Dictionnaire de l'Académie Française,
6ème edition (1835)

RECHERCHE Accueil Documentation ATILF ARTFL Courriel

Previous page

Page 2:477

de bois. Cet arbre pousse bien du bois, ne pousse que du bois.

POUSSER est aussi verbe neutre. Il se dit De tout accroissement qui a lieu dans les arbres et dans les plantes. Les arbres commencent à pousser. Ces fleurs poussent déjà. Les blés ont déjà poussé.

Il se dit aussi De la barbe, des cheveux, du poil, des ongles, etc. Sa barbe, ses cheveux, ses ongles, ont beaucoup poussé pendant sa maladie. Le poil des chevaux pousse pendant l'hiver.

Il se dit, en Architecture, Des terres, des voûtes, etc., qui font effort, par leur poids, contre les constructions destinées à les soutenir. Les terres ont poussé contre le mur du quai, de la terrasse. L'arche a poussé contre les culées du pont. La voûte, l'arcade a poussé sur les murs.

Ce mur pousse en dehors, Il se jette en dehors, il fait un ventre, et menace ruine.

Fig. et fam., Pousser à la roue, Aider. Il aurait obtenu cette grâce, si quelqu'un avait poussé à la roue.

Pousser aux ennemis, Aller aux ennemis pour les charger. Il est vieux et ne se disait que De la cavalerie.

Fam., Pousser jusqu'à tel endroit, Continuer sa route, sa marche jusqu'à tel endroit. Nous poussâmes jusqu'à la ville. Poussons jusqu'à ce village, et là nous ferons une halte.

Ce tableau pousse au noir, Ses couleurs noircissent.

POUSSER neutre, se dit aussi Des chevaux qui battent des flancs, lorsqu'ils ont la respiration difficile. Un cheval qui pousse. Ce cheval pousse beaucoup.

POUSSÉ, ÉE. participe Vin poussé, Vin gâté par une chaleur qui le fait fermenter hors de saison.

POUSSETTE. s. f. Jeu d'enfants, qui consiste à mettre deux épingles en croix l'une sur l'autre, chacun poussant la sienne à son tour; celle qui se trouve dessus gagne l'autre. Jouer à la poussette.

POUSSIER. s. m. Le menu charbon, la poussière de charbon qui demeure au fond d'un bateau ou d'un sac de charbon. Ce n'est point du charbon, ce n'est que du poussier. On dit, dans un sens analogue, Du poussier de mottes à brûler.

Il se dit aussi de La poussière de poudre à canon.

Il se dit encore, en termes de Maçonnerie, Des recoupes de pierre passées à la claie, qu'on mêle au plâtre pour carreler, afin d'empêcher que le plâtre ne bouffe.

POUSSIÈRE. s. f. Terre réduite en poudre très-fine. Faire élever la poussière en marchant. La poussière vole partout, pénètre partout. Il fait beaucoup de poussière. Il s'éleva des tourbillons de poussière. Un nuage de poussière leur dérobait la vue des ennemis. La poussière entre dans les yeux. Des meubles tout perdus de poussière. La poussière d'une bibliothèque. Des livres pleins de poussière. Secouer la poussière d'un habit, la poussière de ses souliers. La pluie a abattu la poussière. Réduire en poussière. Mettre en poussière. L'homme n'est que cendre et que poussière devant Dieu.

Poétiq., Mordre la poussière, Être tué dans un combat. Il fit mordre la poussière à son ennemi.

Poétiq., Il s'est couvert, il est couvert d'une noble poussière, se dit D'un homme de guerre qui s'est trouvé dans plusieurs combats.

Fig., Tirer quelqu'un de la poussière, Le tirer d'un état bas et misérable.

Fig. et par une sorte de mépris, La poussière du greffe, la poussière de l'école, la poussière du collége, etc., Le greffe, l'école, le collége, etc. Il est enseveli dans la poussière du greffe. Un pédant tout couvert de la poussière de l'école. On l'a tiré de la poussière du collége pour l'élever à ce haut emploi.

En Botanique, Poussière fécondante, ou Pollen, Corpuscules qui sont réunis comme une poussière dans les anthères des étamines, et qui sont le principe de la fécondation.

POUSSIF, IVE. adj. Qui a la pousse. Il ne se dit proprement que Des chevaux. Un cheval poussif.

Par extens. et pop., C'est un gros poussif, se dit D'un gros homme qui a quelque peine à respirer. Dans cette phrase, Poussif est employé substantivement.

POUSSIN. s. m. Petit poulet nouvellement éclos. La poule et les poussins. Une poule qui appelle ses poussins, qui rassemble ses poussins.

Fig. et fam., Il est empêché comme une poule qui n'a qu'un poussin, se dit D'un homme trop embarrassé de peu de chose.

POUSSINIÈRE. s. f. Nom vulgaire de la constellation des Pléiades.

POUSSOIR. s. m. T. d'Horlogerie. Cylindre terminé par un bouton qu'on pousse pour faire sonner une montre à répétition.

POUSSOLANE. s. f. Voyez POUZZOLANE.

POUT-DE-SOIE. s. m. Voyez POU-DE-SOIE.

POUTRE. s. f. Grosse pièce de bois équarri, qui sert à soutenir les solives ou les planches d'un plancher, et qu'on emploie aussi dans la construction des ponts, des navires, etc. Poutre de chêne. Poutre de sapin. Équarrir une poutre. Une poutre à vive arête. Mettre une poutre en place.

Fig., dans le style de l'Écriture, Voir une paille dans l'oeil de son prochain, et ne pas voir une poutre dans le sien, Remarquer jusqu'aux moindres défauts d'autrui, et ne pas voir les siens, quelque grands qu'ils soient.

POUTRELLE. s. f. Petite poutre. Dans ce bâtiment il ne faut que des poutrelles.

POUVOIR. v. n. (Je puis ou je peux, tu peux, il peut; nous pouvons, vous pouvez, ils peuvent. Je pouvais. Je pus, tu pus, il put; nous pûmes, vous pûtes, ils purent. J'ai pu. Je pourrai. Je pourrais. Que je puisse. Que je pusse. Que j'eusse pu. Pouvant.) Avoir la faculté, être en état de. Pouvoir marcher. Je pourrais sortir. Je puis dépenser. Je ne puis vous répondre. Je ne peux pas dormir. Il n'a pu réussir dans cette affaire. Quand le pronom je doit suivre le verbe, on préfère puis à peux: on dit mieux, Puis-je vous être utile? que Peux-je vous être utile?

Sauve qui peut, Se sauve qui pourra, se tire du péril qui pourra. Le cri de sauve qui peut se fit entendre.

Au Trictrac, Jan qui ne peut, se dit Lorsqu'on bat une dame ou le coin à faux. Cela se dit aussi Lorsqu'une dame ne peut pas être jouée.

N'en pouvoir plus, Être dans un accablement causé, soit par la vieillesse, soit par la maladie, soit par la fatigue, le travail, la faim, la soif, etc. Je n'en puis plus. Il est fatigué à n'en pouvoir plus. Il est accablé de travail, il n'en peut plus. Je n'en puis plus de soif, de chaud, de lassitude. Quand il est arrivé chez lui, il n'en pouvait plus. Cet homme n'a plus guère à vivre, il n'en peut plus. Ce cheval n'en peut plus.

Fam., Ne pouvoir mais d'une chose, N'avoir contribué en aucune manière à quelque chose de fâcheux, à un malheur, n'en être pas cause. Je ne puis mais de cela. Je n'en puis mais. On l'accuse fort injustement de telle chose, il n'en peut mais. On emploie cette façon de parler à l'affirmative avec interrogation. Si cela est arrivé, en puis-je mais? Pouvait-il mais de cela? Puis-je mais de ce qui vous est arrivé?

Prov., Tel en pâtit qui n'en peut mais, se dit en parlant D'une personne qui porte la peine d'une faute à laquelle elle n'a point de part.

Prov., Si jeunesse savait et vieillesse pouvait! Si la jeunesse avait de l'expérience, et que la vieillesse eût de la force!

POUVOIR s'emploie au subjonctif par une manière de voeu, de souhait. Puisse le ciel vous donner de longs jours! Puissiez-vous réussir dans vos projets! Puissent vos projets réussir! Puisse-t-il arriver bientôt!

POUVOIR se dit souvent pour marquer la possibilité de quelque événement, de quelque dessein. Cela pourra arriver. Cela se peut faire. Cela pourrait bien être. Cela se peut. Cela ne se peut pas. Il pourrait bien en mourir.

Il s'emploie impersonnellement, dans cette signification. Il se peut que votre projet réussisse. Il pourra venir un temps meilleur. Il pourra, il pourrait arriver que... Il se pourra faire que... Il se pourrait que... Il peut se faire qu'il ne vienne pas.

Peut-être. Voyez cette expression à son rang alphabétique.

POUVOIR s'emploie aussi activement, et signifie, Avoir l'autorité, le crédit, le moyen, la faculté, etc., de faire. Vous pouvez tout sur lui, sur son esprit. Si je puis quelque chose pour votre service, je m'y emploierai avec joie. C'est un homme qui peut beaucoup dans l'affaire dont il s'agit. Je ne puis rien en cela. Il peut beaucoup auprès de vos chefs. Il peut tout ce qu'il veut. Je ne crois pas le pouvoir.

Fam., Je ne puis qu'y faire, Je n'ai aucun moyen d'empêcher la chose dont il s'agit.

POUVOIR. s. m. Faculté de faire. En ce sens, il ne se dit qu'au singulier. Je n'ai ni le pouvoir ni la volonté de vous nuire. Je n'en ai pas le pouvoir. Il est en pouvoir d'obliger. Il n'est pas au pouvoir de l'esprit humain de concevoir de telles choses. Je m'emploierai pour vous de tout mon pouvoir. Ce que vous souhaitez de moi n'est pas en mon pouvoir. Cela passe mon pouvoir. On le dit aussi Des choses. Le feu a le pouvoir de calciner, de dissoudre tous les corps.

Next page


PhiloLogic Software, Copyright © 2001 The University of Chicago.