Dictionnaire de l'Académie Française,
6ème edition (1835)

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Cuiller à potage, Cuiller pour servir le potage. On dit dans un sens analogue, Cuiller à ragoût, etc.

Biscuit à la cuiller, Biscuit long et mince, fort léger.

CUILLER est aussi Un ustensile de cuisine servant à dresser le potage, et à divers autres usages. Cuiller de bois. Cuiller à pot.

Il se dit également Des ustensiles en forme de cuillers dont les artisans se servent pour les usages particuliers de leur art. Faire fondre du plomb, de la poix-résine dans une cuiller de fer. Cuiller à brai.

En Botan., Pétales en cuiller, feuilles en cuiller, etc., Pétales, feuilles, etc., qui ont la forme d'une cuiller.

CUILLERÉE. s. f. Ce que contient une cuiller. Une cuillerée de potage. Une cuillerée de bouillon. Une cuillerée de sirop.

CUILLERON. s. m. La partie creuse d'une cuiller.

CUIR. s. m. La peau épaisse de certains animaux. Il a le cuir dur et rude. L'âne et le mulet ont le cuir extrêmement épais et dur. Cuir uni. Cuir tendu.

Il se dit plus ordinairement de La peau des animaux, quand elle est séparée de la chair et corroyée. Cuir de vache. Cuir cru. Cuir corroyé. Préparer, apprêter, passer, tanner des cuirs. Cuir du Levant. Cuir d'Angleterre. Cuir de Hongrie. Cuir de Russie ou de roussi.

Prov. et fig., Faire du cuir d'autrui large courroie, Être libéral du bien d'autrui.

Cuir bouilli, Cuir cuit et préparé pour en faire quelque ustensile. Bouteille de cuir bouilli. Seau de cuir bouilli. Tabatière de cuir bouilli.

Cuir à rasoir, Bande de cuir préparée pour donner le fil aux rasoirs.

Cuir de laine, Étoffe de laine, croisée et très-forte.

CUIR se dit quelquefois de La peau de l'homme. Des sérosités qui s'amassent entre cuir et chair. Le cuir chevelu.

Prov., Pester entre cuir et chair, Être mécontent sans oser le dire. On dit de même: Jurer entre cuir et chair. Enrager entre cuir et chair.

CUIR. s. m. Il se dit, populairement, d'Un vice de langage qui consiste à mettre, à la fin des mots, des t pour des s, ou bien à faire usage de ces mêmes lettres sans nécessité, pour lier les mots entre eux. Faire un cuir, des cuirs.

CUIRASSE. s. f. Principale partie de l'armure, qui est ordinairement de fer, et qui couvre le corps par devant et par derrière depuis les épaules jusqu'à la ceinture. Bonne cuirasse. Cuirasse légère, pesante. Cuirasse à l'épreuve, à l'épreuve du pistolet, du mousquet. Il eut sa cuirasse percée, faussée d'un coup de pistolet. Le coup ne fit que blanchir sur sa cuirasse, fit une tétine à sa cuirasse. Endosser la cuirasse. Prendre la cuirasse. Être armé d'une cuirasse. Il a toujours la cuirasse sur le dos. Le devant, le derrière de la cuirasse.

Le défaut de la cuirasse, L'intervalle qui est entre la cuirasse et les autres pièces de l'armure qui s'y joignent. Il fut blessé au défaut de la cuirasse. Il trouva le défaut de la cuirasse.

Fig. et fam., Le défaut de la cuirasse, L'endroit faible d'une personne, d'un écrit. Il a trouvé le défaut de la cuirasse.

Fig., Endosser la cuirasse, Prendre le parti des armes. Un tel a quitté la robe pour endosser la cuirasse.

CUIRASSER. v. a. Revêtir quelqu'un d'une cuirasse. Il faut cuirasser vos cavaliers. On l'emploie aussi avec le pronom personnel. Se cuirasser.

CUIRASSÉ, ÉE. participe Il marchait toujours cuirassé.

Il se dit figurément et familièrement, au sens moral, d'Une personne bien préparée à toute espèce d'attaque, de surprise. Il croyait le surprendre, mais il l'a trouvé bien cuirassé.

Il signifie également, Qui est endurci aux affronts, ou qui n'est plus capable de sentir les remords. C'est un homme cuirassé, dont la conscience est cuirassée.

CUIRASSIER. s. m. Cavalier armé d'une cuirasse. On donne plus particulièrement ce nom Aux soldats d'un corps de grosse cavalerie dont la cuirasse et le casque sont de fer. Il avait tant de cuirassiers. Un régiment de cuirassiers. Capitaine de cuirassiers. Un casque de cuirassier.

CUIRE. v. a. Préparer les aliments par le moyen du feu, de la chaleur, pour les rendre propres à être mangés. Cuire un gigot. Cuire des côtelettes. On cuisait du pain dans toutes les villes pour les troupes. Ce boulanger cuit beaucoup de pains tous les jours.

Il se dit quelquefois absolument, pour Cuire du pain. Ce boulanger cuit deux fois par jour. Tous les habitants de ce village étaient obligés d'aller cuire au four banal.

Prov. et par menace, Vous viendrez cuire à mon four, Vous aurez quelque jour besoin de moi, et je trouverai l'occasion de me venger.

CUIRE signifie, dans une acception plus étendue, Préparer certaines choses par le moyen du feu ou de la chaleur, pour les rendre propres à l'usage qu'on en veut faire. Cuire de la brique, du plâtre, de la chaux. Un fourneau à cuire de la brique, etc. Cuire du fil, de la soie.

CUIRE se dit aussi De l'action du feu, de la chaleur, sur les choses que l'on cuit. Un trop grand feu brûle les viandes, au lieu de les cuire. La chaleur naturelle de ces eaux est telle, qu'elles cuisent un oeuf en moins de cinq minutes.

Il se dit également en parlant Des fruits que le soleil mûrit. C'est le soleil qui cuit tous les fruits. Le soleil n'est pas assez chaud dans ce pays-là pour bien cuire les melons.

Il se dit encore De la coction des aliments dans l'estomac, de l'élaboration des humeurs, etc. Il y a des aliments que l'estomac a peine à cuire. Quand la chaleur naturelle aura cuit ces humeurs-là. La guimauve est bonne pour cuire le rhume. Ces dernières phrases ne sont plus usitées dans le langage médical.

Il est aussi neutre. Le souper est au feu, il cuit. Il faut que cette viande cuise dans son jus. Mettre cuire, faire cuire un chapon. La tuile, la brique ne saurait cuire dans ce fourneau. Mettre des raisins cuire au four, au soleil.

Ces légumes, ces fèves, ces pois, etc., cuisent bien, ne cuisent pas bien, Ils sont faciles ou difficiles à cuire.

Fig. et fam., Un boute-tout-cuire, Celui qui mange tout, qui dissipe tout. C'est un boute-tout-cuire.

CUIRE, neutre signifie aussi, Causer une douleur âpre et aiguë, telle qu'est celle que fait éprouver une brûlure ou une écorchure. Je me suis brûlé, je me suis écorché la main, cela me cuit. La main me cuit. Les yeux me cuisent, ils me cuisent comme du feu. La tête me cuit.

Prov., Trop gratter cuit, trop parler nuit.

Fig. et fam., Il vous en cuira quelque jour; il m'en cuit; il pourrait bien vous en cuire; etc., Vous vous en repentirez; je m'en repens; vous pourrez bien vous en repentir; etc.

CUIT, ITE. participe Du vin cuit. Des pommes cuites. De la crème cuite. Des prunes à demi cuites. Statue, vase de terre cuite. Humeurs cuites.

Fig. et fam., Avoir son pain cuit, Avoir sa subsistance assurée, avoir de quoi vivre en repos.

Prov. et fig., Liberté et pain cuit, Les deux plus grands biens sont d'être libre et d'avoir ce qui est nécessaire à la vie.

CUISANT, ANTE. adj. Âpre, piquant, aigu. Un froid cuisant, une douleur cuisante.

Il se dit figurément Des peines d'esprit. Des soucis cuisants. Des remords cuisants.

CUISINE. s. f. L'endroit de la maison où l'on apprête et où l'on fait cuire les mets, les aliments. Grande cuisine. Cuisine claire, obscure. Il faut placer, mettre la cuisine en tel endroit. Batterie de cuisine. Servante de cuisine. Chef de cuisine. Garçon de cuisine. Aide de cuisine. On dit dans un sens analogue, La cuisine d'un vaisseau.

Fig. et fam., La cuisine est bien froide, n'est guère échauffée dans cette maison, On y fait mauvaise chère.

Prov. et pop., Du latin de cuisine, De fort mauvais latin.

CUISINE se dit, par extension, Des domestiques, des officiers attachés à la cuisine. Il a mené sa cuisine avec lui. Il a laissé sa cuisine à Paris.

CUISINE se dit figurément de L'ordinaire d'une maison, de la chère qu'on y fait habituellement. C'est un homme qui cherche les bonnes cuisines. Il ne hante que les maisons où il y a bonne cuisine. Maigre cuisine. Pauvre cuisine. Je ne pus longtemps m'accommoder d'une telle cuisine.

Faire la cuisine, Apprêter à manger.

Faire aller, faire rouler la cuisine, Avoir soin de ce qui regarde la dépense ordinaire de la table, donner ordre que la table aille bien. Fonder la cuisine, Pourvoir à ce qui regarde la subsistance, la nourriture. Dans les nouveaux établissements, il faut commencer par fonder la cuisine.

Pop. et fig., Se ruer en cuisine, Manger beaucoup et avidement, ou Faire beaucoup de dépense en bonne chère.

Prov. et fig., Être chargé de cuisine, Être fort gras et avoir un gros ventre.

CUISINE signifie aussi, L'art d'apprêter les mets, les aliments, l'art de faire la cuisine. Il apprend la cuisine. Il sait bien la cuisine. Cuisine bourgeoise. La nouvelle cuisine. La cuisine française. La cuisine anglaise.

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