Dictionnaire de l'Académie Française,
6ème edition (1835)

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nouvelle. Les vers s'apprennent plus facilement que la prose.

APPRENDRE signifie aussi, Enseigner, donner quelque connaissance à une personne, faire savoir. C'est lui qui m'a appris ce que je sais. Le maître qui lui a appris le dessin. Il nous a appris de grandes nouvelles. On m'apprend qu'il se marie. Il y a des choses que l'usage seul apprend. La tradition nous apprend que... Cette mésaventure lui apprendra à être circonspect, à se conduire avec prudence.

Prov., Les bêtes nous apprennent à vivre, Les hommes peuvent quelquefois tirer d'utiles instructions de ce qu'ils voient faire aux animaux.

Par menace, Je lui apprendrai bien à vivre, je lui apprendrai bien son devoir, Je le rangerai à son devoir. Dans le même sens, Je lui apprendrai à parler, Je le forcerai de parler avec plus de convenance, de respect.

APPRIS, ISE. participe Fam., C'est un homme mal appris, C'est un homme qui paraît n'avoir point reçu d'éducation. On dit de même substantivement, C'est un mal appris.

APPRENTI, IE. s. Celui, celle qui apprend un métier. Un apprenti marchand. Un apprenti menuisier. L'apprentie d'une couturière. C'est un apprenti.

Il se dit, figurément et familièrement, d'Une personne peu habile dans les choses dont elle se mêle. Cet homme n'est qu'un apprenti à la guerre. Cette femme n'est qu'une apprentie en intrigue. Il fait le docteur, et il n'est qu'un apprenti.

APPRENTISSAGE. s. m. L'état, l'emploi, l'occupation d'un apprenti. Dans tel métier, l'apprentissage est difficile, long, laborieux. Mettre un jeune homme, une jeune fille en apprentissage. Un garçon qui fait son apprentissage. Il a fait son apprentissage sous un tel, chez un tel. Être en apprentissage. Sortir d'apprentissage.

Il se dit aussi Du temps qu'on met à apprendre un métier. Durant son apprentissage.

Fig., Faire l'apprentissage de la guerre, de la politique, etc., En prendre les premières leçons. Faire l'apprentissage de l'intrigue, de la perfidie, du crime, etc., En faire les premiers essais.

APPRENTISSAGE signifie figurément, L'essai que l'on fait de ce que l'on a appris; et il se dit principalement Des épreuves que l'on hasarde. Ce médecin a fait son apprentissage aux dépens des malades de tel hôpital. Un jeune chirurgien fit son apprentissage sur ce pauvre blessé.

APPRÊT s. m. Préparatif. En ce sens, il ne se dit guère qu'au pluriel. Faire des apprêts, de grands apprêts pour recevoir un prince, pour une fête, une noce, un voyage. Faire de grands apprêts pour un festin. Faire les apprêts d'un festin. Il ne faut pas tant d'apprêts, nous ne voulons manger qu'un morceau.

Il signifie aussi, Manière d'apprêter; et il se dit principalement de La manière dont on apprête des cuirs, des étoffes, des toiles. Ce cuir ne vaut rien, on y a donné un mauvais apprêt. Ce drap est mauvais, l'apprêt n'en vaut rien.

Il se dit également Des substances, des matières qui servent à apprêter; comme dans ces phrases: Chapeau sans apprêt, Chapeau très-bien foulé, et dans lequel il n'y a point de gomme. Il n'y a point d'apprêt dans cette toile, On n'a employé ni chaux ni colle pour la blanchir.

APPRÊT se dit figurément De l'esprit, du style, des manières, pour désigner, Un peu d'affectation. Il y a trop d'apprêt dans son style. L'apprêt de ses manières fatigue.

APPRÊT se dit aussi de L'assaisonnement des mets. Souvent l'apprêt des viandes coûte plus que les viandes mêmes.

APPRÊT se dit encore de La peinture sur verre. La peinture d'apprêt était autrefois fort en usage pour les vitraux des églises.

APPRÊTE. s. f. Mouillette, petite tranche de pain étroite et longue, avec laquelle ou mange des oeufs à la coque. Couper des apprêtes. Tailler des apprêtes. Faire des apprêtes. Il vieillit: on dit plus communément, Mouillette.

APPRÊTER. v. a. Préparer, mettre en état. Apprêtez tout ce qu'il faut pour mon voyage. Apprêtez-moi ce dont j'ai besoin pour sortir. Apprêtez mes hardes. Apprêtez le dîner. Apprêtez à dîner. Un peintre qui apprête des couleurs. Un corroyeur qui apprête des cuirs. Un chapelier qui apprête un chapeau.

Ce cuisinier apprête bien à manger; et absolument, Il apprête bien, Il assaisonne bien les mets.

Apprêter à rire, Se rendre ridicule, donner à rire, donner occasion de rire. Si vous faites telle chose, vous apprêterez à rire à tout le monde.

APPRÊTER s'emploie aussi avec le pronom personnel, et signifie, Se préparer, se mettre en état de faire quelque chose. Il s'apprête à partir.

APPRÊTÉ, ÉE. participe Cartes apprêtées, Cartes arrangées d'une certaine façon, pour tromper au jeu.

Un air, un ton, un style, un langage apprêté, des manières apprêtées, Un air, un ton, un style, un langage, des manières qui manquent de naturel, où il y a quelque affectation.

APPRÊTEUR. s. m. T. d'Arts mécan. Celui qui apprête, qui donne l'apprêt, qui fait les préparations.

APPRIVOISER. v. a. Rendre doux, moins farouche. Apprivoiser un sauvage. Apprivoiser un lion. Il y a peu d'animaux farouches qu'on ne puisse apprivoiser. Apprivoiser des oiseaux.

Il s'emploie figurément, en parlant Des personnes, et signifie, Rendre plus doux, plus traitable. C'était un homme peu sociable, on a bien eu de la peine à l'apprivoiser.

Il s'emploie aussi avec le pronom personnel, et signifie, S'accoutumer, se familiariser. Cet enfant était bien farouche, il s'est apprivoisé peu à peu avec nous.

S'apprivoiser avec le danger, avec le vice, S'accoutumer à la vue du danger, à l'exemple du vice.

APPRIVOISÉ, ÉE. participe

APPROBATEUR, TRICE. s. Celui, celle qui approuve par quelque témoignage d'estime. Il s'emploie surtout au masculin. Une pareille conduite n'aura guère d'approbateurs. Elle est grande approbatrice de tout ce qui est nouveau.

Il s'emploie quelquefois adjectivement. Un murmure approbateur. Il m'encouragea d'un geste approbateur. Un sourire approbateur.

APPROBATEUR se disait particulièrement d'Un censeur qui avait donné son approbation publique à un livre, à un ouvrage. Les approbateurs de son livre furent tels et tels docteurs.

APPROBATIF, IVE. adj. Qui contient ou qui marque approbation. Sentence approbative. Geste, signe approbatif.

APPROBATION. s. f. Agrément, consentement qu'on donne à quelque chose. C'est une affaire faite, pourvu que le père et la mère y veuillent donner leur approbation. Autrefois les livres ne pouvaient être imprimés qu'avec l'approbation, que sur l'approbation des censeurs royaux. Un livre imprimé avec approbation et privilége. Je ne signerai pas sans votre approbation.

Il signifie aussi, Jugement favorable qu'on porte de quelqu'un, de quelque chose, témoignage qu'on rend au mérite de quelqu'un. Il a l'approbation de tous les honnêtes gens. Il mérite l'approbation de tout le monde. Il a l'approbation générale, l'approbation universelle. Sa conduite a l'approbation de tous les gens de bien. Cette musique, ce tableau a l'approbation des connaisseurs.

APPROCHANT, ANTE. adj. Qui a quelque ressemblance, quelque rapport. Son style est fort approchant de celui des anciens. Ce sont deux couleurs fort approchantes l'une de l'autre.

APPROCHANT est aussi une espèce de préposition, qui signifie, Environ, à peu près. Il est approchant de huit heures. Il est huit heures ou approchant. Il lui a donné approchant de cent écus, cent écus ou approchant. Ce sens est familier.

APPROCHE. s. f. Mouvement par lequel une personne s'avance vers une autre. L'approche de son ennemi le déconcerta. À l'approche de l'ennemi, les troupes se mirent sous les armes. À votre approche, il parut interdit.

Il se dit aussi en parlant De tout ce qui avance ou paraît avancer vers nous. L'approche de la nuit lui fit doubler le pas. À l'approche du danger, il se troubla. Les approches de la mort le firent penser à sa conscience, à son salut. Il quittera la campagne à l'approche de l'hiver, aux approches de l'hiver.

Il se dit au pluriel, en termes de Guerre, Des travaux que l'on conduit jusques au corps de la place qu'on assiége. Lignes d'approche. Les approches de cette place coûtèrent bien du monde. Les ennemis firent plusieurs sorties pour empêcher les approches, pour retarder les approches. Il fut tué aux approches de la place. Tenter les approches. Pour faciliter les approches. Afin de pousser davantage les approches.

L'approche, les approches d'une place, d'un camp, d'un poste, etc., signifie aussi, L'abord, l'accès d'une place, d'un camp, etc. Les ouvrages formidables qui en interdisent l'approche aux ennemis. Il fut chargé de défendre les approches du camp.

Cette place de guerre est de difficile approche, Il est difficile d'en faire les approches.

Lunette d'approche, Instrument d'optique qui agrandit l'angle visuel sous lequel l'oeil

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