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4°. L'action de l'Epopée doit être merveilleuse,
c'est - à - dire, pleine de fictions hardies, mais cependant
vraissemblables. Telle est l'intervention des divinités
du paganisme dans les Poëmes des Anciens,
& dans ceux des Modernes celle des passions personnifiées.
Mais quoique le Poëte puisse aller quelquefois
au - delà de la nature, il ne doit jamais choquer
la raison. Il y a un merveilleux sage & un merveilleux
ridicule. On trouvera sous les mots
5°. Quant à la durée de l'action du Poëme Epique, Aristote observe qu'elle est moins bornée que celle d'une Tragédie. Celle - ci doit être renfermée dans un jour, ou comme on dit entre deux soleils. Mais l'Epopée, selon le même Critique, n'a pas de tems borné. En effet, la Tragédie est remplie de passions véhémentes, rien de violent ne pèut être de longue durée: mais les vertus & les habitudes qui ne s'acquierent pas tout d'un coup, sont propres au Poëme Epique, & par conséquent son action doit avoir une plus grande étendue. Le P. le Bossu donne pour regle que plus les passions des principaux personnages sont violens, & moins l'action doit durer: qu'en conséquence l'action de l'Iliade, dont le courroux d'Achille est l'ame, ne dure que quarante - sept jours; au lieu que celle de l'Odyssée, où la prudence est la qualité dominante, dure huit ans & demi; & celle de l'Enéide, où le principal personnage est un Héros pieux & humain, près de sept ans.
Mais ni la regle de cet Auteur n'est incontestable,
ni son sentiment sur la durée de l'Odyssée & sur celle
de l'Iliade n'est exact. Ca> quoique l'Epopée puisse
renfermer en narration les actions de plusieurs années,
les critiques pensent assez généralement que le tems
de l'action principale, depuis l'endroit où le Poëte commence sa narration, ne peut être plus long
qu'une année, comme le tems d'une action tragique
doit être au plus d'un jour. Aristote & Horace n'en
disent rien pourtant: mais l'exemple d'Homere &
de Virgile le prouve. L'Iliade ne dure que quarantesep> jours: l'Odyssée ne commence qu'au départ d'Ulysse de l'isle d'Ogygie; & l'Enéide, qu'à la tempête
qui jette Enée sur les côtes de Carthage: Or depuis
ces deux termes, ce qui se passe dans l'Odyssée ne
dure que deux mois, & ce qui arrive dans l'Enéide
remplit l'espace d'un an. Il est vrai qu'Ulysse chez
Alcinoüs, & Enée chez Didon, racontent leurs
aventures passées, mais ces récits n'entrent que comme
récits dans la durée de l'action principale; & le
cours des années qu'ont pour ainsi dire consumé ces
évenemens, ne fait en aucune maniere partie de la
durée du Poëme. Comme dans la Tragédie, les évenemens racontés dans la Protase, & qui servent à
l'intelligence de l'action dramatique, n'entrent point
dans sa durée; ainsi l'erreur du P. le Bossu est manifeste.
Voyez
On distingue les actions de même que les fonctions en vitales, naturelles & animales. Les actions vitales sont celles qui sont d'une nécessité absolue pour la vie; telles sont le mouvement du coeur, la respiration, &c. Les actions naturelles, sont celles par le secours desquelles le corps est conservé, tel qu'il est; telles sont la digestion, les secrétions, la
Action se dit encore medicinalement pour force.
On augmente l'action d'un purgatif en y ajoûtant
quelque chose, c'est - à - dire, qu'on lui donne plus de
force. Voyez
Les actions sont divisées par Justinien en deux especes générales; en réelles, c'est - à - dire, dirigées contre la chose; & en personnelles, c'est - à - dire, dirigées contre la personne: car lorsque quelqu'un exerce une action, ou il la dirige contre un homme qui lui fait tort, soit parce qu'il manque à sa convention, soit parce qu'il lui a fait quelqu'offense, auquel cas il y a action contre la personne; ou il l'exerce contre un homme qui ne lui fait pas de tort, mais cependant avec qui il a quelque démêlé sur quelque matiere; comme si Caius tient un champ, que Julius reclame comme lui appartenant, & qu'il intente son action afin qu'on le lui restitue; auquel cas l'action a pour objet la chose même. Voyez les Instit. Liv. IV. tit. iv. où l'on expose sommairement les principales actions introduites par la Loi Romaine.
Il y a une troisieme action, que l'on appelle action mixte, & qui tient des deux classes d'actions réelles & personnelles.
L'action réelle est celle par laquelle le demandeur
reclame le droit qu'il a sur des terres ou héritages,
des rentes ou autres redevances, &c. Voyez
Celle - ci est de deux sortes; ou possessoire ou pétitoire.
Voyez
Une action n'est purement réelle que quand elle s'attaque uniquement > la chose, & que le détenteur est quitte en l'abandonnant: mais s'il est personnellement obligé à la restitution des fruits ou des intérêts, dès - lors elle est mixte.
L'action personnelle est celle que l'on a contre un
autre, en conséquence d'un contrat ou quasi - contrat
par lequel il s'est obligé de payer ou faire quelque
chose, ou pour raison d'une offense qu'il a faite, ou
par lui - même ou par quelqu'autre personne dont il
est responsable. Voyez
Dans le premier cas l'action est civile; dans l'autre
elle est ou peut être criminelle. Voyez
L'action mixte est celle que l'on intente contre le
détenteur d'une chose, tant en cette qualité que
comme personnellement obligé. On l'appelle ainsi
à cause qu'elle a un rapport composé, tant à la cho>
qu'à la personne.
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