Dictionnaire de l'Académie Française, 8th edition (1932-5)

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Le participe passé SOUFFLÉ s'emploie adjectivement.
Un discours soufflé, Un discours emphatique.
Une réputation soufflée, Une réputation
exagérée. Un succès soufflé, Un succès
grossi artificiellement.

En termes de Cuisine, Omelette soufflée, Omelette
faite avec des blancs d'oeufs, de la crème
et du sucre, mêlés et battus ensemble. Beignet
soufflé,
Sorte de beignet dont la pâte se gonfle
beaucoup.

SOUFFLÉ s'emploie aussi comme nom masculin,
en termes de Cuisine, pour désigner une
Crème, une purée, etc., qui se gonfle à la cuisson.
Un soufflé au fromage, au chocolat. Un
soufflé de pommes de terre.

SOUFFLERIE. n. f. Ensemble d'appareils
destinés à produire un courant d'air. Il se dit
particulièrement de l'Ensemble des soufflets
de l'orgue. La soufflerie de cet orgue a besoin
d'être réparée.

SOUFFLET. n. m. Instrument servant à
souffler, à faire du vent. Soufflet d'orfèvre, de
maréchal. Soufflet de forge. Soufflet d'orgue.
Soufflet de cuisine. Prenez ce soufflet et ravivez
le feu.

Soufflet à deux vents, à double vent, à double
âme,
Soufflet dont une partie aspire l'air, pendant
que l'autre le chasse, en sorte qu'il souffle
sans interruption.

Par analogie, Valise à soufflet, Valise qui se
replie comme un soufflet. Wagons à soufflets,
Wagons qui sont reliés les uns aux autres par
des passerelles munies de parois extensibles.

SOUFFLET désigne encore un Coup de la
main à plat sur la joue. Donner un soufflet.
Appliquer un soufflet. Recevoir un soufflet.

Fig., Donner un soufflet au bon droit, à la raison,
au sens commun,
Faire ou dire quelque
chose de contraire au bon droit, à la raison,
au sens commun.

Fig., Donner un soufflet à quelqu'un sur la
joue d'un autre,
Faire à celui-ci des reproches
qui retombent sur le premier.

SOUFFLET se dit figurément et familièrement
d'un Camouflet, d'un affront, d'une mortification.
Le refus qu'il a essuyé a été pour lui
un cruel soufflet.

SOUFFLETER. v. tr. Donner un soufflet à
quelqu'un. Il mérite d'être souffleté. Souffleter
quelqu'un d'importance.

SOUFFLEUR, EUSE. adj. Qui souffle comme
ayant peine à respirer; Il ne se dit guère que
des Chevaux. Cheval souffleur, Celui qui ne
souffle pas plus qu'il n'est normal au repos ou
après la course et qui souffle fortement quand
il court.

SOUFFLEUR s'emploie aussi substantivement
et désigne Celui qui dit un texte à voix
basse pour suppléer au défaut de mémoire de
quelqu'un qui parle, qui récite.

Il se dit particulièrement, au Théâtre, d'un
Homme ordinairement placé au milieu et au
bas de la scène et qui vient en aide à la mémoire
des acteurs. Cet acteur a souvent besoin
du souffleur. Le trou du souffleur.

Jouer au souffleur se dit d'un Acteur qui, sachant
mal son rôle, a continuellement recours
à l'aide du souffleur.

Souffleur d'orgues, Celui qui fait mouvoir les
soufflets de l'orgue.

SOUFFLEUR se dit, en termes d'Histoire naturelle,
de Mammifères de l'ordre des Cétacés
qui font en soufflant jaillir de l'eau de leurs narines
externes ou Évents.

SOUFFLURE. n. f. T. de Fonderie. Cavité
qui se forme dans l'épaisseur d'un ouvrage de
fonte ou de verre par l'action de l'air ou de certains
gaz. Un métal grossièrement travaillé où
l'on trouve beaucoup de soufflures.

SOUFFRANCE. n. f. Douleur physique ou
morale, état de celui qui souffre. Cruelle souffrance.
Extrême souffrance. Endurer une souffrance.
Être dur à la souffrance. Vivre dans les
souffrances. Après de longues souffrances. Les

souffrances de Notre-Seigneur sur le Calvaire.

Il se dit aussi, en termes de Jurisprudence,
de la Tolérance en vertu de laquelle on accepte
certaines choses que l'on pourrait empêcher.
Un jour de souffrance.

Il se dit aussi d'Affaires qui sont en suspens
Cet homme laisse toutes ses affaires en souffrance.

Un colis en souffrance, Un colis qui n'a pas
été délivré, ou qui n'a pas été réclamé.

SOUFFRANT, ANTE. adj. Qui souffre, qui
est malade. Il a le visage d'un homme souffrant.
Elle est toute souffrante aujourd'hui.

La partie souffrante, La partie du corps qui
est affligée, affectée, malade.

L'Église souffrante, Les âmes des fidèles qui
sont dans le purgatoire. On distingue l'Église
triomphante, l'Église militante et l'Église souffrante.

SOUFFRE-DOULEUR. n. m. Personne qui
est continuellement l'objet des plaisanteries
méchantes, des mauvais traitements de ceux
qui profitent de sa faiblesse, de sa timidité,
ou encore de l'infériorité de sa situation, de
son isolement ou de sa pauvreté. Cet écolier est
le souffre-douleur de ses camarades. Ils ont pris
ce pauvre diable pour souffre-douleur.

SOUFFRETEUX, EUSE. adj. Il se dit de
Quelqu'un qui est de santé débile ou qui
souffre de malaises accidentels. Un enfant
souffreteux. Je l'ai trouvé hier tout souffreteux.
Avoir l'air souffreteux.

SOUFFRIR. (Je souffre, tu souffres, il souffre;
nous souffrons, vous souffrez, ils souffrent. Je
souffrais. Je souffris. Je souffrirai. Je souffrirais.
Que je souffre. Que je souffrisse. Souffrant.
Souffert.
) v. intr. Sentir de la douleur. Souffrir
cruellement. Il souffre comme un damné. Souffrir
de la tête, de l'estomac, de la poitrine, etc.
Souffrir à toutes les jointures. Souffrir du froid,
du chaud. Souffrir de la faim, de la soif. L'armée
a beaucoup souffert dans sa marche, faute
de ravitaillement.

Il a cessé de souffrir, Il est mort.

SOUFFRIR signifie encore Éprouver de la
peine, du dommage. Il souffre de votre humeur,
de vos caprices. Je souffre de l'entendre parler
ainsi. Je souffre à l'entendre. Les enfants souffrent
des divisions de leurs parents. Souffrir
dans sa réputation. Souffrir pour sa religion.
J'ai souffert de lui tout ce qu'on peut souffrir.

Il se dit aussi des Choses qui éprouvent quelque
dommage. Les vignes, les blés ont souffert
de la gelée, de la grêle. Ce village a beaucoup
souffert des ravages de la guerre.

SOUFFRIR s'emploie aussi comme verbe transitif
et signifie Endurer. Souffrir la douleur.
Souffrir le mal. Souffrir les tourments, la persécution,
le martyre, la mort. Souffrir les injures,
la faim, la soif, la pauvreté.

Fig. et fam., Souffrir mort et passion, Éprouver
de grandes douleurs ou, par exagération,
Être très impatienté. Ce mal de dents m'a fait
souffrir mort et passion. Sa lenteur me fait souffrir
mort et passion.
On dit dans le même sens
Souffrir le martyre. En l'entendant parler ainsi,
je souffrais le martyre.

SOUFFRIR signifie aussi Supporter. Catilina
s'était entraîné à souffrir la fatigue, la faim et
le froid.

Ne pouvoir souffrir une personne, une chose,
Avoir pour elle de l'éloignement, de l'aversion.
Cette marâtre ne peut souffrir les enfants de son
mari. Personne ne peut le souffrir. Il est d'une
insolence que je ne puis souffrir.

Prov., Le papier souffre tout, On écrit sur le
papier tout ce qu'on veut, vrai ou faux, bon
ou mauvais.

SOUFFRIR signifie encore Tolérer, ne pas
empêcher, quoiqu'on le puisse. Pourquoi souffrez-vous
cela? Je ne puis souffrir qu'on me
dérange à toute heure.

Il signifie également Permettre. Souffrez,
monsieur, que le vous dise. Je ne souffrirai pas
que vous me parliez sur ce ton.

Il se dit aussi des Choses et signifie Admettre,
être susceptible de. Cette affaire ne souffre
point de retard, de délai, de difficulté. Cette
raison ne souffre point de réplique. Cette règle
souffre des exceptions. La poésie ne souffre pas
la médiocrité.

SOUFRAGE. n. m. Action de soufrer. Le
soufrage des allumettes. Le soufrage d'une vigne
atteinte par l'oïdium.

SOUFRE. n. m. Corps simple, métalloïde,
sec, friable, de couleur jaune, qui brûle avec
une flamme bleue et qui exhale, en brûlant,
une odeur forte et suffocante. Fleur de soufre.
Soufre en canon. Vapeur de soufre. Être suffoqué
par l'odeur de soufre. Cela sent le soufre.

SOUFRER. v. tr. Enduire de soufre. Soufrer
des allumettes. Soufrer une vigne.

Soufrer un tonneau, Faire brûler à l'intérieur
une mèche soufrée.

Soufrer de la laine, La passer à la vapeur de
soufre.

SOUFRIÈRE. n. f. T. didactique. Lieu où
l'on recueille du soufre.

SOUFROIR. n. m. T. d'Arts. Étuve où l'on
blanchit la laine par la vapeur de soufre.

SOUHAIT. n. m. Voeu, désir qu'une chose
s'accomplisse. Souhait ardent. Souhait imprudent,
téméraire. Faire un souhait. Former des
souhaits. Il a obtenu l'accomplissement de ses
souhaits les plus chers.

Souhaits de bonne année, Voeux qu'on fait
pour quelqu'un à la nouvelle année.

À vos souhaits, Façon de parler familière
dont on salue celui qui éternue.

À SOUHAIT, loc. adv. Selon ses désirs. Tout
lui réussit à souhait. Avoir tout à souhait.

SOUHAITABLE. adj. des deux genres. Qui
est désirable, qu'on peut souhaiter. Il a toutes
les qualités souhaitables. C'est la chose du monde
la plus souhaitable.

SOUHAITER. v. tr. Former un souhait. Souhaiter
ardemment. Souhaiter la santé, les richesses.
Souhaiter toutes sortes de prospérités à quelqu'un.
Souhaiter d'avoir un emploi. Je souhaiterais
pouvoir vous obliger. Nous ne souhaitons
rien tant que de vous satisfaire. Il serait à souhaiter
que...

Il s'emploie aussi dans les formules de compliments
et lorsqu'on fait des voeux pour quelqu'un.
Souhaiter le bonjour, le bonsoir, la bonne
année.

SOUILLE. n. f. T. de Chasse. Lieu bourbeux
où se vautre le sanglier.

En termes de Marine, il désigne un Enfoncement,
une sorte de lit que forme, dans la vase
ou dans le sable mou, un navire échoué momentanément.
Le bâtiment fait sa souille.

SOUILLER. v. tr. Gâter, salir. Souiller ses
vêtements, ses mains de boue, de sang.

Fig., Souiller ses mains du sang innocent,
Faire mourir un innocent.

Fig., Souiller le lit nuptial, souiller la couche
nuptiale
Commettre un adultère.

SOUILLER s'emploie plus ordinairement au
figuré. Souiller sa gloire par des cruautés. Le
pêché souille l'âme. Souiller son honneur, sa vie,
sa réputation. Je ne souillerai pas ma plume en
rapportant de pareilles horreurs.

SOUILLON. n. des deux genres. Celui, celle
qui tache, qui salit ses vêtements, qui est malpropre.
Un souillon. Une petite souillon. Il est
familier.

SOUILLURE. n. f. Tache, saleté sur quelque
chose; il ne s'emploie guère qu'au figuré.
C'est une souillure à son honneur, à sa réputation.
La souillure de l'âme. La souillure du péché.

SOÛL, OÛLE. (On ne prononce pas l'L de
SOÛL.) adj. Qui est ivre, plein de vin. Cet
homme est toujours soûl. Cette femme est soûle
dès le matin. Être soûl comme une grive.

Fig., Être soûl de quelque chose, En être repu
jusqu'à satiété. Être soûl de musique, d'éloquence.
Être soûl de gloire.

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