Dictionnaire de l'Académie Française, 8th edition (1932-5)

RECHERCHE Accueil Documentation ATILF ARTFL Courriel

Previous page

Page 2:601

Fig. et fam., Cette nouvelle m'a donné un soubresaut,
un violent soubresaut,
Cette nouvelle
m'a causé une vive, une grande et subite émotion.

SOUBRETTE. n. f. Nom que l'on donne, au
théâtre, aux suivantes de comédie. Rôle de soubrette.
Jouer les soubrettes. L'emploi de soubrette.
Une soubrette de Molière.

Il se dit, dans le langage familier, d'une Servante
accorte et délurée.

SOUBREVESTE. n. f. Sorte de vêtement
sans manches, qui se mettait par-dessus les
autres vêtements. La soubreveste était portée par
les mousquetaires et par les chevaliers de Malte.

SOUCHE. n. f. Partie du tronc d'un arbre
qui reste en terre quand l'arbre a été coupé.
Ces souches ont repoussé. On a arraché toutes les
souches qui restaient dans cet endroit de la forêt.
Feu de souches.

Fig. et fam., Rester comme une souche se dit
d'une Personne indolente, sans activité.

Fig. et fam., Dormir comme une souche, Dormir
profondément.

SOUCHE, en termes de Généalogie, se dit figurément
de Celui de qui sort une génération,
une suite de descendants. Robert de Clermont,
sixième fils de saint Louis, est la souche de la
maison de Bourbon.

Faire souche, Commencer une branche dans
une généalogie, être le premier d'une suite de
descendants. De tous les enfants de saint Louis,
il n'y en a eu que deux qui aient fait souche.
Fig. et fam., Faire souche d'honnêtes gens.

En termes de Droit, Succéder par souche, Succéder
par représentation. La succession par
souche est opposée à la succession par tête.

SOUCHE, en termes d'Administration, désigne
la Partie qui reste des feuilles d'un registre,
lorsqu'on les a coupées dans leur longueur,
et qui sert à vérifier l'authenticité de la
partie détachée. Registre, carnet à souche. La
souche d'un carnet de chèques.

En termes de Maçonnerie, il désigne le Corps
de la cheminée qui sort du toit et s'élève au-
dessus du comble, soit qu'il n'ait qu'un seul
tuyau, soit qu'il en renferme plusieurs. Une
souche de cheminée
ou de cheminées.

SOUCHET. n. m. T. de Botanique. Plante
monocotylédone, dont les diverses espèces
croissent dans les endroits humides. Souchet
odorant. Souchet comestible. Le papyrus est une
espèce de souchet.

SOUCI. n. m. Plante de la famille des Composées,
donnant une fleur jaune, radiée, qui a une
odeur forte. Une fleur de souci. Souci des jardins.
Souci des champs.

Il se dit aussi de la Fleur même. Cueillir des
soucis. Couleur de souci.

SOUCI. n. m. Soin, préoccupation, inquiétude.
Léger souci. Souci cuisant. Noirs soucis.
Cette affaire lui donne bien du souci. Avoir du
souci. Vivre sans souci. Prendre du souci. Être
dévoré de soucis.

Être en souci de quelque chose, de quelqu'un,
Prendre intérêt à quelque chose, à quelqu'un,
ressentir de l'inquiétude au sujet de cette
chose, de cette personne. Je suis en souci de sa
santé. Écrivez-moi vite, je suis en grand souci
de vous.

Fam., C'est là le moindre de mes soucis, le cadet
de mes soucis
se dit d'une Chose dont on ne
se met nullement en peine.

Sans-souci. Voyez ce mot à son rang alphabétique.

SOUCIER (SE). v. pron. S'inquiéter, se mettre
en peine de quelque chose, prendre intérêt
à quelque chose. De quoi vous souciez-vous? Il
se soucie fort peu de conserver ses amis. Il ne se
soucie de rien, de personne. Je ne me soucie pas
qu'il vienne. Faites tout ce qu'il vous plaira, je ne
m'en soucie guère.
Ironiquement, Je me soucie
bien de cet homme-là; qu'ai-je besoin de lui?

SOUCIEUX, EUSE. adj. Qui se soucie, qui
prend intérêt. Je suis soucieux de votre santé.

Absolument, il signifie Qui est inquiet, pensif,
qui a du souci. Cet homme m'a paru bien
soucieux, tout soucieux.

Il se dit aussi des Choses et signifie Qui
marque du souci. Air soucieux. Mine soucieuse.

SOUCOUPE. n. f. Sorte de petite assiette qui
se place ordinairement sous une tasse. La tasse
et la soucoupe sont de porcelaine ancienne. Renverser
son café dans sa soucoupe.

SOUDAIN, AINE. adj. Qui est subit, prompt.
Départ soudain. Mort soudaine. Irruption soudaine.
Cela a été bien soudain.

SOUDAIN est aussi adverbe et signifie Dans
le même instant, aussitôt, tout d'un coup. Il
reçut l'ordre, et soudain il partit. Un coup de
vent emporta soudain son chapeau.

SOUDAINEMENT. adv. D'une manière soudaine.
Il est parti soudainement.

SOUDAINETÉ. n. f. Caractère de ce qui est
soudain. La soudaineté de l'événement a surpris
tout le monde. La soudaineté d'une attaque.

SOUDAN. n. m. Nom qu'on donnait jadis
au sultan, et particulièrement à celui d'Égypte.
Le soudan d'Egypte. Le soudan de Babylone.

SOUDARD. n. m. Vieux mot dont on se sert
dans la conversation familière, en parlant d'un
Homme qui a longtemps servi à la guerre et
qui est brutal, grossier. C'est un vrai soudard.
Un langage, des manières de soudard.

SOUDE. n. f. T. de Chimie. Oxyde de sodium
hydraté. Soude caustique.

Il se dit aussi du Carbonate neutre de sodium.
Soude du commerce. Cristaux de soude.

En termes de Botanique, il se dit d'un Genre
de plantes qui croissent sur les bords de la mer
et dont les cendres fournissent du carbonate de
sodium. Le kali est une espèce de soude.

SOUDER. v. tr. Joindre des pièces de métal
ensemble, au moyen d'une composition métallique
fusible. Souder de la vaisselle d'argent.

Il se dit aussi en parlant des Pièces de métal
qu'on amollit au feu et qu'on unit directement
par le martelage ou la fusion des parties en
contact, de manière à n'en faire qu'une même
pièce. Souder deux pièces de fer.

En termes d'Anatomie et de Botanique,
Être soudé, se souder se dit de Parties, d'abord
ou ordinairement distinctes, qui se rejoignent
ou se trouvent unies de manière à ne plus former
qu'une seule pièce.

SOUDOYER. (Il se conjugue comme
BROYER.) v. tr. Entretenir des gens de guerre,
leur payer une solde. Il est vieux.

Il ne se dit plus qu'en mauvaise part, de Certaines
gens dont on s'assure le concours à prix
d'argent. Soudoyer de faux témoins. Il avait
soudoyé une bande de partisans.

SOUDURE. n. f. Composition métallique
fusible, qui sert à souder, à unir ensemble des
pièces de métal.

Il se dit aussi de l'Action de souder et du Résultat
de ce travail. Ce tuyau est bon, mais la
soudure est mal faite.

Il se dit encore de l'Endroit par où les deux
pièces de métal sont soudées. Le tuyau est crevé
à la soudure.

SOUFFLAGE. n. m. Action de souffler.

Il se dit particulièrement de l'Art de souffler
le verre.

SOUFFLE. n. m. Vent produit en poussant
l'air hors de la bouche. Un souffle puissant.
Par exagération, Il est si faible qu'on le renverserait
d'un souffle.

Il se dit aussi de la Simple respiration.
Retenir son souffle. Manquer de souffle. Perdre
le souffle. Reprendre son souffle.

Cet homme n'a que le souffle, n'a qu'un souffle
de vie,
Il est extrêmement faible. Il n'a plus que
le souffle,
Il est agonisant. On dit encore dans
un sens analogue : Sa vie ne tient qu'à un souffle.

Fig., Cet écrivain manque de souffle, Il ne se
soutient pas longtemps, il est vite à bout
d'idées, à court d'imagination.

SOUFFLE se dit, par extension, de l'Agitation
de l'air. Il ne fait pas un souffle de vent. Au
moindre souffle de vent. Le souffle impétueux des
vents. Le souffle léger des zéphyrs.

Il s'emploie aussi figurément et signifie
Inspiration, influence. Le poète semblait être
animé d'un souffle divin. Le souffle empoisonné
de la haine, de l'envie, de la calomnie.

SOUFFLER. v. intr. Pousser l'air hors de la
bouche. Souffler dans ses doigts. Souffler sur
une bougie pour l'éteindre. Souffler dans un
instrument à vent pour en tirer un son.

Fig. et en termes de l'Écriture, Dieu a soufflé
sur cette race impie et en a fait sécher la
racine,
Il a détruit, exterminé cette race. On
dit encore, dans le même langage : Le Seigneur
a soufflé sur l'amas de leurs richesses et l'a dissipé
comme de la poussière.

SOUFFLER signifie aussi Reprendre haleine,
respirer avec effort. Laissez-moi souffler. Prendre
le temps de souffler un peu. Il souffle en
montant les étages.

Laisser souffler des chevaux, Les faire arrêter
pour reprendre haleine.

Fig. et fam., N'oser souffler, ne pas souffler,
Ne pas oser ouvrir la bouche pour faire des
plaintes, des remontrances.

SOUFFLER se dit aussi de Tout ce qui
pousse, agite l'air. La bise souffle durement. Il
souffle un vent frais. Ce soufflet est percé, il ne
souffle plus.

Fig. et en termes de l'Écriture, L'esprit souffle
où il veut,
Dieu communique ses grâces
à qui il lui plaît. Cette phrase signifie, par
extension, dans le langage courant : L'inspiration
vient sans qu'on sache d'où, ni comment;
le génie a ses voies qui n'appartiennent
qu'à lui.

SOUFFLER s'emploie aussi comme verbe transitif
et signifie Envoyer de l'air sur quelque
chose, dans quelque chose. Souffler le feu, Y
envoyer de l'air pour l'activer.

Souffler une bougie, Souffler sur la flamme
d'une bougie pour l'éteindre.

Souffler la poussière, Souffler sur de la poussière
pour l'enlever du lieu où elle est.

Souffler l'orgue, Envoyer de l'air dans les
tuyaux d'un orgue par le moyen de la soufflerie.

Souffler le verre, l'émail, Façonner quelque
ouvrage de verre, d'émail, en soufflant dans
un tube de fer à l'extrémité duquel est la
matière que l'on travaille.

Fig., Souffler la discorde, le feu de la discorde,
et quelquefois simplement Souffler le feu, Exciter
à la discorde. On dit de même Souffler la
haine, la division, la révolte.

Fig., Souffler le chaud et le froid, Louer et
blâmer une même chose, parler pour et contre
une personne, être tour à tour d'avis contraires.

Fig., Souffler quelqu'un, souffler à quelqu'un
sa leçon son rôle,
Lire bas à quelqu'un, de façon
à n'être entendu que de lui, les endroits
de sa leçon, de son rôle où la mémoire lui manque.
Il a été puni pour avoir soufflé la leçon à
son camarade.
Absolument, Il souffle trop haut.

Au jeu de Dames, Souffler un pion, L'ôter à
celui contre qui l'on joue, parce qu'il ne s'en est
pas servi pour prendre un autre pion qui était
en prise. Un joueur dit dans le même sens à son
adversaire : Je vous souffle. Absolument, Souffler
n'est pas jouer.

Fig. et fam., Souffler à quelqu'un un emploi,
une affaire,
Lui enlever un emploi auquel il prétendait,
une affaire sur laquelle il comptait.

Fig., Ne pas souffler mot, ne pas souffler un
mot,
Ne rien dire. Il ne souffla mot de ce qu'il
avait vu.

En termes de Chasse, Ce chien a soufflé le
poil au lièvre,
Il a presque appuyé le museau
dessus, et il l'a manqué. On dit aussi Il lui
soufflait au poil,
Il le suivait de très près.

SOUFFLER signifie aussi Grossir, enfler quelque
chose en soufflant.

Next page


PhiloLogic Software, Copyright © 2001 The University of Chicago.