Dictionnaire de l'Académie Française,
6ème edition (1835)

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vous faites? Cela ne peut aboutir à rien. Cela n'aboutira qu'à le perdre.

ABOUTIR se dit aussi Des apostèmes, des abcès, lorsqu'ils viennent à crever, et que le pus en sort. Faire aboutir un apostème, un abcès. Un clou, un abcès qui aboutit.

ABOUTI, IE. participe

ABOUTISSANT, ANTE. adj. Qui aboutit. Un arpent aboutissant à la forêt. Une pièce de terre aboutissante à...

Il s'emploie au pluriel comme substantif. Les tenants et aboutissants d'une pièce de terre, d'un héritage, Les héritages ou pièces de terre, etc., qui y sont adjacents, qui le bornent de divers côtés. En matière réelle ou mixte, les exploits doivent énoncer deux au moins des tenants et aboutissants de l'héritage litigieux.

Fig., Savoir tous les tenants et aboutissants d'une affaire, En bien connaître toutes les circonstances et tous les détails.

ABOUTISSEMENT. s. m. Action d'aboutir. Il ne se dit guère que D'un abcès qui vient à crever. L'aboutissement d'un abcès. Il vieillit.

AB OVO. loc. adv. empruntée du latin. Dès l'origine, dès le commencement. Prendre un fait, un récit ab ovo.

ABOYANT, ANTE. adj. Qui aboie. Des chiens aboyants. Meute aboyante.

ABOYER. v. n. (Il se conjugue comme Employer.) Japper. Il ne se dit au propre que D'un chien. Un chien qui aboie à la lune. Un chien qui aboie aux voleurs. Un chien qui aboie contre tous les passants. Un chien qui aboie après tout le monde.

Prov. et fig., Tous les chiens qui aboient ne mordent pas, Les gens qui menacent ne sont pas toujours fort redoutables.

Prov. et fig., C'est aboyer à la lune, se dit en parlant D'un homme qui crie inutilement contre un plus puissant que lui.

Fig. et fam., Aboyer après quelque chose, Le désirer, le poursuivre ardemment. Ils sont trois ou quatre qui aboient après cet emploi. Aboyer après une succession. Cette manière de parler vieillit.

ABOYER au figuré, signifie aussi, Crier après quelqu'un, le presser, le poursuivre d'une manière importune; dire du mal, avec acharnement, d'une personne ou d'une chose. Tous ses créanciers aboient après lui. Tous les journaux, tous les critiques aboient après cet auteur, après la pièce nouvelle.

ABOYÉ, ÉE. participe Il n'est guère en usage qu'au figuré. Un débiteur aboyé de tous ses créanciers.

ABOYEUR. s. m. T. de Chasse. Chien qui aboie à la vue du sanglier, sans en approcher.

Il s'emploie au figuré, et signifie, Celui qui désire, qui poursuit ardemment une chose. Un aboyeur d'emplois, de bénéfices. Ce sens a vieilli.

Il signifie plus ordinairement, Celui qui fatigue par des criailleries importunes, par des injures. Ce créancier est un dangereux aboyeur. Ce critique n'est qu'un aboyeur. Un méchant aboyeur. Un aboyeur fatigant. Il est familier dans les deux acceptions.

ABRACADABRA. s. m. Mot auquel on attribuait anciennement des vertus magiques; et qui, disait-on, guérissait la fièvre, lorsqu'on le portait autour du cou, écrit dans une certaine forme.

ABRAXAS. s. m. Pierre précieuse sur laquelle étaient gravés des caractères hiéroglyphiques, et qu'on portait comme un amulette.

ABRÉGÉ. s. m. Écrit, discours dans lequel on rend d'une manière courte, succincte, ce qui est ou ce qui pourrait être plus étendu, plus développé. Mézeray a fait lui-même un abrégé de sa grande Histoire de France. Le président Hénault a donné un Abrégé chronologique de l'histoire de France. Il a réduit toute cette science en abrégé. Il en a fait un abrégé. L'abrégé de l'histoire romaine. Un abrégé de physique. Indiquez-moi un bon abrégé d'astronomie. Donnez-moi un abrégé de votre affaire. Voici l'abrégé de sa vie.

Par analogie, L'homme est un abrégé des merveilles de l'univers; c'est un monde abrégé, L'homme réunit en lui toutes sortes de dons, de facultés admirables.

EN ABRÉGÉ. loc. adv. Sommairement, en peu de paroles. Contez-moi la chose en abrégé.

Il signifie aussi, Par abréviation. Écrivez ce mot en abrégé.

ABRÉGER. v. a. Rendre plus court. Ses débauches abrégèrent sa vie. Les chagrins ont abrégé ses jours. La méthode qu'il a pour enseigner le latin, abrége de beaucoup le temps des études. Abréger une narration. Abrégez votre discours. Abréger un délai. J'abrégerai les délais.

Il s'emploie quelquefois absolument. Vous êtes trop long, abrégez. Il faut abréger. Laissons ce point pour abréger. Prenez ce chemin, il abrége.

ABRÉGER signifie quelquefois, Faire paraître moins long. La conversation abrége le chemin. Rien n'abrége le temps comme le travail, la variété des occupations.

ABRÉGÉ, ÉE. participe

ABREUVER. v. a. Faire boire. Dans ce sens, il ne se dit proprement qu'en parlant Des bêtes, et particulièrement Des chevaux. Abreuvez ces chevaux.

Il se dit quelquefois en parlant Des personnes, et ordinairement par plaisanterie. Vous nous avez bien abreuvés. J'ai abreuvé toute la troupe.

Fig., La pluie a bien abreuvé les terres, Elle les a bien pénétrées, bien humectées. On dit aussi, Ces prairies, ces plantes ont besoin d'être abreuvées, Il faut qu'on les arrose.

Fig., Abreuver quelqu'un de chagrins, de dégoûts, Lui donner beaucoup de chagrins, de dégoûts. On dit aussi, Abreuver de douleurs, d'ennuis, d'humiliations, d'amertume.

Abreuver des tonneaux, des cuves, Les remplir d'eau pour s'assurer qu'ils ne coulent point. On a dit de même, en termes de Marine, Abreuver un vaisseau.

ABREUVER en termes d'Arts, Mettre sur un fond poreux une couche d'huile, d'encollage, de couleur ou de vernis, pour en boucher les pores et en rendre la surface unie.

ABREUVER s'emploie avec le pronom personnel, tant au propre qu'au figuré. C'est dans cette mare que les bestiaux du village s'abreuvent. Il s'abreuve d'excellent vin. S'abreuver de larmes, Pleurer beaucoup. S'abreuver de fiel, Nourrir des sentiments haineux.

ABREUVÉ, ÉE. participe Un coeur abreuvé de fiel et de haine, Un homme haineux et médisant.

ABREUVOIR. s. m. Lieu, ordinairement revêtu de pierre, et pavé au fond, où l'on mène les chevaux et les bestiaux boire et se baigner. L'abreuvoir est à l'entrée du village. Un grand abreuvoir. Un bel abreuvoir. Mener les chevaux à l'abreuvoir.

Prov. et pop., Abreuvoir à mouches, Grande plaie à la tête ou au visage. Il lui a fait un abreuvoir à mouches avec son sabre.

ABRÉVIATEUR. s. m. Auteur qui abrége l'ouvrage d'un autre. Justin est l'abréviateur de Trogue-Pompée.

ABRÉVIATION. s. f. Retranchement de lettres dans un mot, pour écrire plus vite, ou en moins d'espace. Les écritures de la cour de Rome sont pleines d'abréviations. On écrit, par abréviation, M., Mme, Mlle, au lieu de Monsieur, Madame, Mademoiselle; S. M., S. A. R., au lieu de Sa Majesté, Son Altesse Royale; etc.

Il se dit également de Certains signes destinés à représenter des mots. Les médecins emploient, dans leurs formules, diverses abréviations pour indiquer les poids, les mesures, le mode de préparation, etc., telles que [grec] pour Once, [grec] pour Livre, etc. 1°, 2°, 3°, etc., pour Premièrement, secondement, etc., sont des abréviations.

ABRI. s. m. Lieu où l'on peut se mettre à couvert du vent, de la pluie, de l'ardeur du soleil, et des diverses incommodités du temps. Un bon abri. Chercher, trouver un abri, de l'abri. Se faire un abri. Un abri contre la tempête. C'est un lieu extrêmement découvert, où il n'y a point d'abri.

Cette rade, cette plage est un bon abri, Les vaisseaux y sont en sûreté contre le vent, contre la tempête.

ABRI se dit également, en Agriculture, de Tout ce qui sert à garantir, soit de l'action désastreuse des vents du nord, soit de la trop grande ardeur du soleil. Les abris sont ou naturels, comme les montagnes, les forêts, les plantations en lignes, et les haies; ou artificiels, comme les murs et les paillassons.

Il se dit pareillement, en termes de Guerre, de Tout ce qui met une troupe à couvert des projectiles de l'ennemi.

ABRI se dit figurément de Quelque lieu que ce soit où l'on est en sûreté, et généralement de Tout ce qui nous préserve d'un danger. La solitude est un abri contre les embarras du monde. La médiocrité est un abri contre les coups de la fortune. Il trouvera dans la maison d'un tel protecteur un abri contre les violences de ses ennemis. Il a trouvé un abri sûr auprès de ce prince.

À L'ABRI. loc. prépositive, et quelquefois adverbiale À couvert. Se mettre à l'abri de la pluie, du vent, du mauvais temps, de la tempête. Il tombait une pluie abondante, nous nous mîmes à l'abri. Être à l'abri pendant une tempête. Être à l'abri sous un hangar, sous un arbre, derrière une muraille, derrière une haie. Fig., Se mettre à l'abri de la persécution, de la vexation. Dans ces phrases, De a la signification de Contre.

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