ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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lettre he, & la prononçoient dans certains mots comme le cha des Arabes, &c. par la même raison qu'un point mis à droite ou à gauche sur la lettre en fait un schin ou un sin. Quoique les Hébreux n'ayent pas mis la même distinction sur les autres lettres que je viens de nommer, cela n'empêche point qu'elle ne pût subsister dans l'usage, & consé - quemment que cela ait donné lieu aux Arabes de la faire dans leur alphabet. On peut croire encore que l'étendue des pays où on parle arabe, & les diffé - rens dialectes de cette langue, ont donné lieu à ces lettres d'augmentation. Quant à la prononcia - tion, on observera que les lettres ain & gain se tirent du fond du gosier; il est rare de ne point recon - noître un arabe à la prononciation de cette lettre.

Les notes ortographiques, qui sont hamza, wesla ou ouasla, madda, giezma, & taschdid, servent, sa - voir, le hamza à marquer le mouvement de l'alif, lorsqu'il est apposé dessous ou dessus cette lettre, ou à en tenir lieu lorsqu'il est écrit ou seul, ou sur les lettres vav & ye; son usage est encore de doubler ces voyelles. Le ouasla se met sur l'alif initial, & désigne qu'il doit perdre sa prononciation pour pren - dre le son de la derniere voyelle du mot précédent. Le madda se met également sur l'alif, & le rend long; il sert aussi d'abbréviation aux mots. Le giezma marque que la consonne sur laquelle on le met, est quiescente, ou destituée de toute voyelle. Enfin le taschdid double la lettre sur laquelle on le met.

Les tanouin ou nunnations, oun, an, in, servent à désigner; savoir, oun, le nominatif; an, l'accu - satif; & in, le génitif, le datif & l'ablatif.

Les plus anciens caracteres arabes sont ceux qu'on appelle coufites, ainsi nommés de la ville de Coufah, bâtie sur l'Euphrate. Les caracteres modernes sont de l'invention du visir Moclah, qui fleurissoit l'an 933 de l'ere chrétienne, sous les regnes des califes Moctader, Caher - Billah & Radhi - Billah. Les intri - gues de ce visir lui couterent à trois reprises diffé - rentes, la main droite, la main gauche, & enfin la langue, ce qui le conduisit à traîner une vie misé - rable & languissante, qu'il finit l'an 949. On rap - porte que lorsqu'il fut condamné à perdre la main droite, il se plaignit de ce qu'on le traitoit en vo - leur, & de ce qu'on lui faisoit perdre une main qui avoit copié trois fois l'alcoran, dont les exemplaires devoient être pour la postérité, le modele de l'écri - ture la plus parfaite. En effet, ces trois exemplaires n'ont jamais cessé d'être admirés pour l'élégance de leurs caracteres, nonobstant qu'Ebn - Bauvab les ait encore surpassés, au jugement des Arabes. D'au - tres attribuent l'invention de ces beaux caracteres à Abdallah - al - Hassan, frere d'Ebn Moclah. Il subsiste encore des monumens coufites, qui sont de toute beauté, mais assez difficiles à lire à cause des orne - mens étrangers dont ils sont surchargés.

Turc.

Les Turcs ont cinq lettres de plus que les Arabes, qu'ils ont empruntées des Persans. La prononciation turque tient un milieu entre la prononciation persane & la prononciation arabe; elle n'est pas si rude que celle - ci, mais plus mâle que l'autre, excepté ce - pendant à Constantinople, où on prononce aujour - d'hui le turc aussi doucement que le persan.

Les Turcs ont sept sortes d'écritures; savoir, le nesqhi, dont ils se servent pour écrire l'alcoran, & la plûpart des livres d'histoire. Le diwani, dont ils se servent pour les affaires & dans le barreau; les lignes de cette écriture montent de la droite à la gauche, mais plus sensiblement vers la fin. Le taalik, qui differe peu du nesqhi, & dont les juges & les poëtes se servent; on s'en sert même en Arabie pour écrire l'arabe. Le kirma, qui ressemble aussi au taalik, & dont on se sert pour tenir les registres. Le sulus ou schulsi, qui sert dans les titres des livres & des patentes impériales. Enfin le iakouti & le rejhani, qui sont ainsi appellés du nom de leurs auteurs, mais dont on se sert rarement. Ils ont encore plu - sieurs autres sortes d'écritures, qu'il est assez inutile de détailler ici, dès que l'on n'en présente point de modeles sous les yeux. Il y a environ trente ans qu'Ibrahim Effendi a fait élever la premiere impri - merie turque à Constantinople, qui nous a enrichi d'une bonne histoire Ottomane en turc, d'une gram - maire turque expliquée en françois, & de plusieurs autres ouvrages utiles & curieux. Je dis imprimerie turque, car nous avons plusieurs livres hébreux que les Juifs ont fait imprimer dans cette ville, antérieu - rement à cette époque.

Persan.

Les Persans ont emprunté leur alphabet des Ara - bes; ils y ont ajouté cinq lettres, dont on peut voir la figure & la valeur dans la Pl. IV. Les anciens Persans avoient plusieurs langues & dialectes diffé - rentes; savoir, le parsi, le deri, le pahlevi, le sogdi, le zabuli, l'heravi, le khouzi, le tartare, le souriani, & le carchouni. Le parsi ou farsi étoit ainsi appellé de la province de Perse, où on le parloit. Elle étoit la langue des savans & des maubed, ou prêtres. Le deri étoit la langue de la cour, qui étoit en usage à Madaïn, & dans les provinces de Khorassan & de Balk. Le pahlevi étoit ainsi appellé de Pehla, terme qui désignoit les cinq villes capitales Ispahan, Rei, Hamadan, Nehavend & Aderbigiane, où on le par - loit. Le sogdi étoit ainsi appellé de la province de Sogdiane, au milieu de laquelle est située Samarcande. Le zabuli étoit ainsi appellé du Zablestan, province limitrophe de l'Indostan, & où sont situées les villes de Gaznah, Bamian, Meïmend, Firouzcoueh, Ca - boul, &c. L'heravi se parloit à Herah, dans le Kho - rassan. Le khouzi, ainsi nommé de la province de Khouzistan, située entre la province de Fars & Bas - sora, étoit parlé par les rois & les grands, & il leur étoit particulier. Enfin le tartare & le souriani, ou syrien, étoient aussi en usage en Perse, ainsi que le carchouni, qui étoit un langage composé de syriaque & de persan, & que l'on employoit dans les lettres missives.

CARACTERES ET ALPHABETS DE LANGUES MORTES ET VIVANTES, | |PLANCHE V.

PLANCHE V. Egyptien, Phénicien.

Nous devons à la sagacité & aux recherches de M. l'abbé Barthelemi, la découverte de l'alphabet égyptien, ainsi que des alphabets phénicien & pal - myrénien. L'attention qu'il a eue de se procurer des copies exactes, & même des empreintes des monu - mens, lui ont applani les difficultés sans nombre que divers savans ont éprouvées à la lecture des pre - mieres copies défectueuses que l'on avoit fait gra - ver. Les peines que M. l'abbé Barthelemi s'est don - nées, ont été couronnées par la réussite, & ont en - richi le public. Il y a lieu d'espérer que d'autres inscriptions qui pourront se trouver par la suite, donneront à son travail toute la perfection que l'on peut desirer.

Sous le N°. 1. est l'alphabet égyptien d'après l'inscrip - tion de Carpentras; on le nomme égyptien, parce que l'inscription d'après laquelle il est tiré, se trouve au - dessous d'un monument qui est très - certainement égyptien. Cependant comme la religion égyptienne étoit reçue dans la Phénicie, il se peut que ce monu - ment soit des Phéniciens, & il y a même beaucoup d'apparence, puisque les caracteres alphabétiques des Egyptiens, qu'on trouve sur divers monumens, & qu'on n'a pû déchiffrer encore, ne ressemblent à aucun des caracteres que nous connoissons.

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