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La langue syriaque, appellée en divers tems, langue chaldéenne ou babyloniene, araméene, assy - riene, fut encore nommée hébraïque, non qu'on la confondît avec l'ancien hébreu, mais parce qu'elle étoit devenue la langue vulgaire des Juifs, depuis leur retour de la captivité de Babylone, & qu'elle l'étoit encore du tems de Jesus - Christ. Il paroît cons - tant qu'une partie des livres du nouveau Testament ont été écrits en syriaque. Les termes de boanerges, raca, mammouna, barjona, cephas, &c. répandus dans le nouveau Testament, sont syriens; ce qui doit rendre l'étude de cette langue recommandable aux Chrétiens. Les dénominations des lettres de l'alpha - bet syriaque ne sont presque point différentes des hébraïques. Ces lettres servent également de chiffres; Les lettres youd, koph, lomadh, mim, noun, semkath, ee, phe, ssode, avec un point dessus, valent 100, 200, 300, 400, 500, 600, 700, 800, 900. L'olaf avec un trait semblable à notre accent grave, au des - sous, vaut 1000; le beth, avec un pareil trait, 2000; le même olaf, avec un trait horisontal mis dessous, vaut 10000; le youdh, avec un pareil trait dessous, vaut 100000; cette même barre mise sous un koph, vaut un million; une espece d'accent circonflexe mis sous l'olaf, exprime dix millions; sous le beth, vingt millions, & ainsi des autres lettres de l'alphabet.
Aujourd'hui on ne parle plus la langue syriaque; la langue vulgaire des Syriens & des Maronites est l'arabe; ensorte que le syrien, comme parmi nous le latin, est la langue de l'Eglise & des livres saints. Lorsque les Syriens veulent écrire en arabe sans être entendus des Mahométans, ils se servent des carac - teres syriens; & comme les Arabes ont six lettres de plus que les Syriens, savoir les lettres thse, cha, dhsal, dad, da & gain, ils y suppléent en ajoutant un point aux lettres tav, koph, dolath, ssodhe, tteth & ee. Le syriaque est aussi la langue savante des Chrétiens de saint Thomas, dans les Indes. J'ai quel -
Les Syriens Nestoriens étoient fort répandus dans la Tartarie vers le douzieme siécle; ils y avoient établi leurs missions. L'an 1625, des maçons trou - verent à la Chine, dans un petit village près de Sig - hanfou, capitale de la province de Chensi, une grande pierre de marbre, contenant une inscription en très - beaux caracteres chinois, qui prouve que les Syriens entrerent à la Chine dès le sixieme sié - cle sous le regne de l'empereur Taitçom, & que de - puis cette époque jusqu'en l'année 782, qui est la date de l'érection de ce monument, la religion chré - tienne y avoit fait de rapides progrès sous la protec - tion des empereurs. Ce monument, qui est peut - être le plus beau qu'on puisse voir en ce genre, contient en marge, & en caractere stranghelo, les signatures d'environ soixante - sept prêtres syriens, & celle d'un certain Adam, à qui l'on donne le titre de prêtre, chorévêque & papasi du Tsinestan, c'est - à - dire du royaume de la Chine, appellé Tsin par les Orientaux.
Je ne sais où Duret a trouvé ce verslatin,
E coelo ad stomachum relegit Chaldoea lituras. qui prouveroit qu'autrefois les Syriens écrivolent de haut en bas, à la maniere des Chinois & des Tar tares Mouantcheoux.
Les Arabes écrivent de droite à gauche; leur al -
phabet est composé de vingt - huit lettres, c'est - à -
dire qu'ils ont six lettres de plus que les Hébreux &
les Syriens. Le lam - alif, qui forme la vingt - neuvie -
me lettre de cet alphabet, n'est qu'une lettre dou -
ble, composée du lam & de l'alif. Cet alphabet, tel
qu'on le donne ici, a été mis dans cet ordre par les
nouveaux grammairiens, qui, en cela, n'ont eu en
vue que de réunir des lettres de même figure. En ef -
fet, plusieurs de ces lettres ne sont reconnoissables
que par les points distinctifs qui s'apposent dessus &
dessous. L'ordre naturel de l'alphabet arabe ne doit
point différer de celui des Hébreux, & la preuve en
est claire, en ce que la valeur numérale des lettres
arabes correspond à celle des Hébreux. Les six let -
tres que les Arabes ont ajoutées à cet ancien alpha -
bet, sont thse, cha, dhzal, dad, da & ghain. Elles
doivent être placées à la fin de cet alphabet dans le
même ordre que je viens de les nommer, & elles va -
lent, savoir, thse, 500; cha, 600; dhzal, 700;
dad, 800; da, 900; ghain, 1000. Ces six lettres ne
different que par leurs points, des lettres, te, ha,
dal, sad, ta & ain. Si nous étions aujourd'hui bien
au fait de l'ancienne prononciation de l'hébreu, sans
doute que nous pourrions expliquer la raison qui a
porté les Arabes à admettre ces six lettres d'aug -
mentation; car il y a lieu de présumer que les Hé -
breux prononçoient le tav tantôt comme un t, &
tantôt comme ths; qu'ils aspiroient quelquefois la
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