Dictionnaire de l'Académie Française,
6ème edition (1835)

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CUISINE se disait autrefois d'Une petite boîte longue, à différents compartiments, où l'on mettait divers ingrédients qui servaient pour les ragoûts. À l'époque où les épiceries étaient chères, beaucoup de gens portaient leur cuisine en poche.

CUISINER. v. n. Apprêter les mets, les aliments, faire la cuisine. Elle aime à cuisiner. Ce garçon cuisine un peu, cuisine assez bien. Il est familier.

CUISINIER, IÈRE. s. Celui, celle qui fait la cuisine, qui apprête à manger. Cette femme est très-bonne cuisinière. Vous êtes un bon cuisinier, un mauvais cuisinier.

Il se dit plus ordinairement de Celui, de celle que l'on prend à gages dans une maison, pour y faire la cuisine. Il a un habile cuisinier. C'est un homme qui doit toute sa réputation à son cuisinier. Il n'a qu'une cuisinière.

CUISINIÈRE se dit aussi d'Un ustensile de fer-blanc qui sert à faire rôtir la viande. Acheter une cuisinière.

CUISSARD. s. m. La partie de l'armure qui couvrait les cuisses. Les cuissards n'ont commencé d'être en usage que vers 1300.

CUISSE. s. f. Partie du corps de l'homme ou d'un animal depuis la hanche jusqu'au jarret. La cuisse d'un homme. La cuisse d'un cheval, d'un boeuf, d'un cerf. Cet homme a la cuisse cassée. L'os de la cuisse. Une cuisse de chapon, de perdrix.

Cuisse de noix, Quartier de noix.

Cuisse-madame, Sorte de poire allongée, dont la peau est jaune et rouge.

CUISSON. s. f. Action de cuire ou de faire cuire; ou Le résultat de cette action. Il a eu tant pour la cuisson des viandes, tant pour la cuisson de chaque pain. Il manque à ce pain un peu de cuisson. Hâter la cuisson. Degré de cuisson.

Pain de cuisson, Le pain de ménage que l'on fait chez soi.

CUISSON signifie aussi, La douleur que l'on sent d'un mal qui cuit. Je sens une horrible cuisson dans ma plaie.

CUISSOT. s. m. Cuisse de cerf, de chevreuil, de sanglier, etc. Il ne se dit qu'en parlant De venaison.

CUISTRE. s. m. Nom que l'on donnait autrefois par injure aux valets de collége, Un cuistre de collége. Ce n'est qu'un cuistre.

Il se dit encore aujourd'hui d'Un homme pédant et grossier. C'est un cuistre, un cuistre fieffé.

CUITE. s. f. Action de cuire, de faire cuire de la porcelaine, de la faïence, des tuiles, des briques, de la chaux, et d'autres choses semblables. La première cuite, la seconde cuite, etc.

Il se dit aussi de La réunion des objets que l'on cuit ensemble, qui composent la fournée. Toute la cuite est perdue, a été manquée.

Il se dit également, dans les Raffineries, de L'action de cuire le sucre, et de La quantité de sucre que l'on cuit en une fois. Maître de cuite.

CUIVRE. s. m. Métal rougeâtre quand il est pur. On l'appelle aussi Cuivre rouge. Plaque de cuivre. Fontaine, cuvette, chandelier, chenets de cuivre. Monnaie de cuivre. Graver sur une planche de cuivre, sur cuivre.

Cuivre jaune, ou Laiton, Alliage de cuivre et de zinc.

Cuivre blanc, Alliage de cuivre, d'arsenic et de zinc.

Cuivre noir, Celui qui n'a pas encore été parfaitement purifié.

Cuivre de rosette, Celui qui a été entièrement purifié des autres métaux avec lesquels il était joint.

Cuivre vierge, Celui qui sort de la mine, qui n'a point été fondu.

CUIVRÉ, ÉE. adj. Qui a la couleur du cuivre. Teint cuivré. Couleur cuivrée.

CUL. s. m. (On ne prononce point l'L, et quelques-uns la suppriment dans l'écriture. ) Le derrière, cette partie de l'homme qui comprend les fesses et le fondement. Il tomba sur son cul, sur le cul. Il était assis sur son cul comme un singe. La tête en bas, le cul en haut. Renverser un homme cul par-dessus tête. Être à cul nu. S'asseoir à cul nu. Il lui a donné des coups de pied au cul, dans le cul, du pied au cul. Il est très-familier et souvent bas.

Avoir le cul sur la selle, Être à cheval. Ce général est infatigable, il a toujours le cul sur la selle. Les ennemis s'étant avancés, on tint conseil le cul sur la selle.

Fam., La tête a emporté le cul, se dit en parlant D'une personne qui est tombée la tête en bas, le cul en haut.

Prov. et fig., Donner du pied au cul à un valet, Le chasser de son service.

Prov. et fig., Y aller de cul et de tête comme une corneille qui abat des noix, ou simplement, Y aller de cul et de tête, S'employer avec ardeur et sans précaution pour faire réussir quelque chose.

Prov., fig. et pop., Prendre son cul pour ses chausses, Se méprendre grossièrement.

Fig. et pop., Tenir quelqu'un au cul et aux chausses, Le serrer de si près, qu'il ne peut échapper, qu'il ne peut s'empêcher de faire ce qu'on veut. Il signifie aussi, S'occuper de quelqu'un pour examiner et censurer sa conduite, son caractère. On le tenait au cul et aux chausses dans cette société, quand il arriva.

Prov. et pop., Montrer le cul, se dit, par exagération, D'un homme dont les habits ne valent rien et sont tout déchirés. Cet homme montre le cul, on lui voit le cul. On le dit aussi, figurément et bassement, D'un homme qui témoigne de la faiblesse lorsqu'on attendait beaucoup de son courage, de sa fermeté. Nous pensions qu'il ferait paraître du courage, il a montré le cul.

Prov. et fig., Se trouver, être, demeurer entre deux selles le cul à terre, se dit Lorsque, de deux choses auxquelles on prétendait, on n'en obtient aucune, ou Lorsque, ayant deux moyens de réussir dans une affaire, on ne réussit par aucun des deux.

Fig. et fam., Arrêter quelqu'un sur cul, L'arrêter tout court. Leur cavalerie venait au galop, mais l'infanterie placée dans un fossé l'arrêta sur cul. Cet argument l'arrêta sur cul.

Fig. et bass., Mettre une personne à cul, La mettre dans l'impossibilité de reculer davantage, d'éluder plus longtemps.

Fig. et bass., Être à cul, Ne savoir plus que devenir, n'avoir plus de ressources.

Fig. et fam., Cul de plomb, se dit d'Un homme laborieux et sédentaire. C'est un cul de plomb et une tête de fer.

Fig. et fam., Cul-de-jatte, se dit d'Une personne estropiée qui ne peut faire usage ni de ses jambes ni de ses cuisses pour marcher. Il est cul-de-jatte. C'est un cul-de-jatte.

Jouer à cul levé, Jouer les uns après les autres, en prenant la place de celui qui perd.

CUL se dit aussi en parlant De quelques animaux. Le cul d'un singe. Ces ortolans, ces cailles ont le cul bien gras.

Fig. et fam., Faire le cul de poule, Faire une espèce de moue, en avançant et pressant les lèvres.

En Hist. nat., Paille-en-cul, Oiseau de mer dont la queue a deux longues plumes étroites. On le nomme aussi Paille-en-queue et Oiseau des tropiques.

Cul-blanc. Nom vulgaire de la bécassine.

CUL signifie aussi, L'anus, par où sortent les excréments. Le cul d'un homme, d'un cheval, d'une vache, d'une poule, etc.

Prov. et bass., On lui boucherait le cul d'un grain de millet, se dit D'une personne qui a grand'peur.

Prov. et bass., Baiser le cul à quelqu'un, Lui témoigner une soumission servile et lâche.

Prov., fig. et bass., Péter plus haut que le cul, Entreprendre des choses au-dessus de ses forces; Prendre des airs au-dessus de son état. Il ne faut pas péter plus haut que le cul.

CUL désigne, par analogie, La partie inférieure, le fond de certaines choses. Le cul d'un verre, d'une bouteille, d'une lampe, d'un baril, d'un tonneau, d'un pot, d'un tambour, d'un chaudron, d'une poêle, d'un panier, d'une hotte, d'un chapeau, etc.

Mettre un tonneau sur cul, Le lever sur son fond; ou, figurément et familièrement, Le vider.

En termes de Marine, Ce bâtiment est sur cul, Son arrière est trop enfoncé dans l'eau.

En termes d'Art vétérinaire, L'oeil de ce cheval est cul de verre, Le cristallin de son oeil a une opacité qui annonce une cataracte.

Cul-de-sac, Petite rue qui n'a point d'issue. On dit aussi, Impasse.

Fig. et fam., Cul-de-sac, se dit d'Une place qui ne conduit point à une meilleure, qui ne présente aucun moyen d'avancement. Il a eu grand tort d'accepter cette place, c'est un cul-de-sac.

Cul d'artichaut, La partie charnue d'un artichaut, qui en fait le fond.

En Archit., Cul-de-lampe, Certain ornement de lambris ou de voûte, qui est fait comme le dessous d'une lampe d'église. Il se dit aussi de Certains cabinets saillants en dehors d'une maison, et dont la partie inférieure a cette forme. Cul-de-four, Voûte sphérique.

En Impr., Cul-de-lampe, Ornement, aujourd'hui peu employé, qui se termine ordinairement en pointe, et qui servait principalement à remplir le blanc de la page où finissait un livre, un chapitre, etc. Édition ornée de vignettes, fleurons et culs-de-lampe.

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