Dictionnaire de l'Académie Française,
6ème edition (1835)

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BRANDONNER. v. a. Mettre des brandons aux extrémités d'un héritage où l'on a fait une saisie de fruits. Brandonner un champ, une terre.

BRANDONNÉ, ÉE. participe

BRANLANT, ANTE. adj. Qui branle, qui penche tantôt d'un côté, tantôt de l'autre. Avoir la tête branlante, les jambes branlantes. Une poutre branlante.

Prov. et fig., C'est un château branlant, se dit De quelqu'un ou de quelque chose de mal assuré, et qui paraît près de tomber. Ce vieillard est un château branlant.

BRANLE. s. m. Oscillation, mouvement qui porte un corps tantôt d'un côté, tantôt de l'autre. Le branle d'une cloche. Mettre les cloches en branle. Le branle du carrosse lui fait mal. Cette dernière phrase n'est plus usitée: on dit, Le mouvement de la voiture.

Sonner en branle, Donner aux cloches tout le mouvement qu'elles peuvent recevoir.

BRANLE signifie quelquefois, au figuré, première impulsion donnée à quelque chose. Suivre le branle général.

Fig. et fam., Être en branle, se mettre en branle, Commencer à être en mouvement pour faire quelque chose, à être en action. Cet homme est paresseux; mais, quand il est une fois en branle, il en fait plus qu'un autre.

Fig. et fam., Donner le branle aux autres, mettre les autres en branle, Les mettre en mouvement, les mettre en train, en disposition d'agir. Donner le branle à une affaire, aux affaires, Les mettre en mouvement, leur donner une impulsion plus ou moins forte. C'est lui qui a donné le branle à cette affaire. On dit quelquefois absolument, dans l'un et dans l'autre sens, Donner le branle.

BRANLE se dit aussi d'Une espèce de danse où plusieurs personnes se tiennent par la main, et se mènent tour à tour. Grand branle. Branle gai. Branle à mener. Danser un branle. Mener un branle.

Il se dit également de L'air sur lequel on danse un branle. Jouer, chanter un branle.

Prov., Être fou comme le branle gai, comme branle gai, Être d'une gaieté excessive.

Fig. et fam., Mener le branle, Donner le premier l'exemple de quelque chose; Être le chef d'une association d'intérêt ou de plaisir. On dit quelquefois de même, Ouvrir le branle, commencer le branle.

BRANLE s'est dit autrefois pour Hamac, espèce de lit suspendu dont on se sert dans les vaisseaux. Coucher dans un branle.

BRANLE-BAS. s. m. T. de Marine, Action de détendre tous les hamacs d'entre les ponts, de les mettre dans les filets de bastingage, et de dégager les batteries, pour se disposer au combat. Faire branle-bas. Branle-bas général. Branle-bas de combat. Il fit le commandement de branle-bas.

BRANLEMENT. s. m. Mouvement de ce qui branle. Branlement de tête. Le branlement d'une charrette.

BRANLER. v. a. Agiter, mouvoir, remuer, faire aller deçà et delà. Branler les jambes. Branler les bras. Branler la tête.

Il est aussi neutre, et signifie, Être agité, osciller, pencher de côté et d'autre, faute de solidité. Ce plancher branle. La tête lui branle. Les dents lui branlent.

Prov., Tout ce qui branle ne tombe pas.

Branler au manche, dans le manche, se dit D'un outil qui n'est pas solidement emmanché.

Prov. et fig., Branler au manche, dans le manche, N'être pas ferme dans le parti qu'on a embrassé, dans la résolution qu'on a prise. Il signifie plus ordinairement, Être menacé de perdre sa fortune ou sa place, la faveur dont on jouit, etc. Ce ministre branle au manche.

BRANLER signifie quelquefois, Se remuer, se mouvoir. Ainsi on dit: Ne branlez pas de là, Demeurez là, tenez-vous où vous êtes, ne bougez de là; et, figurément, Ces enfants n'osent branler devant leur père, Ils sont dans une crainte, dans une contrainte continuelle devant lui. Cette acception familière vieillit.

BRANLÉ, ÉE. participe

BRANLOIRE. s. f. Planche ou solive posée en travers et en équilibre sur un point d'appui un peu élevé, et aux deux bouts de laquelle deux personnes se balancent en faisant tour à tour le contre-poids.

BRAQUE. s. des deux genres Espèce de chien de chasse. Un braque. Une braque. Ce braque arrête bien. Prov., Étourdi comme un braque, fou comme un braque.

Fig. et fam., C'est un braque, un vrai braque, se dit D'un jeune homme très-étourdi.

BRAQUEMART. s. m. Épée courte et large qu'on portait autrefois le long de la cuisse.

BRAQUEMENT. s. m. Action de braquer. Le braquement d'un canon. Il est peu usité.

BRAQUER. v. a. Tourner, placer dans une direction déterminée, une pièce de canon, une lunette, etc. Braquer un canon. Braquer le canon contre les ennemis. Braquer une lunette.

Fig. et fam., Braquer ses regards sur quelqu'un, sur quelque chose, Tenir ses regards arrêtés sur quelqu'un, sur quelque chose.

BRAQUÉ, ÉE. participe Un canon braqué.

BRAS. s. m. Membre du corps humain qui tient à l'épaule. Les deux bras. Bras droit. Bras gauche. Bras fort. Bras nerveux. Gros bras. Bras long. La force du bras. Lever, hausser, étendre, plier le bras. Être blessé au bras. Couper, rompre bras et jambes à quelqu'un. Avoir le bras rompu, cassé, démis. Il a le bras en écharpe. Il lui manque un bras. Il perdit un bras à telle bataille. Elle portait un enfant sur ses bras, entre ses bras, dans ses bras. Porter un paquet sous le bras. Lever un fardeau à bras tendu. Se jeter dans les bras, entre les bras de quelqu'un. Jeter les bras, ses bras au cou de quelqu'un. Il mourut entre mes bras. Ils ne pourront l'arracher de mes bras. Un enfant qui tend les bras vers sa nourrice. Je lui retins le bras au moment où il allait se frapper. Saisir quelqu'un par le bras. Il va les bras pendants, les bras ballants. On le dit proprement, en termes d'Anatomie, de La partie du bras qui s'étend depuis l'épaule jusqu'au coude; celle qui va du coude au poignet se nomme Avant-bras.

Donner le bras à une femme, L'accompagner et lui présenter le bras replié à la jointure du coude, en le soutenant à une certaine hauteur, de manière qu'elle pose le sien dessus, et s'y appuie en marchant. J'ai donné le bras hier au soir à madame une telle, et je l'ai reconduite chez elle. Il donnait le bras à sa cousine.

Donner, offrir, tendre le bras à quelqu'un, Lui prêter le bras, de façon qu'il s'en aide et s'appuie dessus, soit pour se relever, s'il est tombé, soit pour marcher plus facilement. On dit, dans un sens analogue, Prendre le bras de quelqu'un, et S'appuyer sur le bras de quelqu'un en marchant. On dit aussi, dans le sens réciproque, Se donner le bras, en parlant De deux personnes dont l'une a son bras passé dans celui de l'autre. Ils marchaient en se donnant le bras.

Fam., Avoir le bras retroussé jusqu'au coude, Avoir ses manches retroussées de manière que le bras soit nu jusqu'au coude.

Fig. et fam., Avoir un bras de fer, Avoir le bras très-fort, très-vigoureux. Il signifie encore, figurément, Exercer avec dureté, avec rigueur un pouvoir dont on est revêtu.

Fig. et fam., Avoir les bras rompus, Avoir les bras fatigués par l'excès du travail.

Ne vivre que de ses bras, Ne vivre que du travail de ses bras.

Fig. et fam., Demeurer les bras croisés, Demeurer sans rien faire.

Fig. et fam., Faire les beaux bras, Se donner des airs, avoir des manières affectées par lesquelles on croit se rendre agréable.

Fig. et fam., Couper bras et jambes à quelqu'un, Lui retrancher beaucoup de ses prétentions, de ce qu'il regarde comme ses droits. Cet arrêt nous a coupé bras et jambes. Il signifie plus ordinairement, Ôter à quelqu'un le moyen d'agir, d'arriver à ses fins, de réussir. La perte de son protecteur lui a coupé bras et jambes. Cette disgrâce, ce malheur lui a coupé bras et jambes. Il signifie encore, Frapper d'étonnement, de stupeur. Cette nouvelle me coupa bras et jambes. On dit dans une acception analogue à ce dernier sens, Les bras m'en tombent.

Fig. et fam., Traiter quelqu'un de monsieur, de monseigneur, gros comme le bras, Lui donner ces titres fréquemment et avec emphase.

Fig., Tendre les bras à quelqu'un, L'aider, lui offrir ses secours, son appui; s'il a des torts, être prêt à les lui pardonner. Je lui ai tendu les bras dans sa disgrâce. Ce jeune homme a fait de grandes fautes, mais son père l'invite au repentir, et lui tend les bras. Dieu tend toujours au pécheur les bras de sa miséricorde. On dit quelquefois dans ce sens, Ouvrir ses bras à quelqu'un.

Fig., Tendre les bras à quelqu'un, dans un autre sens, Implorer son secours. On dit également, Tendre les bras vers quelqu'un.

Fig., Se jeter dans les bras, entre les bras de quelqu'un, Se mettre sous sa protection, recourir à lui pour en avoir du secours. Se voyant ainsi persécuté, il se jeta entre les bras d'un tel. Se jeter entre les bras de Dieu, dans les bras de sa miséricorde.

Fig., Recevoir quelqu'un à bras ouverts, Le recevoir avec grande joie.

Prov. et fig., Avoir quelqu'un sur les bras, En être chargé ou importuné. Cette pauvre veuve a cinq enfants sur les bras. Cet homme-là est sur mes bras, il faut que je le nourrisse.

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