Dictionnaire de l'Académie Française,
6ème edition (1835)

RECHERCHE Accueil Documentation ATILF ARTFL Courriel

Previous page

Page 1:91

d'une corvée, d'une garde, ou d'exercice, Lui imposer, par punition, une corvée, une garde hors de tour, ou l'envoyer à l'exercice des recrues, quoique son instruction ne l'exige plus.

APPOINTÉ, ÉE. participe Cause appointée. Commis appointé.

Substantiv., Un appointé en droit, à mettre, Un appointement en droit, à mettre. Prononcer un appointé en droit, etc.

APPOINTÉ se dit aussi, substantivement, d'Un sous caporal. Le grade d'appointé n'existe plus dans les troupes françaises.

APPORT. s. m. Vieux mot qui signifiait, Marché, lieu où l'on apporte des denrées pour les vendre. Il n'est plus usité que dans cette dénomination, L'Apport-Paris, La place du Châtelet à Paris.

APPORT en termes de Pratique, se dit en parlant De pièces dont on fait le dépôt. Apport de pièces.

Acte d'apport, Le récépissé qu'on donne des pièces déposées.

APPORT se dit aussi, en termes de Droit, Des biens qu'un époux apporte dans la communauté conjugale. Reprendre son apport, ses apports. Prélever ses apports francs et quittes.

Il se dit également de Ce qu'un associé met à la masse sociale. Son apport est de tant.

APPORTER. v. a. Porter d'un lieu plus ou moins éloigné, au lieu où est la personne qui parle, ou dont on parle. Apportez-moi le livre qui est sur ma table. On lui a apporté du gibier de sa terre. On m'a apporté ce matin de beaux fruits. Apporter de Lyon à Paris. Apporter des lettres. Apporter de dehors. Apporter de loin. Apporter des marchandises par eau, par charroi, etc. Je vous apporte un ouvrage intéressant. Nous vous apportons de l'argent. Un courrier qui apporte de bonnes nouvelles.

Quelles nouvelles nous apportez vous? Quelles nouvelles avez vous à nous apprendre?

APPORTER signifie, par extension, Fournir. Apporter en mariage. Apporter à la communauté, dans la communauté. Sa femme lui avait apporté de grands biens. Chaque associé est débiteur envers la société de tout ce qu'il a promis d'y apporter. Dans cette société, l'un apporte son industrie, l'autre ses capitaux.

APPORTER se dit figurément en parlant Des qualités morales, et des dispositions de l'esprit. Les dispositions que nous apportons en naissant. Il apporte dans la société un esprit de conciliation qui le fait généralement aimer. Il nous apporte son ennui.

APPORTER signifie aussi, Employer, mettre. Il y a apporté beaucoup de précaution. Il a apporté tous les soins nécessaires à cet arrangement. Il apporte beaucoup de zèle dans tout ce qu'il fait, à tout ce qu'il fait. Vous n'apportez pas assez d'attention à ce que vous faites. Il n'y apporte que de la mauvaise volonté.

Apporter du remède, apporter remède à quelque chose de fâcheux, Y remédier. Ce malheur n'est pas si grand qu'on n'y puisse apporter quelque remède.

En parlant D'affaires et de négociations, Apporter des facilités, apporter des difficultés, des obstacles, Faciliter le succès, former, faire naître des difficultés, des obstacles. De mon côté, j'y apporterai toutes les facilités possibles. Cette affaire, ce mariage, ce traité ne se conclura point, on y a apporté trop de difficultés de part et d'autre. On dit à peu près dans le même sens, Apporter des tempéraments, des adoucissements dans une affaire, etc.

APPORTER signifie quelquefois, Alléguer, citer. Il a apporté de bonnes raisons. Il apporta plusieurs autorités des saints Pères, divers passages des bons auteurs. En parlant De textes, de passages, etc., on dit plus ordinairement, Rapporter, citer.

APPORTER se dit également Des choses, et signifie, Causer, produire. La guerre n'apporte jamais que du dommage. La vieillesse apporte les infirmités. C'est une affaire qui lui a bien apporté de l'utilité, du profit. Le mariage qu'il a fait, et dont il espérait de grands avantages, ne lui a apporté que du chagrin et des procès. Les consolations que le temps apporte.

APPORTÉ, ÉE. participe

APPOSER. v. a. Appliquer, mettre. Apposer un cachet sur un certificat, etc. Apposer le sceau royal sur un acte.

Apposer le scellé, les scellés, Appliquer juridiquement le sceau de l'officier public à un appartement, à un meuble fermant, etc., afin d'empêcher qu'on n'en tire ce qui y est enfermé. Le juge de paix vient d'apposer le scellé, les scellés chez cet homme. On a apposé, on a mis le scellé sur ses effets.

Apposer sa signature au bas d'un acte, d'un écrit, Le signer.

Apposer une condition à un contrat, à un traité, apposer une clause à un contrat, Y mettre, y insérer une condition, une clause.

APPOSÉ, ÉE. participe

APPOSITION. s. f. Action d'apposer. L'apposition du scellé, des scellés se fit dans les formes ordinaires. Il sera pourvu à la sûreté de ces effets, de ces titres, de ces papiers, par apposition de scellé.

APPOSITION se dit, en Physique, de La jonction de certains corps à d'autres corps de même espèce, de leur simple rapprochement. Les minéraux croissent par apposition.

APPOSITION en termes de Grammaire et de Rhétorique, se dit d'Une figure qui joint un substantif à un autre, sans particule conjonctive et par une sorte d'ellipse, pour exprimer quelque attribut particulier de la chose dont on parle. Ainsi, dans ces exemples, Cicéron, l'orateur romain; Attila, le fléau de Dieu, l'orateur romain, le fléau de Dieu, sont des appositions; et c'est comme si l'on disait, Cicéron, qui est l'orateur romain, etc.

APPRÉCIABLE. adj. des deux genres T. de Physiq. Qui peut être apprécié par les sens, ou avec le secours des procédés physiques; dont on peut évaluer le poids, l'intensité, la durée, etc. Cette quantité est si petite, qu'elle n'est pas appréciable. Un son appréciable.

APPRÉCIATEUR. s. m. Celui qui apprécie. Il ne s'emploie guère que joint avec une épithète. Juste appréciateur du mérite.

APPRÉCIATIF, IVE. adj. Qui marque l'appréciation. Un état appréciatif des marchandises.

APPRÉCIATION. s. f. Estimation de la valeur d'une chose. Appréciation juste, raisonnable. C'est un tel qui en a fait l'appreciation.

APPRÉCIER. v. a. Estimer, évaluer une chose, en fixer la valeur, le prix. Apprécier des meubles. Ce collier de perles a été apprécié à mille écus, a été apprécié mille écus. À combien a-t-on apprécié ce mobilier? On l'a apprécié à tant.

Il s'emploie aussi figurément, au sens moral. Apprécier un livre. Apprécier le mérite de quelqu'un. J'apprécie votre conduite, vos services. J'apprécie vos avis, et je saurai en faire usage.

APPRÉCIÉ, ÉE. participe

APPRÉHENDER. v. a. T. de Pratique. Prendre, saisir. Il ne se dit qu'en parlant Des prises de corps. On l'a appréhendé au corps.

Si pris et appréhendé peut être. Ancienne formule employée dans les sentences et arrêts par contumace.

APPRÉHENDER signifie aussi, dans le langage ordinaire, Craindre, redouter, avoir peur de. Appréhender le jugement du public. Appréhender le froid. C'est une affaire dont on appréhende les suites. Il appréhende de se présenter devant vous. Il appréhende de vous déplaire. On appréhende que la fièvre ne revienne.

APPRÉHENDÉ, ÉE. participe

APPRÉHENSIF, IVE. adj. Timide, porté à la crainte. Il est peu usité.

APPRÉHENSION. s. f. Crainte. Être dans l'appréhension. Avoir de l'appréhension. Dans l'appréhension qu'il a qu'on ne le trompe. Il est dans de continuelles appréhensions.

APPRÉHENSION en termes de Logique, signifie, L'idée qu'on prend d'une chose, sans en porter alors aucun jugement. La simple appréhension est la première opération de l'esprit.

APPRENDRE. v. a. (Il se conjugue comme Prendre.) Acquérir quelque connaissance. Apprendre une langue. Apprendre les mathématiques, la géographie, la jurisprudence, etc. Apprendre à lire, à écrire. Apprendre à danser. J'ai appris par une iongue expérience que... C'est un homme avec qui il y a toujours quelque chose à apprendre. Il apprit l'art de la guerre sous ce grand capitaine. Apprendre les usages de la bonne société.

Il signifie aussi, Contracter volontairement l'habitude de faire quelque chose. Il apprit à régler ses passions. J'ai appris de vous à modérer mes désirs. N'apprendrez-vous jamais à vous taire? J'ai appris à mes dépens à me défier de lui.

Il signifie également, Être informé, averti de quelque chose. Qu'est-ce que j'apprends? Quelle nouvelle avez-vous apprise? J'apprends que vous devez partir ce soir. Ils s'apprirent réciproquement tout ce qu'ils avaient fait depuis leur séparation.

Il signifie encore, Retenir dans sa mémoire. Apprendre quelque chose par coeur. Apprendre des vers, une leçon, un rôle.

Il s'emploie avec le pronom personnel, dans ces différentes acceptions; et alors il prend une valeur passive. Une science ne s'apprend point sans peine. Les usages de la société s'apprennent en fréquentant le mon de. Un malheur s'apprend plus vite qu'une bonne

Next page


PhiloLogic Software, Copyright © 2001 The University of Chicago.