général a fait une belle défense dans telle place.

Fig. et fam., Faire une belle défense, Résister longtemps à quelque proposition, à quelque sollicitation, etc.

Cette place est de défense, Elle peut soutenir un siége. Cette place est en état de défense, Elle est bien fortifiée et bien munie.

En termes d'Eaux et Forêts, Ce bois est en défense, Il est en tel état qu'on n'a plus besoin d'empêcher les bestiaux d'y aller.

DÉFENSES au pluriel, se dit, en termes de Fortification, de Ce qui sert à garantir, à couvrir les ouvrages et les soldats qui défendent une place. Abattre les défenses, ruiner les défenses d'une place.

Il signifie, en termes de Procédure, Ce qu'on répond, par écrit et par ministère d'avoué, à la demande de sa partie. Donner, fournir, faire signifier ses défenses.

DÉFENSE se dit en outre de Chacune des deux longues dents, canines ou incisives, qui sortent de la bouche de certains quadrupèdes et dont ils se servent pour se défendre. Les défenses du sanglier, de l'éléphant, de l'hippopotame. Ce vieux sanglier n'a plus qu'une défense, l'autre a été cassée.

DÉFENSE signifie encore, Prohibition, interdiction. On lui a fait défense de récidiver. Défense expresse. Le jugement porte inhibitions et défenses de... Défense à qui que ce soit de passer en tel endroit, de toucher à telle chose. Faire des défenses. Publier des défenses.

Jugement, arrêt de défense, de défenses, ou simplement, Défenses. Jugement qui défend de procéder, de passer outre à l'exécution de quelque chose. Obtenir des défenses. Avoir des défenses. Faire lever des défenses. Faire signifier des défenses.

DÉFENSEUR. s. m. Celui qui défend, qui soutient, qui protége. Les défenseurs de la patrie, du trône. Défenseur de la foi, de la justice. Vous avez en lui un bon défenseur. Donner un défenseur à un accusé. Un défenseur nommé d'office.

DÉFENSIF, IVE. adj. Fait pour la défense. Traité défensif. Ligue défensive. Le casque, la cuirasse, le bouclier, sont des armes défensives.

Il se dit quelquefois substantivement, au féminin, de La disposition à se défendre, à ne faire simplement que se défendre. Être sur la défensive. Se tenir sur la défensive.

DÉFÉQUER. v. a. T. de Chimie. Ôter les fèces, les impuretés d'une liqueur.

DÉFÉQUÉ, ÉE. participe

DÉFÉRANT, ANTE. adj. Qui défère, qui cède. Esprit doux et déférant. Humeur douce et déférante. Je l'ai toujours trouvé déférant à ce que j'ai désiré de lui. Il est peu usité.

DÉFÉRENCE. s. f. Condescendance. Avoir de la déférence pour quelqu'un, de la déférence pour l'âge, pour le mérite, pour la dignité de quelqu'un; lui rendre de grandes déférences. Il a une grande déférence pour vos avis, pour vos jugements. Il ne répondit rien par déférence. Témoigner, marquer de la déférence. C'est une marque de déférence.

DÉFÉRENT. adj. m. T. d'Anat. Il ne s'emploie que dans cette dénomination, Canal ou conduit déférent, Canal excréteur du sperme.

DÉFÉRER. v. a. Donner, décerner. Il s'emploie principalement en parlant De dignités, d'honneurs dont une multitude ou un corps dispose en faveur d'une personne. Les Romains ont déféré les honneurs divins à la plupart des empereurs. Le peuple romain déféra le consulat à Scipion et l'honneur du triomphe à Pompée avant l'âge. Les cardinaux lui déférèrent le pontificat. Les sénateurs et la noblesse de Pologne lui déférèrent la couronne.

En Jurispr., Déférer le serment à quelqu'un, S'en rapporter à son serment.

DÉFÉRER signifie aussi, Dénoncer. Déférer quelqu'un en justice, à la justice, à l'inquisition.

DÉFÉRER s'emploie souvent comme verbe neutre; et alors il signifie, Céder, condescendre. Déférer à quelqu'un. Déférer à l'âge, à la dignité, à la qualité, au mérite de quelqu'un. Déférer au sentiment, au jugement, à l'avis, aux opinions des autres.

DÉFÉRÉ, ÉE. participe

DÉFERLER. v. a. T. de Marine. Déployer les voiles. On dit par analogie, et neutralement, qu'Une lame déferle, lorsqu'elle se déploie avec impétuosité, et qu'elle se résout en écume.

DÉFERLÉ, ÉE. participe

DÉFERRER. v. a. Ôter le fer qui a été appliqué sur un objet quelconque; et plus particulièrement, Ôter le fer du pied d'un cheval, d'un mulet, etc. Déferrer une malle. Déferrer une porte, une roue, etc. Déferrer un cheval des quatre pieds.

Il signifie, figurément et familièrement, Rendre muet, déconcerter, interdire. C'est un homme qu'on déferre aisément.

DÉFERRER s'emploie aussi avec le pronom personnel, et alors il se dit principalement Des fers d'un cheval, lorsqu'ils tombent, et De la ferrure d'un lacet, d'une aiguillette, lorsqu'elle vient à se détacher, à se défaire. Si ce cheval vient à se déferrer en chemin, il se perdra le pied. Un lacet qui se déferre.

Il se dit aussi, figurément, D'une personne qui se déconcerte, qui demeure interdite. C'est un homme qui se déferre aisément.

DÉFERRÉ, ÉE. participe Pop. et fig., Être déferré d'un oeil, Avoir un oeil de moins.

DÉFET. s. m. T. de Librairie. Il se dit Des feuilles superflues et dépareillées d'un ouvrage, qui ne peuvent servir à former des exemplaires complets. On conserve les défets pour remplacer les feuilles qui viendraient à se gâter dans les volumes.

DÉFI. s. m. Appel, provocation au combat, et qui se fait, soit de vive voix, soit par écrit, soit par gestes. Un cartel de défi. Envoyer un défi à quelqu'un. Il lui fit un défi. Porter un défi. Un insolent défi.

Il se dit, par extension, de Toute sorte de provocation. Je lui ai fait un défi à la paume, aux échecs. Accepter le défi.

Mettre quelqu'un au défi de faire une chose, L'en défier, lui déclarer qu'on regarde comme impossible qu'il la fasse. Je vous mets au défi de le prouver.

DÉFIANCE. s. f. Soupçon, crainte d'être trompé, surpris. Être dans la défiance. Entrer en défiance. Avoir de la défiance. Concevoir de la défiance. Injuste défiance.

Prov., La défiance est mère de sûreté Pour éviter d'être trompé, il faut ne pas donner légèrement sa confiance.

DÉFIANCE se dit aussi Du manque de confiance dans ses forces, dans ses talents, dans ses ressources, etc. Avoir une juste défiance de ses propres forces. Avoir une grande défiance de soi-même. Il est en défiance de lui-même. Une sotte défiance le retient.

DÉFIANT, ANTE. adj. Soupçonneux, qui craint toujours qu'on ne le trompe. C'est un homme défiant, une femme fort défiante.

DÉFICIT. s. m. (On prononce le T.) Mot emprunté du latin. Ce qui manque. Il y a un grand, un énorme déficit dans les finances, dans les revenus de l'État. Il faut tant pour

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