Dictionnaire de l'Académie Française,
6ème edition (1835)

RECHERCHE Accueil Documentation ATILF ARTFL Courriel

Previous page

Page 2:524

PROTECTION se dit quelquefois de L'emploi de protecteur à Rome. Le roi donna la protection de France à tel cardinal. Le pape donna la protection des jacobins à tel cardinal.

PROTECTORAT. s. m. Dignité de protecteur. C'est le titre sous lequel Cromwell gouverna l'Angleterre après la mort de Charles Ier.

PROTÉE. s. m. Ce nom, qui est celui d'un personnage mythologique, sert quelquefois à désigner Un homme qui change continuellement de manières, d'opinions, qui joue toutes sortes de rôles. Cet homme est un vrai protée.

PROTÉGER. v. a. Prendre la défense de quelqu'un, de quelque chose; prêter secours et appui. Si Dieu nous protége, qu'avons-nous à craindre? Protéger les gens de bien contre les entreprises des méchants. Protéger la veuve et l'orphelin. Protéger les faibles. Protéger les opprimés. Il lui a promis de le protéger contre ses ennemis, de le protéger envers et contre tous. Protéger la bonne cause. Protéger l'innocence.

Il signifie aussi, S'intéresser, contribuer à la fortune d'une personne, veiller au maintien, au progrès d'une chose. Qui est-ce qui vous protége? Un ami du ministre le protége. Protéger la religion. Protéger les autels. Protéger les arts, le commerce, l'agriculture, les lettres, les sciences, etc.

Il signifie quelquefois, Garantir, mettre à l'abri d'une incommodité, d'un danger. Ce mur nous protége contre le froid. Ces arbres nous protégent de leur ombre. Ce fort, cette citadelle protége la ville.

PROTÉGÉ, ÉE. participe Il s'emploie quelquefois substantivement. Cet homme est un des protégés du ministre. C'est son protégé, sa protégée.

PROTESTANT, ANTE. s. Nom qui a été donné d'abord aux luthériens, et qu'on a étendu depuis aux calvinistes et à ceux qui suivent la religion anglicane. Les protestants d'Allemagne. Les opinions des protestants. Il a épousé une protestante.

Il est aussi adjectif. Religion protestante. Les princes protestants. Les États protestants. C'est une ville protestante. Cet homme est protestant. Cette femme est protestante.

PROTESTANTISME. s. m. La croyance des Églises protestantes dans tous les points où elle diffère de la foi de l'Église catholique.

PROTESTATION. s. f. Témoignage public, déclaration publique que l'on fait de ses dispositions, de sa volonté. Il fit une protestation de sa fidélité au service du roi.

Il signifie aussi, Promesse, assurance positive. Il lui a fait mille protestations d'amitié, de service, de fidélité, d'attachement inviolable.

Il signifie aussi, Déclaration en forme, par laquelle on proteste contre quelque chose. Protestation verbale. Protestation par écrit. Faire sa protestation par-devant notaire. Faire sa protestation contre une résolution, contre un arrêt, contre un acte. Rédiger, signer une protestation. Donner acte d'une protestation. Nonobstant toutes protestations à ce contraires. Il a fait ses protestations.

PROTESTER. v. a. Promettre fortement, assurer positivement, publiquement. Il lui protesta qu'il le servirait en toutes rencontres. Il lui protesta de ne l'abandonner jamais. Il proteste, dans sa préface, qu'il n'a jamais eu de tels sentiments. Je vous proteste qu'il ne m'en a rien dit. Je le proteste hautement. Je vous le proteste publiquement. Je vous le proteste sur mon honneur.

PROTESTER est aussi verbe neutre; et alors il signifie, Déclarer en forme qu'on tient pour nul, pour illégal, etc., ce qui a été résolu, délibéré, ou fait, et que l'on se pourvoira contre. Protester contre une résolution, contre une délibération, contre une élection, contre une mesure arbitraire, contre une arrestation, etc. Il protesta contre.

En termes de Palais, Protester de violence, Déclarer que c'est par violence, par force, que l'on condescend à quelque chose. Il leur remit les papiers qu'ils demandaient, mais en même temps il protesta de violence. On dit de même, Protester de nullité, protester d'incompétence, Déclarer que l'on regarde une procédure comme nulle, un juge comme incompétent.

PROTESTER en termes de Banque et de Commerce, Faire un protêt. Dans ce sens, il est actif. Protester une lettre de change. Quand un banquier manque à payer une lettre de change dans le terme prescrit, il faut la protester, on peut la protester, la faire protester. Protester un billet.

Il se dit, quelquefois, en parlant Des personnes. Ce négociant est mal dans ses affaires, il a déjà été protesté deux fois, on l'a protesté hier.

PROTESTÉ, ÉE. participe Billet protesté. Lettre protestée.

PROTÊT. s. m. T. de Banque et de Commerce. Acte par lequel, faute d'acceptation ou de payement d'une lettre de change à l'époque déterminée, on déclare que celui sur qui elle est tirée et son correspondant, seront tenus de tous les préjudices qu'on en recevra. Faire un protêt par-devant notaire. Faire signifier un protêt. Protêt faute d'acceptation, faute de payement.

Il se dit aussi d'Un acte semblable par lequel on fait constater le non-payement de tout autre effet de commerce.

PROTHÈSE. s. f. T. de Chirur. Voyez PROSTHÈSE.

PROTOCANONIQUE. adj. des deux genres Il se dit Des livres sacrés qui étaient reconnus pour tels avant même qu'on eût fait des canons. Voyez DEUTÉROCANONIQUE.

PROTOCOLE. s. m. Formulaire pour dresser des actes publics. Le protocole des notaires, des greffiers, des huissiers.

Il se dit aussi, chez les secrétaires d'État, chez les secrétaires des grands princes, et dans les administrations publiques, d'Un formulaire contenant la manière dont les rois, les grands princes et les chefs d'administration traitent dans leurs lettres ceux à qui ils écrivent. Pour écrire à tel prince, il a consulté son protocole.

PROTOCOLE en Diplomatie, se dit Du registre où l'on inscrit les délibérations, les actes d'un congrès, d'une diète, etc.; et souvent de Ces délibérations, de ces actes mêmes. Un protocole signé par les ministres de plusieurs puissances. Les limites de ce pays ont été fixées par le protocole de tel jour. Premier, second, troisième protocole.

PROTONOTAIRE. s. m. Nom donné à des officiers de la cour de Rome, qui ont un degré de prééminence sur tous les notaires de la même cour, et qui reçoivent les actes des consistoires publics, et les expédient en forme. Le collége des douze protonotaires participants est le premier des colléges des prélats qui ne sont pas évêques.

PROTOSYNCELLE. s. m. Vicaire d'un patriarche ou d'un évêque de l'Église grecque.

PROTOTYPE. s. m. Original, modèle, premier type, premier exemplaire. Il se dit proprement Des choses qui se moulent ou qui se gravent. On a moulé ces figures sur les prototypes qui sont à Rome. Cette médaille est le prototype sur lequel on a moulé toutes les autres.

Il s'emploie quelquefois figurément et par plaisanterie. Cet homme est un prototype de sagesse, un prototype d'éloquence.

PROTOXYDE. s. m. T. de Chimie. L'oxyde le moins oxydé de tous ceux que peut former une substance quelconque, en se combinant avec l'oxygène.

PROTUBÉRANCE. s. f. T. d'Anat. Avance, éminence, saillie. Les protubérances du crâne, du cerveau.

PROTUTEUR. s. m. Celui qui est nommé pour gérer les affaires d'un mineur domicilié en France et ayant des biens dans les colonies; et Celui qui, sans avoir été nommé tuteur, est néanmoins fondé à gérer et administrer les affaires d'un mineur. Celui qui épouse une tutrice, devient protuteur.

PROU. adv. Assez, beaucoup. Il est vieux, et ne s'emploie que dans ces locutions familières: Peu ou prou. Ni peu ni prou.

PROUE. s. f. La partie de l'avant d'un navire. Aller de poupe à proue, de la poupe à la proue. La proue d'un vaisseau. La proue d'une galère, d'un brick. Un bâtiment qui a tant de pieds de poupe à proue, entre poupe et proue.

PROUESSE. s. f. Action de preux, acte de valeur. En ce sens, il est vieux, et ne se dit que par plaisanterie. Il conte volontiers ses prouesses.

Il se dit, figurément et par plaisanterie, de Certains excès, surtout d'un excès de débauche. On vante vos prouesses. On parle fort de ses prouesses. Il a fait de grandes prouesses.

Ironiq., Voilà une belle prouesse, se dit en parlant De quelque action ridicule, ou blâmable.

PROUVER. v. a. Établir la vérité de quelque chose par un raisonnement convaincant, ou par un témoignage incontestable, ou par des pièces justificatives. Prouver une proposition. Les premiers principes ne se prouvent pas, ils se supposent. Prouver une majeure. Prouver une mineure. Prouver un fait. Prouver la vérité d'un fait. Prouver une chose en justice, la prouver par témoins irréprochables. Prouver jusqu'à la démonstration. On prouva par bons témoins qu'il était alors chez lui. Le crime a été suffisamment prouvé. Il prouvait cela par beaucoup de raisons. On prouva par ses lettres et par sa propre signature, qu'il était d'intelligence avec les ennemis. Ce que vous dites là prouve qu'il est riche, mais ne prouve pas

Next page


PhiloLogic Software, Copyright © 2001 The University of Chicago.